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Le rêve de Cécile.

 

Cécile a douze ans. Elle eût été une gentille fillette sans mi vilain défaut qui effaçait ses qualités. Elle était égoïste.

Quand Cécile recevait des cadeaux ou des friandises, elle ne les partageait jamais avec ses amies ou ses petits frères.

- Moi d'abord, leur disait-elle, toi après, si cela me plaît.

Mais comme cela ne lui plaisait guère, les uns ou les autres attendaient vainement leur petite part de réjouissance.

Doués d'un esprit large et bienfaisant, ses parents pleurèrent souvent en cachette devant le coeur fermé de leur aînée. Mais de toute leur âme, ils priaient pour elle, car rien n'est impossible à celui qui croit.

Un jour, la fillette rentra de sa classe, abattue et gémissante. Sa mère la fit coucher en lui administrant un calmant. Cécile s'endormit, mais d'un sommeil lourd et agité. Par instants, à mots incohérents, sa bouche balbutiait. Un coup de froid sans doute ! Et tourmenté pair la fièvre, son esprit s'agitait contre des ennemis invisibles et troublants.

Envoyée en commissions, Cécile passait par une rue sombre. Dans une cour, quelques pauvres enfants jouaient auprès d'un tas de sable. Peu proprement vêtus, leur vue n'avait rien de réjouissant. L'un d'eux, se détachant de ses camarades, s'approcha de Cécile. C'était une fillette de six à huit ans, qui aurait pu être jolie sous un extérieur plus convenable. Elle tendit sa menotte maigre et salie :

- Demoiselle ! un petit sou, s'il vous plaît, pour frérot qui est malade 1

Cécile eut un geste de recul, toisa l'enfant d'un oeil méprisant

- Va-t'en ! va-t'en ! lui dit-elle. Mon argent n'est pas pour des gamines comme toi.

A l'instant même, l'égoïste eut comme un étourdissement. Elle crut sentir le sol vaciller sous ses pieds et, chancelante, elle s'appuya contre le chambranle d'une porte palière. Craintive, elle leva les yeux. Devant elle, un ange, éblouissant de lumière et de pureté, la regardait d'un air triste et sévère. Ses mains tenaient une palme et sa voix grave comme celle d'un juge et tendre comme celle de sa mère parvint aux oreilles de Cécile éperdue :

- Je suis la Charité, lui dit l'habitant du Ciel. Dès ta naissance, Dieu t'avait choisie pour Lui. Mais tu n'as pas obéi à sa voix. Tu l'as rejeté en repoussant ces petits infortunés que par sa parole, Il le commandait d'aimer. Pour former ton âme et changer ton coeur endurci, tu seras à ton tour, une de ces malheureuses fillettes jusqu'à ce que la volonté de Dieu s'accomplisse. L'ange disparut, laissant sur son passage un sillon doré.

Tremblante, Cécile constata avec effroi, un changement de toute sa personne. Ses jolis habits avaient fait place à une robe sordide et rapiécée ; ses beaux cheveux blonds s'étalaient lamentablement sur ses épaules découvertes. Sa chaussure trop grande et transpercée, laissait voir la chair meurtrie de ses pieds. Elle avait froid, elle avait faim. Une personne élégante passa près d'elle. En pleurant, elle demanda son chemin, mais à son tour, elle fut réprimée durement. Elle récoltait ce qu'elle avait semé. Trébuchante, elle ouvrit une porte. Derrière cette porte, une cour humide d'où partait un escalier branlant. D'une croisée délabrée, une femme l'interpella avec colère :

- Allons, décampe, paresseuse! Crois-tu que je veux M'éreinter à nourrir une fainéante qui ne rapporte rien, J'ai déjà bien assez de ton frère malade... Et la porte se referma brusquement sur elle.

Sa mère ! était-ce bien sa mère, cette femme brutale ! Etait-ce bien son doux chez-elle, ce taudis infect ou montaient des relents de vice, d'alcool et de misère ?

Lasse, meurtrie, Cécile s'en retourna. Mais chaque fois qu'elle voulut tendre la main, elle fut repoussée avec mépris. Elle connaissait à son tour, les affres de la pauvreté. Enfin, lasse, toujours plus lasse, prête à mourir, elle tomba inanimée à la porte d'une grande église.

Ce choc l'ébranla. Ouvrant ses paupières alanguies, elle se retrouva... dans son lit. Auprès d'elle, sa mère anxieuse, la veillait avec amour. Ce sommeil agité avait duré deux jours ; le docteur était venu sans que l'enfant s'en fut aperçue.

- Ma chérie est-elle mieux ?

A cette voix connue et si douce, Cécile entourant de ses bras le cou maternel, pleura longuement en racontant son odyssée.

Ce n'était qu'un rêve! Mais un rêve envoyé par Dieu et qui porterait ses fruits pour l'éternité. Car dès ce jour, la fillette fut :transformée. Elle devint le soleil de son foyer, la servante des humbles et la soeur aînée de nombreux orphelins. Sa maladie était bien à la gloire de Dieu !

