Quand le vieil homme devient pieux
La condition préalable à la croissance spirituelle est une vie spirituelle saine. Il en est de même au plan naturel: un bébé bien portant grandit continuellement. La vie implique la croissance.
Dans l'article de fond intitulé «Croissance destructrice ou porteuse de vie» (p. 4), je me suis surtout penché sur ce verset de l'Evangile de Jean, où Jean le baptiste dit de Jésus-Christ: «Il faut qu'il croisse, et que je diminue» (Jean 3, 30). J'aimerais insister sur ce point: Pour nous, croyants, il serait funeste que ce principe ne soit qu'un élément de connaissance théorique auquel nous n'adhérerions que superficiellement, et que, tout en l'énonçant dans nos prières, nous ne le mettions pas en pratique. Dès lors vient se poser cette très importante question:
Quand Jésus-Christ croît-Il effectivement en nous?
Et quand est-ce que je diminue? A mon sens, trois conditions doivent être remplies pour qu'il en soit ainsi:
1. Quand la foi en Jésus augmente en nous.
Paul a pu écrire aux Thessaloniciens: «... votre foi fait de grands progrès» (2 Thess. 1, 3). Et écoutons-le enseigner les Corinthiens sur l'importance de la croissance de la foi: «... si votre foi augmente ... » (2 Cor. 10, 15). Plusieurs se poseront cette question: Comment la foi peut-elle augmenter en moi? Je répondrai: En donnant raison à Dieu et en vous inclinant devant Sa parole, votre foi grandira; car c'est dans cette mesure-là que vous perdrez votre confiance en vous-même. En voici un exemple tiré des temps anciens: Abraham, en perdant toujours plus sa confiance en lui, vit sa foi dans l'Eternel croître sans cesse, de sorte que la Bible nous dit de lui en Romains 4,18-21: «Espérant contre toute espérance ... Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de cent ans, et que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants. Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir. »
Pour que Jésus-Christ puisse réellement grandir en nous - en vous et en moi - une autre condition se présente:
2. Si la connaissance de Dieu croit en nous.
Il est écrit en Colossiens 1, 10b: «... croissant par la connaissance de Dieu ... » (la note au bas de la page nous dit dans la version Darby: dans la connaissance de Dieu). La chose n'est possible que si, intérieurement, nous gardons complètement le silence devant Lui. C'est dans ce calme que l'Eternel a conduit le prophète Elie. Ce grand homme de Dieu a, un jour, fui dans le désert loin de la reine Jézabel (1 Rois 19, 1-4); un ange lui apporta là un gâteau cuit et une cruche d'eau, et «avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à Horeb» (voir v.5-8), où il passa la nuit dans la caverne (v.9a). Le jour suivant, l'Eternel vint à lui: «... après le tremblement de terre, un feu: l'Eternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la caverne. Et voici, une voix lui fit entendre ces paroles: Que fais-tu ici, Elie?» (v.12-13). Dans la présence de Dieu, le silence doit se faire totalement; il ne doit rien rester de ce qui n'est pas de Lui. Dans ce calme absolu, il n'y a que Lui, le Seigneur, rien ni personne d'autre (ni vous ni moi). C'est ainsi qu'Elie a grandi très fortement dans la connaissance de Dieu, à travers la façon dont l'Eternel a agi et l'a conduit dans sa vie et dans son service. Dans ce silence complet devant Dieu, ou Lui seul se trouvait et parlait, Elie a compris qu'il avait fui devant un néant.
Ce «Il faut qu'il croisse, et que je diminue» ne peut devenir réalité chez nous que
3. Si nous croissons dans la grâce.
A cet égard, 2 Pierre 3, 18 recommande: «Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. A lui soit la gloire, maintenant et pour l'éternité! Amen!» Et il est aussi écrit en 1 Pierre 1, 13: «C'est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus-Christ apparaîtra. »
En résumé: Jésus-Christ croîtra en vous:
- si vous grandissez dans la foi en donnant raison à Dieu et en vous inclinant devant Sa parole;
- si vous croissez dans la connaissance de Dieu en faisant intérieurement silence devant Lui pour qu'Il puisse vous parler;
- si vous croissez dans la grâce en mettant entièrement votre espérance dans cette dernière.
