Terrain dur. Conversions rapides ?

 

Ces deux choses vont-elles ensemble? Quand chez nous, lors d'une évangélisation, à peine quelqu'un se convertit, quand des témoignages de la foi libératrice en Jésus-Christ se soldent par un refus, des chrétiens parlent souvent de « terrain dur ». On veut exprimer par là que dans cet environnement on n'enregistre généralement que peu de fruit. Donc là où l'on ne compte que peu de décisions pour Christ, où nous n'assistons que rarement à une nouvelle naissance et où l'Eglise de Jésus ne se développe que lentement, là nous trouvons que le terrain est vraiment dur. Est-ce que cela correspond à la pensée du Seigneur?

Récemment j'ai lu un article du créationniste Dr. Henry M. Morris, parlant du « danger des conversions rapides». Dans ce contexte, j'évoquais une parole de Jésus qui se trouve dans l'Evangile de Marc: «Ceux qu; ont reçu la semence dans les endroits pierreux, ce sont ceux qui entendent la parole et la reçoivent aussitôt avec joie, mais ils n'ont pas de racine en eux-mêmes; ce sont les hommes d'un moment; et dès que survient la tribulation ou la persécution à cause de la parole, ils y trouvent une occasion de chute». (Marc 4: 16-17)

Ici Jésus associe « terrain dur» et « conversions rapides». Le terrain a la dureté de la roche, seul un peu de terre le recouvre. La semence répandue lève vite, mais sous l'ardeur du soleil la petite plante se dessèche rapidement, car ses racines ne sont pas profondes. (comp. versets 5 et 6)

À ces paroles, comme à tout ce que disent les Saintes Écritures éternellement valables, nous devrions prêter une attention scrupuleuse. Marqué par l'Esprit du présent siècle, on donne de nos jours plus d'importance au grand nombre qu'à l'action du Saint-Esprit, et cela même dans les églises et les oeuvres de professants. Aujourd'hui j'apprends par le courrier le « succès remporté par une évangélisation planétaire qui, par satellites et TV, a été retransmise en mars dernier pendant 5 soirs en 185 pays et 3 000 localités : presque un million de personnes se seraient converties. Chiffres impressionnants qui paraîtront peut-être dans le « Livre des Records». Mais combien de ces noms se trouveront dans le Livre de Vie?

Nous nous réjouissons, certes, de tout coeur pour chaque personne qui trouve la foi vivante en Jésus-Christ et la paix avec Dieu, par l'action du Saint-Esprit. C'est dans ce sens que nous prions et rendons témoignage. C'est aussi ce qu'espèrent nos Eglises et c'est le but de nos oeuvres missionnaires. L'objectif de l'oeuvre missionnaire «Le Messager de la Paix» ¥ est le même: que le précieux Evangile, auquel il n'y a aucune alternative (Actes 4 : 12), porte des fruits qui demeurent pour l'Eternité.

Et dans ce passage, le Seigneur nous ouvre les yeux sur la réalité telle qu'Il la voit: des conversions rapides sont loin d'être le critère d'un sol fertile! C'est justement sur un sol rocailleux que se produisent les conversions rapides; mais bientôt ceux qui ont accueilli la parole du Seigneur, «d'abord avec joie», se détournent de la foi et retombent. En suivant le Seigneur tout chrétien subira le «vent contraire» : moqueries et railleries, tentation et résistance, mépris ou même persécution. Alors se manifeste la profondeur des racines ; alors se révèle la vraie nature du sol ; alors la foi sera mise à l'épreuve.

Combien nous souhaitons que des personnes que nous côtoyons se tournent réellement vers le Christ, qu'elles fassent leurs preuves en suivant Jésus, qu'elles restent fidèles même alors «que survient une tribulation ou une persécution à cause de la Parole ». Ne nous laissons pas abuser à la vue de chiffres sensationnels. Ne mesurons pas le «succès» à l'échelle des chiffres, car notre Seigneur attend d'abord la fidélité, fidélité dans les petites choses, fidélité dans la constance et la persévérance, dans l'obéissance et dans la dépendance quotidienne vis-à-vis de Lui. Où sont aujourd'hui les chrétiens qui, dans une consécration totale de l'esprit, de l'âme et du corps, obéissent à la Parole de Dieu ? Où sont ceux qui, en réponse à une vocation claire, dans leur amour pour Jésus, lui offrent d'authentiques sacrifices de consécration en recherchant fidèlement la gloire de Dieu?

Là aussi nos églises se trouvent sérieusement interpellées, que ce soit pour l'évangélisation locale ou le travail missionnaire à l'Est comme à l'Ouest: Allons-nous évaluer le fruit en chiffres? («Mouvement de Croissance des Églises»). Ou bien semons-nous en toute fidélité et consécration la bonne semence de la Parole, sachant que Dieu seul «fait croître» II Cor. 3:7)? C'est Lui qui produit le fruit qui demeure véritablement, et pour cette raison c'est à Lui seul que revient toute la gloire !

 

Jésus nous met en garde contre un fruit qui éclôt rapidement sur un sol rocailleux. C'est pourquoi l'apôtre tenait à ce qu'on soit « enraciné et fondé en Christ, et affermi par la foi » (Col. 2 : 6-7). Nous avons besoin de ce fondement si nous voulons être aujourd'hui préservés de la multiplicité des doctrines erronées et particulières; cet ancrage est un témoignage' d'une authentique nouvelle naissance produite par le Saint-Esprit. Prions ensemble pour que notre Seigneur Jésus-Christ daigne continuer d'agir puissamment, de manière à offrir un tel fruit à notre témoignage, ici en Europe occidentale, et là-bas à l'Est, où l'ouverture semble plus grande. Le Seigneur est le même à l'Est comme à l'Ouest, hier, aujourd'hui et éternellement. Quel privilège de lui appartenir et de pouvoir le servir!

Reinhard Möller,

pasteur d'une Eglise Evangélique Libre à Aesch (Bâle Campagne)

Bonne Nouvelle 1/96

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