R. C.


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A l'ombre des figuiers, des sycomores et des palmiers.

(Luc 13 : 6-9. Amos 7 : 14. Ps. 92: 13-15).

 

Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier : Pourquoi occupe-t-il la terre inutilement. (Luc 13 : 7).

Elles sont multiples les voix de la nature. Après les prophètes, après le psalmiste Jésus a interprété ce langage.

Ecoutez d'abord le psalmiste : « Les justes croîtront comme le palmier ; ils s'élèveront comme les cèdres du Liban plantés dans la maison de l'Eternel, dans les parvis de notre Dieu, ils se couvriront de fleurs, ils porteront encore des fruits dans la blanche vieillesse. » (Ps. 92 :13-14).

Quelle belle image : le juste, semblable à un arbre vigoureux et beau, à un palmier qui donne son fruit. Le cèdre majestueux évoque tout naturellement l'idée de puissance et de majesté. Tels sont, tels doivent être les enfants de Dieu.

Tels devraient être les enfants de Dieu, et ils ne le sont pas toujours. Ecoutons la parabole que Jésus tire du figuier stérile : « Un propriétaire possédait dans une vigne un figuier. Plusieurs années durant, il y vient chercher du fruit, mais il n'en trouva pas encore, bien qu'à l'ordinaire, cet arbre produise en Orient jusqu'à quatre ou cinq récoltes. A la fin, lassé, il décide d'arracher l'arbre stérile, mais le vigneron sollicite une année d'essai pour le figuier ; peut-être, une fois fumé, portera-t-il du fruit. Sinon, il le coupera. »

Ainsi en est-il de chaque individu. Aucun homme n'a été appelé, par Dieu, à la vie, pour vivre en parasite. Nul de nous ne se peut soustraire à l'obligation de porter du fruit. Le figuier de la parabole ne produit rien ? Et nous, produisons-nous quelque chose? La peine du vigneron, le Sauveur, est-elle vaine, sera-t-elle vaine ? Occuperons-nous la terre inutilement ? La volonté de notre Père, de Dieu, c'est que nous portions beaucoup de fruits. Fruits de l'Esprit: patience, droiture, justice, humilité, sainteté.

Veillons à ce que les hommes, en voyant nos oeuvres, et nos vies, n'aient comme la vision d'un figuier stérile, qui occupe la terre inutilement ; qui n'est bon qu'à être coupé et jeté au feu. Il y a en tout homme des possibilités de fructifier pour Dieu ; mais pour cela, il faut laisser le divin vigneron labourer nos âmes, travailler nos coeurs. Il faut docilement nous prêter à ce grand oeuvre de défrichement du coeur, nécessaire pour parvenir à l'image du cèdre grand et vigoureux, disait le psalmiste, à l'image du Christ, dit saint Paul.

 


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J'ai oublié !

 

As-tu acheté du sucre en revenant de classe comme je te l'avais demandé, Violette ?

- Oh ! maman, j'ai oublié!

Mme Verier s'attendait sans doute à cette réponse, car elle parut plus mécontente que surprise.

- Je me demande quand tu te corrigeras enfin de ton étourderie? dit-elle en soupirant.

Violette, confuse, baissa le nez. Mais l'instant d'après, elle avait oublié jusqu'au reproche de sa mère en courant à perdre haleine dans les allées du jardin avec Rollo, son épagneul.

Tous les jours c'était la même histoire : Violette n'avait pas fait ceci, Violette n'avait pas fait cela ; et chaque fois l'éternelle excuse revenait sur les lèvres de la petite fille : « J'ai oublié 1 »

C'était vrai, d'ailleurs. Violette n'était ni méchante, ni désobéissante, elle était seulement étourdie. Et vous n'imaginez pas les ennuis de toutes sortes que cette insouciance lui attirait et attirait à son entourage.

Malgré tous ces ennuis, je crois bien que la petite fille était tentée de considérer l'étourderie comme un léger défaut dont il ne vaut pas la peine de se corriger. Mais Mme Verier n'était pas de cet avis et souvent elle répétait à sa fille le vieux dicton bien connu :

« Lé mal est causé autant par le manque de pensée que par le manque de coeur ».

Violette écoutait plus ou moins les reproches de sa mère, promettait d'avoir plus de mémoire à l'avenir, et... continuait à commettre oubli sur oubli.

Mais un jour, elle fut bien cruellement punie de son étourderie,

Elle avait un joli petit canari qu'elle aimait énormément ; il était si bien apprivoisé qu'il venait manger sans crainte dans sa main et restait de longs moments perché sur son épaule ou niché sur ses genoux. Violette l'avait appelé Tireli. Souvent elle laissait la porte de la cage ouverte et Tireli voletait librement dans la chambre, sautillait sur les meubles, se posait ici ou là et manifestait son contentement par de petits cris joyeux. Puis, il se laissait réintégrer docilement dans sa cage.

