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Faites aux autres.

 

Quelques fillettes jouent à la poupée sur une pelouse, devant une maison en miniature où elles viennent de prendre leur repas, et se sont royalement amusées. C'est le jour de naissance de Juliette, l'une d'elles, qui a reçu de sa grand'mère une magnifique poupée aux longues boucles blondes, aux grands yeux bleus émerveillés. Juliette ne se lasse pas d'habiller et de déshabiller sa nouvelle fille, et de faire Admirer à ses compagnes la petite chemise brodée, la jolie robe rosie, et le bonnet garni d'une fine dentelle. La poupée a fermé les yeux, elle s'endort dans les bras de Juliette qui la berce en chantant.

La porte du jardin s'ouvre avec fracas, cinq ou six garçons font irruption sur la pelouse, ayant à leur tête, Raymond, Raymond le Terrible - comme l'on surnommé ses camarades.

- Ah ! voilà nos belles demoiselles qui jouent à la poupée

Voyez donc ces princesses 1 s'écrie Raymond en apercevant les fillettes. - Je parie, Miss Juliette, que ta maman, ma respectable tante, t'a fait un beau gâteau pour ta fête, et que tu n'as pas même eu l'idée de m'en garder un morceau ! Fi ! que c'est vilain !

Raymond se précipite dans la maisonnette, en ressort presqu'aussitôt.

- Pas une miette messieurs, déclame-t-il d'un air tragique, elles ont tout dévoré il ne nous reste qu'à mourir de faim !

Quelques-unes des petites filles se mettent à rire avec les garçons, mais Juliette a le coeur tendre, elle regarde son cousin avec consternation :

- Oh ! Raymond ! si seulement j'avais su que tu viendrais ! mais le gâteau n'était pas très grand... et nous avons tout mangé. il y a déjà longtemps !

Les yeux de Raymond brillent de malice. Il se plante devant Juliette :

- L'accusée reconnaît son crime, messieurs; dit-il d'une voix. solennelle, elle mérite une punition exemplaire.

Il empoigne la belle poupée par les pieds et la fait tournoyer au-dessus de sa tête.

- Ma poupée ! ma poupée ! crie Juliette terrifiée, tu vas la tuer, Raymond !

- La tuer, mais elle est déjà morte, déclare-t-il, je vais aller jeter son corps dans l'étang et les poissons rouges la dévoreront.

Juliette essaie vainement de rentrer en possession de la pauvre poupée, le malin garçon se sauve aux bruyants applaudissements de ses camarades.

Les fillettes protestent vainement. Raymond tient la poupée par les cheveux et fait mine de se diriger vers l'étang.

Tout à coup, une des fillettes se détache du groupe de ses compagnes, intimidées, c'est Marguerite, la soeur de Raymond. Elle se plante devant lui :

- Tu es un brutal, tout simplement, dit-elle, indignée. Maman nous a dit l'autre jour que tourmenter un être sans défense ou un plus petit que soi, c'est être un brutal ! Tu vois bien que Juliette te prend au sérieux, tu devrais avoir honte !

Raymond se laisse enlever la poupée des mains, tournant sur ses talons, il s'éloigne en sifflant d'un air dégagé, mais pas de très bon coeur.

Juliette est rentrée en possession de son cher trésor. Au milieu de ses sanglots, elle est obligée de constater - que la poupée n'a aucun mal.

Raymond rentre à la maison. Tout doucement, il ouvre la porte du salon et la referme avec soin. Couchée sur sa chaise-longue près de la fenêtre ouverte, sa pauvre maman, toujours malade, tourne vers lui son doux visage et l'attire près d'elle.

- Eh, bien ! mon garçon, t'es-tu bien amusé avec tes camarades. Voilà une longue journée de vacances presque finie, j'espère qu'elle ne le laisse que de beaux souvenirs ? J'ai cru entendre pleurer une des fillettes, Raymond ?

