Le carnaval
Le «temps des fous», appelé aussi «mardi gras» ou «carnaval», est actuellement célébré partout ou presque. Nous n'avons rien contre la joie, mais les «autels» sont de nouveau fortement déplacés tant dans la société que dans l'Eglise, car dans bien des lieux chrétiens également, il est accordé de plus en plus de place au carnaval; et les portes sont largement ouvertes aux spectacles de bouffonnerie et aux mascarades. C'est ainsi que se tiennent ici et là des «offices de mardi gras». Le carnaval est devenu un piège tendu à la chair. je me propose, dans la suite de cet article, d'expliquer pourquoi il en est ainsi.
«Carne» est un mot latin qui signifie «chair» (ou «viande»). Le mot «carnaval» même est une altération de la phrase «carni valere dicere» (= dire adieu à la chair) avant le carême qui durera jusqu'à Pâques. Mais les jours qui précédaient cette fête, on veillait tout particulièrement à servir la «chair» (le corps) et à en faire étalage.
Le carnaval trouve ses racines dans les rites de fécondité que les peuples du Proche-Orient célébraient dans l'Antiquité. Les Babyloniens, les Hittites, les Phéniciens et les Egyptiens voulaient honorer ainsi leurs dieux. Les Grecs et les Romains célébraient le dieu du vin. Au mois de janvier, Rome organisait de grandes processions avec des chars chargés d'effigies des dieux, de statues nues et de prostituées. Un homme du peuple était élu roi et devait ouvrir la procession avec grand faste. On dit qu'à l'approche de ces jours, les citoyens romains mettaient leurs femmes et leurs filles en sécurité à la campagne. Il était inconcevable qu'un chrétien participe à de telles pratiques. Mais ceux qui s'y refusaient s'exposaient à des persécutions. Ainsi, en 303, un légionnaire romain qui était devenu chrétien fut tué par des soldats pour avoir refusé d'être élu «prince carnaval» par eux.
Le christianisme étant devenu la religion d'Etat sous l'empereur Constantin et ses successeurs, le carnaval fut considéré comme un événement païen et donc aboli. Mais petit à petit, les usages du carnaval retrouvèrent droit de cité. Aux cérémonies romaines s'ajoutèrent bientôt les fêtes masquées des tribus germaniques (pour chasser les démons). Finalement, l'Eglise romaine a accepté un compromis. Ceux qui étaient disposés à observer un carême de 40 jours avant Pâques, pouvaient participer au carnaval. Ainsi, au Moyen Age, le carnaval fut de nouveau largement célébré par le peuple. Il y avait des «messes de fous» et des «offices de mardi gras». A l'époque de la Réformation, le «roi carnaval» disparut dans les pays protestants. Mais après la Deuxième Guerre mondiale, il n'a cessé de s'imposer partout.
Aujourd'hui, la superstition est de nouveau en vogue et au lieu de l'«alléluia», les Allemands préfèrent crier «hélau» à carnaval. Ne devons nous pas penser ici à la parole de 2 Corinthiens 11, 19: «Vous supportez si volontiers les insensés, vous qui êtes sensés!»
Au lieu de dire «adieu» à la chair, on préfère s'adonner à ses plaisirs pendant les jours de carnaval.
La Bible nous met pourtant vigoureusement en garde contre cette pratique: «Or les oeuvres de la chair sont manifestes, ce sont l'impudicité, l'impureté, la dissolution, l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l'envie, l'ivrognerie, les excès de table et les choses semblables. Je vous dis d'avance, comme je l'ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n'hériteront point le royaume de Dieu» (Gal. 5, 19-2 1). Il est aussi écrit ailleurs: «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez» (Rom. 8, 13)
Aucun être humain n'est jamais sorti réellement heureux de ces jours de carnaval. Au contraire: que de détresses, de disputes, d'injustices et de péchés se sont alors manifestés, détruisant le bonheur, et ne laissant que soucis, malheur et tristesse! Finalement, le carnaval est devenu pour de nombreuses personnes la «chute de la chair». Le plaisir artificiel n'est en fin de compte qu'une illusion, un moyen par lequel le diable entraîne les gens dans un faux bonheur. Des plaisanteries scabreuses, l'alcool et l'exubérance débridée n'offrent jamais joie et paix au coeur.