Un oiseau ne suffisait pas à Violette. Elle supplia ses parents de lui donner un petit chat. M. et Mme Verier eurent beau la prévenir des dangers que la présence d'un chat faisait encourir à son canari, la fillette S'entêtait dans son désir, promettant de ne jamais, jamais laisser le chat entrer dans sa chambre lorsque Tireli serait en liberté ou que la cage serait posée sur la table. Enfin, ses parents cédèrent à ses instances et la fillette eut son chat.

Les premiers jours, tout alla bien. Violette, fidèle à sa promesse, veillait soigneusement à ne pas laisser Minet pénétrer dans sa chambre. Mais un matin, en allant jouer au jardin avec Rollo, elle oublia de fermer la porte de sa chambre ; elle oublia même qu'elle avait laissé Tireli en liberté.

Lorsqu'elle rentra une demi-heure plus tard, toute animée par ses jeux avec Rollo, elle rencontra à la porte son petit frère Claude, le visage bouleversé.

- Oh ! Violette, regarde ! dit-il. Et il avança ses deux mains, aux creux desquelles gisait le corps sans vie du Petit Tireli. Quelques plumes arrachées et quelques gouttes de sang indiquaient de quelle façon cruelle il avait trouvé la mort.

- Je suis entré dans ta chambre pour te chercher, continua Claude, et j'ai attrapé Minet au moment où il venait de saisir Tireli entre ses dents. Oh ! Violette, pourquoi avais-tu laissé la porte ouverte ?

« J'ai oublié », allait dire Violette. Mais les mots moururent sur ses lèvres. A la vue du petit oiseau aux plumes dorées qui, par sa faute, avait subi une mort si cruelle, elle sentit le remords lui étreindre le coeur. Avec une humilité inaccoutumée, elle écouta les reproches attristés de ses parents. Mais ni ses larmes, ni ses remords ne pouvaient rendre la vie au pauvre Tireli, et je crains bien que Violette aurait fini par oublier même son chagrin et le sort de son oiseau, sans l'idée de M. Verier. Il prit le corps de Tireli et l'emporta sans mot dire. Une semaine plus tard, on pouvait voir sur la cheminée du salon le corps empaillé du petit canari. A son cou, il portait un écriteau sur lequel étaient imprimés les mots suivants :

« L'étourderie de Violette a causé ma mort. »

Ce fui une véritable épreuve pour la pauvre Violette d'avoir ainsi sans cesse sous les yeux le corps de sa petite victime, et d'entendre les questions des visiteurs étonnés et le récit souvent répété de son insouciance. Je ne peux pas dire que cette épreuve suffit à la guérir de son défaut, car on ne peut arriver à un tel résultat qu'après un combat persévérant et avec le secours du Seigneur Jésus ; mais du moins ce rappel constant de son étourderie aida beaucoup la fillette dans les efforts qu'elle fit désormais pour se corriger.

M. Allégret.


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A travers les moissons.

(Ruth 2 : 15-20. Dent. 24 : 19. Lév. 23 : 22. Matth. 13 : 1-9. Marc 4 : 26-29).

Celui qui sème, avec avarice, récoltera peu ; celui qui sème avec largesse, récoltera aussi avec largesse. Que chacun donne ce qu'il a décidé en son coeur de donner, sans chagrin. Dieu aime celui qui donne joyeusement. (II Cor. 9 : 6-7).

Elle est bien ancienne la coutume qui veut qu'on laisse sur le champ moissonné des épis pour les glaneuses. Dans les périodes de disette, pendant la dernière guerre, la coutume s'était établie de ramasser le blé à la brassée, mais sans passer ensuite le « râteau » sur le champ, de manière à ce que les indigents, fissent une « glane » fructueuse. Le Lévitique et le Deutéronome en font une obligation pour les Israélites: « Quand tu feras la moisson dans ton pays, tu ne moissonneras pas jusqu'à la limite extrême de ton champ, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner de ta moisson, vous les laisserez pour le pauvre et pour l'étranger ». (Lév. 23 : 22).

Quelle parabole admirable, la vue d'un champ de blé suggère au Sauveur:

« Un semeur sortit pour semer »... Par le geste classique, il répand abondamment de la bonne semence. Mais voici, la surface que couvre le geste de sa main, n'est pas partout d'égale qualité : une partie tombe le long du chemin, les oiseaux la mangent. Une autre partie tombe en terre rocailleuse. Elle lève rapidement, mais faute d'une terre profonde, elle se dessèche sous les premiers rayons du soleil. Une autre partie tombe dans les ronces. Les épines l'étouffent. Une autre partie enfin tombe dans la bonne terre, elle germe lentement, elle pousse des racines, capables de s'assimiler l'humus nourricier. Elle pousse de l'herbe, puis des épis, la moisson est mûre, un grain en rapporte cent, un autre soixante, un autre trente.