Le garçon baisse les yeux :

- Marguerite m'a dit que j'étais un brutal, dit-il d'un ton bourru, ces filles sont des mijaurées, elles pleurent avant même qu'on les touche !

- Ce n'est pas 'Marguerite qui pleurait, reprend la mère, j'ai reconnu la voix de ta petite cousine. Qu'est-il arrivé, mon chéri ?

Raymond se met à rire au souvenir de l'émoi absurde de la fillette :

- Oh ! c'était vraiment très drôle, maman, je me suis sauvé avec sa poupée neuve, un paquet de dentelles et de soie rose ! je l'ai tenue la tête en bas et ai menacé de la jeter à l'eau! Juliette criait comme une poule ! Raymond ! tu vas la tuer ! Tuer une poupée ! Est-ce assez bête 1 C'était très chic de la faire enrager

Et comme sa mère se taisait tout en le regardant gravement :

- Tu sais, reprit-il, je voulais seulement faire rire les autres, je n'ai point fait de mal à cette poupée...

La mère réfléchit un instant, puis brusquement elle changea de sujet de conversation :

- Je viens de recevoir une lettre de ton oncle Philippe, dit-elle, il arrive ici demain, et restera avec nous jusqu'à la fin de tes vacances.

- Oncle Philippe ? Quel dommage que ce ne soit pas oncle Jean, dit Raymond en fronçant les sourcils. Je n'aime pas beaucoup oncle Philippe.

- Il est pourtant très amusant, reprit sa mère, il t'a enseigné à patiner l'hiver dernier, et il raconte des histoires bien intéressantes sur tous ses voyages.

- C'est vrai, mais je ne l'aime pas beaucoup quand même... il me tourmente toujours... rien que pour s'amuser ! Tu te souviens, maman, la dernière fois qu'il est venu, il a caché ma bicyclette tout au fond de la grange, et je l'ai cherchée pendant deux jours entiers ! il a voulu me faire croire que des cambrioleurs l'avaient prise pendant la nuit, parce que j'avais oublié de la rentrer ! Une autre fois... sais-tu encore ? il a prétendu que j'avais volé son couteau, et il m'a pris par les poignets et m'a forcé à m'agenouiller devant lui !... C'est Lin brutal. oncle Philippe !

- Tout comme toi, Raymond! Ton oncle a voulu s'amuser à tes dépens et toi aux dépens de Juliette. Ta soeur avait raison, tu as été un brutal de tourmenter ainsi ta cousine qui prend tout au sérieux et qui est si vite effrayée... Tu n'aimes pas beaucoup ton oncle, tout en reconnaissant qu'il est bon au fond, et je suppose que ce soir Juliette n'a guère d'affection pour tel. Ces plaisanteries cruelles sont indignes d'un garçon intelligent et qui a au fond bon coeur. M'as-tu compris, Raymond ?

Le garçon se pencha pour embrasser sa mère :

- Ecoute, dit-il je crois que je vais aller dire à Juliette que j'ai été un brutal, et que je ne la tourmenterai plus jamais...

Il reprit son bonnet et repartit, en sifflant de bon coeur cette fois: « Faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent!

H. M.


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La mort d'Absalom.

(2 Sam. 18 : 1-13.)

 

La situation du roi David doit être encore affermie. La révolte d'Absalom n'est pas étouffée. David réunit ses troupes, leur donne des chefs de mille et des chefs de cent. L'armée est divisée en trois grands groupes. En prévision des dangers éventuels, le peuple n'accepte pas que David se joigne à la troupe. Le roi consent à rester à « l'arrière » mais l'angoisse du père pour le fils est grande, et l'armée tout entière devra veiller sur cet enfant. « Ayez soin du jeune Absalom » s'écrie David. -Le peuple part en guerre. « A la rencontre d'Israël » des milliers d'hommes périssent... dans cette bataille, le sang coule à flots !

