Source: Pompignane

Le péché contre le Saint Esprit

Epître aux Hébreux, Chapitre 6

 

Napoléon ROUSSEL

Trois passages de nos Saintes Ecritures font allusion, sous des formes différentes, à un péché unique, qui ne saurait être pardonné.

Jésus le nomme le péché contre le Saint-Esprit ; Saint-Jean l'appelle le péché qui va à la mort, et pour le pardon duquel il est inutile de prier ; enfin saint Paul dit ici qu'il est une chute dont il est impossible de se relever. Quel est ce péché ? Nous l'avons déjà dit en étudiant le premier de ces trois passages ; c'est l'obstination du pécheur qui, sollicité par la parole de Dieu, par l'action du Saint Esprit, et par sa propre conscience, à ouvrir les yeux sur sa misère spirituelle et à recevoir le salut, refuse obstinément de se convertir.

C'est donc, comme nous l'avons dit, un péché que le chrétien ne peut saurait commettre, puisque c'est le refus de biens qu'il possède déjà : le pardon et le salut qui sont en Jésus-Christ. Evidemment, quiconque refuse le salut ne peut être sauvé. Mais voyons maintenant si l'examen des deux autres passages viendra confirmer cette explication.

Après avoir déclaré qu'il est un péché qui va à la mort, et pour lequel il est inutile de prier, saint Jean ajoute : " Quiconque est né de Dieu ne pèche point. " Qu'on veuille ou non voir dans ces paroles l'impeccabilité du chrétien, il restera toujours ceci, que l'Apôtre affirme que le chrétien ne saurait commettre le péché qui va à la mort, et que, dans ce sens, il ne pèche point. Ce péché à la mort est donc celui des pécheurs obstinés, de ceux qui ne sont pas et ne seront jamais chrétiens, puisqu'ils soufflent sur la lumière, pèchent contre le Saint-Esprit, enfin refuse le salut.

Le troisième passage, celui du chapitre que nous étudions, ne dit pas autre chose. En effet, Paul, après avoir parlé d'une instruction incomplète qu'il vient d'achever, déclare qu'il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté le don céleste et ont été faits participant du Saint-Esprit, s'ils retombent, soient jamais relevés. L'illumination dont il s'agit ici n'est pas encore celle qui renouvelle le coeur, pas plus que goûter le don céleste n'est s'en nourrir. C'est, si vous voulez, le commencement de l'oeuvre ; Mais ce commencement est opéré de Dieu. A ce moment, l'homme, pour être sauvé, devait sinon agir, du moins ne pas résister. Or Dieu, pour convertir cet homme, a développé devant lui les trésors de son Evangile à la lumière de son Esprit, et s'est tellement approché de son coeur, que ce coeur en a été presque touché et réjoui ; mais, revenant bientôt à ces inclinations, cet homme a tout repoussé, tout rendu vain, jusqu'au sang de Christ.

Et voilà pourquoi aujourd'hui, après avoir épuisé toutes les ressources de la miséricorde divine, il ne trouve plus rien de capable de le convertir ; il est impossible qu'il soit sauvé. Comme le péché contre le Saint-Esprit, c'est donc ici la résistance à l'action divine ; et comme le péché qui va à la mort, c'est donc le péché que le chrétien converti ne saurait commettre.

 

Voici maintenant la conséquence qui découle de cette vérité pour ceux qui n'ont pas encore reçu dans leur coeur le salut de l'Evangile : s'ils persévèrent à le repousser, il leur sera bientôt impossible d'être sauvés. Qu'ils y songent ! Il n'y a pas de plus grand salut, il n'y a pas d'occasion meilleure ! Ce que Dieu, Christ et l'Esprit ne peuvent accomplir ensemble, rien au monde ne l'accomplira. Que ces hommes n'attendent donc pas l'impossible, c'est à dire un salut complet, un don plus grand. Car ils refusent encore le pardon, ce qui est le plus imminent pour eux, c'est leur condamnation : il est impossible qu'au delà de Christ ils trouvent une puissance pour les sauver.

Mais une conséquence toute contraire découle de cette vérité pour ceux qui sont véritablement entrés dans la foi. Si le péché qui va à la mort, le péché contre le Saint-Esprit, enfin celui dont il est impossible de se relever, si ce péché est le refus de la conversion, il ne saurait donc être commis par l'homme déjà converti. Le croyant n'a donc plus à trembler en y songeant, et ainsi disparaît cette fausse terreur qu'on voudrait élever contre l'assurance du salut. Non, l'élu ne peut plus se perdre ; son salut n'est plus entre ses mains, mais entre les mains de Dieu. Tout le reste de l'Epître aux hébreux, et ce chapitre en particulier, déposent de cette vérité. Hier Paul nous rappelait que notre Sacrificateur est éternel ; aujourd'hui, il nous rappelle que

Dieu a juré par lui-même, ne pouvant jurer par un plus grand, que sa résolution est immuable ; et qu'il est impossible que Dieu ne mente ; que l'ancre de notre salut est assuré ; que Jésus, notre Sacrificateur, nous a précédé en allant, il y a dix huit siècles au delà du voile, et qu'il nous accompagnera dans le ciel puisqu'il sacrificateur éternellement. De quels termes faudrait-il donc se servir pour communiquer l'assurance du salut, si ceux là ne suffisent pas ? Oui, nous sommes certainement sauvés, car notre salut vient de Dieu. Aussi, ce que nous avons à faire maintenant, c'est de vivre comme des saints, et de manifester toujours plus clairement à nous-même et au monde, par notre conduite irrépréhensible, que nous sommes bien véritablement du nombre des élus !

Références bibliques:

- Marc 3:29

- 1 Jean 5:16