«PRO CHRIST 93»

 

 


Que penser des campagnes d'évangélisation MISSION MONDE 93?

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Un événement

Billy Graham sera du 17 au 21 mars 1993 à Essen (Allemagne) pour une campagne d'évangélisation intitulée «Pro Christ 93» lancée par MISSION MONDE. Le coût de cette opération s'élèvera à 6 millions de DM. On estime que 300000 à 500 000 personnes y assisteront. Il y aura retransmission par satellite en 200 lieux dans des églises protestantes, évangéliques et catholiques1*et dans 58 pays d'Europe et d'Afrique du Nord. Des églises officielles, libres, baptistes, méthodistes, adventistes, charismatiques, etc. soutiendront l'effort, quoique certaines soient encore un peu réticentes. Dans le comité d'organisation de cette campagne se trouvent des personnalités oecuméniques de haut rang, tels que les évêques protestants Klaus Engelhardt (Karlsruhe), Johannes Hanselmann (Munich), Theo Sorg (Stuttgart), Joachim Rogge (Görlitz), etc., ainsi que des catholiques de la classe dirigeante politique, tels que les premiers ministres Johannes de Nordrhein-Westfalen, Ervvin Teufel de Baden-Wurtemberg, le parlementaire Otto Von Habsburg,etc.2*

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Leçon du passé

On comprend dés lors pourquoi ce genre de campagnes inter-ecclésiastiques n'a pas la faveur de tous les chrétiens évangéliques, tous n'étant pas disposés à collaborer avec tous les milieux représentés dans de telles entreprises.3*Lors d'une mission semblable en 1989 en Angleterre, le cardinal Hume, archevêque de Westminster, écrivait: En tant qu'Eglise catholique dans ce pays nous collaborons aussi étroitement que possible avec Billy Graham dans sa mission 89... Je crois que la grâce de Dieu est à l'oeuvre dans l'évangélisation, et c'est une bonne chose quand elle aide des personnes à retourner dans leur propreéglise.4*

En cette circonstance l'organisation Billy Graham avait demandé aux autorités catholiques romaines de fournir des conseillers pour s'occuper des catholiques demandant un entretien suite à l'appel de l'évangéliste, afin que ces personnes puissent être suivies par des responsables catholiques. Cela a fait dire à celui qui rapporte cette information que «Rome est derrière Billy Graham»!5*Et si quelqu'un s'avance n'ayant aucun lien avec une église particulière, il est conseillé de lui demander de quel milieu il est issu, en l'invitant à prendre contact avec celui-ci. Déjà lors d'une campagne de Billy Graham en 1955 il était dit dans une circulaire au sujet de telles personnes: Il leur manque une communauté chrétienne transitoire, chaude et fraternelle, qui les prépare à l'incorporation dans nos églises multitudinistes, où le contact avec des chrétiens à divers stades de la vie spirituelle, et en majorité très tièdes, pourrait les dérouter. Les églises et assemblées évangéliques seraient-elles juste assez bonnes pour servir de communautés transitoires «chaudes» préparant l'incorporation des nouveaux convertis dans nos églises multitudinistes «tièdes», pluralistes, modernistes, oecuméniques, protestantes ou catholiques?

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Quelle notion d'Église?

Tout cela laisse apparaître une notion d'église assez confuse chez les organisateurs de telles campagnes et chez Billy Graham lui-même. Peut-on, si l'on est attaché à l'enseignement biblique, conseiller sincèrement à quelqu'un de retourner dans son milieu d'origine, si celui-ci a manifestement abandonné le fondement biblique? Dans la nouvelle édition de «La Paix avec Dieu» (1986), révisée et complétée, Billy Graham a, entre autres, ajouté un court paragraphe qui ne figurait pas dans les éditions précédentes. Il y dit Il existe deux Eglises: L'Eglise visible et l'Église invisible. L'Eglise invisible est formée de vrais croyants du monde entier et de tous les temps. L'Eglise visible comporte les catholiques, les orthodoxes et les protestants - ceux-ci dans leurs dénominations variées. L'Écriture dit «N'abandonnons pas notre assemblée» (Héb. 10:25). Les chrétiens ont besoin de communion fraternelle.(p. 220). Billy Graham considère donc le catholicisme romain comme une Église visible avec laquelle il convient de collaborer, quelles que soient ses prétentions, ses hérésies et ses pratiques non bibliques, et sans que soit posée la question de sa crédibilité. Il la met sur un pied d'égalité avec toutes les autres églises protestantes et évangéliques sans aucune distinction, et il cite par rapport à toute la consigne de l'épître aux Hébreux: «N'abandonnons pas notre assemblée».