Si vous remplissez ces trois conditions, Christ grandira en vous et vous diminuerez dans la même mesure. Mais si ce n'est pas le cas pour vous, la question que voici doit se poser: D'où vient que vous ne croissiez pas dans la foi, dans la connaissance de Dieu et dans la grâce? C'est parce que Colossiens 2, 6-7 ne s'est pas encore réalisé en vous; il y est écrit: «Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d'après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces> Sans aucun doute, beaucoup de mes lecteurs ont accepté le Seigneur Jésus-Christ comme leur Seigneur et Sauveur. Mais je vous poserai cette question: Pourquoi n'êtes-vous pas encore «enraciné et fondé en lui»? La réponse est celle-ci: Parce que le vieil homme - la vie ancienne, le moi - n'est toujours pas déraciné, c'est-à-dire mort. Il est impossible au vieil homme de s'enraciner en Jésus-Christ!
Nous nous retrouvons ainsi à Golgotha. Etre réellement «crucifié avec Lui» reste pour la plupart des croyants un mystère caché c'est, au fond, tout le mystère de la croix. De ce fait, ils ne croissent pas dans la connaissance de Dieu; et ils n'ont non plus aucune notion du caractère absolu de la rédemption qu'il y a en Jésus-Christ. Ils cèdent continuellement au penchant de la vieille nature avec ses mauvaises impulsions. C'est pourquoi nous, qui voulons suivre le Seigneur, devons maintenant nous pencher très sérieusement sur cette question:
Le vieil homme en nous: qu'est-il exactement?
Le vieil homme est l'ancien caractère, le moi, l'auto-affirmation de l'individu tombé dans le péché. Ce que ce vieil homme est aux yeux de l'Esprit Saint nous est révélé avec une grande netteté par l'apôtre Paul en Romains 6,6: «... sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit réduit à l'impuissance, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché.» Voilà du vieil homme une description qui est d'un caractère absolu! Il est donc: un rebelle, un ennemi de Dieu qu'il faut mettre au pilori. Aux yeux du Seigneur, tout ce qui a sa place sur le gibet est foncièrement mauvais, corrompu, péché, maudit. Le Dr Scofield a affirmé:
«L'expression 'vieil homme' décrit tout ce que l'homme est en Adam, sur le plan moral et juridique: à savoir l'homme irrégénéré avec sa nature corrompue et sa disposition innée à faire le mal.»
Que font la plupart des enfants de Dieu? Ils conservent et soignent leur vieille nature maudite par Dieu; ils ne veulent pas s'en séparer. Ils désirent être des disciples de Jésus, mais avec leur vieil homme. Ils se complaisent dans une situation fausse très élaborée (d'une grande opacité) où, dans un certain sens, ils «christianisent» le vieil homme en lui donnant un vêtement pieux. Ce sont des chrétiens à la «piété» fort repoussante!
Par la grâce de Dieu, nous assistons, dans notre «Zionshalle», à bien des conversions. En pleurant, des gens acceptent Jésus comme leur Sauveur. Il se trouve, parmi eux, des personnes merveilleuses qui sont réellement devenues libres et de «nouvelles créations». Elles ont maintenant une vie victorieuse. Par contre, il y en a qui sont devenus pires depuis leur conversion. Leur comportement est biblique et leur langage est «pieux». Mais en réalité, c'est tout simplement le vieil homme qu'on a rendu «pieux».
Au couvent qui se trouve sur le mont Serrat (en Espagne), il y a une idole fameuse qui porte le nom de «Vierge noire». Cette déesse catholique est, selon la période de l'année et les circonstances, revêtue de merveilleux habits brodés d'or et d'argent et piqués de pierres précieuses; et on vient l'adorer. C'est exactement ce que fait, sur un autre plan, le croyant avec les idoles du vieil homme. On ne veut et on ne peut se séparer de lui, et cela souvent inconsciemment. Et pour que cette idole repoussante soit «acceptable dans un salon», c'est-à-dire digne de se tenir dans la compagnie des croyants, on la recouvre d'une piété douteuse qui tombe sous la malédiction divine! Il s'agit là d'une «piété» répugnante! Elle est aussi la raison pour laquelle tant de chrétiens se trouvent sous un anathème qu'ils ignorent et qui les conduit dans des «liens démoniaques». Tout n'est pas à attribuer à Satan, mais souvent à la vieille nature humaine corrompue.
