Tendances actuelles dans les milieux évangéliques d'Europe

 

 


Lecture: 2 Timothée 3: 1-5; 13; 4:1-4.

J'aimerai préciser que je n'ai pas l'intention de critiquer d'autres chrétiens, d'autres églises ou d'autres oeuvres en Europe. Mon propos est simplement de décrire certaines tendances parmi les plus évidentes, de façon à ce que nous puissions compter avec elles et éventuellement réagir en connaissance de cause. Il s'agit de ce que j'ai observé dans diverses parties d'Europe.

 

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1 Divertir pour évangéliser

En 2 Timothée 3: 4, nous lisons que dans les derniers temps les hommes aimeront les plaisirs plus que Dieu.

Permettez-moi d'illustrer ce que je veux dire par quelques exemples:

Une grande conférence chrétienne en Angleterre agrémente à présent ses programmes annuels en faisant évoluer sur scène des danseurs en collants devant les groupes de chants.Bien des conférences chrétiennes en Europe ont aujourd'hui leur groupe à la mode pour attirer les jeunes. Ce qui est triste, c'est qu'une bonne partie des chrétiens rentrent à la maison en pensant que c'est effectivement la manière de faire la plus efficace. Tout ce qu'on entend chanter de la sorte est loin de glorifier Dieu. Je doute que certains groupes de chants se produiraient de la même façon au Ciel face au Seigneur Jésus-Christ. Il nous faut nous rappeler que la fin ne justifie pas les moyens.

Lors d'un récent séjour en Norvège, j'ai lu un article concernant un groupe d'évangélisation appelé " Les clowns de Dieu". Ils se maquillent, mettent des habits de clowns et s'efforcent de paraître aussi drôles que possible, tout en essayant de communiquer l'Evangile. Il existe à présent des cours sur "Apprendre à faire le clown pour Dieu". Je ne sais pas quel est le contenu du message, mais je me pose des questions: "Dieu est-il glorifié par cette activité ?" et "pouvons-nous employer n'importe quel moyen pour présenter l'évangile, et nous attendre à ce que Dieu le bénisse?".

Il n'y a pas si longtemps, je me préparais à parler aux étudiants d'un institut bien connu ici en Europe; c'était à l'occasion de leur méditation du matin. Celui qui dirigeait la réunion vint me trouver pour me demander: "Voulez-vous qu'on chauffe un peu l'ambiance avant que vous commenciez ?". Ce faisant, il me montrait un assortiment de tambours et d'autres instruments tout prêt à se mettre en branle. je répondis: "Non merci, ce n'est pas nécessaire !".

Il est arrivé que des évangélistes confrontés au même genre de concert, se voient rassurés par les groupes chrétiens: "Ne vous inquiétez pas, nous baisserons l'intensité avant que ce soit votre tour". Pourquoi donc faut-il "baisser" quelque chose ? Étaient-ils allé trop loin dans leur représentation ? Est-ce nécessaire ? Ce genre de conditionnement équivaut finalement à essayer de faire l'oeuvre du Saint-Esprit à sa place. C'est vrai qu'il nous faut une certaine préparation pour écouter la Parole de Dieu, mais le battement du tambour, la musique bruyante, la répétition des mêmes paroles, n'est pas la manière biblique. Nous risquerions de produire des "conversions" qui sont davantage psychologiques que spirituelles.

Cette façon de divertir en évangélisant constitue évidemment une grande tentation dans le travail parmi les enfants, et s'il est vrai qu'il faut se mettre au niveau des enfants pour capter leur intérêt, il faut veiller à ne pas tomber dans les excès. Or, ces excès sont de plus en plus évidents un peu partout.

Certains chants ridiculisent les événements bibliques et les présentent comme des contes de fées. Je viens de recevoir un journal chrétien en anglais, il parle d'un nouveau groupe qui a été formé pour atteindre les enfants avec l'Evangile. Il s'appelle "Le Groupe de Cirque Junior". Ils disent métaphoriquement que "Dieu est le chef de piste, l'équipe de cirque est la famille de Dieu, et l'on s'amuse bien". je me demande quelle idée les auditeurs auront de Dieu.

Il est aussi courant à présent de faire prêcher l'Evangile à des poupées animées en forme d'animaux. Ces animaux manipulent la parole de Dieu, conduisent les enfants dans la louange et la prière, etc. Il nous faut nous rappeler que les animaux et les êtres humains n'ont pas une même nature spirituelle. Ces marottes disent par exemple:

"Comment le Saint-Esprit peut-il m'aider ?"

"Le seigneur Jésus est avec moi..."

"Chaque matin je prends quelques minutes pour parler à Dieu et laisser Dieu me parler"

"D'accord Seigneur, je te fais confiance pour que tu t'occupes de moi"

Il s'agit de citations de scénarios actuellement en usage.

Les enfants prennent l'habitude d'être divertis plutôt que d'être amenés à l'attitude de respect, qui s'exprime par l'attention et l'obéissance. le fait qu'un enfant ait été intéressé ou passionné grâce à une certaine méthode ne constitue pas une raison suffisante pour employer cette méthode.

