Pensées à propos de la nouvelle autobiographie de Billy Graham «Tel que je suis»
«Il fut un homme d'état chrétien pour le monde entier, un catalyseur qui pouvait rassembler des individus et des mouvements et mettre en route un processus d'unification». C'est ainsi que Billy Graham était caractérisé dans la biographie précédente, écrite par John Pollock.
Dans cette nouvelle autobiographie qui a été annoncée à grand renfort de publicité et à laquelle John Pollock a participé, Graham est présenté comme quelqu'un dont le nom a figuré 37 fois sur la liste annuelle Gallup des personnalités les plus admirées de la terre», comme «un ami des présidents et des papes et de celui qui est assis au dernier rang».
Lorsqu'on arrive au bout des 700 pages de ce livre et qu'on a lu les descriptions plus ou moins détaillées de ses amitiés et de ses rencontres avec les présidents des USA, les politiciens et les personnalités éminentes du monde entier, on s'étonne de sa déclaration en page 627 d'avoir « passé 98 % de son temps avec des hommes qui n'ont jamais été des personnalités publiques». Il affirme «répugner un peu à parler des deux autres pourcents et ne voudrait tout simplement pas qu'on lui reproche de vouloir faire l'important en se parant de noms célèbres ».
En réalité, après la lecture de ce livre, on a vraiment l'impression que Billy Graham l'a rempli à presque 98 % avec l'énumération de ses amitiés et connaissances éminentes.
Mais avant de m'engager plus concrètement sur certaines de ces amitiés, je voudrais d'abord attirer l'attention sur des aspects positifs de ce livre.
«J'ai souvent failli et ferais bien des choses différemment aujourd'hui... ),
« D'abord je parlerais moins et j'apprendrais plus et je passerais plus de temps avec ma famille... Je passerais aussi plus de temps à grandir spirituellement et à mieux connaître Dieu. Je prierais plus, pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres. Je m'adonnerais plus intensément à l'étude de la Bible, pas seulement pour préparer des prédications, mais aussi pour laisser agir son message dans ma vie. En tant que prédicateur, on a trop facilement tendance à ne lire la Bible que dans l'objectif de prédications futures et à passer par-dessus ce que Dieu veut nous dire personnellement» (p. 667).
Cette confession franche à la fin du livre mérite certainement d'être remarquée et prise à coeur par tous ceux qui veulent servir le Seigneur. Moi, en tout cas, je voudrais apprendre cela de Billy Graham.
Le « Modeste-Manifest »
Cet engagement commun de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour maintenir l'exigence biblique d'une intégrité absolue pour les évangélistes» explique certainement pourquoi on n'a jamais pu reprocher à Billy Graham un quelconque détournement financier ou une déviation morale.
« Nous avions tous entendu parler d'évangélistes qui, loin de leurs familles, étaient tombés dans le péché. C'est pourquoi nous nous sommes promis d'éviter toute situation qui pourrait susciter, ne serait-ce que des apparences équivoques. À partir de ce jour, je n'ai' jamais voyagé, ni mangé, ni passé du temps seul avec une autre femme que Ruth ». (p. 154)
Voilà des comportements clairs et bibliques, dont on pourrait souhaiter qu'ils caractérisent chaque évangéliste.
Malheureusement on ne retrouve pas ces principes clairs dans d'autres domaines de la vie et du ministère et cela semble être le point faible de la vie de Billy Graham. Il a malheureusement cherché, dans d'autres domaines, des situations et enclenché des mouvements qui n'ont pas seulement suscité une apparence équivoque, mais ont conduit, d'après ma propre évaluation, à engager les évangéliques dans des directions non-bibliques aux lourdes conséquences.
Des amitiés remarquables
Chaque lecteur attentif de ce livre remarquera quels jugements positifs Billy Graham émet sur ses amis dont certains sont très controversés.
Voilà un adultère comme Martin Luther King junior qu'il désigne comme un « ami» (p. 302). En page 422, il certifie d'authenticité des désirs spirituels des présidents Johnson et Nixon. Avec Carter aussi, il ressent «un esprit d'unité et d'amour » (p. 422) et Ronald Reagan était pour lui un ami affectueux et cher» (p. 507). En dernier de la liste des présidents apparaît naturellement Bill Clinton avec lequel il pria en commun au chevet du pasteur Vaught, malade, (p. 596) et qu'il « estime beaucoup, quelles que soient les opinions qu'il défende» et en dépit de toutes les histoires de scandales (p. 597).