Quelle terre offrons-nous au grain du semeur ? Quel coeur apportons-nous à Dieu ? Un coeur endurci, inattentif, tout rempli de préoccupations personnelles et égoïstes. Un coeur changeant et distrait ? qui ne prend point soin de la semence ?

Offrons, au contraire, au divin semeur, une bonne terre, un coeur bien disposé ; « un coeur honnête et bon ». (Luc.).

Mais l'homme est aussi parfois le semeur. (Marc 4 : 26-29). Il jette en terre la semence, et, ô mystère de la nature ! merveille du Créateur ! la vie se communique, qu'il dorme ou qu'il veille, le germe croit. Le semeur ignore la cause, mais il voit le fruit. Cette semence, c'est la Parole de Dieu qui germe dans l'âme humaine. Accord mystérieux de la terre et du grain, accord mystérieux de l'âme et de la parole divine qui accomplit le travail miraculeux (le mot n'est pas trop fort,) de régénération et de sanctification de l'homme pêcheur.


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La fourmi.

 

Va vers la fourmi, paresseux, considère ses voies et deviens sage. (Prov. VI. 6).

La fourmi, quoique petite, a été remarquée de tout temps. Les Egyptiens en avaient fait le symbole de l'intelligence et de la prévoyance. Encore aujourd'hui, dans certaines contrées de l'Arabie, on place une fourmi dans la main d'un nouveau-né, afin que les qualités précieuses de l'animal passent dans la jeune âme de l'enfant.

L'avez-vous aussi observée ? Une chose me frappe souvent : c'est de voir combien peu les enfants remarquent ce qui se passe autour d'eux. Comme ils sont loin de ce grand mathématicien qui, durant ses vacances, s'en allait le matin dans la campagne, s'attachait à suivre les pas d'une petite fourmi et l'accompagnait durant toute la journée ! Quelle joie lorsque, le soir, affamé, il rentrait après avoir appris quelque chose de neuf sur le petit insecte. Il était transporté autant que s'il avait trouvé la solution du problème le plus difficile.

Examinez les fourmis. Vous me direz que vous préférez les abeilles à cause du miel qu'elles nous fournissent, tandis que les fourmis mangent notre sucre, nos confitures et se noient dans nos sirops, ce qui est très désagréable. Je vous l'accorde, mais cela n'empêche pas ces petits animaux d'être les plus intelligents des insectes.

Vous savez qu'en été chaque fourmilière renferme un certain nombre de fourmis ailées et à côté d'elles tout un peuple d'autres fourmis sans ailes et que nous appelons des ouvrières. C'est à elles qu'incombe le travail de la maison et du dehors. A elles de nourrir les petits, en leur ingurgitant de petites gouttelettes liquides, de les transporter dans les étages profonds de la fourmilière quand il fait trop chaud à la surface, ou de les ramener aux étages supérieurs quand les caves sont inondées ; à elles de procurer les aliments, d'emplir les magasins, de défendre l'habitation contre les entreprises de l'ennemi.

Ce sont elles aussi qui s'en vont, en colonnes serrées, chercher les larves d'autres espèces qui fourniront plus tard des esclaves qu'on obligera à travailler, comme autrefois, en Amérique, les blancs forçaient les noirs à travailler pour eux.

Quand elles sortent de leur habitat pour se procurer des vivres, elles observent un ordre bien surprenant : celles qui ne sont pas chargées se retirent du chemin et cèdent le pas à celles qui marchent avec un fardeau.

Si l'une d'elles succombe sous la charge, ses camarades tâchent de la relever et prennent une partie ou la totalité du poids qui l'écrase. Est-elle blessée ? Ses compagnes s'empressent de l'aider à regagner le logis et l'y transportent même en cas de besoin.

Je vous ai dit qu'elles ont des esclaves ; mieux que cela, elles ont des animaux domestiques, tout comme l'agriculteur a son bétail à l'étable ou à l'écurie. Ce sont des pucerons que la fourmi exploite en les caressant jusqu'à ce qu'ils laissent échapper une goutte d'un liquide sucré qu'elle boit avec avidité. Certains de ces pucerons vivent sur des arbres, d'autres sur les racines. Ces derniers sont réunis dans le nid des fourmis et surveillés avec soin.

Il n'y a pas de difficulté, de peine, de distance qui arrête la fourmi dans la recherche de sa nourriture. A Berne, dans la cave d'une pharmacie, se trouvait un énorme vase de sirop. Depuis des années, les fourmis venaient s'y régaler. Un jour, on fut curieux de suivre leur chemin. Il ne mesurait pas moins de 600 mètres, traversait la rue principale de la ville, franchissait un ruisseau, descendait le mur d'une terrasse de 40 mètres de hauteur et arrivait enfin à la fourmilière établie dans les fondements de la muraille.

Je ne veux pas vous parler des petits tunnels qu'elles établissent sur les chemins trop exposés au soleil pour y circuler à l'ombre.

