La patience
Des exemples de patience Jacques 5:7-11
Si, dans un sens, nous devons vivre de l'avenir, c'est-à-dire, avancer vers notre but, nous ne sommes pas dépourvus d'encouragements qui nous poussent sur notre voie de la part du passé. C'est ici l'utilité concrète de l'histoire, à savoir, apprendre ses leçons et agir en conséquence. Nous pouvons faire travailler le passé pour l'avenir. Pour nous encourager, Jacques donne trois exemples de patience en action: le laboureur, les prophètes et le patriarche Job.
Le laboureur
« Voici le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison » (5:7). Il apprend la patience au travers de l'expérience continuelle de son incapacité à contrôler le cycle annuel du temps et par sa confiance dans le fait que la récolte mûrira à temps.
Les chrétiens devraient donc aussi être patients et s'affermir. Pourquoi ? « Car l'avènement du Seigneur est proche» (5:8). Le mot « proche» ne donne pas de date mais souligne une réalité pratique. Nous ne devons pas interpréter les « proche » et « bientôt » de Dieu selon la mesure de nos comptes impatients. Avec lui, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour.
Dans la mesure où notre foi est forte, nous sommes en mesure de voir les choses comme Dieu les voit. Paul, par exemple, voyant les afflictions de la vie chrétienne selon la perspective éternelle, pouvait dire qu'elles étaient «du moment présent » (2 Cor. 4:17-18). Ce qui importe pour nous n'est pas la date à laquelle Jésus revient mais plutôt de savoir si nous sommes prêts à l'accueillir aujourd'hui!
En attendant, nous devons résister à la tentation d'impatience et de plainte qui, bien entendu, déborde inévitablement sur les autres et nourrit un climat de mécontentement et d'agitation parmi les chrétiens. Le rappel que ,,le juge est à la porte» (5: 9) reprend le thème eschatologique, de l'autre côté cette fois-ci. Si vous n'exercez pas en réalité la fidélité, vous n'êtes pas prêts à rencontrer le Seigneur. Mais il est proche, à la porte! Voulez-vous paraître devant lui comme devant le Juge qu'il sera pour les méchants?
Les prophètes
« Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes » (5: 10). Ils sont depuis longtemps devenus le synonyme d'un témoignage fidèle sous l'injustice de la persécution. Jésus exhortait ses disciples à se réjouir et à être dans l'allégresse quand ils affrontaient les insultes et la persécution, « parce que, dit-il, votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous» (Mat. 5:12).
À l'opposé, la preuve de l'incrédulité des pharisiens et de leurs semblables se voyait dans le fait qu'ils étaient «des fils de ceux qui ont tué les prophètes» (Mat. 23:31 ; Actes 7:52). Il n'est pas fait mention d'un prophète en particulier, car tous les messagers de Dieu font cette expérience inévitable dans un monde incrédule qui se démène pour retenir « injustement la vérité captive » (Rom. 1 :18). Ce fut ce qui arriva souvent dans le passé à ceux «qui ont parlé au nom du Seigneur ».
Jacques mentionne ce fait pour souligner que c'était précisément parce que ces gens parlaient au nom du Seigneur! Toutes sortes de gens souffrent et subissent des circonstances mauvaises dans le monde. Cela ne donne aucune indication sur la raison pour leurs malheurs et ne les assimile pas à des exemples de patience emplie de piété. Les prophètes, en revanche, étaient envoyés de Dieu et avaient la Parole divine pour message! Ils servent donc comme un bon exemple pour notre encouragement!
