Appelés et envoyés
Au début des Évangiles, nous lisons que Jésus « monta ensuite sur la montagne; il appela ceux qu'il voulut... (indiquant les apôtres) pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher,, (Marc 3:13-14). Jésus appela ses premiers disciples pour qu'ils «demeurent» avec lui,. puis il les envoya pour partager au monde la bonne nouvelle du salut. Autrement dit, ils devaient demeurer et servir, adorer et témoigner. Ils avaient été appelés et envoyés, et il en est de même de tout chrétien aujourd'hui.
Témoins oculaires
Pendant de nombreuses années, ma profession m'appela à fréquenter le tribunal de l'île de Guernesey, mais même sans cela, je saurais une vérité fondamentale sur les témoins: ils doivent avoir une expérience directe du sujet dont ils parlent. Quelqu'un qui commence par dire ceci ou cela sera immédiatement récusé par le juge! Un témoin n'a pas besoin d'être intelligent, très cultivé, impressionnant d'apparence ou éloquent, mais il est essentiel qu'il donne le récit d'une expérience personnelle. Il est intéressant de voir avec quelle clarté cette notion apparaît dans le Nouveau Testament. En faisant référence à la transfiguration de Jésus, au sommet de la montagne, à laquelle il assistait avec Jacques et Jean (telle qu'elle est racontée en Marc 9), Pierre écrit: « Ce n'est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux » (2 Pierre 1 :16), tandis que dans sa lettre précédente, il se nomme lui-même témoin des souffrances de Christ » (1 Pierre 5: 1). Jean débute la première de ses lettres d'une façon tout aussi impressionnante: «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, - et la vie a été manifestée, et nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, - ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous » (Il Jean 1 : 1 - 3). Et ce qu'ils ont vu dans la chair, chaque chrétien l'a vu depuis par la foi! Vous avez été à la croix et vous vous êtes vu comme un pécheur coupable. Vous avez vu l'amour extraordinaire de Dieu pourvoir à ce moyen de salut. Vous avez vu sa justice satisfaite par la mort de son Fils et votre dette payée par son sacrifice. Dieu vous a confié la tâche, en tant que témoin oculaire, de témoigner!
« Bavarder» la bonne nouvelle!
C'est une des plus grandes tragédies dans l'Église aujourd'hui que tant de chrétiens répugnent à témoigner pour Christ et c'est une tragédie supplémentaire qu'ils puissent trouver tant de raisons pour s'en excuser. L'une des excuses les plus courantes est la suivante: « Je ne suis pas très doué pour ce genre de chose. Je crois que nous devrions laisser cela aux évangélistes professionnels ou à ceux qui sont spécialement appelés à enseigner dans l'Église.» Cela n'est certainement pas l'image que nous trouvons dans le Nouveau Testament, comme nous le montre cet exemple très révélateur. Luc nous dit que, dans les premiers temps de l'Église, « Il y eut, ce jour-là, une grande persécution contre l'Église de Jérusalem; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie... Ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle de la parole» (Actes 8:1-4). Il est important de remarquer que les apôtres, les « professionnels», restèrent à Jérusalem; ce sont les autres chrétiens, le commun des membres de l'Église, qui furent dispersés et qui allaient de lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle de la Parole. Les historiens s'accordent à dire que l'une des principales raisons pour le succès de l'Église primitive fut la façon personnelle qu'avaient des chrétiens «ordinaires» de partager la bonne nouvelle de leur foi avec les autres. S'il est vrai que la prédication en public de l'Évangile est irremplaçable et s'il est également vrai que les médias d'aujourd'hui, la radio, la télévision et la page imprimée, ont provoqué une révolution en permettant d'atteindre des millions de personnes en un temps record, il n'est pas moins vrai qu'on ne peut pas échapper à notre responsabilité personnelle de partager l'Évangile avec d'autres. C'est en effet à ce niveau, bien souvent, que se fait le travail d'évangélisation le plus effectif, pénétrant et durable. N'ayez jamais honte ni peur de « bavarder la bonne nouvelle» vous serez étonné de voir combien de fois Dieu vous donnera la parole juste pour la personne juste au moment juste.