Qu'est devenu Absalom ?... « l'enfant » sur lequel il fallait veiller ? Il s'est enfui sur un mulet! Sa tête se prend dans les branches d'un térébinthe, et il reste ainsi suspendu entre ciel et terre: On rapporte aussitôt le fait à Joab, l'un des chefs de bande, qui s'approche d'Absalom et le transperce de trois javelots, méprisant ainsi les recommandations du roi, et foulant aux pieds la tendresse paternelle de David. Le combat cesse, et chacun rentre dam sa tente. La nouvelle de la victoire, du triomphe d'Israël est portée au roi... mais pour David c'est une nouvelle de mort ! Tremblant, le coeur brisé, il se retire dans une chambre haute, et appelle son fils. « Absalom mon fils ! mon fils, que ne suis-je mort à ta place

Le jour de la victoire se change en jour de deuil.

Tout ce récit de, révolte, de meurtre, de, sang versé, est bien triste et sombre. Période de brutalité. La force brutale triomphe... les ambitions se donnent libre cours, puis s'achèvent dans le deuil. Le péché engendre le péché. Absalom a semé la révolte et il meurt... David a gravement offensé l'Eternel : sa vieillesse est assombrie par le deuil... Que, de sévères leçons pour chacun, de nous !

Comme nous devons veiller, et maintenir le corps et la chair et ses convoitises sous la discipline de l'Esprit ! Au temps de David. c'étaient la force et la violence qui plaçaient un homme au premier plan. De nos jours encore, on ne, parle que de « records » de force, de vitesse, de résistance. Veillons à ne pas retomber dans ce culte. de la. violence.

Et puis, replacés en face de ces tristes événements, combien nous avons besoin d'entendre le beau message de Jésus qui nous parle de charité, d'amour, la seule véritable puissance qui ait été donnée aux hommes.

Comme un père le ferait pour ses enfants, nous vous avons encouragés et exhortés à vivre d'une manière digne de Dieu. (I Thessaloniciens 2 : 11 .)


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Pâris.

Cette tête est un portrait. Ce lion se nomme Pâris ; né en Italie, il a passé à Lausanne en 1924, avec le cirque Krone, et c'est alors qu'un ami l'a dessiné et nous raconta son histoire.

Tout petit, on le confia à un jeune dompteur qui fit avec lui et quelques autres lionceaux ses premières expériences de dressage sous la surveillance d'un maître.

La tâche du dresseur a ceci de commun avec celle des éducateurs des enfants que les caractères y sont également divers, il y en a de bons et de mauvais, de francs, de sournois ; devant eux tous on peut se demander : que deviendra-t-il plus tard ?

Le groupe dont faisait partie Pâris comprenait sa soeur et six autres lionceaux, plus quatre tigres ! Quelle tâche pour celui qui devait les dresser, quelle classe étrange et redoutable !

Pâris ne tarda pas à se distinguer au milieu de ses congénères il était grand, intelligent en toutes choses il avait l'allure d'un chef. S'il avait voulu se montrer méchant dans la mesure de sa force, il eût été redoutable... et voici qu'au contraire il se révéla bientôt le meilleur des petits lions, le plus obéissant. Son maître ne se servait du fouet que comme d'un jouet ou pour plaisanter, pour le reste un geste ou un regard suffisait.

Est-ce à dire qu'il n'y avait jamais de nuage dans le ciel ? Non. De temps en temps, comme un petit garçon, Pâris avait de mauvaises idées en tête, des caprices, il ne faisait pas ce qu'on lui demandait ou bien le faisait mal, peut-être sans savoir pourquoi. Alors il était puni : on le faisait jeûner. La faim ou la gourmandise le ramenaient à la soumission.

Pâris a vieilli mais il est demeuré le même à l'égard de son ami le dompteur. Un beau jour, le cirque ayant été vendu, ils allaient être séparés, quand, heureusement le nouveau propriétaire se décida à conserver le dompteur et ils Continuent ainsi à vivre l'un près de l'autre. L'année passée, Pâris a sauvé la vie de son maître en terrassant un tigre qui se révoltait pendant un exercice.