Lorsque vous aurez quelques heures disponibles pendant vos vacances, essayez de chercher à connaître la vie des petits êtres qui vous entourent. Votre temps ne sera pas perdu. Vous aurez meublé votre intelligence, appris à vous intéresser à ce qui se passe là, sous vos yeux, et qui sait ? à prendre comme modèle, ainsi que la Bible vous y invite, le petit insecte auquel vous étiez resté indifférent.

Comme la fourmi, direz-vous, je veux que mes journées soient remplies d'un travail utile non seulement à moi, mais aussi à ceux qui m'entourent.

Comme elle, je veux être secourable aux faibles, compatissant pour les malheureux, serviable et plein d'égards pour tous ceux que je rencontrerai sur mon chemin.

Je veux enfin, de plus qu'elle, admirer la sagesse de Dieu qui a fait, avec la même perfection, l'insecte qui disparaît sous un,brin d'herbe, et l'homme dont l'intelligence, infiniment élevée au-dessus de celle de l'animal, lui permet de reconnaître et d'adorer le Créateur.

C. L.


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Fourmis, lézards et sauterelles d'Orient.

(Prov. 6 : 6 ; 30 : 25, 27, 28. 1. Thess. 2 -.9 Lue. 12 .16-21).

 

Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous. (I Jean 1 : 8).

Le lézard, qu'on peut prendre avec les mains, et qui pénètre dans le palais des rois. (Prov. 30 : 28).

L'exemple vient souvent d'un plus petit que soi. C'est ce que l'auteur des Proverbes veut nous montrer, en nous renvoyant aux fourmis, aux sauterelles et aux lézards. Un homme qui s'y connaît comme peu, dans le monde des insectes, a déclaré qu'en somme la vie des abeilles, déjà si admirable par son organisation et son économie, est bien inférieure à la vie des fourmis. Il est allé jusqu'à déclarer que la vie des fourmis, par son organisation et sa politique, est celle qui se rapproche le plus de l'organisation humaine : hiérarchie, administration, prévoyance, tout y est. Il suffit pour s'en convaincre, de prendre, la peine de s'installer pendant une heure ou deux, devant une fourmilière, et d'observer. Essayez, cela en vaut .la peine.

«Paresseux, disent les Proverbes, va vers la fourmi, observe sa conduite et deviens sage».

La vie des fourmis est merveilleuse et c'est à nous en humilier. Ordre, prévoyance, travail : telles sont les principales leçons que nous donnent les fourmis, « peuple faible, qui prépare sa nourriture pendant l'été ».

Mais voici, tout n'est pas là. « La vie n'est-elle pas plus que la nourriture »...

Il n'est pas rare d'entendre souvent la déclaration aussi fausse que banale : « Quand on la santé et l'aisance, c'est l'essentiel. » Comment donc, sont-ce les « champions » de l'ordre physique, les dépositaires des plus grandes fortunes qui ont influencé la marche du monde ? Que faites-vous d'un saint Paul plein d'infirmités physiques, d'un Calvin, maladif, d'un Pascal mort à 39 ans, d'un Jésus ! Ce n'est ni la force matérielle, ni l'argent qui conduisent le monde sur des sommets plus purs et plus heureux, mais la puissance de l'esprit, et surtout de l'Esprit de Jésus.

Méditez la parabole de l'homme riche : Jésus nous présente un homme, qui ne sait plus que faire de sa récolte. Il ne sait plus où la serrer, tant elle est abondante. Alors, il décide de bâtir d'immenses greniers, et d'y amasser toutes ses richesses. L'ouvrage terminé, il se dit : e Mon âme réjouis-toi, mange et bois, plus de soucis, plus de peines. La réserve est inépuisable ». Mais voici, Dieu, qui voit plus loin que la vie présente lui dit : « Insensé, cette nuit même, toi) âme te sera redemandée et pour qui seront ces biens ? »

« Ainsi en est-il de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche en Dieu ». La fourmi ! insecte admirable, mais la fin de tout son art, c'est la mort. La fin de la vie humaine, c'est la vie éternelle ! il vaut la peine d'y travailler !


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Qui aura le prix?

 

Allons, mes enfants, ne restez donc pas là comme des âmes en peine ou des bûches maussades, parce que vous avez la déception d'une course manquée ! Il faut savoir prendre bravement son parti des choses et chercher une autre manière de passer l'après-midi, voilà tout. Moi je propose un jeu... un concours, voulez-vous ?

Les petites figures longues se détendirent subitement : le moyen de bouder longtemps quand Tantine était là !

- Hourra pour Tantine! Quel concours ? Moi j'en suis ! moi aussi !

- Ne criez pas tous à la fois ! Voici: des bals d'eau, tout pleins jusqu'au bord, à porter soigneusement, délicatement, jusqu'au pavillon du jardin, en passant par le grand escalier et la cour pavée. sans un répandre en chemin.

Rien que çà ! fit Gaston dédaigneux.

