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Consolations offertes aux exilés.

(Ezéchiel. 1 : 1-3 ; 87 : 1-14).

 

L'Eternel est pitoyable, miséricordieux, lent à la colère, abondant en grâces. Il ne conteste Pas à' Perpétuité et il ne garde pas sa colère à toujours. (Ps. 103 : 1-3).

Quelle merveille ! Telle une source que l'on voit sourdre en plein désert, ou une belle fleur s'élever sur sa tige de l'anfractuosité d'un rocher, ainsi Ezéchiel émerge du peuple asservi, en plein exil, non point pour prononcer encore la parole libératrice, mais pour consoler le peuple et rafraîchir son âme meurtrie, telle la petite fleur que le montagnard découvre dans une rocaille, entre deux pierres.

La parole de l'Eternel fut adressée à Ezéchiel en Caldée, sur les bords du Kébar. « C'est là que la main de l'Eternel fut sur lui ». Si les déportés, dans leur abattement, ne pouvaient sur la terre étrangère faire monter jusqu'à Dieu leurs louanges ; Dieu, lui, leur parlera, en terre étrangère, en terre païenne, parce que « la parole de Dieu n'est point liée, parce qu'il est vraiment le Seigneur du ciel et de la terre. »

Que dit l'Eternel par la bouche du prophète Il lui donne une vision, (lisez-la). C'est la vision des ossements desséchés rappelés à la vie.

L'Eternel fait passer, en vision, Ezéchiel, par une vallée remplie d'ossements desséchés C'est une vallée de mort. « Ces ossements, peuvent-ils revivre ? Seigneur Eternel, c'est toi qui le sais », répond Ezéchiel. « Alors, prophétise, sur ces ossements et dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Eternel... Je vais faire entrer l'esprit en vous, et vous revivrez. Je mettrai sur vous des muscles ; je ferai croître sur vous de la chair, et je vous recouvrirai de peau. Je mettrai l'esprit en vous, et vous revivrez ; et vous saurez que je suis l'Eternel ». La vision se poursuit, Ezéchiel prophétise. Les os se rapprochent les uns des autres, se couvrent de muscles, de peau. L'esprit entre en eux, ils ressuscitent et forment une immense armée.

Qui sont ces ossements desséchés ? C'est la maison d'Israël qui dit : « Nos os sont desséchés, notre espoir est perdu, c'en est fait de nous ». Et c'est à tous ceux-là, que la promesse est faite : « je mettrai sur vous mon Esprit, et vous revivrez ». Ils revivront car, quoique vivants, ils sont morts. Ils ont perdu toute espérance. lis sont des vaincus moralement.

C'est à cette nombreuse armée de déçus, de découragés, de douteurs, de tous les temps, des temps anciens, et des temps actuels, qu'est faite la promesse : « Vous revivrez ».


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Commissions et Missions.

 

Maintenant que tu es un grand garçon de huit ans, mon petit Robert, tu vas aller chez tante Flora tout seul, et tu lui porteras ce livre avec mes remerciements. Fais attention aux automobiles et ne traverse pas la rue sans bien regarder de tous les côtés.

Maman a dit cela bien gentiment en coiffant son petit garçon du joli bonnet de laine rouge et en lui enfilant son manteau gris. Robert est fier de :la confiance de sa maman, il se met en route tout joyeux, laissant courir à ses côtés le gros chien du boucher qui voudrait jouer avec lui, mais Robert en a un peu peur, il est. si fort et a une si grosse voix.

Je veux montrer à maman que je suis sérieux, se dit-il, on a. toujours l'air de croire que je ne suis qu'un petit enfant; j'irai tout droit chez tante Flora ; et je serai à la maison pour midi.

Bon, voilà deux musiciens ambulants arrêtés au coin de la rue, justement ils jouent lia même valse que celle que ma soeur Jeanne joue au piano, oui, c'est bien cela, se dit Robert, je veux écouter un instant.

