Les dîmes dans l'Ancien Testament
Plusieurs textes de la loi de Moïse parlent de l'obligation pour les Israélites d'offrir à Dieu les prémices et la dîme de leur revenu. Comme la population était essentiellement agricole, on mentionne dans cet ordre d'idée les produits du sol, blé, vin nouveau, huile, et les bêtes d'élevage, gros et menu bétail, y compris celles qui n'étaient pas pures comme les ânes.1*
D'autres revenus, provenant du travail artisanal ou des bénéfices commerciaux, ne sont pas mentionnés.
Le mot français dîme dérive d'un adjectif numéral qui signifie dixième ; la même étymologie s'applique au mot hébreu que nous traduisons de la sorte. Il n'y a donc pas d'hésitation en ce qui concerne le montant de la redevance. Tandis que plus tard les dîmes ecclésiastiques pouvaient correspondre à des pourcentages variables, en Israël, il s'agit bien du dixième, ni plus, ni moins.
Où les choses se compliquent, c'est lorsqu'il s'agit de déterminer l'usage qui était fait de cette offrande.
D'après le livre des Nombres, la dîme devait être remise aux Lévites, chargés des fonctions du culte, en échange de leur service.2* Les Lévites, à leur tour, prélevaient sur cette dîme un dixième qu'ils réservaient aux sacrificateurs, descendants d'Aaron.3*
Ceux-ci avaient aussi le privilège de manger la chair des animaux premiers-nés.4* Le Deutéronome comporte des dispositions différentes. L'Israélite apportait sa dîme et ses premiers-nés au sanctuaire et les consommait lui-même devant l'Eternel, dans un repas joyeux avec sa famille et ses amis, y compris les Lévites qu'il pouvait y inviter.5* On prévoyait aussi que le chemin risquait d'être trop long pour le transport. Dans ce cas, l'Israélite pouvait vendre à son lieu de domicile le produit de sa dîme, et avec l'argent ainsi obtenu se procurer sur place à proximité du sanctuaire de quoi faire un festin.6* Enfin, tous les trois ans, la dîme était déposée au lieu de résidence de l'Israélite et consacrée aux Lévites et aux pauvres.7*
Les rabbins ont essayé de concilier ces données en distinguant trois dîmes :
1) celle versée au compte des Lévites ;
2) celle qui servait aux fêtes et dont le fidèle avait la jouissance ;
3) celle qu'on donnait aux pauvres tous les trois ans.
Il est invraisemblable que ces diverses prestations se soient ajoutées les unes aux autres, car cela aurait représenté 30 % ou pour le moins 20 % du revenu (en supposant que les dîmes 2 et 3 étaient présentées alternativement). Il est plus probable qu'il s'agit de trois usages divers auxquels la dîme était affectée. Jésus a déclaré que l'ordre de payer la dîme ne figurait pas parmi les prescriptions les plus importantes de la loi juive, mais qu'il convenait quand même de ne pas le négliger.8*
Sous la Nouvelle Alliance, nous sommes placés dans une situation de liberté à cet égard : « Que chacun donne comme il l'a résolu dans son coeur, sans tristesse, ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie ».9* Il ne faudrait pourtant pas que cette liberté devienne un obstacle à la libéralité. Beaucoup de chrétiens ont spontanément décidé de consacrer à l'oeuvre de Dieu au minimum le dixième de leurs revenus. On ne peut qu'approuver cette attitude. Puisque nos privilèges sous la Nouvelle Alliance sont beaucoup plus considérables que ceux des croyants de l'Ancienne, il est normal que nous tâchions de donner au moins autant qu'eux, et si possible davantage. Si les chrétiens véritables agissaient tous selon ce principe, les Eglises et les oeuvres n'auraient sans doute guère de difficultés financières.
Mais sous peine de retomber dans un légalisme périmé, il faut que cette générosité s'exerce dans un climat de liberté et de spontanéité.
Jules-Marcel Nicole
Ichthus 1985-6
1 Dt 14:23 ; Ex 13:13
2 Nb 18:20-24
3 Nb 18:25-32
4 Nb 18:18
5 Dt 14:22,23,27 . 15:19 20
6 Dt 14:24-26
7 Dt 14:28,29
8 Mt 23:23
9 2 Cor 9:7