Question:
La Bible dit que les péchés des pères seront punis sur les enfants jusqu'à la troisième ou quatrième génération. Y a-t-il un anathème ou une malédiction sur ma vie si mes ancêtres ont pratiqué l'occultisme ?
N. N. de H.
Réponse:
Ces dernières années, cette question a provoqué dans le monde entier et dans beaucoup d'assemblées de violentes divergences d'opinion, des disputes et aussi des séparations. Pas seulement dans les milieux charismatiques où le «ministère de délivrance» joue parfois un rôle important dans la cure d'âme, mais aussi dans les assemblées considérées comme «conservatrices» et «bibliquement fidèles ».
Presque toujours, on cite comme preuve biblique pour des liens démoniaques provenant des ancêtres Exode 20:5 ou Exode 34:7 «qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent».
Sur la base de cette affirmation se sont développés les cures d'âme spécialisées dans l'occultisme ou «le ministère de délivrance» avec des nuances très diverses. D'après cet enseignement, des chrétiens nés de nouveau doivent se soumettre à un <ministère de délivrance» si, dans les rangs de leurs ancêtres, il s'en trouve qui ont commis des péchés «occultes » (c.à.d. des péchés de magie comme la cartomancie, la conjuration, la lecture de l'avenir dans les lignes de la main, etc.).
Les problèmes spirituels, affectifs et aussi physiques de tels chrétiens sont alors souvent mis en relation avec l'un ou l'autre de ces péchés d'abomination.
Cette interprétation anti-biblique a souvent pour conséquences que le concerné pratique des recherches généalogiques et, de cette façon, ne reconnaît pas en lui-même l'origine de ses problèmes. Ainsi son regard sur sa vie est non-objectif et faussé: il regarde à lui-même ou à ses ancêtres au lieu de regarder à Christ, à Son sacrifice parfait et à Ses promesses.
La conséquence de cette fausse vision est dans beaucoup de cas un sentiment d'assujettissement, un accablement, un manque de forces spirituelles et de liberté qui empêche ou limite la joie que nous avons dans le Seigneur et dans Sa parole.
Pour clarifier cette question, je voudrais énoncer quelques thèses et les expliciter courtement à l'aide de la Bible.
1. Bien sûr que les péchés des ancêtres ont des effets sur leurs descendants.
La Bible enseigne clairement que, par la désobéissance d'Adam, le péché et la mort «se sont étendus à tous les hommes» (Rom. 5: 12-21). Ce que nous appelons péché originel, nous l'avons hérité de nos parents et, en fin de compte, d'Adam.
Ce n'est pas seulement notre nature pécheresse que nous transmettons à nos enfants, ce sont aussi nos qualités et nos défauts, nos dons... Il semble aussi qu'une soi-disant «médiumité» puisse passer de génération en génération.
Mais le mauvais exemple des parents va également marquer les enfants et peut avoir des conséquences très négatives. La vie des patriarches nous offre à cet égard de nombreuses leçons de choses.
2. Avec une vraie conversion ou nouvelle naissance, les péchés de notre passé et de nos origines sont expiés.
Des passages connus comme 2 Cor. 5:17; Col. 1 : 12-14; 2:13-15; Eph. 1 :7; 2:1-15; 1 Jean 1 : 7 et 9; etc. montrent clairement que le diable n'a plus aucun droit sur ceux qui ont confessé leurs péchés à Dieu et dont les fautes ont été pardonnées par la foi au Sauveur Jésus-Christ. D'où la conclusion:
3. La punition des péchés des pères sur les enfants
n'adviendra que si les descendants vivent dans les péchés des ancêtres, c'est-à-dire haïssent Dieu et Ses commandements.
Là aussi, il est important de connaître le contexte biblique. Dans Ezéchiel 18, le problème des « péchés des ancêtres » est traité en détail et mène à la conclusion suivante:
« L'âme qui péchera, c'est celle qui mourra. Un fils ne portera pas l'iniquité de son père...» (Ez. 18:20).
