Suicide et loi divine

 

Le suicide est l'une des causes majeures de décès, surtout parmi les adolescents, et n'épargne pas le milieu chrétien. Quelles sont les différentes raisons qui poussent au suicide? Est-il dans tous les cas condamnable pour les chrétiens?

 

Le problème du suicide a toujours été grave pour les chrétiens, car il soulève la question de la Grâce de Dieu vis-à-vis d'un acte qui non seulement est irrémédiable, mais représente en outre une désobéissance flagrante au commandement de Dieu: «Tu ne tueras point». Il y a des idées toutes faites, dangereuses et culpabilisantes, qui insinuent que si l'on est chrétien il n'y a plus de problèmes, que l'on doit être toujours joyeux, maître de soi, en possession de toutes les qualités et les compétences, faute de quoi il y a un péché caché.

Face aux réalités de la vie et à nos limites, qui nous montrent, si nous ne sommes pas aveuglés ou hypocrites, que nous ne sommes ni de purs esprits, ni des dieux, il nous arrive d'être découragés, déprimés, en situation d'échec.

Elie, Job, Jonas ont souhaité la mort et c'étaient des hommes de Dieu. Mais c'est précisément dans ces situations que Dieu peut se manifester et se révéler dans Sa Toute-Puissance et Son Amour incommensurable. Alors, la question de la Grâce de Dieu vis-à-vis d'un chrétien qui fait une tentative de suicide réussie n'est pas la bonne. Celui qui réussit son suicide est quelqu'un dont l'appel au secours n'a pas été entendu. Ecrasée par des pensées négatives, des peurs irraisonnées, des idées de destruction, envahie par un sentiment d'indignité, en particulier par rapport au pardon de Dieu, une personne qui essaie de se supprimer espère jusqu'au bout que quelqu'un viendra avant l'issue fatale.

Le suicide peut être l'aboutissement de toutes sortes de tentatives pour attirer l'attention sur soi et ne plus se sentir solitaire et abandonné. Une personne qui risque de se suicider, cela se voit. On remarque un changement notable dans son comportement, un repli sur soi, une tristesse, un retrait de la vie sociale, un sentiment persistant d'incapacité et de culpabilité, un attrait nouveau pour l'alcool, et parfois des allusions au suicide lui-même.

Si quelqu'un observe ces signaux d'alarme, il convient de ne pas laisser la personne en danger seule, de l'encourager à consulter un médecin, puis de tout faire pour faciliter l'expression de sa difficulté à vivre. Dans un climat de confiance et d'amitié, la personne suicidaire pourra redonner une juste dimension à sa vie. Il est également important qu'elle puisse s'investir dans des activités altruistes, selon ses forces bien sûr, et reprendre sa place, ses responsabilités dans la vie quotidienne, centrant ses efforts et son attention sur un but à atteindre, tout ceci en vue de recréer des perspectives d'avenir et un senti; ment de valeur personnelle.

 

Sans doute direz-vous: «Suis-je le gardien de mon frère ? » Je crois que Dieu dit « oui ». J'ai à veiller sur ceux qu'Il place sur mon chemin, à être attentif à leurs besoins, à ne pas les juger sur ce qu'ils font ou non, mais sur la valeur qu'ils ont pour Dieu, à leur parler et à les écouter surtout, dans le respect de ce qu'ils sont.

Alors, c'est vrai que le suicide est une infraction à la loi de Dieu, mais surtout je suis condamnable, moi, si je suis resté sourd à l'appel désespéré d'une personne en détresse. Qu'au jour du jugement, Jésus-Christ, notre Roi. ne nous dise pas: «J'étais malade et en prison (prisonnier de ma solitude, de mes pensées suicidaires et de mon sentiment d'indignité) et vous ne m'avez pas visité... dans la mesure où vous n'avez pas fait cela à l'un de ces plus petits. c'est à moi que vous ne l'avez pas fait» (Mat 25, 43 et 45).

Dominique Dirrenberger

AVENEMENT Novembre 1995 No 89 / P 28

© L'Avènement - Tous droits réservés pour tous pays

 

ACCUEIL