Rien que çà. Tu verras que ce n'est pas si facile que tu crois. Chacun son bol... en route, marche !

- C'est moi qui serai le premier, reprit le jeune garçon ; je sais bien comme on y va le plus sûrement : à grands pas, sans avoir peur !

Mais, au premier contour, il ne vit pas une racine en travers du chemin et aspergea d'eau tout le devant de son habit.

- Maladroit ! dit Gertrude qui suivait prudemment. Si tu avais mieux regardé...

A cet instant un bruit de pas dans la cour lui fit tourner la tête et :la secousse fit choir quelques gouttes du liquide. Elle se mordit les lèvres et une larme de dépit monta à ses paupières.

André, lui, venait pas à pas, marche après marche ; après tout. en étant très prudent ce n'était pas si difficile que cela. Il suffisait de garder savamment l'équilibre, même en activant un peu la marche, car avec ce train de tortue il n'arriverait jamais... Et le long de l'allée, il pressa un peu le pas, un peu seulement, mais juste assez pour oublier qu'il y avait une planche à l'entrée du jardin et s'y achopper brusquement.

Quant à Jeannette, elle arrivait la dernière, tout en arrière, lentement, posément, toute son attention fixée sur le bol. Tantine attendait déjà au pavillon.

- Bravo, Jeannette, c'est toi qui as gagné

Rougissante, la fillette posa son bol sur la table. Mais elle semblait mal à l'aise, préoccupée. Tout à coup ses larmes jaillirent et elle s'écria :

- Non, Tantine, ce n'est pas vrai, je n'ai pas tout à fait gagné. Il est tombé une goutte d'eau sur ma main, là-bas, vers l'escalier, et... et je l'ai léchée...

,Les autres se mirent à rire, mais Tantine, sérieuse, les arrêta d'un geste :

- C'est bien, Jeannette. Tu as bien fait de me le dire, péché avoué est à demi pardonné. Je vois que tu n'as pas voulu me tromper jusqu'au bout et que tu as résisté à la tentation de le laisser porter gagnante. Donc personne n'est vainqueur, c'est dommage ! Ce sera pour une autre fois. Pour aujourd'hui asseyez-vous là, je m'en vais vous dire un petit récit qui m'est revenu à la mémoire en vous voyant porter vos bols, une petite histoire, ou plutôt une allégorie que j'avais lue étant fillette et qui m'était restée. Viens près de moi, Jeannette, et donne-moi la main...

« Sur une route rocailleuse, conduisant au sommet de la colline sur laquelle on voyait un magnifique château, se pressait toute une troupe d'enfants, curieux cortège, en vérité, car chacun d'eux avançait en portant un grand vase d'albâtre. Ils avaient tous l'air de se diriger vers le beau château. C'est que, au milieu de leur jeu, au pied de la colline, un étranger était venu qui leur avait proposé de transporter ces vases bien soigneusement à l'endroit indiqué. Las de jouer, ils avaient accepté, flairant une récompense.

Mais le chemin était long, caillouteux. Quelques-uns d'entre eux. pour aller plus vite, ne s'inquiétèrent pas des pierres qui roulaient et se mirent à courir... Les vases tombèrent et se brisèrent.

- Tant pis ! dirent-ils. Retournons jouer, ce sera plus intéressant.

Les autres continuèrent leur route avec ardeur jusqu'à une rivière magnifique, et les plus las s'arrêtèrent un instant sur le pont et posèrent leurs vases à côté d'eux : comme c'était amusant de regarder les ronds qui se formaient dans l'eau lorsqu'on y jetait une pierre, ou les poissons qui se sauvaient effrayés ! Ils s'y oublièrent tant et si bien que le temps passa et que, hélas 1 plusieurs vases furent brisés en jouant.

- Tant pis ! dirent-ils également. Nous avons bien assez couru déjà pour un étranger auquel nous ne devons rien. Retournons !

Le reste de la troupe avançait toujours. Mais voici qu'une querelle éclata et que dans le conflit ides vases tombèrent et se brisèrent aussi...

Deux enfants seulement persévéraient jusqu'au bout. A quelques pas du but, ils s'arrêtèrent et examinèrent leurs vases. Horreur ! chacun d'eux, malgré toutes leurs précautions, avait une petite fente !

C'est si peu, pensèrent-ils, qu'on ne le verra pas.

A l'entrée du beau jardin du château, l'étranger se trouva tout à coup devant eux :

- Eh ! bien, mes enfants, comment cela va-t-il ?

- Très bien, monsieur, se hâta de dire le plus grand, voyez, nous avons bien apporté vos vases !

Mais l'autre, les yeux baissés, n'osait rien dire, car il savait bien que le sien était fendu...

L'étranger ne fit pas de remarque. Mais au bout d'un instant, il reprit :

- Mes amis, je vois que vous avez quelque chose qui vous tourmente, ne voulez-vous pas me le dire ? J'ai encore d'autres beaux vases, plus beaux que ceux-ci, les voulez-vous ?

