« Béatification » !
Le 29 octobre 1995 le pape Jean-Paul II a béatifié trois Suissesses qui vécurent au XIXe siècle.* Le pape s'arroge ainsi le droit de déclarer « bienheureux » ou « saint » (degré supérieur) un défunt qui aurait accompli un ou plusieurs miracles, ou qui en aurait été l'objet. Ce n'est généralement que 50 ans après la mort de quelqu'un, suite à une enquête et une longue procédure (« procès »), que la béatification ou la canonisation est décrétée par celui qui se prend pour le successeur de Pierre. Il ne peut toutefois pas se réclamer de Christ ou de Pierre pour procéder à un tel acte dont on ne trouve aucune trace dans la Bible. La première canonisation papale date du Xe siècle. Jusqu'ici, la Suisse ne comptait qu'un de ces «saints» (Nicolas de Flue, XVe siècle) et deux bienheureux.
Mais que dit l'Écriture?
1. Elle déclare saints tous les rachetés, c'est-à-dire tous les chrétiens authentiques qui par la repentance et la foi en Christ crucifié et ressuscité sont devenus enfants de Dieu. C'est là «la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Ils ont tous été « lavés, sanctifiés et justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu» (1 Cor. 6 : 11). Aussi l'apôtre Paul s'adresse-t-il à tous les saints qui sont dans toute l'Achaïe (II Cor.1 : 1), à tous les saints qui sont à Philippes (Phil. 1 :1), etc. Manifestement, les saints selon la Bible ne sont pas des trépassés «canonisés» un demi-siècle après leur mort, mais de vrais chrétiens encore vivants sur la terre. Ils ne sont pas devenus saints par leurs bonnes oeuvres, ou parce qu'ils ont produit un miracle, ou parce qu'ils ne pèchent plus, ou parce qu'ils ont été promus à la sainteté par un acte ou un rite religieux que la Bible ignore. Ils sont sanctifiés en Jésus-Christ (1 Cor. 1 : 2), par l'offrande de son corps, une fois pour toutes (Héb. 10: 10), et Pierre lui-même précise encore: « Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite» (1 Pierre 1 : 15).
2. C'est le même terme grec « makarios » qui est traduit dans nos Bibles par heureux (ou bienheureux). Jésus disait «heureux» (ou « bienheureux ») les pauvres en esprit, les affligés, les doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, ceux qui ont le coeur pur, qui procurent la paix, qui sont persécutés... (Mat. 5: 1-11), comme le sont aussi ceux qui souffrent patiemment (Jacques 5 : 11), les morts qui meurent dans le Seigneur (Apoc. 14 : 13), etc. « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11: 28). « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez » (Jean 13 : 17).
Quelle aberration que de croire - et de faire croire - que de Suisse il n'y a au ciel qu'un seul saint et que 5 bienheureux, et aucun parmi les vivants sur la terre, puisque ce ne serait qu'après leur mort que seul le pape aurait le pouvoir de béatifier ou de canoniser quelques rares trépassés ! Au mépris de ce que dit l'Écriture le pape ne s'élève-t-il pas ainsi au-dessus de Dieu, seul Juge des vivants et des morts ?
J. H.
* « L'ensemble des démarches aura coûté dans les 150 000.- FS » (selon l' » L'HEBDO » du 1 9 octobre 1995).
La Bonne Nouvelle 2/96
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