Les « Promise Keepers » (« Des hommes qui tiennent leurs promesses »)
Origine du mouvement
Depuis sept ans existe aux États-Unis une organisation masculine qui compte déjà 2 millions de membres liés par un engagement personnel d'ordre éthique. Tout comme la « bénédiction de Toronto», ce mouvement est issu des Églises «Vineyard » fondées par John Wimber, et est placé sous l'influence d'hommes favorables au charismatisme de la «troisième vague ». Le « père » des « Promise Keepers » est McCartney (Denver) qui aspire à un réveil masculin qui transformerait le mariage, les foyers et la société. Il sut motiver et enthousiasmer une foule d'hommes et en rassembla en un premier congrès 22000 dans un stade (1992). Puis ce furent 52000, 280000, 727000 et un million en 1997 à Washington. Les orateurs de ces congrès ont été Bill Bright1, Charles Colson2, Larry Grabb, Bill Hybels, Luis Palau, etc. Des responsables de «Jeunesse en mission », de «Campus pour Christ » et d'autres organisations mondiales s'y engagèrent. Le mouvement prit pied en Allemagne sous l'impulsion de leaders charismatiques. En Suisse alémanique des représentants de l'église charismatique « Basileia-Vineyard » (Toronto) à Berne s'y associèrent. Dès 1990 un mouvement semblable vit le jour en Suisse romande sous le nom de «Forum des hommes»3, qui entretient des contacts réguliers avec les responsables suisses allemands de « Promise Keepers» en vue d'actions communes par-dessus les frontières linguistiques et ecclésiastiques. Il y a présentement des « Promise Keepers» dans plus de 40 pays3.
Les sept promesses Les « Promise Keepers» (PK) s'engagent par sept promesses à savoir :
2. Un PK recherche une relation vivante avec d'autres hommes, car un homme a besoin de frères qui l'aident à tenir ses promesses.
3. Un PK pratique la pureté spirituelle, morale, éthique et sexuelle.
4_ Un PK s'emploie à promouvoir une union conjugale et une famille solides en leur apportant amour, protection et valeurs bibliques.
5. Un PK soutient la mission de l'Église en honorant son pasteur, en priant pour lui et en investissant son temps, ses forces et ses dons.
6. Un PK surmonte les barrières de races et de dénominations pour témoigner de la force de l'unité.
7. Un PK influence le monde en obéissant au grand commandement (Marc 12 : 30-31 ) et à la grande mission (Mat. 28 : 19-20).
Il faut évidemment se réjouir de tout ce qu'il y a de positif dans de tels engagements. Il nous semble que tout chrétien attaché à la Parole de Dieu devrait être de fait d'accord avec 6 de ces 7 promesses, tout en sachant qu'il a impérieusement besoin de la grâce de Dieu pour les tenir. Pour certaines raisons on peut néanmoins trouver préférable de ne pas s'engager formellement dans le mouvement.
Surmonter les barrières ?
Il faut bien sûr surmonter les barrières raciales. Dans un même ordre d'idées, pourquoi les femmes, gardiennes du foyer par excellence, sont-elles exclues du mouvement? Et vu qu'il comporte bon nombre de charismatiques, des évangéliques et des membres des églises multitudinistes protestantes et catholiques, il importe de bien considérer ce que l'on entend par surmonter les barrières des dénominations pour manifester la force de l'unité (voir la 6e promesse). C'est là un langage et un engagement à résonance oecuménique qui révèle l'orientation de ses dirigeants. Aux Etats-Unis, catholiques et mormons sont admis, s'ils souscrivent aux 7 promesses. Il semble qu'à cette même condition, n'importe qui doit pouvoir être reçu, quels que soient par ailleurs le milieu auquel il appartient et les doctrines qu'il professe. Où est, alors, l'honneur dû à Jésus-Christ, et qu'en est-il de l'obéissance à sa Parole? (1ère promesse). Et que devient la « pureté spirituelle» ? (3e promesse). Il est aussi recommandé d'éviter d'aborder entre PK des thèmes comme: la sécurité éternelle des croyants, les dons de l'Esprit (charismes), le baptême, l'« Enlèvement de l'Eglise», les sacrements et rites, car, dit-on, les doctrines divergentes font obstacle à l'unité. Mais alors l'unité primerait-elle la Vérité? On ne surmonte pas les barrières des dénominations en évitant d'en parler. Il faut, au contraire, les examiner à la lumière de la Bible et éviter tout ce qui prête à confusion. L'apôtre Jean écrit : « Si nous marchons dans la lumière, comme il (Dieu) est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus nous purifie de tout péché. » (l Jean 1 : 7) Il ne saurait donc y avoir de réelle communion là où une spiritualité brumeuse voile certaines vérités bibliques, empêchant ainsi la marche dans la lumière.