La parole de vérité
D'autres chrétiens qui répugnent à parler aux autres de leur foi ont cette excuse: «Je cherche avant tout à être pratique et je crois que la chose la plus importante est de laisser ma vie parler par elle-même.» Nous avons là une demi-vérité extrêmement subtile! Bien sûr il est important que la qualité de notre vie soit telle qu'elle pousse les gens à réfléchir et nous avons soigneusement étudié l'importance d'une vie selon Dieu quand nous nous sommes penchés sur la sanctification et sur la nécessité de porter du fruit. C'est exactement ce que Jésus voulait dire par cette phrase: «Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux» (Mat. 5:16). Mais cela ne suffit pas. La Bible nous enseigne qu'un chrétien ne doit pas seulement produire de bonnes oeuvres, mais aussi de bonnes paroles! Prenons une illustration. Un de vos amis souffre d'une vilaine éruption de la peau et a essayé toutes sortes de traitements sans succès. En le voyant, vous vous rendez compte que vous avez été victime de la même affection quelques années auparavant et que vous en aviez été guéri par l'application d'une certaine pommade. Il est clair qu'il ne servirait à rien à votre ami que vous lui montriez vos mains et vos bras parfaitement guéris. Ce dont il a besoin, c'est du nom de la pommade. Vos «bonnes oeuvres» (votre peau bien lisse) ont besoin d'être appuyées par «de bonnes paroles» (l'information sur la guérison). La même chose est vraie pour ce qui est de communiquer l'Évangile. Paul dit aux Ephésiens: « En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Évangile de votre salut, en lui vous avez cru » (Eph. 1 : 13). S'adressant aux Romains, il reprend la merveilleuse prophétie de Joël selon laquelle: « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé», mais il ajoute aussitôt ces questions pénétrantes: « Comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés?» (Rom. 10: 13-15). Et, pour résumer toute la question, il ajoute un verset ou deux plus loin: «Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Dieu» (Rom. 10: 17). Dans un témoignage chrétien authentique oeuvres et paroles ne se posent pas en alternatives mais en partenaires. Cela ne suffit pas pour le chrétien de montrer son salut, il doit aussi être prêt à en parler.
Pas seulement quoi mais qui
Quand Paul écrivait «la parole de vérité, l'Évangile de votre salut» le choix de ses mots était parfait, car la Bible est « la parole de vérité ». Elle nous dit la vérité au sujet de Dieu, de l'homme, du péché, du ciel, de l'enfer, de la foi, de la sainteté et sur tout autre sujet qu'elle mentionne. Il s'agit avant tout autre chose, «de l'Évangile de votre salut», de la bonne nouvelle, qui permet au pire des pécheurs d'être réconcilié avec Dieu. Mais, comme Paul lui-même le fait comprendre si clairement, la bonne nouvelle de Dieu c'est « l'Évangile... qui concerne son Fils>, (Rom. 1:2,3), «l'Évangile de son Fils» (Rom. 1 :9). L'Évangile ne se fonde pas sur la philosophie mais sur l'histoire; il n'a pas ses racines dans des idées, mais dans des faits, et ces événements ont pour centre le Seigneur Jésus-Christ. Le but de l'évangélisation n'est pas d'endoctriner les gens, mais de leur présenter une personne! Bien sûr, au cours de la discussion avec un incroyant, vous avez sans doute à parler d'un grand nombre de choses, mais ne perdez jamais de vue qu'en fin de compte, ce qui compte vraiment c'est qu'il rencontre le Sauveur. Quand André rencontra le Seigneur, il alla immédiatement trouver son frère et «il le conduisit vers Jésus» (Jean 1 :42). Quand Nathanaël voulait savoir si Jésus était réellement le Messie, Philippe l'invita simplement par ces mots: « Viens, et vois » (Jean 1 :46). Plus tard, quand il eut l'occasion de parler avec un homme politique éthiopien de haut rang, qui était en train de lire l'Ancien Testament à la recherche de la vérité, Philippe, l'évangéliste, « commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus» (Actes 8:35).
On raconte l'histoire de deux bateaux à vapeur se croisant sur le Mississipi. Un vieux marin noir, accoudé à la balustrade de l'un d'eux, pointa le doigt en direction de l'autre bateau et dit à un passager: « Regardez, c'est le capitaine... «Oui», répondit le passager, «mais pourquoi me le montrez-vous ?» « Il y a des années de cela», dit le vieux marin, « cet homme m'a sauvé alors que j'étais en train de me noyer et depuis, je suis simplement heureux de parler de lui! » Un chrétien devrait toujours être heureux de parler de celui qui l'a sauvé du péché et de l'enfer!
Qui veut être martyr?