Justement, il est devant le grand bazar, dont les vitrines attirantes sont remplies de choses délicieuses, il aperçoit des jeux de toutes sortes, un moulin à vent dont les ailes tournent par l'électricité, un train mû par un moteur, les wagons peints en bleu, montent une pente très raide, s'engouffrent dans un tunnel et sortent de l'autre côté d'une montagne, çà c'est vraiment intéressant, se dit Robert. Je demanderai à papa un chemin de fer pour mes étrennes, quel plaisir de commander les manoeuvres, de sonner l'arrivée et le départ de son convoi, de charger le wagon des bestiaux avec les restes de son arche ;de Noé, une vache qui n'a que trois jambes et un cheval qui n'a ni queue ni tête.

Je vais courir pour rattraper le temps perdu.

Voilà notre commissionnaire qui trotte au risque de se casser le cou.

- Eh ! Robert, Robert

Bon, voilà Jean Simonet qui est là avec sa trottinette.

- Tiens, veux-tu l'essayer, elle est neuve, je l'ai reçue au Nonvel-An, tu verras, elle est épatante.

- Tiens, c'est une idée, ça m'avancera, jusqu'au bout de la rue, tu veux bien ?

Et voilà Robert emporté, grisé de vitesse, mais... où est mon livre? Je l'ai laissé tomber, je le tenais pourtant bien serré sous mon bras, bah, retournons en arrière, ce sera très vite fait.

Jean a trouvé le livre, un peu sali, l'enveloppe déchirée, la ficelle loin, c'est ennuyeux, tante Flora ne sera pas contente, c'est un

joli livre relié en bleu, enfin, que faire ? Cette fois, Robert prend la résolution d'aller d'un trait faire sa commission ; Jean repart sur sa trottinette et le voilà seul dans la rue paisible bordée de murs de jardins. Soudain, il entend des cris d'enfants : « Attrape-le. - Jette-lui ton bonnet. - Tiens, Jacot. - Viens, viens, joli Jacot. » Voilà Robert en extase devant une grille de jardin, trois enfants sont en train de poursuivre un perroquet qui mâle ses cris à ceux de ses poursuivants et, d'un massif à l'autre, d'une pelouse à un bouquet d'arbres, passe une boule de plumes ébouriffées, vertes, bleues et jaunes, de laquelle partent des cris discordants.

- Oh ! que c'est joli, un perroquet, je voudrais bien en avoir un, se dit notre garçonnet, quand je serai grand, je veux aller dans les pays chauds comme mon oncle Max qui est missionnaire, et, alors je pourrais avoir des perroquets tant que j'en voudrais.

Bim, mab, boum ! Ah ! C'est midi, et je ne suis pas à la maison, comment faire ? Que va dire maman ? Tout essoufflé, Robert monte les deux étages qui conduisent chez tante Flora, là, il est reçu à bras ouverts, mais tante Flora fronce le sourcil en voyant le papier taché de boue et son beau livre sali. Néanmoins, elle donne une pastille de chocolat et un baiser au petit commissionnaire en le renvoyant bien vite pour ne pas être en retard pour l'école.

-Maman est à la fenêtre, toute soucieuse, Robert se hâte, il comprend qu'il est fautif et en embrassant sa mère, il s'écrie avec des larmes dans la voix.

- Oh! maman, je me suis arrêté plusieurs fois; je suis bien fâché d'être ainsi en retard pour dîner.

Maman sourit et tout doucement, elle pousse le petit garçon dans le salon où un monsieur lui tend les bras et l'embrasse.

- Oh ! le grand garçon que je retrouve. Que dis-tu ? mon ami; on ne pleure plus puisque l'oncle Max est ici pour quelques jours. Nous allons faire de bonnes parties de causette, n'est-ce pas ?

Robert est transporté de joie. Quoi, cet oncle Max, ce missionnaire dont on lui a tant parlé de fois, il est ici ! il entendra de sa bouche les récits merveilleux, où l'on voit des nègres, des Chinois, de palmiers et des singes, des perroquets et des fleurs hautes comme la maison 1

- Oncle Max, tu sais, je voudrais être missionnaire, comme toi

Après le dîner, Robert est parti à l'école et ses camarades entendirent durant la récréation, des récits sortant plutôt de l'imagination de l'entant que de la réalité.

