MEA CULPA Reconnaître ses torts : une condition sine qua non pour obtenir le pardon
Dans le monde
Des gouvernements ou des chefs d'État ont reconnu les torts que les autorités de leurs pays ont causés à d'autres pays ou peuples pendant la dernière guerre mondiale, et même avant ou après celle-ci. En Suisse - et ailleurs - des enquêtes sont en cours au sujet de ce que l'on appelle les comptes juifs en déshérence. Il s'agit de trouver les héritiers de ces comptes dont les titulaires sont pour la plupart morts dans les camps d'extermination allemands. En 1995, la Suisse, par la voix du président de la Confédération, avait tenu à s'excuser de l'apposition dés 1938 du tampon «J » dans les passeports juifs. Dans « L'HEBDO» (hebdomadaire suisse) du 24 juillet 1997 on lisait sous le titre « L'EXCUSE, UN NOUVEL INSTRUMENT POLITIQUE»: «La Suisse n'est pas seule à rendre des comptes. Les Etats-Unis face aux Noirs, l'Angleterre face aux Irlandais, l'Australie face aux aborigènes : l'excuse pour les fautes passées est devenue un acte majeur». Lors d'une conférence qui s'est tenue à Prétoria (Afrique du Sud) en 1997 des blancs s'agenouillèrent devant des noirs en confessant leur complicité dans l'apartheid et en leur demandant pardon. Des évêques catholiques italiens ont demandé pardon aux Vaudois du Piémont des persécutions que Rome a fait subir à leurs ancêtres. Interpellé lors des «Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique»1, le pape même a parlé, il est vrai de façon assez ambiguë, d'un « pardon offert et reçu », au sujet du massacre perpétré par des catholiques la nuit de la Saint-Barthélémy2, dont la date coïncidait avec celle de sa visite parisienne. Il avait déjà un jour suggéré que le catholicisme romain fasse son autocritique et demande pardon pour l'inquisition, les croisades, les guerres de religion, la condamnation de Galilée, les persécutions des hérétiques, l'appui aux régimes fascistes...3. Dernièrement encore4, l'Eglise catholique romaine de France a fait une déclaration publique de repentance au sujet de son mutisme lors de la déportation de 70000 Juifs dans les camps de la mort nazis. Et même la police parisienne a demandé pardon aux Juifs pour la rafle du Vél'd'hiver opérée par ses agents en 1942. Tout cela peut présenter un aspect positif, à condition que ce ne soit pas justement un « nouvel instrument politique» répondant à une pression de l'opinion publique ou destiné à redorer des blasons ternis par de flagrantes injustices et des crimes contre l'humanité!
Entre chrétiens
Il est un tout autre domaine où la reconnaissance des fautes et leur pardon s'imposent tout autant et plus. Qu'en est-il dans les milieux évangéliques lorsque de taux jugements, de fausses accusations ou des calomnies ont rompu la communion fraternelle? Est-ce que l'on y pratique aussi l'«excuse», c'est-à-dire l'aveu des torts et la demande du pardon ? Oui, nous connaissons personnellement des cas de serviteurs de Dieu et de membres d'églises qui ont eu la droiture et l'humilité de reconnaître leurs torts ou leurs péchés en en demandant pardon à ceux qu'ils avaient offensés ou lésés. Mais ce n'est malheureusement pas très courant de nos jours où, par orgueil, intérêt temporel ou esprit de clan on refuse souvent de reconnaître le mal commis, empêchant ainsi toute réconciliation. C'est là de toute évidence une des causes principales des tensions, de la stagnation, des régressions, des divisions et des abandons dont souffrent beaucoup d'églises. On pourrait relever bien des cas de ce genre. Voici, par exemple, que le président d'une commission d'églises calomnie ses frères dans un rapport « moral» publié dans un périodique évangélique. Mis en demeure de justifier ses injurieuses accusations, il en est incapable, mais par une singulière obstination refuse formellement de les retirer. Or, son successeur, ses collègues, ainsi que le rédacteur de ladite revue, ne désirant sans doute pas désapprouver leur frère, adoptent la même déplorable attitude, allant jusqu'à s'opposer à l'insertion dans la publication en question d'une rectification en vertu du droit universel de réponse. Faut-il dès lors s'étonner de certaines dégringolades spirituelles consécutives à des comportements «fraternels» déloyaux? Ceux qui sont au courant d'actes aussi indignes, et qui les couvrent de leur silence, s'en font évidemment les complices.
Étonnement !