Une grave question
Si l'engagement pris à la conversion était toujours sérieux et bien fondé sur la Parole de Dieu, le chrétien n'aurait pas besoin de se «reconvertir» en prenant par la suite de nouveaux engagements spirituels et moraux. Mais on pourrait nous répliquer que si l'Evangile était toujours prêché avec toutes ses implications spirituelles et morales, les conversions seraient moins superficielles, c'est-à-dire plus authentiques, en vertu d'une vraie repentance. On a l'impression que les églises locales ne suffisent plus à certains chrétiens. Seraient-elles devenues à ce point déficientes qu'elles ne soient plus en mesure d'apporter un enseignement biblique clair et intégral sur la conduite morale du chrétien ? Faudrait-il alors remonter encore plus haut et se demander s'il n'y a pas des lacunes dans la formation des serviteurs de Dieu ? Matière à réflexion pour les responsables d'églises et en premier lieu pour ceux qui les forment. Mais il se pourrait aussi que l'enseignement donné dans les églises qui s'efforcent d'être fidèles à la Parole de Dieu ne soit plus accepté par ceux qui se sont ouverts à toutes sortes de courants à la mode. Qu'est-ce qui pousse donc des chrétiens des milieux les plus divers à courir d'une manifestation à l'autre, d'un séminaire à l'autre, d'un festival à l'autre, d'un congrès à l'autre... Certains diront peut-être que c'est le désir d'apprendre à mieux servir et louer Dieu, de vivre une vie de couple et de famille plus équilibrée, de rendre un meilleur témoignage, etc. Pour d'autres c'est tout simplement l'attrait de l'ambiance, de la nouveauté, de la variété, du nombre, le besoin de voir et d'entendre d'autres personnes, bref de s'« aérer » et de s'« éclater » qui leur donne ainsi la bougeotte.
Conclusion
La tendance à rassembler des charismatiques, évangéliques, protestants, catholiques et autres dans des entreprises communes est dans le vent. Cela se fait au nom d'une notion de tolérance et de charité qui favorise la confusion. Dans le mouvement des PK on met l'accent sur l'acceptation mutuelle, l'expérience, les sentiments, l'«amour de soi », etc. Il y est dit: «Je ne suis pas ici pour te changer, tu n'es pas ici pour me changer. La pleine acceptation crée un lieu où chaque homme peut rester soi-même.» Cette psychologie, toute humaniste, ne se fonde évidemment pas sur la Parole de Dieu. Bien sûr que chacun doit rester soi-même et respecter la personnalité d'autrui, mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas essayer d'éclairer notre frère - ou accepter d'être éclairés par lui - lorsque nous constatons des carences ou des déficiences. Le chrétien conscient de ses responsabilités ne doit pas taire certaines vérités bibliques pour obtenir une plus grande audience, ou pour réaliser superficiellement une plus grande manifestation d'unité. Nous devons plutôt annoncer tout le conseil de Dieu sans en rien cacher (Actes 20 :27) en nous exhortant et en nous édifiant mutuellement pour croître à tous égards en celui qui est le chef, Christ (Eph. 4: 15). Mais dans la mesure où les églises cessent de dénoncer clairement les moeurs dégradées de notre époque et d'appeler leurs membres à prendre position contre l'infidélité et l'immoralité ambiantes, Dieu peut permettre que cela se fasse par d'autres voix et voies, et il nous faut louer le Seigneur quand des chrétiens, hommes et femmes, changent de comportement dans leur vie personnelle, dans leur famille et dans la société par respect de la Parole de Dieu. Tout véritable chrétien doit être le sel de la terre et la lumière du monde (Mat. 5 : 13-14) en s'efforçant, par le Saint-Esprit, d'honorer son engagement dans la vie nouvelle en Christ, même s'il ne fait pas partie des « Promise Keepers», et si ses convictions bibliques fondamentales ne lui permettent pas de surmonter sans autre les barrières des dénominations.
Jean Hoffmann
1 Concernant Bill Bright voir « EXPLO 97» dans la B.N. 6/97, pp.275-278.
2 Charles Colson et Bill Bright sont tous deux signataires du document « Evangéliques et catholiques ensemble». Voir B.N. 1/95, pp. 1013 et B.N- 6/97, p. 276.
3 Le « Forum des Hommes» a tenu une «Journée masculine» en novembre 1997 à Morges (Canton de Vaud) avec comme orateurs Dennis Peacocke et Hanspeter Nüsch, responsable de « Campus pour Christ Suisse» et d'« EXPLO 97 » (voir la B-N. 6/97, pp.275-278).
La plupart des renseignements donnés dans cet article, relativement à l'origine et au fonctionnement des « Promise Keepers», sont tirés d'un exposé de Wolfgang Bühne paru dans « Fest und treu » 4/96, pp.8-11, sous le titre « Die « Promise Keepers »>,.
Note
La revue «The Banner of Truth », dans son numéro de novembre 1997, donne la recension de deux publications sur les «Promise Keepers », l'une en Angleterre, l'autre aux Etats-Unis. Ces études signalent le caractère douteux du mouvement, mettent en cause sa structure et son éthique, son statut para-ecclésiastique, sa psychologie au goût du jour et son agenda politique.
Plus grave encore, elles révèlent qu'un livre de Robert Hicks et Dietrich Gruen, «The Masculine Journey» (L'Itinéraire Masculin), qui sert de base au Manuel du mouvement, s'inspire de la psychologie de Jung et des écrits du poète du Nouvel Age Robert Bly. Cela apparaît nettement dans le concept d'« Initiation Chrétienne» et de « Nouvel Ordre Chrétien » évoqué par Hicks. D'ailleurs, les écrits de celui-ci contiennent des éléments païens.
P.-A. Dubois
La Bonne Nouvelle 3/98
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Dieu, mouvement, Keepers, Promise, barrières, hommes