Il y a brebis et brebis ! « Il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissant sa voix » Jean 1 0 :4
II y a trois sortes de brebis :
1. Les brebis sans berger
Il souffle un vent d'indépendance, d'émancipation, de permissivité et de rébellion auquel les jeunes générations sont particulièrement exposées et sensibles. On ne veut plus se laisser commander, on s'insurge contre toute autorité, parce que se soumettre, obéir, respecter les lois représente pour beaucoup une structure aliénante insupportable. On ne veut plus être guidé autoritairement. Plus de contrainte morale, de carcan, de règles de conduite, de supérieur, de chef... chacun désirant être son propre patron. Il est vrai qu'il y a parfois des abus d'autorité, des oppressions et des répressions inadmissibles exercées par ceux qui détiennent le pouvoir, mais cela ne justifie pas le rejet global de l'ordre établi, voulu par Dieu dans la famille (1Cor. l 1: 3 ; Eph. 6 : 1), dans l'église (Héb. 1 3 : 7) et dans la société (Rom. 13 : 1). Mais n'oublions pas pour autant l'importante consigne apostolique : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes» (Actes 5 : 29).
Il nous est dit que « Jésus, en voyant la foule, fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger>i; (Mat. 9 : 36). Il en est encore ainsi aujourd'hui, et si la foule n'est pas languissante elle est errante, poursuivant le néant, assoiffée d'une certaine liberté, comme le fut la chèvre de M. Seguin qui se disait : « Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longe qui vous écorche le cou... C'est bon pour l'âne et le boeuf de brouter dans un enclos!... Les chèvres, il leur faut du large ». Elle se sauva et se fit manger par le loup1*. Ainsi beaucoup ressemblent moins à des brebis qu'à des chèvres ou des boucs sauvages gambadant ou cabriolant à tort et à travers dans un monde où règne le dérèglement et la corruption. Ils vivent sans loi ni foi, dans une prétendue liberté qui n'est que du libertinage et dont on ne connaît que trop le lamentable résultat. Jésus nous renseigne sur le sort des boucs au dernier jugement lorsqu'il leur dira : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges » (Mat. 25 : 41). Mais n'y a-t-il aucune possibilité pour s'en sortir à temps ? Si, mais il faudrait changer de direction, se repentir et accepter par la foi le pardon et la vie nouvelle et éternelle qu'offre Jésus-Christ. Car, « nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie et l'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous » (Es. 53 : 6).
Même certains chrétiens prônent une pseudo-liberté en se référant parfois à Augustin qui disait : « Aime Dieu et fais ce que tu veux!» Mais ils oublient - ou ignorent - qu'aimer vraiment Dieu, c'est garder ses commandements (Jean 14 : 15 ; 1 Jean 5 : 2) et non pas se laisser « conduire de l'intérieur » en suivant ses penchants naturels allant jusqu'à attribuer ses diverses et confuses impulsions à l'action du Saint-Esprit.
2. Les moutons de Panurge
Il y a ceux qui suivent une quelconque philosophie ou idéologie, ou encore un leader charismatique en vue, quand ils ne s'adaptent pas tout simplement au monde en suivant les courants à la mode, c'est-à-dire en faisant ce qu'ils voient faire par d'autres autour d'eux. Ils manifestent par là leur caractère moutonnier nous rappelant l'histoire des moutons de Panurge. Panurge, en querelle avec un marchand de moutons, lui achète une de ses bêtes et la précipite dans la mer. Entraînés par les bêlements du mouton en train de se noyer, tous les autres moutons, chant et hélant, se jettent en file dans les flots où ils vont subir le même sort que leur congénère2*. C'est ainsi que beaucoup d'âmes se perdent, parce qu'elles suivent de mauvais guides les menant à la dérive.
Jésus appelle ces mauvais guides des étrangers, des voleurs, des brigands, des mercenaires (Jean 10 : 1 , 1 2). L'apôtre Paul les nomme des faux prophètes3*, serviteurs de Satan, déguisés en apôtres de Christ (II Cor. l 1 : 13-15) qui s'introduisent furtivement parmi les enfants de Dieu, ou qui s'élèvent au milieu d'eux, enseignant des choses pernicieuses pour entraîner des disciples après eux (Actes 20 : 29-30). Ils viennent pour ravir, détruire et disperser (Jean 1 0 : 1 2), exploitant la crédibilité, le manque de connaissance biblique, la confiance ou la naïveté des faibles au moyen de paroles trompeuses (II Pierre 2 :1-2), de miracles, de signes et de prodiges mensongers (II Thess. 2 :9-12). On ne doit avoir aucune part avec eux (Eph. 5 :7), ne pas les accueillir (Il Jean 10) pour dialoguer, à moins que l'on ne constate chez l'un ou l'autre un signe de véritable repentance, le désir sincère de rompre avec l'erreur et de se soumettre à la Parole de Dieu.
3. Les brebis qui suivent le bon Berger
Ce sont celles qui ont répondu à l'appel du divin Berger ayant donné sa vie pour elles (Jean 10 : 1 1 , l 7). Nous aussi, nous avons été du nombre des brebis errantes, mais comme dit l'apôtre Pierre : «Vous êtes retournés vers le berger et le gardien de vos âmes » (1 Pierre 2 : 25). Ce retour s'est opéré par la repentance, la conversion et la nouvelle naissance. C'est l'oeuvre de Dieu dans nos coeurs par Sa Parole sous l'action du Saint-Esprit. Ces brebis ne suivront plus un étranger, elles fuiront plutôt loin de lui, (Jean 10:4-5), parce qu'elles connaissent maintenant la voix du Berger qui les appelle par leur nom. En Lui elles ont la vie et la vie en abondance (Jean 10 : 10). Il les fait reposer dans de verts pâturages, les dirige près des eaux paisibles et les conduit dans les sentiers de la justice. Il restaure leur âme, les protège et les affermit face à l'adversaire. Suivons-le de très près et nous jouirons constamment de sa présence. Ainsi le bonheur et la grâce nous accompagneront tous les jours de notre vie et nous habiterons pour toujours dans la Maison de l'Eternel (Lire le Psaume 23). Brebis sans berger, chèvre de M. Seguin, moutons de Panurge ou brebis du bon Berger? Examinons-nous nous-mêmes pour savoir où nous en sommes ?
Jean Hoffmann
1* Alphonse Daudet : Lettres de mon Moulin.
2* Rabelais dans « Pantagruel ,,.
3* Loups en vêtements de brebis.
La Bonne Nouvelle 5/94
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