Obéissant, courageux, fidèle, c'est le certificat que l'on peut donner à Pâris, le lion du cirque.

P. W.


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Salomon demande la sagesse.

(I Rois 3. 1-15.)

 

David avançait en âge et, fatigué d'un règne agité et difficile, il transmet à Salomon son fils le pouvoir royal, en lui disant : « Prends courage ! et sois un homme Obéis fidèlement à la volonté de l'Eternel ton Dieu, en marchant selon ses voies. »

Lia succession de David n'était point facile. De nombreux intrigants entouraient le jeune roi, risquant ainsi d'affaiblir et de menacer son pouvoir. Salomon augmente sa gloire et sa puissance. Il épouse une fille du, roi d'Egypte.

Dans un désir de plaire à son Dieu, il se rend à Gabaon, pour y offrir des holocaustes, et là, dans une vision qui nous fait penser à celle de Jacob aux portes de Canaan, Dieu lui dit : « Demande ce que tu veux que je te donne. » Que va demander Salomon ? La fortune ? la gloire ? la puissance ? Non ! Il se rappelle les bénédictions dont son père a été l'objet et il les veut pour lui. Je ne suis qu'un jeune homme, ne sachant me conduire, donne-moi un coeur sage, discernant le bien et le mal. (I Rois 3 : 7-9.)

Cette réponse plut à l'Eternel qui l'exaucera au delà de ce que Salomon pouvait désirer.

Quel exemple à suivre que celui de Salomon ! Sa modestie : « Je ne suis qu'un jeune homme... Il ne se croit pas arrivé à la pleine maturité ; il sent sa faiblesse, son inexpérience ; il sent la nécessité d'une force plus grande que la sienne propre. Que de chutes nous seraient évitées, si nous renoncions une fois poux toutes à ne compter que sur nous-mêmes ! Et quel travail utile nous accomplirions, si nous étions remplis de la sagesse de Dieu Cette sagesse n'est point la simple sagesse (la gentillesse), mais l'intelligence éveillée qui rend capable d'affronter la vie, capable de discerner le bien et le mal, capable de fuir les mauvais conseils, les mauvais exemples.

Demandons-la à Dieu, comme Salomon, cette sagesse qui fera de nous des forts, dans toute la vie. Tout homme est un roi! Et il doit vivre en roi. Son royaume, c'est d'abord sa vie, sa conscience, ,sa destinée et il ne doit pas vivre en esclave, mais en maître. Or, le gouvernement du royaume qu'est la vie de l'homme, et qu'il est libre d'employer comme il veut, exige de la sagesse, beaucoup de sagesse. Cette sagesse, Dieu la donne à qui la demande.


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Quand chacun y met du sien.

 

- Tire-toi plus loin, tu prends toute la place !

- C'est toi qui prends toute la place, je ne puis même pas étaler ma feuille de papier !

Et moi, plaida Jeannette, où voulez-vous que je mette mon ouvrage avec tout votre attirail ?

Assis gravement au coin de la cheminée, oncle Bernard se retourna au bruit de l'altercation. Oncle Bernard était en visite depuis quelques jours. Il s'intéressait fort à toute cette jeunesse qu'il n'avait pas vue depuis longtemps et, tout absorbé qu'il semblait dans la lecture de son journal, il observait sans en avoir l'air ce qui se passait autour de lui.

- Ecoutez mes enfants, dit-il, j'ai une occupation plus intéressante à vous donner que celle de vous disputer la place autour de la table. Mon feu va s'éteindre, je propose un jeu nouveau : chercher chacun de quoi l'alimenter à son choix, et placer sa bûche comme il le voudra parmi les autres on verra qui contribuera le mieux à faire un feu parfait.

Les enfants le regardèrent un peu étonnés quel original que cet oncle Bernard, leur faire allumer son feu en guise de passe-temps' ! Cependant, comme ils étaient polis et que d'autre part ils pressentaient autre chose qu'un simple service à rendre, ils s'empressèrent d'obéir.