N'est-il pas étonnant que des hommes d'État, des évêques, le pape et autres personnalités du monde politique ou religieux sachent reconnaître leurs torts - ou ceux de leurs prédécesseurs - et en demander pardon, alors que des chrétiens évangéliques, instruits en la matière par la Parole de Dieu et l'enseignant aux autres5,endurcissent leur coeur et leur conscience au point qu'ils refusent catégoriquement de s'humilier, de demander pardon et de chercher à réparer leurs fautes?
Mais que dit l'Écriture?
« Si nous confessons nos péchés, Il (Dieu) est fidèle et juste pour nous les pardonner» (1 Jean 1: 9), parce que Jésus «est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés» (1 Jean 2 : 2). La repentance et la confession des fautes sont donc des conditions fondamentales pour obtenir le pardon divin. Mais l'Écriture dit également: «Confessez vos péchés les uns aux autres» (Jacques 5 : 16) et « pardonnez-vous réciproquement». (Eph. 4 : 32). Le chrétien doit donc aussi accorder le pardon à quiconque se repent du mal qu'il a tait à son prochain. Il est écrit : « Si ton frère a péché, reprends-le, s'il se repent, pardonne-lui » (Luc 17 : 3). Et s'il ne se repent pas ? Jésus dit encore: «Si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes» (Marc 11 : 25). Nous devons donc de toute façon pardonner, si nous voulons que Dieu nous pardonne. Mais si celui qui a péché ne se repent pas, le pardon qui lui est offert ne sera pas effectif ou efficace, et son attitude empêchera la communion fraternelle d'être rétablie avec lui. Des personnes et des églises qui ne se repentent pas ne sauraient être bénies, même si elles passent pour vivantes ou riches (Apoc. 3 : 17), masquant ainsi la triste réalité de leur endurcissement. N'oublions jamais qu'en péchant de la sorte contre les frères, «nous péchons contre Christ» (1 Cor. 8 : 12) et qu'il y a un interdit ou un blocage, c'est-à-dire un obstacle à la bénédiction divine, là où il n'y a pas de repentance, de pardon et de réconciliation entre frères. Souvenons-nous de ce que disait l'Esprit à l'Eglise d'Ephèse: « Repens-toi... sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes» (Apoc. 2 :3-5). Ce même appel à la repentance fut adressé à d'autres églises et personnages bibliques et il demeure d'actualité, même si le terme de repentance ne figure plus dans nos dictionnaires modernes! Que non seulement tout pécheur perdu puisse se sentir interpellé et y répondre positivement (Actes 1 7 : 30), mais que tout chrétien ayant péché contre son frère, et que toute église devenue infidèle, puissent se repentir, chercher à réparer le mal commis et revenir dans le droit chemin. C'est de cela que dépendra en premier lieu la bénédiction du Seigneur et le développement d'un témoignage efficace à la gloire de Dieu.
Jean Hoffmann
1Du 21 au 24 août 1997 à Paris
2C'est à l'instigation de Catherine de Médicis et des Guise que dans la nuit du 23 au 24 août 1572 eut lieu le massacre de la Saint-Barthélémy qui entraîna la mort de plus de 30 000 protestants. Le pape Grégoire XIII célébra ce carnage comme une grande victoire sur le protestantisme. Il fit chanter un solennel Te Deum et fit frapper une médaille représentant l'ange exterminateur tuant les protestants et portant l'inscription suivante : « Massacre des huguenots ».
3Voir la B.N. 5/96 p. 172 sous « Règlement différé jusqu'au ciel ? »
430 septembre 1997.
5Jésus déclarait au sujet des scribes et des pharisiens: « Ils disent et ne font pas» (Mat. 23:3).
La Bonne Nouvelle 2/98
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II est préférable... « Il est préférable d'être divisé à cause de la vérité, que d'être uni dans l'erreur. Il est préférable de dire la vérité qui blesse et qui guérit, que le mensonge qui réconforte et qui tue. Laissez-moi vous dire une chose, ce n'est pas de l'amour ni de l'amitié, si nous n'annonçons pas tout le conseil de Dieu. Il est préférable d'être haï pour avoir dit la vérité que d'être aimé pour avoir dit un mensonge. Il est impossible de trouver quelqu'un dans la Bible qui ait été un témoin puissant de Dieu sans qu'il ait eu des ennemis et qu'il n'ait été haï. Il est préférable de demeurer ferme et seul dans la vérité que d'être dans l'erreur avec la multitude. Il est finalement préférable de triompher grâce à la vérité plutôt que d'avoir temporairement du succès avec un mensonge. »
Adriam Rodgers