Aujourd'hui, c'est jour de congé, mais la pluie tombe à torrents, et Robert se désole d'être enfermé à la maison, il entame une conversation.

- Oncle Max, dis-moi pourquoi on t'appelle un missionnaire ? Je sais que tu vas annoncer l'Evangile aux païens, c'est pasteur que l'on devrait t'appeler.

L'oncle Max prend l'enfant sur ses genoux et lui cause d'une voix émue.

- En effet, je suis bien un pasteur ; mais on nous nomme missionnaires parce que nous avons la mission, c'est-à-dire le devoir ,d'aller parler de Dieu à ceux qui ne le connaissent pas, si tu veux, nous sommes les commissionnaires de Jésus Christ qui nous envoie de sa part dire à ceux qui sont dans la douleur et le péché : « Rassurez-vous, mes amis, quelqu'un est venu pour vous sauver, je vais vous apprendre à le connaître. Mais, tu dois comprendre que pour faire cette commission, il faut parler à ces gens dans leur langue et j'ai dû apprendre ces langues ; ensuite, il ne faut pas ,craindre le climat mauvais, les serpents, les bêtes féroces, qu'il y a en beaucoup de pays, mais quand on est un vrai serviteur de Dieu, on ne pense pas à ces choses.

- Comme cela, oncle Max, tu es un commissionnaire de Dieu, comme je suis quelques fois le commissionnaire de maman. A ce souvenir, Robert rougit et avec une voix chargée de regrets :

- Oh ! tu sais, un mauvais commissionnaire, maman t'a dit ?

- Non, elle ne m'a rien dit, mais toi, tu peux me dire, j'écouterai avec plaisir ton histoire et nous ne nous apercevrons plus que la pluie tombe.

- Voilà, je croyais que tu savais. C'est justement le jour que tu es arrivé, je devais aller chez tante Flora, mais je me suis arrêté plusieurs fois pour regarder les joujoux du bazar, pour écouter des musiciens ambulants, j'ai été sur la trottinette de Jean et ensuite j'ai vu des enfants qui couraient après un perroquet, tout cela, tu comprends, oncle Max, c'était très intéressant ; alors j'avais perdu le livre de tante Flora et je suis arrivé en retard pour dîner. C'est vrai que je suis encore petit, quand je serai grand, je me dépêcherai et n'arriverai pas en retard.

- J'en suis certain, mon cher ami, mais, en attendant, quelle que soit la mission que nous ayons à accomplir, il ne faut pas se laisser distraire par les choses que nous rencontrons en chemin, tu te diras une autre fois : je vais directement faire ma commission et ensuite je pourrai regarder ce qui m'intéresse. Tu sais, souvent j'ai aussi bien envie de voir certaines choses très belles dans les pays où je vais, mais cela me prendrait du temps et je devrais

laisser ma mission qui est d'instruire les pauvres gens qui attendent le message de l'Evangile. Tout le monde a une mission, sur la terre ; il faut la remplir, si facile soit-elle.

- Mais, oncle Max, tu peux pourtant t'arrêter un moment pour regarder les oiseaux de toutes couleurs, les perroquets, les singes, les arbres ?

Oncle Max sourit, il pose sa main sur la tête bouclée du futur missionnaire.

- Certainement, toutes tes belles choses que Dieu a faites, nous pouvons et nous devons les admirer, mais avant toutes choses, il faut faire sa tâche, poursuivre un but, et mettre tout son coeur à l'atteindre, vois-tu, mon cher petit, si tu veux être un homme heureux, peut-être un missionnaire, souviens-toi qu'il faut faire sa commission sans se laisser distraire comme tu l'as fait, parce qu'alors, tu ne pensais pas à ton devoir.

Le ciel s'est éclairci, les deux amis se tenant par la main, sont descendus au jardin et Robert, en gambadant joyeusement s'écrie:

- Oncle -Max, je veux le promettre de faire toujours bien mes commissions et alors, je deviendrai comme toi, missionnaire.

Je crois que Robert tiendra parole.

Mme B.- C.


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Esdras.

(Esdras 7 : 1-10 ; 8 : 21-36).

Esdras fait la lecture de la Loi

 

La main de l'Eternel est favorable à tous ceux qui l'invoquent. (Esdr. 8 : 22).

