Jésus a-t-Il appris le «Notre Père» à Ses disciples à Jérusalem ou en Galilée, sur la montagne des Béatitudes (Matth. 6, 5-15 et Luc 11, 1-13)?

 

A Jérusalem, sur le mont des Oliviers, se trouve l'«Eglise du Notre Père» - c'est ainsi qu'elle est appelée -, où le «Notre Père» figure en de nombreuses langues sur les carreaux en céramique des murs.

Matthieu et Luc nous ont transmis cette prière avec cette différence: pour Luc, elle a été enseignée par Jésus à Béthanie sur le mont des Oliviers; mais pour Matthieu, en Galilée, dans le cadre du sermon sur la montagne. Comment expliquer la chose?

Une fois de plus, nous devons nous rappeler que Jésus parcourait tout le pays, enseignait et prêchait dans les villes, sur les places de marché ainsi que dans les écoles. Tout à fait logiquement, Il se répétait souvent, mais pas toujours exactement sous les mêmes formes (Matth. 9, 35). Ainsi s'expliquent de nombreuses apparentes contradictions.

Matthieu nous informe que Jésus a abordé le thème de la prière dans le cadre du sermon sur la montagne, où Il met en garde contre l'abus des supplications en vue de se mettre en évidence comme propre juste, comme cela se faisait parmi les Juifs religieux. Mais par contre, Il marque Son approbation à l'endroit de la prière cachée dans le secret de la chambre, et cela en raison du fait que la prière en public n'est jamais totalement exempte du désir de «se faire valoir». Il met dès lors en garde contre les longues demandes, qu'Il qualifie de «bavardage», étant donné que Dieu est déjà au courant de tout; ce qu'Il attend de nous, c'est que nous mettions notre espérance et notre confiance en Lui.

Contrairement à Matthieu, Luc nous rapporte comment Jésus, après avoir rendu visite à Marthe et Marie à Béthanie, se retira seul pour prier en un lieu à l'écart, comme Il avait coutume de le faire. En réaction, Ses disciples Lui demandèrent de leur apprendre à prier, comme Jean le baptiseur le faisait avec ses disciples (Luc 11, 1). Nous constatons que Jésus ne leur enseigna pas des prières qui devaient être répétées, mais qu'Il leur proposa, à travers Sa vie, un exemple de relation intime avec le Père céleste. Ainsi donc, le Seigneur n'avait vraisemblablement pas l'intention, en enseignant cette prière modèle, de marquer la nécessité de la redire continuellement, et cela d'autant plus qu'Il avait mis en garde contre le bavardage. Il s'agissait plutôt là d'une ligne directrice dans le domaine de l'intercession.

Qu'en est-il de nos prières personnelles? Notre moi et nos propres besoins ne viennent-ils pas souvent en première position? Mais il en va tout autrement avec la prière que le Seigneur nous enseigne. Son propos était de nous apprendre à détourner les regards de nous-mêmes pour les porter vers Celui qui connaît toutes choses et peut tout, le Père céleste, qui doit toujours occuper la première place parce qu'à Lui revient l'honneur et que ce sera finalement Son royaume éternel qui sera établi, Sa volonté s'accomplissant alors totalement. Si, cessant de regarder à nous-mêmes, nous tenons les yeux fixés sur le Dieu d'éternité, nos besoins journaliers, placés dans la lumière de Sa toute-puissance, deviendront petits; le sujet de nos prières sera alors le vrai problème: le péché, la cause de toutes les détresses, dont nous devons être continuellement préservés par la grâce de Dieu. Mais cela dépend aussi de la mesure dans laquelle nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

Il importe donc, quand nous prions, que nous nous souvenions toujours de ces principes fondamentaux enseignés par Jésus, pour que nous détournions nos regards de nous-mêmes pour les fixer sur Dieu, qui peut toutes choses. Que Jésus ait plus d'une fois rappelé cette base essentielle de la prière, cela se comprend aisément.

Dans certaines versions de la Bible, figure, chez Matthieu, cette phrase que nous ne trouvons pas chez Luc: «Car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!» (Matth. 6, 13). Ces mots ont manifestement été ajoutés plus tard pour rendre plus appropriée la prière pour le culte public; en effet, ils ne figuraient pas dans les plus anciens manuscrits grecs. Mais ils ont été écrits dans le même esprit pour confirmer, en conclusion, ce qui avait été énoncé au départ.

Les apparentes différences entre Matthieu et Luc montrent une fois de plus, si on les examine de plus près, combien diversifié était le service publie de Jésus, une petite partie seulement nous en étant communiquée dans les Evangiles, et cela afin de mettre en évidence l'essentiel. Des innombrables actes et discours du Seigneur, les évangélistes ne nous ont rapporté que quelques éléments qui, même s'ils se ressemblent beaucoup, présentent cependant certaines différences.

FREDI WINKLER

Nouvelles d'Israël 08 / 1999

© Nouvelles d'Israël

 

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