J'ai parlé récemment au responsable d'une oeuvre parmi les enfants en Suisse. Il disait être à la recherche de cassettes vidéo pour enfants, utilisables dans ces camps bibliques. Les seules qui soient disponibles en français s'intitulent "Super livre"; elles montrent des personnages de dessins animés remontant le temps jusqu'à l'époque de Noé confronté au déluge, ou d'Isaac offert en sacrifice sur le mont Morija. Les deux enfants et le robot sont transportés dans le temps comme par magie. Ce responsable chrétien me dit: "Je ne veux pas que les enfants comparent la Bible à Goldorak ou à quelqu'autre dessin animé de télé qu'on range parmi les enfantillages une fois qu'on est devenu grand". Je lui ai donné raison. Il y a un réel problème quand on désire communiquer des vérités spirituelles au moyen de dessins animés ou de personnages caricaturés irréels. par exemple dans "Super livre", Isaac a les traits d'un garçon de 7 ans; Goliath ressemble à un ballon, une montgolfière. les enfants en arriveront à douter que de tels personnages aient réellement existé et que les événements qu'on raconte soient vrais. Tout cela dénote également une attitude de légèreté vis à vis des choses de Dieu; tendance qui se manifeste de diverses manières: par exemple, quand on fait taper des pieds pour monter comment le Seigneur frappe à la porte du coeur (Apocalypse 3: 20).

Je ne suis pas contre le fait d'être joyeux ou de chanter d'une manière animée. Nous ne prétendons pas qu'il ne faille jamais rire et qu'on doit se contenter de chanter des chants très lents et des psaumes avec les enfants. Il existe actuellement beaucoup de très beaux chants pour les enfants.

Quelle devrait-être notre attitude vis-à-vis de cette tendance à divertir en évangélisant? Quelqu'un a dit ceci, et je trouve que c'est bien dit:

"Nous ne sommes pas là pour amuser les boucs, mais pour nourrir les brebis". Il nous faut communiquer l'Evangile, non à la manière qui plaît aux gens, mais à la manière dont les gens ont besoin. Il y a quelques années, le pasteur G. Thomas a dit: "Il est impossible de communiquer l'Evangile de l'épître aux Romains par de la musique, des danses ou une pièce théâtrale". la méthode affecte le message. Cela n'empêche pas des moniteurs de remarquer parfois: "Il y a quand même des enfants qui se convertissent !". C'est possible. Il y a des gens qui se sont convertis dans des camps de concentration, mais est-ce une raison pour créer des camps de concentration pour que des gens puissent être sauvés ? Avec l'évangélisation qui divertit, vous pouvez récolter des réactions favorables et même des décisions sur le moment, mais les résultats durables sont infimes ou inexistants. Quelqu'un a dit: "Ces choses là font des fans, pas des disciples". J'aimerais vous recommander un livre intitulé "Rock, musique de l'ombre", par Walter Kohli.

En terminant ce chapitre, j'aimerai citer le dr. Martin Lloyd-Jones: "Le travail de prédication ne consiste pas à divertir, mais à conduire les gens au salut, en leur enseignant comment trouver Dieu"...

"Il y a des chrétiens honnêtes et sincères, dont la préoccupation est d'amener les gens au salut. Mais dans leur désir d'établir le contact avec le plus grand nombre et de rendre le message facile à croire, ils font des choses qui contredisent souvent ce message.

Nos méthodes doivent toujours être conséquents et compatibles avec notre message; elles ne doivent jamais le contredire. Dès l'instant où la méthode contredit le message, elle est devenue mauvaise. Ce qui me surprend toujours chez ces gens qui sont subjugués par des méthodes à la mode, c'est leur ignorance d'une psychologie élémentaire. Ils semblent ignorer tout de la nature humaine, car le fait est que le monde s'attend à ce que nous soyons différents - les différences sont inévitables; le centre de nos préoccupations est lui-même tellement différent. Nous avons affaire à Dieu et nous avons pour but de Le connaître et d'être en communion avec Lui. Les divertissements faciles, trop de familiarité et les plaisanteries douteuses ne sont pas compatibles avec la conscience de la perdition des hommes et de leur besoin de salut.

Une pièce dramatique, un sketch drôles, etc peuvent toucher les gens sur le plan psychologique, et même conduire à des décisions; mais notre but n'est pas avant tout de récolter des décisions, c'est d'amener les gens à la connaissance de la vérité.

Le caractère particulier du sujet qui nous occupe est tel que le seul contexte qui puisse convenir est l'atmosphère de la réflexion. Sérieux ne veut pas dire pompeux, triste ou morbide. On peut être spontané et sérieux à la foi". (Ps 2: 11).

 

(Extraits de "Prédicateurs et prédications" du Dr. Martin Lloyd-James)

 

La Bonne Nouvelle 5/90 - 1/91

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