Comme Jean Calvin le remarque, ils étaient « agréables et approuvés par Dieu. S'il leur eût été possible d'être exempts des misères, il ne faut pas douter que Dieu ne les en eût exemptés. Or il ne l'a pas fait. Il s'ensuit donc que les afflictions sont salutaires aux fidèles. En ce sens il commande qu'on les prenne pour exemple d'affliction. Mais il faut que la patience y soit aussi jointe, qui est un vrai témoignage de notre obéissance. C'est pourquoi il les a mises ensemble. »
Le chrétien peut en conséquence tirer une consolation réelle de l'exemple des prophètes, surtout quand les difficultés se présentent sur sa route et qu'il est tenté de douter de l'amour de Dieu à son égard. Plus que les autres, les jeunes chrétiens ont parfois tendance à penser que le fait de devenir croyant en Christ bannira la plupart de leurs problèmes ou, tout au moins, que cela les rendra d'une certaine façon plus aisés à surmonter. La réalité consiste en ce que «tout arrive également à tous; même sort pour le juste et pour le méchant, pour celui qui est bon et pur et pour celui qui est impur» (Eccl. 9:2). Même s'Ils ne subissent pas la persécution parce qu'ils proclament la justice de Dieu à un monde hostile, les chrétiens connaîtront les mêmes sortes d'épreuves que les incroyants. La différence tient en ce qu'ils en font par la grâce de Dieu! Une patience emplie de piété et de persévérance est la pierre de touche, alors qu'une communion croissante avec le Seigneur et une joie toujours plus élevée dans son salut seront les fruits de l'affliction pour ceux qui se confient quotidiennement en Christ.
Le patriarche Job
«Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment» (5:11). Ceux qui tiennent dans l'adversité gagnent l'envie spirituelle de tous. De tous ceux qui ont souffert parmi le peuple du Seigneur et dont il est fait mention dans l'Écriture, aucun n'arrive à la hauteur de Job dans ce domaine. Sa patience était clairement proverbiale dans les temps anciens. Il s'agissait d'un homme qui vivait une vie normale, bien que plus riche que la plupart d'entre nous.
Puis un jour, une chaîne de calamités le dépouilla de tout son confort, de ses joies et des biens dont le Seigneur l'avait béni et pour lesquels il avait travaillé dur. Pour ce qui concerne les prophètes, on aurait pu se douter que l'opposition et la persécution seraient un résultat presque inévitable de la proclamation de la vérité de Dieu. À l'opposé, Job n'avait pas une vocation qui devait normalement attirer le feu de l'ennemi. Il était simplement un fermier qui réussissait et un homme pieux qui aimait le Seigneur.
Il attira le feu cependant, celui de l'enfer et de la malveillance vindicative de Satan! Job subit alors l'épreuve la plus sévère. Sa vie entière, famille, maison, biens, santé et paix d'esprit fut dévastée par la tragédie et la perte. Plus d'un homme aurait complètement craqué sous le poids d'une fraction seulement des calamités qui lui survinrent. Il est certain que lui-même n'était pas stoïcien ni fataliste. Il porta parfois des coups tout autour de lui. Il se plaignit à Dieu et de terribles agonies lui tenaillaient souvent l'esprit. Il posa toutes les questions que nous poserions dans de telles circonstances et bien plus encore.
Mais le coeur de son témoignage est sa patience proverbiale. Il persévéra et nous pouvons toujours voir dans les pages de l'Écriture «la fin que le Seigneur lui accorda». Job découvrit que le Seigneur a effectivement le dernier mot. Dieu mit un terme à ce que Satan commença. En résultat, pendant ses dernières armées, Job reçut de l'Eternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières» (Job 42:12). Dans ces difficultés, Job apprit ce que le psalmiste allait plus tard exprimer en rapport à sa propre expérience: « Il m'est bon d'être humilié, afin que j'apprenne tes statuts» (119:71). Jacques veut précisément que nous retirions cela de notre expérience de vie dans un monde qui va inévitablement susciter des épreuves et des tribulations qui vont tester la qualité de notre foi.
Gordon Keddie
Extrait de «Chrétien dans un monde actuel » (L'épitre de Jacques) Europresse
La Bonne Nouvelle No 1 / 2000
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