Ordre d'importance de la musique

 

Le «Mouvement des Prophètes»1tout comme la «Stratégie de la guerre spirituelle» et les « Marches pour Jésus»2qui s'y rattachent sont à peine imaginables sans musique. Entre-temps, on observe aussi parmi les Evangéliques un boom de la prétendue « musique d'adoration », parce que « les cultes de louange» sont également venus à la mode dans des églises officielles et libres non typiquement charismatiques.

Il est pourtant indéniable que presque tous les «chants de louange» modernes sont d'origine charismatique. L'importance de cette « musique de louange» avait déjà été décrite en 1987 par Roger Forster:

« Nous ne sommes pas en promenade, mais nous nous occupons de choses sérieuses en essayant de produire un réel changement dans le monde invisible. Nous y parviendrons par la musique de louange et des marches solennelles, en commun avec notre Christ, qui nous emmène toujours dans son cortège triomphal» (Il Cor. 2 : 14).

La musique de louange est donc considérée comme un moyen de produire des changements dans le monde invisible. La musique est d'autre part aussi utilisée consciemment pour stimuler:

«... Pour manifester leur aspect festif, nos marches se vivent presque dans une ambiance de carnaval. Quelques-uns d'entre nous se déguisent en clowns, d'autres portent des couleurs criardes, nous défilons aussi avec des ballons et des drapeaux de couleurs vives, et la musique joyeuse et rythmée ne doit évidemment pas manquer. Tout cela pour fêter l'amour prodigue de Dieu pour le monde. »

 

Au Congrès 93 à Nuremberg, on a pu observer à quel point la musique peut être employée pour stimuler. Le groupe musical autour de Graham Kendrick et Thomas van Dooren fut en mesure de créer une atmosphère de carnaval si folâtre qu'elle conduisit les quelque 4 000 participants à danser dans la salle des fêtes. À peine quelques minutes plus tard, la foule se plongea dans l'«adoration », parce que la musique était devenue douce et sentimentale.

 

Déjà en 1 991 , lors du 1er « Congrès des églises», il était apparu que le mouvement charismatique avait pénétré les milieux non charismatiques, particulièrement par ses chants et sa musique. Dans ce domaine, c'est surtout «Jeunesse en Mission » qui a travaillé intensément, à tel point qu'il n'existe aujourd'hui pratiquement plus aucun recueil de cantiques qui ne contienne pas des chants d'origine charismatique et spécialement de J.E.M.

 

Il ne faut donc pas s'étonner si, lentement mais sûrement, des conceptions charismatiques pénètrent dans les églises à travers les chants, jusqu'à influencer leur théologie. Martin Wollin écrit très justement:

«... Les ennemis de Luther furent plus irrités par ses cantiques que par son enseignement, sachant bien qu'une dogmatique chantée par le peuple s'implantera bien mieux que n'importe quel sermon. Ainsi notre recueil de cantiques contient en général de la doctrine chantée. Le choix des cantiques était l'affaire de professionnels théologiquement motivés, le critère décisif étant de transmettre des déclarations théologiquement correctes sur Dieu, sur le Royaume de Dieu et sur l'Eglise. »

 

Si l'on peut effectivement désigner les cantiques spirituels de «dogmatique chantée», alors la théologie du mouvement charismatique a assurément pénétré tous les milieux chrétiens. Dès lors on ne peut que s'étonner de la naïveté des responsables de ces milieux quand ils ne voient pas le danger que constituent les nouveaux chants originaires du mouvement charismatique.

Très révélateur est l'extrait suivant provenant d'une interview de Kevin Prosch et de Martin Bühlmann, menée par Peter Aschoff et publiée par le périodique «Gemeinde Erneuerung» de la G.G.E.. Il y apparaît de quel ordre d'importance est la musique dans le mouvement charismatique. Kevin Prosch d'Anaheim (USA) est le responsable de la louange de Vinegard et il est connu pour avoir apporté de « nouveaux accents dans la louange».

Martin Bühlmannest le responsable de « Basileia» de Berne, un mouvement laïque charismatique chapeauté par l'Église réformée. Il a, entre autres, aussi organisé à Berne des conférences avec John Wimber.

