LA LUMIERE VIENT !
L'histoire nous montre qu'à chaque période de tension entre les hommes, les analyses, parfois extravagantes, fleurissent de toutes parts. Cela est vrai aujourd'hui encore, à l'heure où les nations s'embrasent à nouveau autour de l'or noir tant convoité. Et l'on entend alors mille interprétations, économiques, politiques, philosophiques et bibliques sur ces temps troublés. Comment s'y retrouver, en particulier dans le domaine biblique, au sein de la multiplicité des constructions visant à décrypter les temps prophétiques de « la fin »?
En janvier 1976, dans la revue « Ichthus », paraissait un article, écrit par Monsieur Alfred Kuen, sur le retour du Messie. Il nous a semblé bon de vous en restituer l'essentiel, en y ajoutant un bref commentaire, car nous pensons que les généralités dégagées par M. Kuen sur un sujet aussi délicat, valent toujours d'être méditées; en particulier lors de ces moments difficiles que notre humanité traverse. Certes, l'auteur ne s'avance guère dans les aléas d'une construction prophétique, où nous pourrions découvrir soudain le sens caché des prophéties jusqu'alors demeurées comme en suspens. M. Kuen s'en tient aux grandes lignes de ce que les théologiens nomment «l'eschatologie», soit l'interprétation des événements de la fin des temps. D'ailleurs, ces temps ont commencé, si l'on s'en réfère aux paroles de Jésus ou des apôtres, depuis déjà vingt siècles !
Dans son article, l'auteur distingue deux « principes » d'interprétation: l'un repose sur ce que la Bible affirme clairement, ce qui est certain, l'autre soulève les problèmes posés par l'interprétation de textes plus « obscurs », dont le sens en tout cas demeure encore largement voilé à nos yeux.
Ce qui est Certain ! ha-Machia'h ba!
« Le Messie reviendra ! » Première certitude dégagée par A. Kuen: Jésus le Messie reviendra. De nombreux passages l'attestent: Jésus l'a lui-même annoncé, les anges l'ont confirmé, et les apôtres font de ce retour (qu'ils croyaient imminent!) un point important de leur enseignement(1).
« Tous les hommes le verront » Jésus a comparé son retour à un éclair illuminant le ciel d'un bout à l'autre, visible aux yeux de tous les hommes. Ce sera le triomphe de la lumière sur les ténèbres qui obscurcissent les consciences humaines. Les apôtres utilisent les mots «paraître», « apparaître », ou « révéler » pour illustrer la nature visible de ce retour. Il n'est pas ici question d'un Messie « caché » dans ce monde (on entend souvent ce genre de rumeur) qui se manifestera un jour aux hommes. Jésus lui-même mit ses disciples en garde contre de tels abus: «Si l'on vous dit: « Le Messie est ici, il est à cet endroit-là», ne le croyez pas. Plusieurs faux messies se manifesteront; ils feront même des miracles; et si l'on vous dit : « Il est au désert ! », n'y allez pas ; ou bien : « Il est dans cette maison!», ne le croyez pas. En effet, l'avènement du Fils de l'homme sera semblable à un éclair illuminant tout l'horizon... » (Mat. 24: 23-28 ). M. Kuen nous fait d'ailleurs remarquer que le mot grec « parousia », généralement traduit par «avènement», était autrefois « consacré à l'arrivée officielle d'un roi ou d'un empereur dans une province, ou à l'inauguration d'un nouveau règne». Il en sera de même pour le Messie : Jésus quittera sa place à la droite de Dieu où il règne dans le ciel, pour venir chercher « ceux qui l'attendent en vue de leur salut » (Héb. 9:28 ). Il établira alors son règne éternel.
Joie et pleurs
Ce sera un jour de joie pour tous ceux qui ont cru en lui: ils seront invités au «festin de l'Agneau», à ce repas de « noces » entre le Messie Jésus, l'Epoux divin, et son épouse constituée de tous ceux qui, Juifs et non-Juifs, l'ont recouru comme Sauveur et Messie (et qui l'ont prouvé par des actes bien concrets ). La Bible précise que les croyants, ceux déjà morts au cours des siècles (ils reviendront alors à la vie ) et ceux encore vivants au moment de ces événements, seront enlevés à sa rencontre en l'espace d'un « clin d'oeil »(2).
