C'est au 6ème siècle avant Jésus-Christ, après la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar, que le prophète Abdias a écrit son tout petit livre d'un seul chapitre. Abdias signifie «serviteur de l'Eternel». Son message est catégorique et solennel. Il s'adresse essentiellement au peuple d'Edom, la descendance d'Esaü, le frère jumeau de Jacob. Mais comme c'est le cas pour l'ensemble des paroles bibliques, ce livre d'Abdias comporte des leçons qui doivent aussi nous interpeller, croyants de la nouvelle Alliance.
En Abdias 3 et 7, nous trouvons ce que Dieu veut dire à Edom: «L'orgueil de ton coeur t'a égaré, toi qui habites le creux des rochers, qui t'assieds sur les hauteurs, et qui dis en toi-même: Qui me précipitera jusqu'à terre? ... Tous tes alliés t'ont chassé jusqu'à la frontière, tes amis t'ont joué, t'ont dominé, ceux qui mangeaient ton pain t'ont dressé des pièges, et tu n'as pas su t'en apercevoir!» Ce texte nous amène immédiatement à notre sujet; il y est clairement écrit que l'orgueil a pour conséquence inévitable la ruine. Cette vérité figure également dans le livre des Proverbes: «L'arrogance précède la ruine, et l'orgueil précède la chute» (Prov. 16, 18).
Comme déjà dit, le premier passage cité (Abdias 3 et 7) a trait à la postérité d'Esaü, les Edomites. L'histoire de cet homme nous montre avec une précision effrayante ce qu'est le salaire de l'orgueil, bien plus tragique que nous pouvons le penser!
Une indifférence profonde
Esaü était le fils premier-né d'Isaac; de profession, il était chasseur, tandis que Jacob, son frère, était berger. En Israël, le droit d'aînesse avait et a encore une grande signification. Mais Esaü l'a méprisé: il l'a vendu pour un plat de lentilles - quelle indifférence à l'endroit de cet énorme privilège dont il s'est montré indigne! Nous lisons en Genèse 25, 29-34: «Comme Jacob faisait cuire un potage, Esaü revint des champs, accablé de fatigue. Et Esaü dit à Jacob: Laisse-moi, je te Prie, manger de ce roux, de ce roux-là, carie suis fatigué.
C'est pour cela qu'on a donné à Esaü le nom d'Édom. Jacob dit. Vends-moi aujourd'hui ton droit d'aînesse. Esaü répondit. Voici, je m'en vais mourir; à quoi me sert ce droit d'aînesse? Et Jacob dit.. jure-le moi d'abord. Il le lui jura, et il vendit son droit d'aînesse à Jacob. Alors Jacob donna à Esaü du pain et du potage de lentilles. Il mangea et but, puis se leva et s'en alla.
C'est ainsi qu'Esaü méprisa le droit d'aînesse. » Jacob a donc usé d'un subterfuge pour s'arroger ce droit d'aînesse. Mais cela n'enlève rien au fait qu'Esaü a manifesté, dans cette affaire, une indifférence coupable qui n'était en somme qu'une affreuse forme d'orgueil. Il révéla ainsi quelle était sa disposition intérieure qui peut se traduire par ces mots: «Tout m'est égal; j'ai mes propres principes. L'opinion des autres me laisse froid. je fais ce que je veux, même si les autres doivent en souffrir.» Absolument affligeant! Quant au choix de ses femmes, nous lisons en Genèse 26, 34-35: «Esaü, âgé de quarante ans, prit pour femmes Judith, fille de Beéri, le Héthien, et Basmath, fille d'Elon, le Héthien. Elles furent un sujet d'amertume pour le coeur d'Isaac et de Rébecca.» Ces mots «un sujet d'amertume pour le coeur d'Isaac et de Rébecca» sont révélateurs de l'attitude orgueilleuse de cet homme vis-à-vis des choses de la vie, de sa fierté démesurée, de son égocentrisme.
L'Ecriture nous indique nettement quel est le salaire d'une telle disposition intérieure. Il est écrit en Hébreux 12, 15-17: «Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu; à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n'en soient infectés; à ce qu'il n'y ait ni impudique, ni profane comme Esaü, qui pour un mets vendit son droit d'aînesse. Vous savez que, plus tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut rejeté, quoiqu'il la sollicitât avec larmes; car son repentir ne put avoir aucun effet.» Une parole terrible que celle-ci: «... car il ne trouva pas lieu à la repentance, quoi qu'il l'eût recherchée avec larmes» (v. l7b, version Darby). Des conséquences désastreuses: la rétribution de son indifférence et de son orgueil!
Une perte incommensurable
Esaü a tout d'abord perdu son droit d'aînesse, avec pour conséquence directe la perte de la bénédiction, et ensuite il n'y eut plus pour lui de possibilité de repentance. On pourrait soulever cette objection: De toute manière, il n'aurait pas obtenu la bénédiction, puisque l'élection de la grâce divine avait désigné Jacob. D'un point de vue purement humain, il était passé à côté de cette bénédiction pour avoir sottement vendu son droit d'aînesse. Et même si elle n'avait pas été destinée à Jacob, Esaü en aurait fait la perte en raison de son comportement insensé. Il était là avec son orgueil face à ce désastre.