Gemeinde Erneuerung : - Kevin, j'entends chez toi beaucoup de musique instrumentale. As-tu fait des expériences particulières dans ce domaine?

Kevin Prosch : - J'ai remarqué que certaines manifestations du Saint-Esprit n'apparaissent que si je joue avec la batterie, donc si je ne chante pas. Souvent cela agit comme une prophétie qui touche les coeurs des hommes. En Australie, nous avons vécu beaucoup de guérisons et de miracles. Là-bas une femme, ayant été blessée à la colonne vertébrale il y a 21 ans, se remit à marcher. En Angleterre, nous expérimentons toujours à nouveau qu'au moment où nous commençons à jouer, des personnes crient, parce qu'elles sont délivrées des démons.

G.E.: - Il semble parfois que, sur le thème de la louange, il y ait un conflit de générations. S'agit-il ici seulement de formes différentes ou aussi du contenu ?

Martin Bühlmann: - En ce qui concerne le fond, ce qui va venir sera beaucoup plus grand que ce que nous avons vécu il y a 10 ans. La présence de Dieu va se manifester dans une bien plus grande mesure que nous l'avons vu ces cinquante dernières années. Mais c'est avec le style et les décibels que commence le conflit des générations. La génération d'après guerre a une tout autre ouverture pour la musique. Et bien qu'il ait été diabolisé, le Rock'n Roll a donné au monde un langage que tous comprennent. Dieu va employer ce langage pour annoncer le salut aux peuples. »

On a beaucoup écrit et parlé sur l'origine et l'effet négatif de la musique rock. Mais à une telle déclaration, affirmant que ni la Parole de Dieu, ni l'annonce de cette Parole, mais la musique - et justement la musique rock - est le moyen par lequel Dieu annonce Son Salut, montre à quel point on s'est éloigné des principes spirituels du Nouveau Testament.

Si de telles conceptions font école, il faudra probablement s'habituer à ce que seules les réunions comportant de la musique rock suscitent des manifestations particulières du Saint-Esprit dans les mouvements charismatiques.

 

Wolfgang Bühne

« Die Propheten kommen »

2. erweiterte Auflage 1995 CLV

(Extrait autorisé pp. 130-133)

-------

.

1 Dans ce « mouvement des prophètes» il s'agit d'hommes qui possèdent - ou qui semblent posséder - le don de prédire l'avenir de personnes, de villes et de pays. Leurs prévisions se réalisent parfois, ce qui leur confère une certaine crédibilité, surtout auprès de gens mal affermis manquant de connaissance biblique et de discernement. Ces « prophètes » sont souvent des exaltés, sinon des manipulateurs qui semblent posséder une capacité médiumnique apparentée à la voyance ou la divination. (NDLR. de la B.N.)

.

2 Dans cette «guerre spirituelle» il est question de « puissances territoriales » sataniques. C. Peter Wagner, l'un des fondateurs de la «3e vague», a dit à ce sujet : «Satan délègue des démons de haut rang pour régir les nations, les villes, les quartiers et autres groupes humains dans le monde entier» («Retour de Dieu», Harvey Cox, p. 251). Il s'agirait de lier et de déloger ces « démons territoriaux » par les «marches pour Jésus», organisées en divers pays et patronnées, selon les lieux, par des communautés catholiques, protestantes, évangéliques de plusieurs tendances, et diverses organisations religieuses, telles que «Jeunesse en mission », «Campus pour Christ», avec le soutien de l'» Alliance Évangélique», d'» Opération Mobilisation », de la « Ligue pour la lecture de la Bible», de mouvements charismatiques ou pentecôtisants, etc. Chaque lecteur de la Bible sait que des marches avec de tels objectifs ne trouvent pas leur justification dans l'enseignement et la pratique de Christ et des apôtres.

(NDLR. de la B.N.)

La Bonne Nouvelle 4/96

La Bonne Nouvelle - Droit de reproduction: prière de s'adresser au journal

 

ACCUEIL