- Chacun ne prendra qu'un objet, observa l'oncle.

- Mors, moi je choisis le gros rondin que voici, déclara Gaston qui déjà fourrageait dans la caisse. Il brûlera fameusement.

- Et moi cette bûche de fayard, fit André, tu peux être sûr qu'elle fumera moins.

- Moi je prends ce sapin mince, il flambera tout de suite, cria Gertrude.

Jeannette, ne dit rien, mais arriva porteuse d'un gros chiffon, de papier et le petit Marcel attrapa la boîte d'allumettes

- C'est moi qui brûlerai le plus vite encore !

Il s'agissait dès lors de combiner l'affaire aussi bien que possible afin que tout marchât à souhait et que l'oncle fût content.

- Mets ton sapin d'abord, dit Gaston à sa soeur, André y ajoutera sa bûche et je mettrai mon rondin ensuite. il s'allumera mieux.

Jeannette glissa son papier par dessous et oncle Bernard prit les allumettes que Marcel lui tendait. Un beau feu clair jaillit, vacilla un peu, chercha à accrocher les bûches et s'attaqua finalement au morceau de sapin.

- Tu savais bien qu'il flamberait le premier, dit Gertrude.

- Le mien ne perd rien pour attendre, rétorqua son frère, et il durera au moins !

- Je me demande, dit tout à coup oncle Bernard pensif, pourquoi Gaston n'a pas mis son beau rondin bien en vue au centre en poussant les autres bûches dans ce coin ; il aurait eu plus de place.

- Oh ! s'écria le jeune garçon, abasourdi de tant d'ignorance oncle Bernard voulait-il plaisanter ? - il n'aurait servi à rien donc, il ne s'allume qu'à la flamme des autres !

- Papa dit que pour faire un bon feu il faut toujours bien arranger son bois, observa Gertrude.

- Et froisser un peu le papier pour que l'air passe dedans, fit Jeannette.

- Très bien, mes enfants, je vois que vous êtes de bons observateurs. Le tout est de mettre en pratique, au propre et au figuré.

- Au figuré ? demanda Gaston.

Décidément l'oncle avait de ces idées...

- Oui certainement, mon garçon. Pour avoir un foyer clair et chaud - chaud jusqu'au fond du coeur, comme dirait Jeannette - afin que chacun puisse en profiter et en jouir, il faut bien arranger son bois, il faut que chacun ait sa place pour sa bûche ou son chiffon de papier ( ... ou son ouvrage ou son livre, ajouta oncle Bernard finement). Ainsi tout marche bien, on s'aide mutuellement au lieu de se contrecarrer et le résultat est magnifique. Gomme cela, vous voyez !

La flamme s'élevait en effet, claire et joyeuse, jetant un gai reflet sur les vieux cuivres et les meubles polis et chassant toute la mélancolie de ce brumeux après-midi de novembre.

Les enfants se taisaient, un peu confus, commençant à comprendre la leçon indirectement donnée. Ce fut André qui, d'un mot, résuma l'impression générale.

- Oncle Bernard, dit-il d'un ton pensif, tu es un homme épatant.

L'oncle sourit reprit son journal et sa place dans le fauteuil

- Allez maintenant, mes enfants. Je vous remercie, mon feu est splendide. -

Et il se plongea de nouveau dans sa lecture. Pas assez cependant pour cesser d'observer ses neveux sans en avoir l'air : Gaston avait, d'un geste. rassemblé ses livres et ses cahiers qui s'étalaient vraiment par trop sur la table, et André s'installait de l'autre côté en disant à sa soeur :

- Mets-toi là, tu verras plus clair sur ta broderie.

Et chacun s'en fut à soit travail dans la douceur de la chambre chaude.

L . M.


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Roboam et Jéroboam

(1 Rois 12 : 1-19.)

