Komerings (Indonésie) et l'Evangile (les)
PLUS DE 10000 PEUPLES N'ONT ENCORE JAMAIS ENTENDU PARLER DE LA BONNE NOUVELLE
L'ère coloniale semble appartenir au passé, et pourtant bien des populations en subissent encore les conséquences. Il suffit de citer le Rwanda, le Burundi ou encore l'Afghanistan, pour être plongés immédiatement dans le vif du sujet. Les frontières délimitées artificiellement par des nations étrangères ont été à l'origine d'innombrables drames.
Un autre effet pernicieux de la colonisation est d'avoir fait oublier aux missionnaires que leur présence dans un pays précis ne signifie pas que la population dans son ensemble soit touchée par l'Evangile. C'est pourquoi il y a vingt ans, plus de 17 000 ethnies n'avaient pas encore été atteintes, malgré tout le travail déjà accompli. Fort heureusement, la conception de l'entreprise missionnaire a été profondément réformée au courant des deux dernières décennies. En 1974, le congrès de Lausanne a marqué un point charnière à cet égard: les missions ont reconnu que jusqu'ici, elles n'avaient touché que de grands peuples. Elles se sont rendu compte de la nécessité de faire la distinction entre pays et peuples. Chaque ethnie possédant sa culture et sa langue propres, l'on ne peut s'adresser à chacun de la même façon. C'est ainsi que l'on s'est mis à «cibler» des peuplades précises et non plus simplement une nation. Le terme «peuple non-atteint» désigne désormais toute ethnie dont aucun ou très peu de représentants sont chrétiens, et où pas une seule église n'est implantée.
Un peuple d'Indonésie: les Komerings
Les Komerings représentent un million et demi de personnes, divisées en deux sous-groupes: les Ilirs et les Ulus. Etablis dans le Sud de l'île de Sumatra, ils sont musulmans. Mais l'Islam cohabite avec des traditions animistes et occultes. Les Komerings ont de nombreuses superstitions et toutes sortes de pratiques pour apaiser les esprits mauvais. Certaines de leurs superstitions prétendent par exemple que siffler dans une maison en pleine nuit divertit les démons, tandis que d'autres disent que se balader le jour de son anniversaire porte malchance. Leur vie est véritablement empoisonnée par la peur des mauvais esprits.
Les maisons de bois komerings, perchées sur pilotis, sont construites tout le long de la rivière éponyme. La population est agricole, vivant essentiellement de la culture du riz et du café. Un tiers d'entre elle est pauvre: le besoin de soins médicaux adéquats, ainsi que d'eau potable, est urgent. Dans la plupart des cas, les enfants quittent l'école très jeunes et vont travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Comme dans de nombreux pays du Sud, la pollution est effroyable. Les égouts et tous les déchets aboutissent dans la rivière, alors qu'on y lave linge, fruits, légumes, et que l'on s'y baigne. Les mesures de protection de l'environnement sont inexistantes et les notions d'hygiène extrêmement rudimentaires....
Patricia Amstein
AVENEMENT Décembre 1996 No 102 / P 13