Extension du «Jour de Christ» !

 

Des milliers de personnes, voire quelques dizaines de milliers de toute la Suisse, sont attendues le 16 juin prochain au stade olympique de Lausanne pour la 5e célébration de ce « Jour du Christ >,, le premier ayant eu lieu en 1980 à Berne.1La « Fédération Romande des Eglises et Oeuvres Evangéliques» (FREOE)2s'est associée à la « Fédération des Eglises Protestantes de la Suisse » (FEPS), à l'« Alliance Evangélique Suisse » (AES), à la « Leiterkonferenz der Freikirchen und Gemeinschaffen » (LKF) et au « Verband Evangelischer Freikirchen und Gemeinschaffen in der Schweiz » (VFG) pour organiser cette grande manifestation. Dans la « Lettre d'INFO No 1 » le président du comité d'organisation, Eric Gay (des Assemblées de Frères larges), disait: L'après-midi sera une véritable mobilisation afin que les chrétiens suisses soient véritablement TOUS DANS LA COURSE.

Pour Ernest Geiser (mennonite), président de l'« Alliance Evangélique Suisse», il s'agirait de poser un nouveau signe entre les chrétiens de ce pays pour attester ensemble une écoute du même Evangile... Heinrich Rusterholz, président de la FEPS, a déclaré que des hommes et des femmes venus d'Eglises et de communautés chrétiennes d'orientations théologiques (Ce dernier mot est ajouté dans le Rundbrief No1 en allemand) et de sensibilités diverses veulent ensemble répondre à l'appel de Jésus. Jean-Claude Chabloz (Eglise apostolique), président de la FREOE, trouve que l'engagement dans le Comité National du «Jour du Christ 96,, correspond parfaitement aux objectifs de la FREOE. Paul Hofstetter, président du VEG, déclare que par-dessus toutes les frontières dénominationnelles, confessions et convictions de foi divergentes, Jésus-Christ est et demeure notre commun centre (dans le Rundbrief suisse-allemand No 1).

C'est donc pour la première fois que la FEPS et la FREOE s'unissent officiellement pour lancer ce «Jour du Christ», malgré les divergences fondamentales qui subsistent entre les églises multitudinistes-pluralistes-oecuméniques et les Eglises évangéliques de professants. Toutes ces Eglises ne prêchent manifestement pas le même Evangile, et c'est justement à cause de cela qu'elles sont séparées et qu'elles ne peuvent bibliquement et logiquement pas s'associer sans créer une déplorable confusion.3

 

En 1983 des Eglises de professants avaient trouvé utile de constituer une Fédération afin d'être ensemble plus représentatives face aux autorités civiles, aux médias et aux Eglises officielles. Les fondateurs et les premiers responsables de cette FREOE n'avaient pas envisagé de s'associer aux Eglises officielles, le but de la FREOE ayant été plutôt de sauvegarder et de renforcer l'unité fraternelle de ses membres4qu'une confession de foi biblique commune distingue nettement des Eglises dites nationales. Dans le règlement d'application des statuts de la FREOE on précise que le terme d'«église», tel qu'il est défini dans ses statuts, ne permet pas l'affiliation d'églises du type multitudiniste, quand bien même elles se qualifieraient d'«évangéliques,, (Article 5). Cela montre bien que, dès le début, on tenait à faire une distinction non équivoque entre deux conceptions d'églises incompatibles. Un autre but a été de diffuser les principes bibliques concernant les problèmes religieux et éthiques.4 Au niveau éthique on a publié en son temps un texte relatif au Sida, mais quant aux principes bibliques concernant les problèmes dits « religieux » rien n'a été publié qui aurait pu déplaire aux Eglises officielles et à ceux des évangéliques qui collaborent avec elles.

 

Les Assemblées de « Frères larges » mirent longtemps pour adhérer à la FREOE, certaines par crainte que la FREOE ne prenne systématiquement le contre-pied des positions adoptées par les protestants et les catholiques, ou qu'elle ne risque de constituer une troisième force destinée à faire contrepoids aux réformés ou aux catholiques. Par ailleurs, dès la fondation de la FREOE, l'affirmation doctrinale de la réception du Saint-Esprit au moment de la conversion avait fait problème pour certains frères pentecôtisants, qui exprimèrent leur désaccord en déclarant ne pas pouvoir adhérer à la FREOE s'ils n'obtenaient pas gain de cause. Ils n'ont pas été suivis par la majorité, mais ont finalement quand même souscrit à la confession de foi adoptée par la FREOE, sans avoir pour autant changé d'opinion. Cette compromission fut regrettable et ne demeura pas sans effets. Par la suite on reçut toujours plus d'assemblées qui collaboraient déjà avec les Eglises officielles et des communautés et oeuvres ouvertes au courant pentecôtisant, ce qui amena au sein de la FREOE une majorité favorable à l'élargissement et au courant précité. Dès lors on y annonça toutes sortes de manifestations au caractère charismatique, voire oecuménisant, en essayant toujours à nouveau d'y engager la FREOE (par exemple «CREDO 91»).

On obtint ainsi la participation de la FREOE au «Jour du Christ 91 », toutefois encore sans coopération avec la FEPS. Plus récemment on parvint même à y nommer un président de tendance charismatique qui avait lui-même déjà collaboré en Valais avec les catholiques et qui se révéla favorable à la « bénédiction de Toronto ».

De toute évidence, la FREOE n'est plus le pendant suisse de la FEF (Fédération Evangélique de France). Plutôt que de « Sauvegarder et de renforcer l'unité fraternelle » de ses membres, la FREOE les divisa par ses ouvertures contre nature, ce qui provoqua des remous au point que certains d'entre eux ont décidé de ne pas participer au «Jour du Christ 96». Quelques membres du comité - et d'en dehors du comité - perçurent très tôt ces dangers et mirent en garde, mais en tant que minoritaires battus d'avance, ils se retirèrent lorsqu'ils réalisèrent que la majorité conduisait irrémédiablement la FREOE dans une voie de confusion. Il nous semble qu'avec de telles «ouvertures» la FREOE est en train de perdre sa raison d'être et les églises qui ne désirent pas se laisser emporter par ce courant seraient bien inspirées de s'en retirer à temps pour ne pas se faire les complices d'un très regrettable dérapage.

Jean Hoffmann

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1 Voir les B.N. 3 / 1980 pp. 43-44 et 6/ 1980 pp. 86-87.

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2 Voir « Annuaire Evangélique » 94-95 » FEF pp. 601-604.

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3 Voir « Deuxième Forum Protestant » ou « La stratégie des petits pas » de P.-A. Dubois dans la B.N. 1/91 pp. 101-104.

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4 Voir FREOE dans la B.N. 2/1984 pp. 24-25.

Jean Hoffmann

La Bonne Nouvelle 2/96

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