Si donc un catholique se convertit dans l'une de ces campagnes, on doit lui conseiller de demeurer dans «son église», même si éclairé par la Parole de Dieu, il envisageait d'en sortir.

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Presque pas de différence?

Par ailleurs B. Graham a déclaré: «J'ai constaté que mes croyances étaient essentiellement les mêmes que celles des catholiques romains, orthodoxes... Nous différons seulement sur quelques-unes des dernières traditions de l'Eglise».6*De telles déclarations sont de nature à faire réfléchir les évangéliques soucieux de la préservation et de la proclamation de «tout le conseil de Dieu. sans en rien cacher» (Actes 20:27), car si nous prenons Billy Graham au mot, il n'y a qu'une alternative possible: ou bien il est devenu presque catholique. puisqu'il diffère des catholiques seulement sur quelques-unes des dernières traditions. ou alors l'«Eglise romaine» est devenue presque biblique, ce qui n'est de toute évidence malheureusement pas le cas.

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Accommodement tacite et tactique?

Mais Billy Graham a manifestement voulu rassurer la hiérarchie catholique et le pape, qu'il appelle son ami, pour pouvoir compter sur leur soutien et éviter toute mise en garde romaine contre ses campagnes. Le clergé catholique a dû aussi voir son intérêt dans cet accommodement tacite qui empêche B. Graham de dénoncer les graves déviations du catholicisme et leurs fatales conséquences au niveau de l'évangélisation et du sort éternel de ses adhérents. Contrairement aux réformateurs et à tous les serviteurs de Dieu fidèles aux Écritures, B. Graham ne dira jamais rien publiquement contre le sacrifice de la messe, la mariolâtrie, l'invocation des morts, le purgatoire, les superstitions romaines, le célibat des prêtres, la papauté, etc...7*. Le clergé catholique n'a donc rien à craindre d'un Billy Graham qui a essentiellement les mêmes croyances que lui et pour qui le pape Jean-Paul Il est le «leader moral du monde,>.; Lorsque Billy Graham prêcha dans une cathédrale catholique romaine lors d'un service funéraire d'un ami intime, il assista à l'office de la messe pour le défunt et la trouva fort magnifique et entièrement conforme à l'Evangile.8*Jean Calvin, par contre, appelait la messe une horrible abomination et disait que l'autel dressé à cet effet mettait en bas la croix de Jésus-Christ.9*Billy Graham ne trahit-il pas la Réforme, ainsi que tous les réformateurs et évangéliques de tous les temps qui ont osé dénoncer de telles déviations? Comment est-il possible que tout cela laisse apparemment indifférents la plupart des responsables d'églises et de mouvements évangéliques au point qu'ils puissent collaborer sans autre avec l'organisation et la personne de Billy Graham?

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Se réjouir quand même!

Il existe quand même encore certains évangéliques qui ne sont plus d'accord avec Billy Graham et qui osent le dire sans se laisser intimider par le succès qu'enregistrent ses campagnes à travers le monde. C'est ainsi que nous avons apprécié la prise de position de la «Fédération Evangélique de France» (FEF).3 Il est vrai que la Parole de Dieu et le Saint-Esprit ne sont pas liés. L'apôtre Paul s'est réjoui de ce que l'Evangile était annoncé, même si ceux qui l'annonçaient le faisaient dans des intentions qui n'étaient pas pures (Phil. l :17). À plus forte raison pouvons-nous nous réjouir de toute conversion authentique produite par Dieu au travers de la prédication de Billy Graham, ou de toute autre évangéliste avec lequel il ne nous serait pas possible de collaborer. «Le vent souffle où il veut» disait Jésus à Nicodème.