- Non, merci, dit l'enfant qui avait déjà parlé, je préfère garder le mien.

Mais l'autre s'écria

- Oh ! Monsieur, mon vase est fendu, j'en suis fâché! M'en donneriez-vous vraiment un autre à sa place ?

Il le reçut avec un sourire, se débarrassa du vase inutile et repartit tout joyeux pour rattraper son compagnon.

A la porte du château se tenait un garde sévère. Il devait être au courant, car il prit l'un des vases et l'examina au jour : la fente apparut.

- Retire-toi, dit-il à l'enfant qui le lui avait tendu, il n'y a que les porteurs d'objets sans taches ni fêlures qui puissent entrer ici.

Et il souleva l'autre vase.

- Oh ! s'écria le petit en éclatant en pleurs, ce n'est pas le mien, je ne l'ai pas porté tout du long, c'est un étranger qui me l'a donné par pitié pour remplacer celui que j'avais aussi fendu...

- Entre, dit le gardien. Tu es le bienvenu, le maître t'attend ! »

Tantine s'arrêta, personne ne disait rien.

- Qui peut m'expliquer le sens de l'histoire ? demanda-t-elle.

- Je crois que je le sais, fit Jeannette pensive. L'étranger, c'est sûrement Jésus qui peut changer les coeurs gâtés par les mauvaises pensées, quand on lui demande pardon...

- Très bien. Cette fois, c'est Jeannette qui a gagné

L. M.


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Plantes de Judée : Genêts et ricins, hysopes et roseaux.

(Il Rois : 19 : 4. Jonas 4. 1 Rois 4 : 33. Joli. 8 : 11-17. Matth. 12 : 20).

 

Voici mon serviteur que j'ai élu, mon bien aimé en qui j'ai mis toute mon affection. Il ne brisera pas tout à fait le roseau froissé, et il n'éteindra pas le lumignon qui fume à peine. (Matth. 12 : 18-20).

La flore palestinienne est tout à fait unique par sa richesse et sa variété. La vallée du Jourdain, sise au-dessous du niveau de la mer, offre le spectacle d'une forêt tropicale. Les fleurs sont splendides, mais durent peu : nous pensons à la parole du prophète : « l'herbe sèche, la fleur tombe

Il est curieux de noter le rôle qu'on joué dans la vie des hommes, les arbres et les plantes que Dieu a créés : tantôt ils s'en sont faits des dieux, des idoles, tantôt ils les ont cru animés d'esprits malfaisants. Tels s'associent aussi à des scènes bibliques. Le ricin, à l'ombre duquel Jonas irrité se reposait, est une plante qui pouvait atteindre jusqu'à dix mètres. L'hysope était censé posséder une vertu purificatrice.

Le roseau, bien commun chez nous, est aussi en Palestine la plante des marais.

Il est, lui, un symbole de fragilité. Les écrivains sacrés le nomment et comparent sa destinée à l'homme qui n'a pas la crainte de Dieu.

Le roseau pousse dru et serré dans les marais, mais dès que les éléments nourriciers lui font défaut, il sèche, même avant les autres herbes. Telle est, suivant le récit biblique du discours de Bildad à Job, la destinée de l'homme dont les racines ne sont pas en Dieu. « L'espérance de l'impie sera détruite ».

Pascal, méditant sur la nature de l'homme écrit: » L'homme est un roseau, le plus faible de la nature... »

Jésus enfin s'applique la parole du prophète Il ne brisera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas le lumignon fumant ».

L'homme est un faible roseau, souvent froissé ; il faudrait bien peu pour le détruire complètement ; et voici, le fils de Dieu, Jésus, prend pitié de cette faiblesse. Il triomphera même dans cette faiblesse, si elle se laisse investir complètement de Sa force. Cette faiblesse, il l'affermira, il la fera servir à sa gloire, parce que pour lui, rien n'est trop petit, rien n'est méprisable, Il ravivera la flamme du lumignon presqu'éteint.

Quel autre que Dieu anime le coeur des hommes de telles promesses, de tels espoirs. N'est-ce pas cette pensée qu'exprime sous une autre forme, un de nos cantiques aimés :

« Nul enfant n'est trop petit pour la route étroite »...

La volonté de notre Père céleste, c'est que tous lui rendent gloire, petits et grands.


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La braise ardente.

 

Dans le foyer, plus rien ne reste du feu d'hier soir, qu'un tas de cendres grises et tièdes. En fouillant ces cendres, j'y retrouve une petite braise encore allumée ; elle se consume lentement sans qu'on la voie. Elle est si petite qu'elle va s'éteindre bientôt, gagnée par le froid de tout ce qui l'entoure.

Je me prends de pitié pour cette pauvre braise qui brûle quand même. J'y vois, je ne sais pourquoi, un passage de ma destinée, un oracle qui me concerne. Dieu ! que je voudrais, non pas prolonger son existence et sa flamme, mais la rendre utile !