Mais on en croit à peine ses yeux lorsqu'il écrit après une visite chez Bill Clinton en 1996: «Ce furent des heures chaleureuses en compagnie d'un homme qui n'a pas toujours l'assentiment de ses coreligionnaires, mais qui a au fond de son coeur le désir de servir Dieu et de faire sa volonté». (p. 600)
Bill Clinton, un serviteur de Dieu? La presse populaire semble avoir là moins de sable dans les yeux que l'évangéliste le plus éminent de notre époque!
Mais ce ne sont pas seulement les politiciens de l'Est ou de l'Ouest qu'il compte parmi ses amis, mais aussi des théologiens comme Karl Barth et le libéral oecuménique Michael Ramsey (p. 638-639).
L'hérétique et faux prophète Oral Roberts est considéré comme - un ami de longue date, mondialement connu pour son ministère de prédication et de guérison » (p. 514). Finalement on ne s'étonne plus de voir citer Norman Vincent Peale, le père de la « pensée positive» dans la liste de ses connaissances, duquel il écrit malgré ses hérésies catastrophalement ésotériques et rappelant la magie: ,Bien que les centres de nos prédications soient différents, je le connais comme un homme croyant, qui a à coeur que des hommes et des femmes confient leur vie au Christ (p. 302).
La relation de confiance vis-à-vis du Vatican et du pape Jean-Paul Il apparaît clairement dans plusieurs passages et est matérialisée par une photo représentant Billy Graham en conversation intime avec le pape, peu de jours avant « Pro Christ 93 ». Mais malheureusement, dans les milieux évangéliques, on ne semble plus avoir honte de telles photos et nouvelles qui auraient suscité, encore il y a peu d'années, l'indignation des protestants et de tous les chrétiens fidèles à la Bible.
Les frontières de la tolérance
Alors que Graham compte parmi ses amis des politiciens, des responsables d'églises et des personnalités de tous bords, sa tolérance ne semble atteindre ses limites que lorsqu'il s'agit de chrétiens fidèles à la Bible qui, déjà dans les années 50, ont essayé de le corriger et de le rendre attentif aux principes non-bibliques.
Là où Bob Jones, son école biblique ou aussi d'autres « fondamentalistes - sont nommés, on sent un abîme de séparation et le malaise de Graham à l'égard de ceux qui, par conviction biblique, ont émis des critiques contre son attitude catholicisante et de plus en plus oecuménique. (p. 290)
La direction décisive
Il semble qu'en 1955 le ministère de Billy Graham ait pris une direction décisive. Malgré tous les avertissements de ses anciens amis fondamentalistes, il écrit: «J'ai défendu le point de vue que nous devions travailler avec tous ceux qui voulaient travailler avec nous. Notre message était clair: Christ seul est le chemin du salut. Donc, si quelqu'un, tout en ayant une autre théologie, est malgré tout prêt à nous soutenir dans une évangélisation, alors c'est lui qui compromet ses convictions personnelles et non pas nous». (p. 291)
Alors que le NT nous avertit clairement contre toute collaboration spirituelle avec des incroyants, des chrétiens vivant dans le péché, des faux docteurs ou des sectaires (cf. Rom. 16:17-18; 1 Cor. 5:9-12; 2 Cor. 6:14-16; 2 Thess. 3:6; 2 Tim. 2:16-21 ; 2 Jean 10-11, etc ... ), Graham n'a aucun problème à travailler avec n'importe quel faux docteur qui y est prêt. Ce n'est que de cette manière que l'on peut expliquer son amitié et sa collaboration avec des hommes comme Robert Schuller et David Yonggi Cho, qui, bien sûr, ne sont pas cités dans ce livre.
Avec cette prise de position non-biblique, Billy Graham a amené une grande partie des évangéliques sur des rails qui conduisent vers Rome et Genève.
Nous voyons déjà les effets pratiques de ce mélange embrouillé lorsque nous pensons à «Pro Christ» et à la «grande coalition pour l'évangélisation », à la ,Marche pour Jésus 2000» et d'autres actions de l'Alliance évangélique en Allemagne.
Malgré tout mon respect pour la bonne motivation et la peine que s'est donnée Billy Graham pour atteindre les masses avec l'Évangile et tout en reconnaissant son intégrité personnelle dans des domaines où beaucoup d'évangélistes célèbres sont tombés, je ne peux m'empêcher, après la lecture de cette autobiographie, de considérer les principes non-bibliques et les méthodes de travail de Billy Graham comme un grand danger pour le christianisme biblique.
Plus importante que toutes les décorations, tous les prix, les ordres et les titres honorifiques reçus des hommes devrait être pour nous la question de savoir si le Seigneur des armées nous décernera la mention «homme éprouvé». (2Tim. 2:15).
Wolfgang Bühne (Traductrice: Mme Lucienne Fruhau)
La Bonne Nouvelle 4/99
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