Précédemment, il est question d'un fils qui voit le péché de son père sans le commettre lui-même, mais observe les commandements de Dieu. « Il ne mourra pas à cause de l'iniquité de son père». (v. 17)
Des affirmations identiques se trouvent dans Deut. 24:16 et Jér. 31 :29-34.
Des exemples illustrant cette vérité se trouvent dans beaucoup de passages de l'A.T. Ainsi les deux rois Ezéchias et Josias qui ont vécu un réveil en Israël étaient fils de pères infidèles qui pratiquaient l'idolâtrie la plus grossière. Mais parce que les fils se convertirent à Dieu et ne prirent pas comme modèle leur père selon la chair, mais David (cf. 2 Chron. 29:2 et 34:2), ils furent en bénédiction.
D'autre part, nous voyons des rois comme Nadab, Baescha, Omri et Achab qui «marchaient dans le péché de Jéroboam», donc qui répétaient les péchés de leurs pères et qui furent pour cela jugés par Dieu.
4. Il n'est pas biblique de traiter autrement les « péchés d'occultisme» que les autres.
Par là, je ne voudrais en aucun cas atténuer la gravité de la superstition ou de l'idolâtrie. Les péchés contre le premier commandement ont certainement un poids particulier, mais il n'est ni scripturaire, ni objectif de tenir pour moins dangereux la fréquentation d'une maison close ou la fraude fiscale que la consultation d'une voyante ou d'un iridologue.
Le péché, c'est le péché et il a des conséquences dévastatrices qui peuvent se manifester diversement si nous ne le confessons et ne le purifions pas devant Dieu, qu'il s'agisse de «péchés d'abomination» ou de péchés « normaux ».
5. Il n'y a dans le N.T, aucun exemple, ni aucune directive pour l'exorcisme des chrétiens.
Tous les exemples de possession dans les Évangiles et les Actes des apôtres concernent exclusivement des non-chrétiens ou des non-croyants et il n'y a aucun passage comportant une indication ou un ordre de chasser des démons ou de lever une malédiction provenant des péchés des ancêtres chez des personnes nées de nouveau.
Ceux qui pratiquent la cure d'âme spécialisée dans l'occultisme auprès de chrétiens se fondent volontiers sur des données expérimentales, mais ne peuvent pas se référer au N.T. Dans l'illusion d'avoir autorité sur les démons, on risque d'être soi-même trompé et égaré par les démons.
Toutes les directives pastorales du N.T. visent à faire prendre le péché au sérieux dans notre vie, à nous amener à le confesser, à le juger, à le faire mourir, à l'abandonner et à « revêtir Christ». (cf. Col. 3:1-14; Rom. 6; 1 Pierre 2, etc.)
Les chrétiens d'Ephèse qui avaient pratiqué activement l'occultisme avant leur conversion «venaient confesser et déclarer ce qu'ils avaient fait», brûlèrent leurs livres et prirent officiellement leurs distances par rapport à leur passé (Actes 19:18-20). Mais nous ne lisons pas un mot à propos d'une exorcisation de démons ou de l'exercice d'un «ministère de délivrance» par les apôtres.
Bien sûr, il existe aussi une «faute collective ». Lorsque le peuple de Dieu dans l'A.T. ou le N.T. a péché en tant que peuple et a pris un chemin anti-biblique, si bien que Dieu doit le juger, alors il est bon de confesser ce péché devant Dieu, même comme membre d'une génération plus tardive (comme Esdras, Néhémie, Daniel, etc.). Mais cela n'a rien à voir avec une possession ou une exorcisation de démons.
Il est certainement bon et nécessaire d'examiner notre vie à la lumière de la Bible, de condamner catégoriquement le péché reconnu comme tel et de l'ôter de notre vie. Mais après cela, nous devrions de nouveau porter notre intérêt et notre regard sur le Seigneur Jésus, sur Son sacrifice et Sa parole, sinon nous perdons notre force spirituelle.
Nous ne devrions jamais honorer le diable et ses démons en lui accordant plus d'attention que ce qui est absolument nécessaire.
« Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ ». (Phil. 3:13-14)
Wolfgang Bühne
(Traduction effectuée aimablement par Madame Lucienne Fruhau)
La Bonne Nouvelle No 6 / 1999
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