Quelques siècles plus tard, les orgueilleux Edomites, la postérité d'Esaü, connurent la même situation, ainsi que nous l'avons déjà lu: «L'orgueil de ton coeur t'a égaré, toi qui habites le creux des rochers, qui t'assieds sur les hauteurs, et qui dis en toi-même: Qui me précipitera jusqu'à terre? ... Tous tes alliés t'ont chassé jusqu'à la frontière, tes amis t'ont joué, t'ont dominé ceux qui mangeaient ton pain t'ont dressé des pièges, et tu n'as pas su t'en 'apercevoir!» (Abdias 3 et 7). De graves dommages, une perte incommensurable- voilà ce que décrit le tragique message du prophète Abdias.
Jusqu'à quel point les Edomites se laissèrent-ils tromper par l'orgueil de leur coeur? Dans leur arrogance, ils placèrent toute leur confiance en leurs alliés, qui s'avérèrent ensuite être leurs pires ennemis et firent volte-face. «Tous tes alliés t'ont chassé jusqu'à la frontière; tes amis t'ont joué, t'ont dominé, ceux qui mangeaient ton pain t'ont dressé des pièges, et tu n'as pas su t'en apercevoir!» L'orgueil se traduit toujours de la même manière: vu de face, il paraît imposant et prometteur; mais en fin de compte, tel un scorpion, il plante son dard - douloureux et dangereux!
Dans son indifférence, Esaü s'est montré hautain. Rentrant affamé et extrêmement fatigué des champs, il entendit Jacob lui proposer: «Vends-moi aujourd'hui ton droit d'aînesse», ce à quoi il répondit: «Voici, je m'en vais mourir; à quoi me sert ce droit d'aînesse?» Une attitude faite d'indifférence profonde qui lui a causé une perte considérable!
Une leçon à retenir, car ce principe vaut maintenant encore pour nous aussi. Quelle que soit la forme que peut revêtir l'orgueil dans notre vie personnelle, il attire la malédiction; c'est ce que nous dit clairement la Parole de Dieu:
- «Quand vient l'orgueil, la honte vient aussi» (Prov. 11, 2a; version Darby). - «L'orgueil d'un homme l'abaisse» (Prov. 29, 23a).
Cette «honte» engendrée par l'orgueil et cet «abaissement» sont une mise à nu spirituelle totale. Un enfant de Dieu qui marche orgueilleusement fera la perte de sa tenue spirituelle; le sens en est que Jésus-Christ cessera d'habiter en lui. L'Eglise de Laodicée, imprégnée de prétention, en fit jadis la triste expérience. «Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien» (Apoc. 3, 17a), tel est le message qu'elle proclamait hautement. Cet orgueil insensé eut sa rétribution: cette assemblée fit la perte de son habit spirituel, et elle fut mise intérieurement à nu. Nous lisons à son sujet: «Tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu» (Apoc. 3, 17b).
Mon frère, ma soeur, saisissez-vous maintenant quel est le triste salaire de l'orgueil? Oser vivre dans une telle disposition intérieure aura pour conséquence que l'image de Jésus s'obscurcira dans le coeur et que le froid et le vide s'y installeront.
Il n'est nullement étonnant qu'à Laodicée, dont l'état intérieur était tel, le Seigneur ait fait cette recommandation: «Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies» (Apoc. 3, 18).
Une arme défensive de Satan
Peut-être l'un ou l'autre de mes lecteurs se demandera-t-il pourquoi nous insistons tellement sur cette question de l'orgueil. La réponse est simple: c'est parce que nous sous-estimons cette arme préférée du diable. Nous oublions facilement que c'est à cause de son orgueil insensé que Satan est tombé. Esaïe 14, 9-15 nous parle du roi déchu de Babylone, mais nous devons y voir surtout la déchéance de Satan: «Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore! Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur des nations! Tu disais en ton coeur: je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse» (v. 12-15). Quelle chute que celle de Satan, qui fut le premier à connaître le salaire de l'orgueil! C'est précisément de cette arme qu'il se sert le plus volontiers pour séduire, de nos jours surtout, bien des croyants et les faire tomber. Nous le constatons, par exemple, dans la fameuse «Bénédiction de Toronto», dont nous avons déjà parlé (septembre-octobre 1995). Un des signes de cette fausse bénédiction est l'extrême orgueil manifesté dans ce milieu, ce qui devrait donner à réfléchir aux chrétiens, qui désirent suivre Jésus fidèlement. Christ était l'homme humble par excellence; Il a pu dire en vérité: ,... je suis doux et humble de coeur ... » (Matth. 11, 29).
Où votre coeur en est-il?
A la lumière de ce message, voyez si vous marchez dans l'orgueil, si vous lui accordez de la place dans votre vie. C'est aux humbles que Dieu fait grâce (1 Pierre 5, 5; Jacq. 4, 6). Un croyant orgueilleux considère les autres, chrétiens ou non, avec hauteur; et il se caractérise ainsi par la désobéissance. Philippiens 2, 3 nous adresse cette exhortation: «Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. »
Le salaire de l'orgueil est bien plus grave que ce que nous pouvons penser. C'est pourquoi je vous recommande de déposer, dans la repentance, votre être orgueilleux aux pieds de Jésus, de laisser Son précieux sang vous purifier, et de faire ce qui nous est ordonné, à vous et à moi: «Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience» (Col.3, 12); et ceci aussi: «Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable» (1 Pierre 5, 6). Amen!
MARCEL MALGO
Nouvelles d'Israël 06 / 1997