«... et tes filles prophétiseront» Petit dossier relatif aux ministères des femmes dans l'église locale.
Après les milieux «officiels» réformés, luthériens et anglicans, des méthodistes, mennonites, baptistes, frères larges... s'ouvrent aussi de plus en plus au ministère pastoral féminin en cherchant à le justifier bibliquement, comme si dès l'origine et pendant près de 20 siècles, on avait mal compris l'enseignement du Christ et des apôtres sur ce sujet. Il n'est pas possible d'analyser ici ce que déclarent tous les auteurs de cette brochure, aussi nous contenterons-nous de relever l'essentiel de ce que disent deux d'entre eux, un homme et une femme.
Matthias Radloff précise qu'il lui a fallu lire environ 300 ouvrages et examiner 40 interprétations différentes pour arriver à la conclusion suivante: «Une femme qui prêche et un pasteur du sexe féminin sont des personnes dont les ministères sont en accord avec l'enseignement clair de la Bible». Mais voici comment il a dû infléchir la Parole de Dieu pour soutenir sa thèse. En prenant l'inéluctable texte de l'apôtre Paul ordonnant aux femmes de garder le silence dans les assemblées, il déclare: «La seule interprétation qu'il m'était possible de retenir était celle qui dit qu'en 1 Cor. 1 4:34 Paul cite des opposants se trouvant à Corinthe. Les opposants voulaient que les femmes se taisent. Paul les cite aux versets 34 et ss. pour les contredire. » Il s'agit là manifestement d'une pure supposition, absolument insoutenable lorsque l'on considère ce qui précède, puisque Paul dit: «Comme dans toutes les églises des saints. .. » (33), et ce qui suit: «.. . car il est malséant à une femme de parler dans l'église... » (35-38).
En traitant du texte de 1 Tim. 2: 12, où il est écrit que la femme ne doit pas enseigner, ni prendre de l'autorité sur l'homme, Matthias Radloff affirme péremptoirement, sans aucune preuve à l'appui, que Paul ne défend qu'à la femme non instruite d'enseigner, ce qui signifierait que Les femmes instruites pouvaient enseigner. Mais cette condition est totalement absente du texte, donc de pure invention. Pour ne pas être discriminatoire cette règle ne devrait-elle pas aussi s'appliquer à l'homme?
M-R. dit encore qu'il fut surpris de découvrir que dans 1 Cor. l 1:2-16 le mot tête (képhalè) était mal traduit par chef. La recherche (?) aurait démontré «sans l'ombre d'un doute possible» que ce mot n'a nullement le sens d'autorité, mais d'»origine» et de «source»2*, au mépris du sens premier que donne n'importe quel dictionnaire grec et que rendent ainsi toutes les Bibles qui nous sont connues. Il prétend en outre que dans toutes les versions françaises qu'il connaît le verset 10 de 1 Cor. l 1 est systématiquement traduit pour dire le contraire de ce que dit, selon lui, le grec, à savoir que la femme a autorité sur (la) tête, et que cette tête est l'homme! Tous les savants linguistes traducteurs de la Bible se seraient-ils donc trompés? Que dit exactement Paul? Après avoir expliqué que Dieu est le chef de Christ, que Christ est le chef de l'homme et que l'homme est le chef de la femme, il ordonne à cette dernière de se couvrir la tête - ou de se voiler - lorsqu'elle prie ou prophétise, afin de signaler ainsi sa position dans l'ordre établi par Dieu. Il ajoute: «C'est pourquoi la femme (doit) avoir (une) autorité (exousia) sur la tête... » De toute évidence elle devait porter l'«exousia» sur sa propre tête et non sur la tête de l'homme, ce qui serait contraire à ce que dit Paul au verset 7: «L'homme ne doit pas se couvrir la tête». «Exousia» peut avoir le sens de droit, d'autorité, d'autorisation... et le contexte montre bien qu'il doit s'agir ici du droit (ou du pouvoir) qu'avait la femme ainsi couverte de prier et de prophétiser, et non de l'autorité à exercer sur l'homme, autrement il y aurait ici encore contradiction avec ce que Paul dit au verset 3 et ailleurs (Eph. 5:23-24). Marthe Ropp3*emboîte le pas à Matthias Radloff en laissant entendre que nous avons dans nos Bibles une traduction inexacte, bien que jusqu'au début de notre siècle, elle n'ait pas été contestée. Elle va aussi jusqu'à suggérer que (la marque de) l'autorité que la femme doit porter sur sa tête pourrait désigner l'autorité qu'elle doit exercer sur la tête, c'est-à-dire sur son mari. Par rapport au terme «képhalè» elle voit deux interprétations majeures: l'interprétation hiérarchique, où «képhalè» est pris dans le sens littéral de chef, et l'interprétation chronologique qui donne à ce mot le sens de «source» ou d'»origine».
Ce ne sont là que quelques exemples montrant par quels arguments et raisonnements on cherche aujourd'hui à justifier l'introduction du ministère pastoral féminin dans les églises et assemblées évangéliques. Le plus troublant, c'est que dans les milieux concernés les réactions sont rares, comme si la cause était déjà entendue!4*
J. Hoffmann
1* Pasteur de l'Association Evangélique d'Eglises Baptistes de Langue Française.
Sa thèse est réfutée sous «Triple Torsion» dans la B. N. 4/92 pp. 25 1 »53.
2* Opinion qu il partage avec G. Bilézikian (voir «La Bonne Nouvelle» 2/93 sous «Bibliographie» p. 342).
3* Médecin-missionnaire mennonite retraitée, célibataire.
4* Signalons toutefois quelques prises de position fermes: Dans «La revue réformée» janvier 93), 33, av. Jules-Ferry, F-13100 Aix-en-Provence (pour la Suisse: «La revue réformée», C. P. 84, 1 806 St-Légier) ont paru deux textes fort intéressants: «Questions brûlantes sur la différenciation sexuelle et les ministères dans l'Eglise» (Wayne Grudem et John Piper) et la «Déclaration de Danvers: l'homme et la femme selon la Bible». Ralph Shallis dans «Le Corps vivant», vol. 2 pp. 77 à 130, Edition Farel, 1990. A. R. Kayayan «À propos de l'ordination des femmes» (1992) 96 pages (en français) «Perspectives Réformées» 6555 West College Drive, Palos Heights, IL 60463 Thomas Blanchard dans INFOFEF 56, pp.13-19 sous: «Homme-Femme, vers une relation identique ou complémentaire ?»
Textes de: Claude Baecher,
Madeleine Bähler, Jacques Baumann,
Fritz Goldschmidt, Lydie Hege,
Matthias Radloff, Dr. Marthe Ropp et des anciens d'une assemblée.
No 3/ 1992 / 100 pages
Les cahiers du «Christ seul»
Editions mennonites
25200 Montbéliard
La Bonne Nouvelle 5/93
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