Roboam repousse le conseil des anciens

 

Le règne de Salomon, glorieux,, somptueux, n'avait pu s'établir qu'au détriment du peuple, qui devenait de plus en plus chargé de corvées (d'impôts) et asservi. Sa situation, à certains égards, pouvait encore lui faire regretter les temps de la servitude d'Egypte. Là, tout au moins, leur despote, le pharaon, n'était pu un fils du peuple élu, tandis que Salomon, « oint de Dieu », devient un instant de souffrance pour ce peuple de la promesse.

A la fin du règne de Salomon, il se passa en Israël ce qui se passe dans une classe d'élèves qui ont eu pendant plusieurs années un maître exigeant, sévère, peut-être dur, et qui espèrent que le nouveau apportera quelque allégement à leurs devoirs et à la discipline Les Israélites espéraient que Roboam, le fils et le successeur de Salomon, allégerait leur sort.

Après la mort de Salomon, Jéroboam, accompagné de représentants du peuple, se présente devant Roboam, le jeune roi, et lui tient ce langage - « Ton père nous a chargés d'un joug pesant ! Mais toi, allège maintenant cette rude servitude, et le joug pesant que ton père nous a imposé, et nous te servirons. » A ce moment, mais à ce moment seulement, Roboam fait preuve de sagesse et d'intelligence. Au lieu de faire une réponse précipitée, il demande trois jours pour la réflexion ; il Consulta les anciens et les vieillards qui avaient servi Salomon. Ceux-ci lui conseillent alors de parler avec douceur et bonté à ce peuple qui espère des conditions de vie meilleures. Mais l'avis des vieillards ne satisfait point Roboam qui va consulter les jeunes, ses amis aussi inexpérimentés. que lui-même. Ceux-ci lui dictent cette réponse aussi insensée qu'orgueilleuse : « Dis-leur : Mon petit doigt est plus gros que le corps de mon père », c'est-à-dire : si mon père a pesé sur vous, mai je vous écraserai. « Si mon père vous a battus avec le fouet, moi je vous battrai avec des fouets garnis de pointes ».

Les Israélites (royaume du nord) se séparent de Roboam et, quand ou leur envoie un préposé aux impôts, ils le lapident. Le roi s'enfuit. Son royaume ne se composera plus alors que de la grande tribu: de Juda et la petite de Benjamin (sud). Jéroboam est établi roi sur les dix tribus du nord. Ainsi Commence ce qu'on appelle le schisme. £ la faveur de cette division du royaume, on vit refleurir l'idolâtrie.

Prenons garde aux conseils que nous écoutons; choisissons d'abord de bon conseillers, et méfions-nous de ceux qui flattent notre orgueil.

Une parole dure excite la colère, mais une réponse douce apaise la fureur. (Prov. 15: 1.)


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Coups de poings ou poignée de mains

 

- Ah ! non, ce n'est pas de jeu !... tu regardes ! - J'avais fini de compter. Pourquoi n'es-tu pas allé te cacher ? - Je n'en ai pas eu le temps. Je suis sûr que tu as triché. Non, ce n'est pas vrai.

- si.

Non ! Et tiens, voilà pour toi (un coup de poing) puisque tu m'insultes.

- Oh ! monsieur est insulté... quel grand mot ! tu me le paieras !

Et voilà Léon et Henri en train de boxer. Très habiles chacun à parer les coups de l'adversaire, ils ne se font pas grand mal, mais le spectacle est hideux à voir. Les autres enfants sortent de leurs cachettes pour essayer de mettre fin à la querelle.

-Cessez, et venez jouer! supplie Lucie

- Tiens, attrape ça !

- Et toi, ceci En veux-tu encore?

- Arrêtez tout de suite.

Silence et calme immédiats : les deux enragés ont reconnu la voix de 'leur père ; or, on ne plaisante pas avec M. Maure.

- Je n'aime pas les querelles ; j'ai. horreur de voir deux frères se chamailler, encore plus se battre.

C'est Léon qui a commencé, articule Henri.

- Il m'avait...

- Taisez-vous. Henri, les rapporteurs sont des lâches. Va t'enfermer dans ta chambre jusqu'au dîner.

