La foi donne la paix : le repos du chrétien Lisez l'Epître aux Romains, chapitre 5
Napoléon ROUSSEL
" Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. " Nous n'avons jamais pu lire ces paroles sans éprouver un bien-être intérieur ; c'est qu'elles répondent à une expérience si douce qu'on est heureux de la voir confirmée en la sachant partagée par d'autres. Oui, justifiés par la foi, nous sommes heureux, paisibles de cette paix, qui surpasse tout entendement, de cette paix que rien n'altère, qui repose sur Dieu, qui s'élève jusqu'au Ciel, et que ni Satan ni le monde ne peuvent nous ravir.
J'ai péché, c'est vrai, souvent péché dans ma vie ; et cependant, je le déclare, ma conscience me laisse aujourd'hui tranquille. Je n'éprouve aucune crainte : en vain on voudrait m'effrayer ; je sens que toutes les menaces des hommes passeraient comme de vaines ombres devant mon esprit. Je suis pardonné ; bien plus : justifié, et justifié par Jésus-Christ. Comment n'au-rais-je pas la paix avec Dieu ?
Avez-vous éprouvé quelque chose de semblable ? Alors, je ne crains pas de le dire : c'est le Saint-Esprit qui vous l'a témoigné. Mais, au contraire, ce sentiment vous paraît-il une exagération ? Alors, je le dis avec non moins d'assurance, bien qu'avec tristesse : vous n'avez pas encore compris les vrais pri-vilèges du chrétien.
Oui, mes chers amis, apprenez-le si vous ne le savez pas en-core : il y a dans l'intime conviction que nous sommes justifiés devant Dieu par Jésus-Christ, et que rien ne peut nous ravir notre couronne, il y a là une paix, une joie indicibles ! Si cette paix, cette joie prenaient leur source en nous, seraient-elles donc si profondes et surtout si durables ?
L'exaltation ou la simple préoccupation d'une erreur chérie peuvent bien main-tenir pour un temps l'esprit dans un état de béatitude ; mais cet état est plutôt une fièvre qu'une paix : cet état est surtout passager. Quand on y tombe, on réfléchit le lendemain. On se refroidit l'année suivante ; on se détrompe bientôt et l'on finit par dédaigner ce bonheur pour en chercher un autre.
Mais non ; croyez-le, chers amis, il n'en est pas ainsi de l'état pro-duit chez le chrétien par sa justification : il est paisible et permanent. S'il s'altère par intervalle comme le bleu du Ciel s'ob-scurcit par moment, ce n'est que pour reparaître bientôt tout aussi profond, tout aussi vaste, éclairé par le soleil de l'Esprit. Il n'y a que Dieu qui puisse faire cela, et plus nous avançons dans la vie chrétienne, plus cette persuasion se fortifie, parce que notre paix et notre joie, depuis plus longtemps expérimen-tées, deviennent à nos yeux de plus en plus évidemment di-vines.
Aussi saint Paul ajoute-t-il en des termes que je paraphrase-rai pour les rendre plus clairs : nous demeurons fermes dans l'espérance, et même nous nous réjouissons jusque dans les af-flictions ; car l'affliction produit la patience, et en étant pa-tients, nous faisons une épreuve de la divinité et de la réalité de notre foi, base de nos espérances : or, cette espérance n'est point une vaine imagination de notre esprit ; car Dieu lui-même la confirme par le témoignage de l'Esprit-Saint répandu dans nos coeurs.
Quoi ! un ami, un époux, un enfant estimeront leurs senti-ments fondés sur la nature, bien que peut-être ces sentiments aient été affaiblis par le temps ou les épreuves ; et moi, qui trouve dans le fond de mon âme un sentiment de paix plus pro-fond, plus inaltérable que l'affection d'un ami, d'un père, d'un enfant, je ne pourrais pas me fier à ce sentiment ? Plus il sera vif, plus il parlera haut, plus aussi je devrais travailler à l'étouffer et à l'éteindre ? Dieu m'aurait rendu plus évidente l'er-reur qu'aux autres la vérité ? Plus chères à moi des illusions que des réalités à eux ? Et, pour tout dire, est-il possible que ce soit dans une erreur que je puise un bonheur que tous les biens terrestres n'ont pu me donner, et que je sois plus heureux sur un échafaudage de mon imagination creuse que dans les réalités de la création ? Non ! mille fois non ! ce que je sens vient de Dieu. Cette paix vient de Dieu, cette joie vient de Dieu.
Je suis heureux et j'ai raison de l'être, parce que celui qui me justifie est bien le Fils de Dieu ! Oh ! mon Sauveur, je ne te demanderai pas de me donner cette paix que j'ai déjà ; mais je te demande de me l'augmenter, et de la donner à d'autres, afin que nous puissions, plus nombreux, te louer et te bénir !
Napoléon Roussel.
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