Ce sera aussi un jour de jugement: le prophète Daniel avait déjà annoncé qu'en ce Jour, Dieu séparerait, définitivement, les bons des méchants (Dan. 12 :1-3 ). Jésus affirme que « l'un sera pris, l'autre laissé » (Mat.24 ) ; ce sera l'heure du grand tri. Qui sont les bons, ou les méchants? A Dieu seul d'en juger! La Bible déclare cependant que quiconque met sa confiance en Dieu, et en le moyen que Dieu donne pour être justifié devant lui de toute faute, sera exempt de condamnation, et qu'il accédera donc à la vie éternelle(3). Le moyen donné par Dieu pour le salut des hommes, Esaïe l'a aussi annoncé: il fallait qu'un enfant naisse, un enfant hors du commun puisqu'il est aussi appelé « Dieu puissant », qu'une fois adulte il soit mis à mort comme un animal sacrifié pour porter les fautes des coupables, qu'il revienne enfin à la vie pour justifier quiconque le lui demanderait(4). Cet enfant-Dieu, Fils de l'homme par excellence, c'est Jésus qui, par amour pour chacun d'entre nous, s'est livré à la mort pour que nous ayons la vie. Ainsi en avait décidé l'Eternel, le Dieu d'Israël; et même si cela échappe quelque peu à notre compréhension, n'est-il pas vrai que notre foi en Jésus le Messie peut, dès ce jour, transformer notre existence? Nous sommes là pour en témoigner: Dieu n'est pas lointain, il n'est pas inaccessible, il s'est approché de nous en la personne du Messie; il s'approche encore de quiconque vient à lui avec un désir sincère de se détourner du mal, et de le connaître. Mais soyons attentifs pour prendre le chemin qu'il nous propose afin de recevoir cette vie intarissable !
Rappelons encore que cette terre sera «jugée», détruite et remplacée par de «nouveaux cieux et une nouvelle terre»(5).
Quand viendra-t-il ?
Jésus nous a laissé des signes de son retour: Personne ne peut annoncer avec précision le jour et l'heure de la venue du Messie. Pour l'avoir fait, beaucoup de gens se sont lourdement trompés. Pourtant, Jésus a bien dit que «seul le Père connaissait ce moment». Aux disciples qui lui demandaient des précisions sur ce moment, Jésus répond simplement de se préoccuper davantage d'être ses témoins dans le monde. Mais auparavant, il avait annoncé que des signes précis précéderaient son retour: faux messies, guerres et menaces de guerre, famines, tremblements de terre, persécution des croyants, abandon de la foi en Dieu, affaiblissement, voire disparition de toute loi morale, annonce de l'évangile, la Bonne Nouvelle du salut, dans le monde entier(6)
Vigilance ! Ce qui est enfin sûr, c'est que le Messie Jésus a demandé à ses disciples de rester vigilants. D'une certaine manière, sa venue est toujours imminente. A. Kuen nous fait remarquer que Jésus emploie des images bien particulières pour exprimer la soudaineté de cet événement: ce moment est comparé par exemple à l'irruption d'un voleur dans une maison, au moment où on ne s'y attend pas. Quand bien même cette attente se prolongerait au-delà de deux millénaires, soyons sur nos gardes. Au fond, les hommes en général n'attendent plus guère le Messie. Cela nous fait penser au peuple d'Israël s'impatientant au pied du mont Sinaï: de guerre lasse, après avoir fabriqué l'idole en or, il se livra à un affligeant spectacle de débauche. Comment ne pas comparer notre génération sans foi (ni presque loi !) au peuple autrefois déçu par l'attente prolongée, et finalement infidèle? «Le Maître tarde à venir », disait le personnage d'une parabole de Jésus. Non, il ne tarde pas, il viendra en son temps; soyons seulement prêts à l'accueillir, même au risque de passer un peu pour des fous, comme Noé en son temps...(7).
Ce qui pose problème
Dans la Bible, le langage prophétique est généralement truffé d'images et de symboles. Comment interpréter alors ces passages? Faut-il, par exemple, - nous dit M. Kuen - que Babylone soit reconstruite et qu'elle atteigne un niveau de culture et de richesse qui la placerait parmi les premières sur le plan mondial? Ou bien la Babylone ancienne est-elle simplement utilisée par Jean comme une image de la puissance humaine parvenue, non sans un orgueil - et un aveuglement - démesurés, au faite de ses possibilités?
