LE «JOUR DU CHRIST» Lausanne le 16 juin 1996
Sous les titres les plus sensationnels les journaux ont rendu compte de ce «Jour du Christ» : «À Lausanne, 25000 chrétiens en appellent à Jésus pour sauver la Suisse », « Christ fait un tabac et remplit la Pontaise... « Électrochoc au protestantisme»... Selon les estimations 25 000 personnes ont donc été présentes au stade olympique de la Pontaise à Lausanne pour célébrer le 5e «Jour du Christ»1dans une ambiance de kermesse américaine2.Au plan de l'organisation ce fut un succès. Pour la première fois les Eglises protestantes officielles s'étaient jointes à de nombreuses églises ou assemblées évangéliques du pays, sans que l'on puisse dire que toutes aient répondu à l'appel, malgré le slogan «Tous dans la course!». Certaines églises3ont fait savoir qu'elles ne pouvaient pas s'associer à une telle entreprise, parce qu'elles ne voulaient pas s'afficher officiellement avec des mouvements dont les positions généralement oecuménisantes et multitudinistes ne sont un secret pour personne.
On a fait remarquer que par leur rapprochement avec les Eglises protestantes officielles les évangéliques présents ont cherché à se démarquer des sectes, leur association avec les Réformées les «dédouanant» ainsi aux yeux du public. Il fut dit à ce propos : « Actuellement, les assemblées évangéliques font un effort pour s'affilier à un mouvement officiel afin de se distinguer des sectes».4Du côté réformé on avait constaté que parmi les membres les plus actifs se manifestait un courant favorable aux milieux évangéliques, voire charismatiques. Heinz Rüegger, chargé des relations oecuméniques à la « Fédération des Églises Protestantes de Suisse» (FEPS)5, précisait: «Nous avons réalisé qu'un grand nombre de nos fidèles prennent part à cette mouvance évangélique, et c'est pourquoi nous collaborons avec elle. Il n'y a pas d'autre alternative... Je sais que de nombreux fidèles ont quitté notre Eglise, parce qu'ils étaient frustrés». Il a ajouté : « L'oecuménisme inter-protestant nous cause parfois plus de souffrances que l'oecuménisme avec les catholiques».6En s'associant avec les milieux évangéliques les réformés espèrent sans doute prévenir tout « prosélytisme » risquant de provoquer l'exode de leurs meilleurs éléments. Mais tel pasteur réformé, membre du comité d'organisation du «Jour du Christ», disait: «J'ai quelques collègues qui ont des jugements très radicaux sur les évangéliques et pour lesquels le dialogue est impossible»7.
Parler de « réconciliation », des « protestants qui font la paix » ou des « protestants réunifiés»8à l'occasion du «Jour du Christ» est aller un peu vite en besogne. Ce n'est pas ainsi que se règlent les questions fondamentales qui séparent les églises de professants des églises multitudinistes, marquées par le modernisme théologique et la nouvelle éthique favorable à l'avortement, à l'homosexualité, etc.... La confusion est grande, mais peu nombreux sont ceux qui semblent en avoir pris conscience. Maon Schick écrit dans «L'Illustré» : « Dans le stade, les chrétiens se moquent de ces querelles théologiques. Ils sont là pour faire la fête, bien plus que pour prier, certains se désintéressent complètement des témoignages et des prédications et vont visiter la kermesse. » Il est vrai que le caractère festif du rassemblement était de nature à distraire le public. Une chorale de 400 personnes accompagnée de 50 instrumentistes a été chargée de l'animation musicale. 700 enfants se sont produits sur la pelouse (danses chorégraphiques), sans oublier l'exposition sous tentes présentée par 80 organisations chrétiennes. Pendant la prédication et les témoignages des jeunes sponsorisés poursuivaient leurs courses «Christ et sport» - dans le stade au profit d'oeuvres humanitaires. La prédication du matin fut assurée par le pasteur réformé Guy Chautems de Mont-sur-Lausanne et celle de l'après-midi par Max Schläpfer pasteur pentecôtiste de Berne. Mais où donc avaient passé les catholiques ? Si nous sommes bien informés, ils ont été invités, mais auraient décliné l'invitation.
Dans « Le Nouveau Quotidien »9on disait : «Ceux qui, il y a une trentaine d'années, avaient entendu au même endroit les propos enflammés du célèbre prédicateur américain Billy Graham et vu les spectateurs descendre par dizaines dans le stade pour « renaître en Christ»... ont senti la nuance : pas, ou peu de bras levés. . . pas de conversions de masse. _ _ »_ Mais peut-être que tel n'était pas le but de ce rassemblement. Si malgré tout des âmes ont été sauvées ou affermies dans leur foi on ne saurait que s'en réjouir et prier pour que par la Parole de Dieu, sous l'action du Saint-Esprit, elles voient clair et sortent de la confus;on_ Tous les chrétiens authentiques seront présents au véritable «Jour du Christ» (phil. 2 : 6), lorsque le Seigneur reviendra chercher les siens.
J.H.
1 Voir les B.N. 2 et 3/96 pp. 121-122 et 137-137.
2 « Les protestants font la paix » (« L'Illustré » No 25 du 19.06.96, pp. 24-26).
3 Par exemple les églises de l'Action Biblique.
4 Sous «Son de cloche officiel >, (J.ls.) dans «24 Heures» du 17.06.96.
5 Comme sous 2.
6 Dans «Le Matin» du 17.07.96 sous « Electrochoc au protestantisme »
7 Pascal Veillon, Lausanne (voir « L'Illustré» cité sous 2).
8 Comme sous 2.
9 «A Lausanne, 25000 chrétiens en appellent à Jésus pour sauver la Suisse» (Corinne Bloch).
La Bonne Nouvelle 5/96
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