l'histoire de Noël antisémite
Dans d'innombrables églises, communautés, maisons de commerce et appartements, voici que l'on installe de nouveau des crèches à l'occasion de l'Avent et de la Noël. Elles peuvent être fort différentes de forme et d'apparence. C'est ainsi qu'il y en a des grandes et des petites, des orientales et des occidentales, des saxonnes, des bavaroises et des suisses, des africaines, des asiatiques et des sud-américaines. Elles sont entourées de palmiers et de sapins; et les figurines les plus diverses sont là bien présentes. Il y a deux «personnages» qui ne manquent jamais: le boeuf et l'âne.
Comment expliquer la présence de ces deux animaux? On ne les trouve nulle part dans les récits bibliques sur la naissance de Jésus. Quelques vieux «pères de l'Eglise» ont introduit subrepticement le boeuf et l'âne dans l'histoire de Noël, non sans arrière-pensée. La raison: leur haine des juifs, qu'ils justifiaient par ce texte d'Esaïe 1, 2-4: «Cieux, écoutez! terre, prête l'oreille! Car l'Eternel parle. J'ai nourri et élevé des enfants, mais ils se sont révoltés contre moi. Le boeuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître. Israël ne connaît rien, mon peuple n'a point d'intelligence.
Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d'iniquités, à la race des méchants, aux enfants corrompus! Ils ont abandonné l'Eternel, ils ont méprisé le Saint d'Israël. Ils se sont retirés en arrière.. » Bien des pères de l'Eglise ont déclaré en s'appuyant sur cette parole:
Il semble tout à fait que le boeuf et l'âne ont plus d'intelligence que le peuple d'Israël; permettons-nous donc de placer ces deux animaux près de la crèche pour montrer clairement qu'ils connaissent leur maître et la crèche son propriétaire, ce qui n'est pas le cas des juifs.
La présence des deux animaux près de la crèche de Jésus procède en conséquence d'une pensée antisémite.
Les engagements de Dieu contre tout antisémitisme
Nous ne pouvons cependant pas ignorer qu'Israël s'est souvent comporté comme un boeuf et un âne, à savoir avec indifférence, d'une manière rebelle et obtuse. C'est pourquoi Dieu a dû faire tomber des jugements sur Son peuple de l'Alliance, et des nations étrangères ont dominé sur lui. Cette évolution atteindra son point culminant au temps de la fin.
Mais l'Eternel conduira finalement Son peuple au but. Il reste fidèle à Ses promesses; Il les accomplira certainement: «Vous n'aurez Plus à entendre et à supporter les moqueries et les insultes des autres nations» (Ezéch. 36, 15; franç. courant) .
Dans le célèbre cantique de Marie sur la naissance de Jésus, il apparaît clairement que l'alliance de Dieu avec Abraham et les patriarches a une valeur éternelle pour toute leur descendance: «Il a pris la cause d'Israël, son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde, selon qu'il avait parlé à nos pères, envers Abraham et envers sa semence, à jamais... » (Luc 1, 54-55). Voici ce que Dieu a exactement promis à Abraham: «J'établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendants après toi, selon leurs générations: ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi» (Gen. 17, 7). C'est pourquoi Jésus est venu! Il n'est pas devenu un homme pour permettre à l'antisémitisme de triompher d'Israël, mais au contraire, pour confirmer l'alliance éternelle de Dieu avec Son peuple: «Car, je vous l'affirme, le Christ est devenu le serviteur des Juifs Pour accomplir les Promesses que Dieu a faites à leurs ancêtres et montrer ainsi que Dieu est fidèle» (Rom. 15, 7; franç. courant).
Quiconque veut priver Israël des promesses remet en question la véracité de Dieu et l'oeuvre de Jésus sur la croix. C'est Le faire menteur, car Christ n'est pas venu pour retirer à Israël les promesses divines, mais pour les attester.
La voie de Dieu avec Israël à travers l'antisémitisme
Dans «l'histoire de Noël antisémite», il est quelqu'un qui joue un rôle important: le roi Hérode. Il fut l'un des premiers antisémites du Nouveau Testament. Il s'opposa à la naissance de Jésus; il voulut faire obstacle au salut en faisant ceci à Bethléhem et dans les environs: «Il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous» (Matth. 2, 16).
Pourquoi une telle action? Etait-il angoissé à la pensée qu'il pourrait perdre son pouvoir à cause du «roi des juifs qui vient de naître» (Matth, 2, 2)? Ou y avait-il à sa funeste décision un sens spirituel réellement plus profond?
Comme on le sait, Hérode était un Edomite. Ce peuple était issu d'Esaü (Gen. 36, 1.8.43). En Romains 9, 13, l'apôtre Paul cite Malachie 1, 2-3, où l'Eternel déclare: (J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü. » Pourquoi haïr Esaü? Parce qu'il ne croyait pas à la résurrection! Quand il s'est agi de son droit d'aînesse, il répondit à son frère Jacob: «Voici, je m'en vais mourir; à quoi me sert ce droit d'aînesse?» (Gen. 25, 32). Esaü niait donc la résurrection; il ne croyait pas à l'accomplissement futur des promesses de Dieu à Israël ni, dans un sens plus profond, à l'oeuvre divine en Jésus-Christ avec Sa mort et Sa résurrection.
C'est ainsi qu'Esaü est le type de quelqu'un dont la disposition intérieure est centrée sur la terre, et qui ne pense pas au-delà de cet horizon, méprisant par là les valeurs spirituelles.
Voilà pourquoi Esaü est appelé en Hébreux 12,16 «débauché», «profane». Il prit, par exemple, tout à fait volontairement deux femmes païennes, qui donnèrent beaucoup de tourment à ses parents (Gen. 26, 34-35).
