Lequel d'entre nous ne s'est-il pas interrogé en constatant que Dieu ne répondait pas à ses requêtes?
N'est-ce pas ce genre de constatation qui semble donner des arguments aux athées, aux incrédules, aux adeptes des différents courants philosophiques, métaphysiques, humanistes etc.
Si la Bible montre clairement que le péché, dans une vie vécue en dehors des normes de Dieu, empêche le Dieu de justice de nous répondre tant que tout n'est pas réglé, elle met également en lumière les droits d'accusation, donc d'opposition, du diable sur la vie de ceux qui demeurent dans leur état de péché. Le chapitre 10 du livre du prophète Daniel nous éclaire sur la nécessité de la persévérance jusqu'à la réponse, face à l'opposition du monde spirituel invisible. La réalité de ce combat spirituel doit nous pousser à combattre selon les règles et à veiller à n'avoir ou garder aucune racine d'amertume, de rancune ou de non pardon envers qui que ce soit. C'est en surmontant constamment le mal par le bien que nous ferons sauter tout obstacle empêchant Dieu de nous écouter.
Cependant le retard ou la non-réponse à notre prière peut également avoir une autre raison sur laquelle nous aimerions ici attirer votre attention. Il s'agit de la différence entre le point de vue divin et le point de vue humain: c'est la nécessité d'acquérir une sagesse ou un désintéressement qui sacrifie le désir personnel au salut des foules.
Quatre exemples dans la Parole de Dieu regroupent tous les cas:
1) Dieu refuse à Moïse l'exaucement d'entrer en Canaan (Deut. 4, 25, 26), à cause de son comportement aux eaux de Mériba (Nombres 20, 9). Il ne cède pas à son fidèle serviteur pour que toute une nation apprenne l'obéissance. Telle était la leçon qui devait garder le peuple dans la crainte de traiter à la légère une parole de Dieu.
2) Dans 1 Samuel 1, nous trouvons l'exemple d'Anne, épouse stérile. En proie à la moquerie de sa rivale, elle demande pendant longtemps sans recevoir de réponse. Elle désire un «fils» alors que Dieu, lui, voit un peuple et un «chef». Les années d'épreuves et de brisement vont amener les sentiments de son coeur à s'aligner sur ceux de Dieu et lui faire consacrer totalement l'enfant tant désiré à Dieu. Celui-ci, alors répond par la naissance de Samuel («Dieu exauce»). Il arrive donc que Dieu diffère sa réponse pour pouvoir donner davantage.
3) L'écharde de Paul, que le Seigneur refuse d'enlever (2 Cor. 12, 5), illustre un autre aspect de la différence entre le raisonnement humain et celui de Dieu. Le caractère volontaire et fonceur de Paul est un obstacle à la méthode de Dieu qui avait besoin de la faiblesse de l'homme Paul pour manifester Sa force toute-puissante. Souvent «empêché par le Saint-Esprit» d'aller là où il pense, l'apôtre est conduit dans cette réalité qui lui fait dire «Quand je suis faible, c'est là que je suis fort».
4) La prière de Jésus à Gethsémané ne va pas être exaucée pour que le monde soit sauvé. L'abandon et le silence du Père vont opérer la rédemption du monde entier afin que quiconque croit puisse être sauvé!
En conclusion la réponse, quelle qu'elle soit, s'articule dans un témoignage à rendre aussi face au monde invisible. Dieu a investi une confiance totale en Job et si nous sommes pieux et fidèles, Il veut le faire pour nous: Il prend position face aux anges et aux démons. Hébreux 11 parle de ceux «qui n'ont pas obtenu ce qui leur était promis . . . » en vue de quelque chose de meilleur.
Souvent nous servons Dieu par intérêt, mais Lui cherche des témoins qu'Il livrera en spectacle au monde et aux anges, pour montrer qu'Il n'achète pas notre amour par des bénédictions mais qu'Il veut s'entourer pour l'éternité d'hommes et de femmes qui l'aiment pour Lui-même. Quand nous aurons saisi «les leçons de son coeur d'amour», quand nous serons dans une acceptation de plus en plus parfaite de sa volonté, alors notre Dieu, fidèlement, en Son temps, répondra à nos prières.
Pierre Truschel
AVENEMENT Septembre 1992 No 51