Le retour du Messie ne peut s'effectuer avant que ne paraisse « l'homme du péché » (2 Thess. 2: 3-4 ). Mais, relève A. Kuen, « l'apôtre Paul ne précise pas que cet homme serait un dictateur qui prendrait le gouvernement mondial en mains et régnerait à Jérusalem. Pourquoi ne serait-ce pas cette nouvelle race d'hommes que notre siècle est en train de cultiver et qui est précisément caractérisée par trois traits signalés par l'apôtre: le rejet délibéré de la foi en Dieu, le refus de toute loi au-dessus de lui, sa propre déification. Comme le dit le professeur G. Millon: « A quoi bon lui donner un nom, alors qu'il marche dans nos rues et que sa doctrine a une audience mondiale? ». Certes, on peut penser que des hommes sans Dieu (et de surcroît se prenant pour des dieux! ), seront un jour susceptibles d'élire l'un des leurs comme potentat universel. «Nommons un chef, et retournons en Egypte, disait déjà le peuple d'Israël dans le désert ! (Nombres 14 :4 ). Ces deux explications ne s'excluent pas nécessairement, mais elles sont cependant différentes.
L'un des points obscurs qui, hélas, a considérablement divisé les croyants, demeure sans doute la question soulevée par le «Millénium». Trois écoles principales ont actuellement cours: les «pré-millénaristes» pensent que le Messie Jésus doit revenir avant d'inaugurer une période de mille ans pendant laquelle il régnera à Jérusalem ; les «post-millénaristes» considèrent au contraire que le millénium précède le retour du Messie, et qu'il est donc plus ou moins incorporé au temps écoulé depuis la venue de Jésus; les «a-millénaristes» voient dans le millénium un élément symbolique au même titre que ceux si fréquemment employés dans le livre de l'apocalypse. Pour ces derniers, le retour du Messie coïncide avec le jugement dernier et l'établissement du royaume éternel du Messie dans la nouvelle Jérusalem, sous de nouveaux cieux, et sur une nouvelle terre.
Nous n'entrerons pas plus en avant dans le détail de ces différentes thèses; et nous ne prendrons pas non plus parti pour ou contre l'une d'entre elles. Contentons-nous, à l'instar de M. Kuen, de retenir « ce qui est sage ».
Qui Croire?
Ce qui est sage: « Comment le simple fidèle se sortira-t-il de ce labyrinthe? Quelle position adopter pour maintenir à la fois notre espérance d'un retour imminent du Seigneur, notre foi dans l'accomplissement des prophéties et... notre communion avec tous les chrétiens? »
Il nous faut, nous conseille M. Kuen, «distinguer entre les affirmations bibliques, et les systèmes d'interprétations ». Il est bon d'avoir le souci de comprendre les textes bibliques, même les plus difficiles. Mais notre connaissance limitée affecte notre capacité à harmoniser l'ensemble des textes, en particulier ceux prophétiques. A vouloir y parvenir à tout prix, bien des gens pourtant sérieux, ont fini par mettre en lumière certains passages, au détriment d'autres versets qu'ils maintenaient dans l'ombre, de peur de voir tout leur système s'écrouler! Il vaut mieux, dans ce cas, ne pas échafauder de système prophétique et demeurer attaché à toutes les affirmations de la Parole de Dieu. Dans son petit fascicule sur «Le retour du Christ et le Millénium », F. Buhler affirme « qu'aucune vue prophétique n'est entièrement à l'abri d'objections. Aucune ne s'accorde de manière parfaite avec tous les textes bibliques » (p. 7 ). A ce propos, M. Kuen ajoute que «s'il y a contradiction apparente entre deux passages bibliques, ce ne sont jamais leurs affirmations certaines qui se contredisent, mais nos interprétations de ces textes ».