Son père le toisait d'un regard tel que le jeune garçon baissa la tête, et, la mine renfrognée, se dirigea immédiatement vers la maison, d'un pas traînard.

- Quant à toi, Léon, continua M. Vaure, va m'attendre dans mon bureau.

Léon eut un sursaut de révolte ; mais il se contint et partit d'un air crâne, d'un pas qu'il affectait de rendre dégagé.

- Quel dommage !... on joutait si bien !... se hasarde à dire la petite cousine Evelyne.

- A quoi jouais-tu si bien avec tes cousins ?

A cache-cache, mon oncle, et j'avais découvert une superbe cachette, tu sais, dans...

- Chut!... ne parle pas si haut !... garde ta cachette pour demain.

- Oh ! je n'aurais jamais cette patience ! attendre à demain !... Oh ! une idée 1 Mon oncle, veux-tu jouer avec nous à la place des. garçons ?

- Oui ! oui ! dirent les deux autres filles ; ce serait si amusant

- Après tout, ce serait peut-être la meilleure punition pour mes garnements, dit l'oncle à demi-voix, et tout haut : Soit, faisons une partie, mais expliquez-moi bien les règles du jeu.

- Oh ! c'est très facile : voici le but, ce gros tilleul. Tu vas compter jusqu'à cinquante, en fermant les yeux ; ensuite, tu viendras nous chercher ; ou attrape dans les cachettes. 'Est-ce que tu cours très fort ?

- Hum ! ... tu verras cela tout à l'heure. Allez vite vous cacher ; je commence à compter. Un... deux...

il avait perdu sa voix terrible, le papa dont lia réputation de sévérité faisait trembler ses enfants. Bien mieux, il était redevenu gamin, et joua de si bonne grâce que, pendant un quart d'heure, ce, ne fut que courses folles et, joyeux éclats de rire, tant de lui que des fillettes.

Léon, de la fenêtre du bureau de son père, suivait toutes les péripéties du jeu. Nullement mortifié, il trépignait de rage. Jamais papa n'a joué comme cela avec nous, se disait-il ; d'habitude il ne vient que pour gronder. Ah ! c'est à cause d'Evelyne... c'est injuste !!

Oui, c'était à cause d'Evelyne que M. Vaure s'était fait violence, et qu'au lieu d'aller tranquillement lire son journal, il avait consentit à jouer à cache-cache. Vous vous rappelez que sa petite nièce lui avait demandé de jouer, - liberté que n'aurait prise aucun de ses propres enfants. Soin premier mouvement avait ôté de refuser ; mais, en une évocation rapide, il avait revu sa petite soeur à 'lui, qui, jadis, lui avait demandé de partager son jeu favori, comme il rentrait de l'école; il avait méchamment répondu à la petite : « Non, je ne joue plus avec les filles !... » et le soir de ce même jour, la gentille Nelly s'endormait dans les bras du Bon Berger. Jamais il ne s'était pardonné ce brutal égoïsme, et ses remords l'avaient aidé à vaincre, non seulement son stupide orgueil de garçon, et, de garçon en plein âge ingrat, mais aussi toute tendance à donner la préférence à ses inclinations personnelles, et il ambitionnait ardemment d'inculquer à ses enfants la science du renoncement joyeux en faveur des autres. Aussi fallait-il prêcher l'exemple ! La petite nièce orpheline avait été l'occasion d'une « leçon ». Ce soir-là, au culte de famille, M. Vaure fit chanter:

Enfants, soyez sages....

Jamais de colères,

Toujours, soeurs et frères,

Restez bons amis.

Un sanglot scanda ce vers : Léon pleurait amèrement.

M. Vaure lut ensuite :

« Une réponse douce calme la fureur

Mais une parole dure excite la colère.

Celui qui ce lent à la colère vaut mieux qu'un héros,

Et celui qui est maître de lui-même, que celui qui prend des « villes.