Mais cela ne signifie certainement pas que nous devons nous associer à ceux qui, par leurs déclarations et leurs actions, causent de regrettables confusions parmi les évangéliques et ailleurs. Ne jugeons pas à la légère, mais ne fermons pas non plus les yeux sur la réalité des sérieuses déviations que nous ne pouvons pas empêcher de se produire, mais que nous ne voudrions d'aucune manière favoriser.

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Pas de critiques?

On nous disait un jour qu'on ne devrait émettre aucun jugement sur B. Graham aussi longtemps qu'on n'a pas fait autant que lui pour l'évangélisation du monde. Mais qui pourrait alors se permettre l moindre remarque quand on signale, par exemple. que par son moyen, un million d'Africains ont pris une décision en 3 jours au cours de 6500 mini-campagnes relayées par satellite? Il nous semble qu'il y a là un double malentendu. Tout d'abord il ne s'agit pas d'un jugement, mais de citations de faits et de propos indéniables de nature à poser de sérieuses questions à tout chrétien attaché à la Parole de Dieu. Ensuite la Bible nous enseigne à ne pas faire acception de personnes en utilisant deux poids et deux mesures (Jacq. 2:1-4) selon l'importance d'un personnage. L'apôtre Paul raconte comment il reprit l'apôtre Pierre lorsque ce dernier ne marchait pas droit selon l'Évangile (Cal. 2:11-14), malgré le fait que, suite à la prédication de Pierre, 3000 personnes s'étaient converties le jour de la Pentecôte. Est-ce que Billy Graham a repris le pape qui se nomme le vicaire du Christ et qui maintient un système religieux non conforme aux Écritures? Billy Graham semble plutôt minimiser ce qui sépare tout vrai évangélique de Rome, en même temps qu'il encourage la collaboration avec ceux qui adhérent à ce système. Nous estimons que tout enfant de Dieu a le droit et le devoir de signaler les dangers qu'il perçoit à la lumière de la Parole de Dieu. sans avoir à prononcer de condamnation. L'apôtre Paul dit «L'homme spirituel juge de tout» ( 1 Cor. 2:15), son jugement étant «exercé par l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal» (Héb. 5:14). Ce jugement (crisis) est donc un discernement et la signalisation d'un risque plutôt qu'une condamnation qui appartient à Dieu seul.

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Conclusion

Notre intention n'est pas de dénigrer un frère qui a bien des qualités et dont Dieu se sert comme Il se sert de tout chrétien, malgré les faiblesses et les imperfections inhérentes à la nature humaine. Nous devons prier pour ceux qui prêchent l'Evangile et pour les âmes touchées par leur parole. Mais nous estimons nécessaire de rendre nos lecteurs attentifs à une rapide évolution dans l'évangélisation qui, à l'approche de l'an 2000, devient de plus en plus oecuménique par une sorte de convergence des tendances les plus diverses de presque tous les milieux ecclésiastiques. Dans ces conditions la confusion est inévitable, car il faut taire ce qui pourrait ne pas plaire à ceux avec qui l'on s'est associé, et la Vérité en souffre. C'est aussi un signe des temps, puisque dans tous les domaines, politique, économique, financier, industriel, technique, scientifique... on cherche à s'unir pour être plus efficace. La plupart des églises n'échappent pas à ce courant emportant l'humanité vers un mondialisme qui pourrait bien préparer la manifestation de l'antichrist annoncé dans les Ecritures pour la fin des temps. Soyons donc vigilants et osons aller à contre-courant si la fidélité à la Parole de Dieu l'exige.

Jean Hoffmann

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1*Voir «IDEA-Spektrum» 40/92.

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2*Voir «IDEA-Spektrum» 1 8/92.

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3*Voir communiqué de la «Fédération Évangélique de France» (FEF) dans la «La Bonne Nouvelle» 6/92.

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4*Voir «ZEIT-Ruf» 2/92 (IABC).

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5*Idem.

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6*Voir dans «La Bonne Nouvelle» 4/88: «Évangéliques où allons-nous?» (p. 53, 1ére colonne).

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7* idem.

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8* «L'évangélisation, notre héritage et sa trahison» publié par l'Association des Eglises évangéliques au Canada.

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9* «Institution Chrétienne» Jean Calvin, Livre IV, ch. XVIII, i, 2, 3.

 

La Bonne Nouvelle 1/93

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