Le mot grec pour « témoin » dans le Nouveau Testament est martyr, qui a donné le mot martyr. Cela nous rappelle très à propos qu'une vie chrétienne conséquente et un témoignage chrétien fidèle sont difficiles et coûteux. Pour des milliers de chrétiens inconnus à travers toute l'histoire depuis l'époque du Nouveau Testament, cela a signifié le sacrifice de leur vie et cette persécution est loin d'appartenir au passé seulement; on a dit en effet que plus de chrétiens ont été mis à mort pour leur foi au cours du vingtième siècle qu'à aucune autre époque de l'histoire de l'Église et cela surtout, bien sûr, par le fait des Nazis et des Communistes. Beaucoup de chrétiens, particulièrement en Europe de l'Est, ont été détenus dans des camps de concentration ou des prisons. D'autres ont été séparés de leurs familles; on les empêchait d'avoir une vie sociale normale, on leur interdisait l'accès à certaines fonctions ou à l'enseignement supérieur, uniquement à cause de leur engagement chrétien. Ceux-là aussi ont été des martyrs. Mais, de toute façon, la Bible dit clairement qu'une vie et un témoignage chrétiens consacrés coûteront toujours quelque chose d'une façon ou d'une autre. Paul dit, par exemple, que «Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Tim. 3:12). Et Jésus lui-même, à la suite du passage que nous avons étudié au début de ce chapitre, explique pourquoi il doit en être ainsi: «Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi, s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre» (Jean 15:18-20). Tout chrétien devrait étudier cette déclaration avec beaucoup de soin! Cela ne veut pas dire en aucun cas que tout chrétien est haï et persécuté par tout non-chrétien à tout moment de sa vie, mais cela explique pourquoi en tant que chrétien vous rencontrez des difficultés lorsque vous cherchez à vivre une vie pure et à témoigner fidèlement. C'est parce que « vous n'êtes pas du monde». À votre conversion vous avez été «délivrés de la puissance des ténèbres et... transportés dans le royaume du Fils de son amour>* (Col. 1 :13). et cela eut pour résultat immédiat que le diable se mit à déployer ses agents spirituels contre vous. Le diable attaque de mille et une façons et quand vous cherchez à témoigner, il provoque l'opposition, la critique, l'incompréhension, l'embarras, la crainte du ridicule, ou une multitude d'autres choses dans l'intention délibérée de vous fermer la bouche et de déprimer votre esprit. Et bien trop souvent ces tactiques-là sont payantes. Vous vous mettez à penser que peut-être les choses spirituelles sont trop profondes pour être abordées avec certains de vos amis, ou que vous pourriez les offenser, ou encore que vous pourriez donner l'impression d'être excessivement vertueux. Ou, pour être honnête, vous avez tout simplement peur de passer pour une sorte de religieux sectaire. Comme l'a dit l'écrivain ancien, «La crainte des hommes tend un piège» (Prov. 29:25).
Quelle doit être votre réponse à cela? Commencez par reconnaître la réalité de la situation. Prenez conscience du fait qu'en cherchant à témoigner, vous travaillez en quelque sorte derrière les lignes ennemies. Sachez que vous aurez parfois à payer le prix comme un «martyr» chrétien. Et rappelez-vous la promesse que Jésus a faite quand il a dit: « Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous» (Mat. 5:11,12).
Le témoin essentiel
Dans un tribunal il se trouve parfois un témoin décisif dont le témoignage renverse tout le cours du procès. Ses paroles ont un tel poids auprès du juge et du jury qu'elles constituent le facteur décisif dans le résultat de la procédure. Pour l'Évangile, il y a aussi un témoin essentiel, dont l'influence est encore plus décisive: le Saint-Esprit! Remarquez avec quelle perfection Jésus fait apparaître ce témoin essentiel dans les pages du Nouveau Testament. C'est aussitôt après avoir averti les disciples de la haine et de l'opposition qu'ils rencontreraient, que Jésus ajouta ces mots, cités plus haut: «Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement» (Jean 15:26,27). Il s'agit peut-être du verset le plus important à propos du témoignage dans tout le Nouveau Testament. Laissés à eux-mêmes, les chrétiens ne pourraient jamais être des témoins efficaces. Aucune éloquence, persuasion ou argumentation ne convaincra jamais personne de la vérité de la foi chrétienne. La seule raison qui permet à un chrétien de <remporter une victoire », c'est que la voix du Saint-Esprit a emporté la décision. Jésus a promis à ses disciples que le Saint-Esprit «convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement» (Jean 16:8). S'il est vrai que la plupart des gens dans le monde rejettent le témoignage du Saint-Esprit, comme la plupart ont rejeté Jésus quand ils l'entendaient aux jours de sa chair, il n'en est pas moins vrai que chaque jour, partout dans le monde, la voix décisive de l'Esprit fait une percée dans l'esprit et le coeur de certains incroyants, leur permettant de comprendre la vérité de Dieu, les persuadant de reconnaître leur condition et leur besoin et les conduisant à la repentance et à la foi. C'est ainsi que le jour viendra, où nous verrons l'accomplissement de la prophétie de Jean: « il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'Agneau » (Apoc. 7: 9). Ce doit être pour vous un formidable encouragement en tant que chrétien et témoin de Christ! L'oeuvre de Christ et le témoignage du Saint-Esprit ne se termineront pas sur un échec ou une déception, mais par le salut triomphal de tous ceux qui ont été choisis en Christ avant la fondation du monde. Celui qui participe aux épreuves de l'évangélisation aujourd'hui ici-bas, aura part à son triomphe dans la gloire de ce jour-là. Il n'y a pas pour le chrétien de plus grand encouragement à témoigner pour Christ!
Extrait «Apprendre et vivre Christ» Europresse (avec l'autorisation de l'éditeur)
J. Blanchard
Extrait «Apprendre et vivre Christ» Europresse (avec l'autorisation de l'éditeur)
La Bonne Nouvelle 5 / 1999
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