une église pas comme les autres !
Il s'agit d'une église de la banlieue de Chicago dont on parle de plus en plus. Bill Hybels 1, son principal pasteur, a passé en Allemagne et en Suisse, où bien des évangéliques de différents milieux sont venus l'écouter. Jean-Christophe Emery a visité la «Willow Creek» Église et son rapport 2 ne manquera pas d'étonner celui qui le lit avec un peu de discernement spirituel. Il parle lui-même d'un culte surprenant et poursuit : « Le spectacle que je découvre n'a rien de traditionnel. Aussi bien dans la forme que dans le fond, c'est la créativité qui prévaut. La scène baignée de lumière tamisée, laisse présager l'aspect spectaculaire de ce qui va se dérouler... soudain le rideau s'ouvre et dévoile des musiciens. Ce groupe se met à jouer un sort-rock impeccable... un sketch met ensuite en scène, avec beaucoup de réalisme et d'humour, un épisode de la vie quotidienne... Le sketch se termine dans les rires... Tout au long d'un message humoristique, Bill Hybels développe la thématique des bonnes résolutions... » c'est ce que l'on appelle «évangéliser par les cultes», en présentant l'Evangile sous une forme attrayante.
Conclusion de J.-Chr. Emery
Jean-Christophe Emery dit: «Si vos cultes sont ennuyeux, vos prédications médiocres, déconnectées de la réalité et votre musique franchement déficiente, comment voulez-vous attirer le commun des mortels?... votre produit est mal présenté... Il y a sans doute quelques musiciens, quelques acteurs ou prédicateurs à engager... Imaginons un instant que vos cultes soient animés par des musiciens professionnels, qu'ils soient égayés par des sketches amusants et profonds et qu'un excellent prédicateur termine la cérémonie par un message poignant et humoristique.» J.-Chr. Emery dit encore que « nous ne devons pas oublier que les McDonald, Lewis et autres Microsoft sont parvenus, avec des stratégies adaptées des Etats-Unis, à nous imposer leurs standards alimentaires, vestimentaires et bureautiques... Il serait dommage que, par simple réaction d'autodéfense, l'Eglise se condamne à rester cloisonnée dans des traditions parfois bien stériles. »
Notre conclusion
1. La notion même d'un culte pour non-croyants n'est pas du tout biblique. Un véritable culte ne peut être célébré que par des croyants. Il est même dit que les premiers chrétiens se tenaient tous ensemble au portique de Salomon, et qu'«aucun des autres n'osait se joindre à eux» (Actes 5 : 13). Mais malgré cela le nombre des croyants augmentait de plus en plus (Actes 5 : 14). Bien sûr que des non-croyants intéressés sont admis au culte (1 Cor. 14 : 23) et dans la prédication il est indiqué de tenir compte de leur présence, sans pour autant taire du culte une réunion d'évangélisation à l'intention des non-croyants.
2. L'Ecriture nous montre que les apôtres ont prêché l'Évangile aux non-croyants sans avoir recours à de la créativité, au spectacle, à la musique instrumentale et aux déclamations humoristiques pour provoquer des conversions. Jésus leur avait ordonné de prêcher la bonne nouvelle à toutes les nations en déclarant que le Saint-Esprit convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement (Jean : 16: 8). Il ne leur a pas enseigné l'emploi d'une quelconque méthode particulière utilisée dans le monde pour donner plus de succès à leur mission. L'apôtre Paul écrivait aux Corinthiens: «Je n'ai pas eu la pensée de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié». (l Cor. 2 :2)
3. Nous ne pensons donc pas que les Églises devraient se payer des acteurs et des musiciens professionnels, de coûteuses installations pour productions théâtrales et s'inspirer de l'étude de marché, de publicité et de promotion (marketing) des grandes entreprises commerciales, telles que les McDonald's, Lewis, etc., dans le but d'étendre leur influence et de favoriser leur accroissement. Il faudrait éviter de taire du culte ou de l'évangélisation quelque chose de spectaculaire, de distrayant ou d'amusant accommodé au goût du jour par des artistes et des hommes d'affaires religieux.
4. Mais on aurait sans doute besoin d'un plus grand nombre de prédicateurs convaincus et convaincants, tondant leur doctrine, leurs pratiques et leur éthique sur la seule Parole de Dieu, osant dénoncer le péché et parler du châtiment éternel, appelant les pécheurs à la repentance, proclamant le pardon en Jésus-Christ crucifié pour quiconque croit en Lui et enseignant tout ce qu'il a prescrit. C'est peut-être parce que cela se tait de moins en moins que l'on utilise de plus en plus de nouvelles méthodes de remplacement et que l'on compte aussi de moins en moins d'authentiques conversions, parce que des «décisions» provoquées par toutes sortes de procédés psycho-techniques, voire hypnotiques, ne sont pas de vraies conversions.
Jean Hoffmann
1 Pour être bien informé sur les relations et collaborations entre les leaders charismatiques dans le monde nous recommandons la lecture du livre « La troisième vague... » de Wolfgang Bühne (Diffusion « La Maison de la Bible»). Il y est question de Yonggi Cho, C.P. Wagner, John Wimber, Robert Schuller, Reinhardt Bonnke, Benny Hinn, Loren Cunningham, Ray McCauley, Kenneth Copeland... A ceux qui lisent l'allemand nous recommandons également dans « Zeit Rut » (no 4/l 997) * l'article intitulé « De grosse charismatische Koalition» (la grande coalition charismatique), signalant que lors de la 16e Conférence sur la croissance de l'Eglise, qui s'est tenue en automne 1997 à Séoul, Bill Hybels et C. Peter Wagner s'étaient retrouvés avec Yonggi Cho qui répand consciemment ou inconsciemment des théories et des pratiques occultes (« La séduction de la chrétienté», Dave Hunt et McMahon).
Voir «Vivre + Semailles et Moisson», no 10, décembre 1997, sous «découvrir une Eglise du troisième millénaire» et «Willow Creek cible Harry».
La Bonne Nouvelle 2/98
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