L'homme qui a de la sagesse est lent à la colère,

Et il met sa gloire à oublier les offenses. » (Proverbes XV, 1 ; XVI, 32 ; XIX, 11.)

Puis il ajouta :

Un seul geste de colère, une seule pensée de rancune, suffi à empoisonner une journée entière. Chacun de nous a souffert aujourd'hui, parce que...

- Oh ! papa! interrompit Léon, arrête je me repens ! pardonne-moi !

Et, se levant, il vint vers son père, qui, après l'avoir regardé jusqu'au fond des yeux, le baisa au front.

Léon, alors, s'approcha de son frère, et lui tendant la main

- Henri, je ne serai plus si susceptible, ni si prompt à donner des coups de poing !

- Ah ! par exemple, c'en est trop ! des excuses, à présent ! Et c'est moi qui t'ai dit des méchancetés; je t'ai accusé d'avoir triché mais je ne le croyais pas vraiment. Je suis une brute Ha ! s'écria Henri, en se levant.

- Alors, Henri, si tu le reconnais, il y a espoir de guérison, dit son père.

- Oh ! papa.... je.... je....

Il leva les yeux vers son père et alla d'un bond se jeter à genoux devant lui :

- Pardon..., balbutia-t-il.

Il avait vaincu son orgueil. La prière d'intercession de ses parents était exaucée : Henri voyait son péché avec horreur !

Dieu vous donne, enfants qui lisez ces lignes, le désir de triompher de vous-mêmes ! Demandez-Lui de vous aider à devenir humbles et droits de coeur.

M. Schneider.


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Elie pendant la famine.

(I Rois 17 : 1-16.)

Elie à Sarepta

 

Quelle belle histoire que celle d'Elie pendant la famine. Nous avons deux récits qui illustrent la fidélité de Dieu envers ceux qui se confient en lui.

L'année est mauvaise ! Le ciel est désespérément bleu ; pas un nuage annonciateur de la pluie, mais lia sécheresse qui s'étend, un soleil ardent qui surchauffe l'atmosphère et consume toute végétation. Elle, sur l'ordre de Dieu, se dirige près d'un torrent, et là des corbeaux, commandés par l'Eternel, apportent jour après jour, et deux fois pair jour au prophète la nourriture dont il a besoin. Au bout de peu de temps, le torrent au bord duquel Elie se tient, est desséché à son tour. L'Eternel envoie Elie chez une pauvre veuve, qui vivait avec son fils à Sarepta. Et le prophète lui demande l'hospitalité et la nourriture dont là a besoin. Hélas ! comment cette pauvre veuve partagerait-elle sa maigre pitance «Une poignée de farine, le fond d'une cruche d'huile » ? Il ne lui reste déjà que d'attendre la mort prochaine ! Mais le prophète sait ce qu'il fait et ce qu'il dit, ou plutôt, c'est Dieu lui-même qui dit : « Ne crains point, la farine ne s'épuisera pas dans le vase de terre et l'huile lie manquera, pas dan,-, la cruche. » Et le récit nous dit : « Ils eurent à manger pendant longtemps » et « la farine ne s'épuisa pas dans le vase et l'huile ne, manqua pas dans la cruche. »

Comme la fidélité de Dieu est grande ! Nous ne savons pas comment l'huile vint dans la cruche et la farine dans le vase, mais nous savons que Dieu y pourvut. Dieu qui est tout-puissant, qui a tout créé, à qui tout appartient, dispense largement et toujours suffisamment ses bénédictions à ses bien-aimés. Connaissez-vous l'histoire du « Père des orphelins » Georges Muller ? Non ! Demandez alors i vos moniteurs ou à vos parents de vous la raconter. Elle est si belle et édifiante..; « Le bras de l'Eternel serait-il trop court ? » 'Non ! Jamais ! et tous ceux qui mettent leur confiance en lui, peuvent dire, ou pourront dire :

J'ai été jeune, je suis devenu vieux, mais je n'ai jamais vu le juste complètement abandonné. (Psaume 37 : 25.)