Avec soin, je l'isole du reste, je repousse la cendre froide, j'approche quelques bûches solides ; non pas des éclats de bois ni des fétus de paille, ni du papier léger qui s'enflammeraient trop facilement,

Pour qu'il y ait épreuve, il faut qu'il y ait assez de chances contraires, et seulement un peu d'espoir... Puis je souffle avec persévérance, justement parce qu'il n'y a que peu d'espoir.

A la fin les bûches s'échauffent pendant que la petite braise, abandonnant sa substance, s'exténue de plus en plus. Elle n'est qu'un point brillant, mais autour d'elle d'autres points brillants apparaissent, et bientôt sur le bois ce sont de petites lueurs qui commencent à courir. Soudain voici une flamme qui s'élève, s'allonge, va et revient sur les morceaux de bois. Elle éclaire mon visage et se reflète dans le miroir qui fait face au foyer. La petite braise qui vivait encore il y a un instant a disparu au milieu de la flamme qu'elle a allumée, elle est monté, elle tombe en poussière. Cendre, elle se mêle aux cendres.

Elle a réussi, elle a rallumé le foyer, Dieu soit loué !


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Pauvre ou riche (Tolstoï).

 

Un jeune homme se plaignait à Dieu et disait :

- Le bon Dieu envoie aux autres les richesses, mais à moi, il n'a rien donné. Comment débuter dans la vie avec rien

Un vieillard lui dit :

- Es-tu si pauvre que tu dis ? Dieu ne t'a-t-il pas donné jeunesse et santé ?

- Je ne dis pas. Je puis être fier de ma force.

Le vieillard lui prit alors la main droite et lui dit

- Voudrais-tu te la laisser couper pour 1000 roubles

- Certes, non !

- Et les jambes ?

- Pas davantage.

- Et si l'on t'offrait 10.000 roubles pour devenir aveugle ?

- Que Dieu m'en garde ! Je ne donnerais pas un de mes yeux pour une fortune.

- De quoi te plains-tu donc ? dit alors le vieillard, ne vois-tu pas que Dieu t'a donné une fortune. Va et sois désormais reconnaissant.


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Sur les hauteurs de Palestine.

Deut. 32: 49-52. Ps. 89 : 13. Matth. 26: 30 ; 27. 33. Ps. 14.

 

Je lève mes yeux vers les montagnes: d'où me viendra le secours? Mon secours viendra de l'Eternel qui a fait les cieux et la terre. (Ps. 121 :1-2).

Au sein de la Création, les montagnes jouent un rôle de premier plan, dans l'histoire de la révélation de Dieu. Il n'y a pas un nom de montagne de la Palestine, qui n'évoque dans nos esprits, une scène grandiose ou humiliante, où Dieu ait parlé à l'homme, où une action se soit déroulée entre un homme et Dieu, comme dans un corps à corps.

Les plus grands événements de l'histoire religieuse de notre humanité sont étroitement associés aux montagnes et aux collines de la Terre Sainte. L'on comprend fort bien dès lors, que le psalmiste, et les prophètes aient été souvent inspirés dans leurs discours par la contemplation des montagnes, et que les regards de leur âme se soient tout naturellement portés vers ces sommets où Dieu, dans la, solitude leur a parlé.

C'est sur le Mont Nébo, près de Jéricho, que Dieu donne à Moïse, pour son peuple le pays de Canaan. Il contemple du haut de cette colline, le pays de la promesse, au seuil duquel il a conduit le peuple élu, mais que lui-même n'habitera pas.

Mais, il y a plus que le mont Sinaï, il y a plus que le mont Nébo, il y a plus que le mont Horeb, il y a le Mont des Oliviers C'est là que Jésus livre la grande lutte de son âme, avant le sacrifice suprême. Devant lui se dresse déjà la croix d'infamie, sur laquelle la méchanceté humaine va le clouer. Il entend au loin le bruit des bâtons, le cliquetis des épées de cette foule stupide et aveugle qui prend les mêmes précautions à s'emparer de lui que s'il s'agissait d'un brigand. Et c'est sur le Mont des Oliviers qu'il accepte de boire la « coupe d'amertume ».

Enfin, c'est Golgotha (le crâne), c'est là que se réalise, sous une forme qui nous étonne tout d'abord, la grande promesse de Dieu au monde. C'est là que Dieu donne à l'humanité, son fils, véritablement. C'est là qu'il meurt d'une mort qui nous sauve. Trois croix se dressent sur le Calvaire. Il y en a deux dont on ne parle plus : celle des brigands. La troisième continue de couvrir de son ombre notre humanité, elle continue de la sauver, De cet instrument de mort fabriqué par les hommes, Dieu fait un moyen de vie éternelle, sur la montagne du Calvaire.

« D'où rue viendra le secours ? »

« De l'Eternel qui a créé les cieux et la terre... et qui nous a sauvés par Jésus Christ notre Seigneur ».