En Malachie 1, 1-4, le pays d'Edom (d'Esaü) est qualifié de « pays de la méchanceté » et « peuple contre lequel l'Eternel est irrité pour toujours. »
Selon Ezéchiel 32, 28-32, Edom est décrit comme gisant dans le royaume des morts chez les incirconcis».
Faut-il s'étonner que, sous la domination romaine, un descendant d'Edom se soit trouvé sur le trône, quand le Fils de la vie naquit à Bethléhem? Nous savons aussi que, lors du massacre des enfants commandé par Hérode, il s'agissait de beaucoup plus que de la dignité royale seulement, mais bien d'Esaü contre Jacob, d'Hérode contre Jésus, du royaume des morts contre le paradis, du provisoire terrestre contre l'éternité.
La personne d'Hérode est en opposition flagrante aux promesses que Dieu à faites à Abraham pour toujours et qui sont confirmées par la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
On comprend ainsi qu'un autre Hérode n'ait eu pour la condamnation de Jésus que du mépris et des moqueries. A travers lui, le royaume des morts voulait se dresser contre Celui qui vaincrait la mort (Luc 23, 11).
Ce fut également un Hérode qui fit décapiter Jean-Baptiste, et cela parce que lui, Hérode, était dévoré par le plaisir des yeux et de la chair et que sa disposition intérieure était purement terrestre (Matth. 14, 6-11).
Ce fut encore un Hérode qui fit exécuter Jacques, le frère de Jean, et emprisonner Pierre (Actes 12, 1-3).
Lorsque, finalement le sanhédrin rejeta le témoignage des apôtres, Hérode joua un rôle important. La première église était d'un même coeur pour prier entre autres: «' ... Les rois de la terre se sont soulevés, et les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son Oint.' En effet, contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette ville avec les nations et avec les peuples d'Israël» (Actes 4, 26-27).
Nous voyons qu'à chaque étape importante de l'histoire du salut, un Hérode antisémite s'est levé pour tenter de ne pas laisser la vie éternelle se manifester.
Ce n'est dès lors certainement pas un hasard s'il est dit au sujet d'Edom et d'autres dans le shéol (le royaume des morts): «Là sont Edom, ses rois et tous ses princes... Là sont tous les princes du septentrion, et tous les Sidoniens, qui sont descendus vers les morts, confus, malgré la terreur qu'inspirait leur vaillance; ces incirconcis sont couchés avec ceux qui sont morts par l'épée, et ils ont porté leur ignominie vers ceux qui descendent dans la fosse» (Ezéch. 32, 29-30).
Il n'est pas étonnant non plus qu'il soit écrit exclusivement au sujet de l'orgueil et de la mort effrayante d'Hérode, qui fit tuer Jacques: «A un jour fixé, Hérode, revêtu de ses habits royaux, et assis sur son trône, les harangua publiquement Le peuple s'écria: Voix d'un dieu, et non d'un homme! Au même instant, un ange du Seigneur le frappa, parce qu'il n'avait pas donné gloire à Dieu. Et il expira, rongé des vers. Cependant, la parole de Dieu se répandait de plus en plus, et le nombre des disciples augmentait» (Actes 12,21-24).
Ce sévère jugement divin frappant Hérode se comprend mieux quand il est placé devant son arrière-plan spirituel. Edom était un peuple extrêmement antisémite. Celui-ci jouera également un râle important selon les déclarations bibliques relatives au temps de la fin concernant le « jour du Seigneur»:
- « Eternel, souviens-toi des enfants d'Edom, qui, dans la journée de Jérusalem, disaient: 'Rasez, rasez jusqu'à ses fondements!'» (Ps. 137, 7).
- «A cause de ta violence contre ton frère Jacob, tu seras couvert de honte, et tu seras exterminé pour toujours» (Abdias 1, 10).
- «Venez, disent-ils, exterminons-les du milieu des nations, et qu'on ne se souvienne plus du nom d'Israël! Ils se concertent tous d'un même coeur, ils font une alliance contre toi; les tentes d'Edom et les Ismaëlites... » (Ps. 83, 5-7).
Selon moi, tout antisémitisme procède de l'esprit d'Edom, lequel est inspiré du diable. Au temps de la fin, l'esprit de la mort venant d'Edom se dressera toujours plus contre le peuple d'Israël, mais il n'atteindra pas son but.
La chute et le redressement d'Israël
Il est exact qu'Israël - contrairement au boeuf et à l'âne - ne reconnaît pas la crèche de son Seigneur depuis bien longtemps. Il est également vrai que Celui-ci est devenu une pierre d'achoppement pour une grande partie de Son peuple. Le vieillard Siméon l'a exprimé en ces termes: «Dieu a choisi cet enfant pour causer la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de Dieu auquel les hommes s'opposeront» (Luc 2, 34: franç. courant). Pas seulement pour «la chute», mais aussi pour « le relèvement»! Nous lisons en Esaïe 1: «Le boeuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître.- Israël ne connaît rien, mon peuple n'a point d'intelligence» (v. 3); mais il y a également ceci qui est écrit: «Je rétablirai tes juges tels qu'ils étaient autrefois, et tes conseillers tels qu'ils étaient au commencement. Après cela, on t'appellera ville de la justice, cité fidèle. Sion sera sauvée par la droiture, et ceux qui s'y convertiront seront sauvés par la justice» (v. 26-27). En vertu du droit de Celui qui est mort et ressuscité, par Sa justice, Israël sera finalement reconduit à la crèche de son Seigneur.
NORBERT LIETH
Nouvelles d'Israël Décembre 2000