Attention, grande dérive «évangélique »
On nous a remis un livre1qui mérite une mise en garde particulière. L'auteur, Rick JOYNER, y relatant les visions, les rencontres et les entretiens - rapportés textuellement - qu'il aurait eus au ciel avec certaines personnes décédées. Il s'agit manifestement d'une forme de spiritisme, c'est-à-dire du commerce avec les morts que l'Ecriture interdit formellement. Il dit y avoir reconnu un homme rencontré ici-bas. Il a également vu une multitude de ceux que la Bible appelle les «vierges folles » et qui sont présentées comme possédant la vie éternelle, alors que selon l'Ecriture, le Seigneur leur disait : «Je ne vous connais pas. » Il retrouve aussi un leader spirituel, un grand réformateur et sa femme, d'une beauté et d'une grâce à vous couper le souffle, un grand évangéliste...
Il dit s'être entretenu avec l'apôtre Paul et notre Seigneur Jésus-Christ ! Ses visions célestes ont toujours commencé par des rêves, pour devenir ensuite pour lui des réalités, c'est-à-dire des expériences vécues. Il voit d'abord les hordes de l'enfer en marche et décrit le combat qu'elles livrent, les succès qu'elles remportent et les défaites qu'elles subissent. Il s'agit d'une armée de démons s'étendant à l'infini, divisée en bataillons, brandissant chacun sa bannière. Ces démons urinent et défèquent sur les chrétiens qu'ils chevauchent, qui prennent ces démons pour des messagers de Dieu et cette boue qu'ils répandent pour l'onction du Saint-Esprit ! Il voit aussi des vautours, des anges, un homme qu'il avait connu ici-bas transformé en aigle, des aigles qui sont des prophètes et qui mangent des serpents, des pierres qu'il doit lui-même manger. Tout tourne autour d'une montagne avec des saillies à différents niveaux s'élevant de plus en plus haut et offrant des positions « spirituelles » aux degrés supérieurs à ceux qui y accèdent. R. Joyner se tient dans le Jardin de Dieu sous l'Arbre de Vie dont il mange le fruit et il arrive jusqu'au trône de Dieu. Rappelons ici que l'apôtre Paul, qui a été ravi jusqu'au troisième ciel, n'a jamais dit un mot de ce qu'il avait vu ou entendu, au contraire, il écrit aux Corinthiens qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer (2 Cor. 12 : 4). R. Joyner a donc manifestement transgressé cette loi du silence ! Aucun des ressuscités dont il est question dans la Bible n'a jamais fait de rapport de ce qu'il avait vu et vécu « hors de son corps ».
Quant aux messages reçus, voici, par exemple, ce que l'apôtre Paul aurait dit à R. Joyner : « Je n'ai pas été à la hauteur de tout ce à quoi je fus appelé... Je n'ai pas fait tout le chemin qui m'avait été tracé. Je suis passé à côté des desseins les plus élevés qu'il m'avait été donné d'accomplir... Il m'avait été beaucoup confié, beaucoup plus que je n'ai fait valoir... toi, tu peux faire bien plus que moi ! » Mais que dit le vrai apôtre Paul à l'approche de son départ ? « J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m'est réservée. » (2 Tim. 4 : 7-8). Il fait encore dire à Paul :
« Ma vie et mon ministère ne sont pas le modèle de ce que vous êtes appelés à être. » Alors que Paul écrivait aux Corinthiens: « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. » II Cor. 11 : 1), et encore : « Portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. » (Phil. 3 : 17). Aucun élément biblique ne confirme les propos que Joyner prête à tort à l'apôtre. L'auteur de ce livre insolite voit tout à coup le Seigneur marcher à ses côtés. Alors suivent de nombreuses pages de discours de Jésus rapportés mot à mot par R. Joyner, comme s'il les avait enregistrés sur place. Malgré l'humilité dont il se dit revêtu, R. Joyner pense que dans ses extases il a reçu des dons de discernement et de connaissance étonnamment décuplés. Il donne ainsi l'impression d'être pour ces derniers temps le messager choisi par Dieu et doté de dons et de pouvoirs divins. Aussi fait-il dire au Seigneur : « Je te les ai accordés afin que tu sois comme moi » !
Paradoxalement, il affirme d'une part que seules les Ecritures méritent d'être considérées comme infaillibles, et d'autre part, il pense que quand il parle et écrit il fait probablement la même expérience que les apôtres lorsqu'ils rédigeaient leurs Epîtres. Mais s'il était divinement inspiré au même titre que l'ont été les auteurs bibliques, ses écrits devraient être ajoutés à la Bible, alors qu'il est dit : « Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre. » (Apoc. 22 : 18) Il est donc dans l'intérêt de Rick Joyner de retirer tout ce qu'il a imaginé, car il s'agit à l'évidence de rêveries, de religion-fiction, de fantaisie, de blasphème, de spéculations, de divagations et d'extravagances insoutenables pour quiconque connaît et respecte tant soit peu la révélation biblique. Cela nous fait penser à cette parole de l'apôtre : «... il s'abandonne à ses visions, il est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles, sans s'attacher au chef. . . (Col. 2 : 18-19). R. Joyner dit que plusieurs lui avaient conseillé d'écrire sous forme allégorique, à la troisième personne, comme le Voyage du Pèlerin, mais il n'a pas retenu cette suggestion parce qu'il n'a pas voulu que l'on puisse croire qu'il s'agissait d'une oeuvre d'imagination. Tout ce qu'il dit ou fait dire à ses prétendus interlocuteurs célestes n'est certes, pas faux, mais comme le déclare John MacArthur : « Il y a généralement un certain degré de vérité dans l'hérésie la plus criante » et encore : « La vérité mélangée avec de l'erreur est en général beaucoup plus destructrice qu'une négation claire et nette de la vérité. »2
Il est symptomatique que ce soit justement «Jeunesse en Mission » qui ait édité cet ouvrage, car ce mouvement charismatique touche et pénètre plus ou moins presque toutes les églises ou assemblées évangéliques en attirant à lui une nombreuse jeunesse provenant de ces milieux. Les recueils de chants « j'aime l'Eternel », édités par ce même mouvement et utilisés dans la plupart des églises évangéliques, ont fait connaître et accréditer JEM_ par manque de discernement spirituel on a déjà engagé Rick Joyner dans un séminaire organisé par JEM en août 1997 à Yverdon et même annoncé dans le premier No commun des publications des Assemblées des Frères de Suisse romande et des Eglises Libres de S.R. « Semailles et Moisson-Vivre » (No 6, juin-juillet 1997).3Que le Seigneur daigne ouvrir les yeux de ses enfants et leur fasse réaliser que la dérive évangélique s'accentue, ce dont il convient d'avertir les croyants pour qu'ils résistent à cette emprise.
J. Hoffmann
1 « L'ultime assaut » Rick Joyner, Editions « Jeunesse en Mission ».
2 « Spiritualité en crise » John MacArthur, Editions « La Maison de la Bible ». Voir recension dans cette même B.N., pp. 285
3 Lire dans la B.N. 5/97 sous « signes des temps : Fusion de deux périodiques », (pp. 255-256).
La Bonne Nouvelle 6/97
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JOYNER, apôtre, Bible