Un jour, un psychiatre fut consulté par un homme qui souffrait de malaises, de stress et de dépression. A la suite de l'examen, le médecin diagnostiqua un état d'épuisement nerveux, tout en croyant que ce n'était pas trop grave. Le patient devait se reposer et se divertir un peu: «Allez seulement au cabaret. Vous y verrez le célèbre clown Grock et il vous fera tellement rire que vous serez à moitié guéri - car le rire, c'est la santé! » A cette proposition, le patient hocha la tête en disant: «Cher docteur, je vous remercie sincèrement de votre conseil, mais je ne pourrai le suivre, car je suis moi-même Grock.»
Nous n'avons rien contre la vraie gaieté: Dieu ne veut certainement pas gâcher notre plaisir! Et c'est Lui qui nous a donné une âme. Il nous a également donné le rire et Il veut que nous soyons joyeux. Dans l'Ancien Testament, à propos de la fête des tabernacles, Dieu ordonna explicitement aux Israélites: «Vous prendrez, le premier jour, du fruit des beaux arbres, des branches de palmiers, des rameaux d'arbres touffus et des saules de rivière; et vous vous réjouirez devant l'Eternel, votre Dieu, pendant sept jours» (Lév. 23, 40). Et en Nombres 10, 10, il est écrit: «Dans vos jours de joie, dans vos fêtes... vous sonnerez des trompettes... je suis l'Eternel, votre Dieu.»
Ecrivons-le une fois encore: Dieu veut que nous soyons joyeux! Il veut nous donner la joie, une joie qui remplit vraiment le coeur, et une paix qui ne disparaît pas aux moments de tristesse, mais qui durera toute l'éternité. Il ne s'agit pas d'une joie artificielle que l'on «produit» par ses propres moyens, mais de la joie qui vient de Dieu. Tous ceux qui croient en Jésus-Christ peuvent l'obtenir. Ceux qui laissent entrer Jésus dans leur vie, connaissent la vraie joie durable qu'Il a promise: (je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite» (Jean 15, 11). Avec Jésus, la joie est là bien réelle; elle s'installe dans le coeur, elle y reste et est parfaite:
« ... mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie» (Jean 16, 22). L'homme peut-il connaître une joie plus grande que de voir disparaître sa mauvaise conscience, de recevoir le pardon de ses péchés et d'obtenir la vie éternelle?! Le carnaval ne serait-il pas un cri inconscient de l'homme qui aspire à une joie qui lui échappe, qui lui manque et qu'il veut donc fabriquer par ses propres moyens? Le carnaval, le mardi gras, est l'expression d'un désir de joie, de soulagement et de paix. Mais seul Jésus peut nous combler de cette paix et de cette joie. Le carnaval est le cri désespéré d'une l'humanité en quête de ce qu'elle a perdu, à savoir la joie en Dieu.
Je n'ai jamais vu personne qui ait été rendu vraiment heureux par ces jours de carnaval. Mais je sais que d'innombrables gens ont trouvé le véritable bonheur dans la consécration à Jésus-Christ! Le carnaval n'offre qu'une joie «préfabriquée», une joie qui finit très vite - et finit souvent dans la détresse. Mais la joie que Dieu nous offre en Jésus est une joie sans fin - une joie du coeur qui ne cède pas devant les jours difficiles et qui atteindra la perfection lorsque nous serons avec Lui pour toute l'éternité. Nous lisons en 1 Pierre 1, 8: « ... lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, vous réjouissant d'une joie ineffable et glorieuse.»
N.L.
Appel de Minuit 01 / 2000