Deuxième conseil pour s'y retrouver: «distinguer les textes clairs des textes obscurs ». Si des hommes sérieux, soumis à Dieu (et l'on ne peut remettre en doute l'authenticité de leur foi ), arrivent à des conclusions différentes, cela démontre surtout que certains textes ne sont pas faciles à comprendre. M. Kuen rappelle qu'une des règles d'or de l'interprétation consiste « à interpréter les passages obscurs à la lumière des textes clairs - et non l'inverse ». Nous ne pouvons bâtir sur un autre fondement que celui posé par Dieu lui-même. Jésus est « la pierre de l'angle sur laquelle tout l'édifice repose ». Les apôtres et les premiers disciples ont bâti leur vie sur cette fondation inébranlable(8). Ils citent ou font allusion à près de 650 passages de l'Ancien Testament qui, pour eux, trouvent leur plein accomplissement en la personne du Messie: « Jésus est le centre de convergence de toute prophétie ». A cette dernière phrase, M. Kuen ajoute que «les prophéties ont été données pour nous édifier et nous exhorter, et non pour satisfaire notre curiosité. Elles ne se lisent pas comme de l'histoire anticipée. Bien des traits ne seront déchiffrables qu'au moment de l'accomplissement ».
Dernier conseil: «Distinguer entre l'essentiel et le secondaire». Nous citerons presque intégralement ce dernier passage de l'article de M. Kuen, car il nous semble bien résumer notre pensée sur ce sujet: « Dans la Bible, la vie prime la connaissance. La foi, l'espérance et l'amour, sont les trois choses qui demeurent. L'unité des disciples de Jésus est plus Importante que leur érudition prophétique, et elle n'implique pas nécessairement l'uniformité de vues sur les événements à venir. Et de quelle importance serait pour nous une compétence exceptionnelle dans le domaine prophétique, si notre interprétation nous coupait de la communion avec les autres frères, ou même, nous faisait jeter l'anathème sur eux et leur message?... Dans les prophéties mêmes, ce qui est important aux yeux de Dieu, ce sont surtout les exhortations pratiques liées à ces vérités, les conclusions que nous devons en tirer. Car, jamais le Seigneur ou les apôtres ne parlent du retour du Messie de façon abstraite, pour satisfaire notre désir de connaître l'avenir. Toujours, ces prédictions servent de motivation à une exhortation, une consolation, une mise en garde: « veillez donc... Gardez vos lampes allumées » (Luc 12 :35-36 ).
La perspective du Retour du Messie nous permet de supporter avec patience les épreuves présentes, d'attendre le verdict divin dans les cas embarrassants(9). Elle est source de réconfort et de consolation, une exhortation à une vie dans la lumière, la sainteté, la sobriété, la maîtrise de soi et la pureté(10). L'essentiel n'est pas de connaître, mais d'aimer l'avènement du Seigneur, de vivre dans la perspective de son Retour, de l'attendre avec joie, et de se joindre à la prière de l'Esprit de Dieu et de l'Epouse: « Viens Seigneur Jésus ! »(11)Ce sera alors la révélation de la lumière véritable, une lumière que nos pâles bougies de «HANNOUKAH» ne reflètent que trop imparfaitement, une lumière éternelle.
(1) Mat. 16: 27 ; Marc 13: 26 ; Jean 14: 3 ; Act. 1: 11 ; Tite. 2: 13 ; 1 Pi. 1: 7 ; Jude 14 . Jac. 5: 8
(2) Mat. 25: 31, 34; 1 Thess. 4: 13-18; 2 Thess. 2: 1; 1 Co . 15 : 50-58 ; Apoc. 19: 6-9
(3) Jean 3:16,36
(4) Esaïe. 7: 14 ; 9: 5-6 ; 53
(5) 2 Pi. 3: 10-12; Apoc. 21
(6) Act.1: 6-8; Mat. 24: 36
(7) Mat. 24: 37-51 ; 25:1-13 ; Apoc. 16: 15
(8)1 Cor. 3: 11 ; Eph. 2: 20 ;1 Pi. 2: 4-7; Esaïe 28: 18
(9) 1 Pi. 4: 12-13; 1 Co. 4-5
(10) Luc 21: 35-36 ; Rom. 13: 11-12; 1 Thess. 3: 12-13; 4: 17-18 ; 1Pi. 4 : 7-8 ; 1 Jean 3: 2-3
(11) Apoc. 22: 17-20.
Frédéric BAUDIN
Le Berger d'Israël No 467