Reconnaissez que «le vieil homme a été crucifié avec Christ»!
Comme il est écrit dans la Bible, quand notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié, notre vieil homme l'a été avec Lui. Et puisqu'à la croix Il est devenu malédiction pour nous, Il a pris sur Lui la malédiction qui frappait le vieil homme. Ne perdons pas de vue ce principe: l'ancienne nature humaine est aux yeux de Dieu quelque chose de maudissable qui, dans sa corruption, n'a aucun droit à l'existence. C'est le sens profond de Romains 6, 6: «... sachant (C'est-à-dire: reconnaissant; Bible de Zurich) que notre vieil homme a été crucifié avec lui ... » L'accent est mis ici sur «reconnaissant». Il s'agit donc de reconnaître, de distinguer cette merveilleuse vérité libératrice.
Là où cette connaissance manque, la vérité biblique ne peut être opérante et Jésus ne peut croître dans le croyant qui tâtonne dans l'obscurité. C'est ainsi qu'il devient possible de vouloir servir le vieil homme avec un entêtement solide comme du granit. On peut s'efforcer de rendre attentif le croyant dépourvu de cette connaissance au rôle trompeur que joue l'ancienne nature dans sa vie de foi, il sera incapable de comprendre cette vérité fondamentale. Il l'entend certes, mais il ne peut en saisir le sens. C'est comme si on lui parlait dans une langue étrangère: son oreille perçoit des mots et des phrases dont le contenu lui est incompréhensible. Telle est aussi la raison pour laquelle un tel croyant ne peut, dans sa vie quotidienne, faire l'expérience de cette vérité selon laquelle «le vieil homme est effectivement crucifié avec Christ». Il reste colérique, envieux, critique et calomniateur. Jésus-Christ ne peut croître en lui parce que son vieil homme ne diminue pas. Il continue à servir des idoles et préfère étaler une piété artificielle de sa propre «fabrication». Il est cent fois plus facile d'agir «pieusement» selon son ancienne nature que de la rejeter comme rebelle et de la tenir pour crucifiée. Pourtant, sachez que ceci est la seule voie qui permettra à Jésus-Christ de grandir en vous!
Etes-vous trompé par votre vieil homme devenu pieux?
Tout en considérant bien ce qui a été écrit précédemment, n'oublions surtout pas que la connaissance est un don de la grâce divine. Le Seigneur veut vous accorder aujourd'hui de réaliser que vous êtes effectivement crucifié avec Christ. Par son épître, Paul fait savoir aux Ephésiens qu'il prie pour eux dans ce sens: «... afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance; qu'il illumine les Yeux de votre coeur» (Eph. 1, 17-18). Nous insistons une fois encore sur ce point: la connaissance de la vérité biblique reste un don de Dieu, une révélation divine. Il existe une énorme différence entre marcher et agir selon son propre entendement intellectuel pieux et le faire, pénétré de la connaissance divine, en se plaçant sous la vérité éternelle. Concrètement: les croyants qui honorent le vieil homme, qui refusent de le rejeter et de le tenir pour crucifié, sont incapables de se laisser déterminer par la connaissance de Dieu; l'Esprit Saint ne peut manifester les profondeurs de Sa grâce à un chrétien qui s'accroche à son ancienne nature. Ce dernier peut penser posséder de grandes connaissances, mais il ne remarque pas combien il est manipulé et trompé par le vieil homme; celui-ci est, en effet, sur toute la ligne un hypocrite, un fourbe et un imposteur!
Voici que se pose cette très importante question: Pourquoi le Dieu Saint ne manifeste-t-il pas, sans autre, au croyant la si nécessaire connaissance, et le laisse-t-Il dans cette situation stérile? Nous trouvons la réponse divine à cette question en Proverbes 2,7:
«Il tient en réserve le salut pour les hommes droits»
Autrement dit: Dieu accorde ce don de grâce - réaliser que le vieil homme est crucifié avec Christ - exactement à la mesure de la droiture. Car seul le croyant qui est vrai au fond de son être peut reconnaître la réelle vérité quant à sa chair corrompue, laquelle Dieu a maudite et exposée en Jésus-Christ sur la croix, et en tirer les conséquences.
Les croyants ne seraient-ils donc pas tous sincères? A cette question, nous répondrons «non». Car aussi longtemps que le vieil homme pourra gouverner dans la vie de foi d'un disciple de Jésus, il lui sera impossible d'être sincère. Il (le vieil homme) est le grand obstacle qui bloque l'entrée de notre coeur aux vérités divines et qui empêche qu'elles prennent vie. Il existe une différence fondamentale entre une connaissance inscrite dans la tête et celle reçue dans le coeur. Si elle n'est que cérébrale, elle restera stérile, sèche et fera l'objet de spéculations. Par contre, si le coeur est impliqué au premier chef, la lumière de la grâce brillera, et l'activité bénie de la foi sera vivante. Une différence considérable!
Que de croyants dominés et déterminés par le vieil homme chérissent cette funeste pensée: parce que théoriquement, ils connaissent les vérités relatives à la crucifixion du chrétien avec Christ, ils vivent donc dans cette vérité! Ils ne réalisent pas qu'en fait, c'est l'ancienne nature qui les trompe en leur suggérant cette opinion. La seule compréhension intellectuelle de ce grand principe est une illusion dans laquelle on s'entretient. Et le vieil homme veille à ce que cette illusion soit parfaite. Il en est toujours ainsi: quand le vieil homme laisse agir sa piété simulée, le croyant ne peut que très difficilement se dégager de son emprise. Il trouvera toujours mille et un arguments pour justifier cette triste situation. Ce n'est rien d'autre que la conséquence de l'insincérité intérieure produite par l'ancienne nature.
«Dépouillez-vous du vieil homme!»
Que l'Esprit Saint, par le moyen de la Parole, éclaire toujours tout à nouveau notre être intérieur, n'est-ce pas quelque chose de merveilleux? Vous pouvez, à cet instant même, dire à Jésus avec une sincérité profonde: «Seigneur, je rejette toute attitude mensongère. Je veux être sincère devant toi!» L'Esprit Saint vous éclairera alors, et vous comprendrez enfin ce que vous n'avez pu saisir jusqu'à présent. Il s'empressera de rendre vivante en vous cette parole de Romains 6, 3: «Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés?»
Il est écrit en Ephésiens 4, 21b-22: «Vous avez été instruits à vous dépouiller, par rapport à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt ... » La version allemande utilise l'impératif présent dans ce verset: «Dépouillez-vous du vieil homme ... », tandis que le texte grec se sert de l'aoriste: «Ayez dépouillé ... » Il y a, entre ces deux dernières traductions, une différence considérable. Ce n'est pas sans raison que Paul retient cette forme d'expression: «Ayez dépouillé le vieil homme». S'il avait écrit en grec: «Dépouillez-vous du vieil homme!», il se serait trouvé en contradiction avec le merveilleux message de Romains 6. C'est pour quoi il a employé l'aoriste. Une étude précise de ce chapitre (Romains 6) nous révèle le fait que, quand Jésus-Christ a été crucifié, le croyant né de nouveau a également été impliqué dans cette crucifixion. D'où ce texte: «Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés?» Le vieil homme ne peut avoir communion avec le sang et le corps de Christ (1 Cor. 10, 16).
Ne voulez-vous pas accepter, d'un coeur sincère, ce merveilleux fait de votre crucifixion avec Jésus («Ayez dépouillé le vieil homme!», ou bien, comme Paul l'écrit en pleurant, préférez-vous être «un ennemi de la croix de Christ» (Phil. 3, 18)? Oh, que vous puissiez Lui dire à cet instant même: «Seigneur Jésus, je comprends maintenant: parce que tu as été crucifié, je ne dois plus l'être, car je - mon vieil homme - l'ai été (crucifié) avec toi. Amen.»
Wm.
Nouvelles d'Israël 06 Juin 1991