Le temps de l'exil fut salutaire au peuple élu, trop imbu de ses privilèges et de ses droits, trop oublieux de ses obligations. Les déportés appartenaient aux classes aisées, et comptaient bon nombre de notables. Leurs souffrances furent des souffrances à salut. Ce fut un temps, de sages réflexions, de retour sur le passé.

Dieu qui n'abandonne jamais son peuple, suscita un roi qui promulgua un édit de libération. C'est Cyrus qui, en 538 ordonne la reconstruction du Temple. Cyrus 1, roi des Perses, s'était emparé de Babylone en 539. Il se montra beaucoup plus compréhensif de la religion de ses sujets que les rois de Babylone, qui furent avant tout célèbres par leurs cruautés.

Cyrus rend donc la liberté aux captifs ; il restitue aux Juifs les ustensiles du Temple, qui avaient été enlevés par les généraux de Nébucadnetsar.

A Esdras échoit l'honneur de réorganiser la « nouvelle Jérusalem ».

Esdras était un scribe, versé dans les Ecritures, fidèle observateur de la loi. Tout le désignait pour être chef du peuple : « Quant à toi, Esdras, selon la sagesse de ton Dieu, qui t'a été départie, établis des magistrats et des juges ».

Esdras, selon l'ordre d'abord reçu, réunit tous ceux de ses compatriotes qui sont décidés à rentrer dans la ville sainte Il groupe cette troupe nombreuse près du fleuve d'Ahara, pour un jeûne d'humiliation, et pour implorer de Dieu un heureux voyage. « En effet, dit Esdras, l'aurais eu honte de demander au roi une troupe et des ,cavaliers pour nous protéger contre les ennemis pendant le voyage, car nous avions dit au roi : « La main de notre Dieu protège pour leur bonheur tous ceux qui le recherchent ».

Puis, avant le départ, on confie à des hommes sûrs les ustensiles précieux qui serviront à nouveau dans le Temple ; le voyage se poursuit sans incident, c'est l'arrivée à Jérusalem, et après trois jours de repos, l'offrande de sacrifices expiatoires, et de sacrifices de reconnaissance.

«Les chants après les larmes», comme dit un de nos cantiques. Dieu a eu pitié de son peuple, il lui pardonne une fois de plus, il donne une grande preuve de sa fidélité et de sa miséricorde infinies.


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Un grand fleuve.

 

Lorsque Christophe Colomb, qui venait de découvrir l'Amérique, aperçut au loin l'immense fleuve de l'Orénoque, l'un de ses compagnons de voyage lui fit observer qu'il avait sans doute découvert une île. « Non, répondit Colomb, non ! Un pareil fleuve ne peut sortir d'une île, si grande soit-elle ! Dans cette énorme masse d'eau viennent évidemment se vider les eaux d'un vaste continent. »

A combien plus forte raison avons-nous le droit, nous chrétiens, de dire à propos de la Bible, qu'un tel livre, loin d'être l'oeuvre de l'homme, si ingénieux soit-il, est comme un fleuve intarissable qui jaillit sans cesse des profondeurs éternelles de l'amour de Dieu.


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Néhémie.

(Néh. 1 : 1-4 ; 2: 1-8 ; 4 : 7-23).

Néhémie devant les ruines de Jérusalem

 

Alors nous priâmes notre Dieu, et nous mîmes des gardes le jour et la nuit pour nous préserver de l'ennemi. (Néh. 4 : 9).

Nous sommes ouvriers avec Dieu. (I Cor. 3 : 9).

Avec Néhémie, nous sommes transportés en pleine Période exilique. En longues théories, le peuple a suivi le chemin de l'exil. Par centaines, par milliers, les Israélites ont été amenés en asservissement. Le joug babylonien est dur à porter. Les meilleurs d'entre le peuple ont été massacrés, outragés. Le somptueux Temple est détruit, les ustensiles de métal précieux emportés à Babylone par l'envahisseur.

De cette masse, transplantée au milieu des païens, une partie seulement est restée fidèle au Dieu de Jacob. Les plus faibles, les moins décidés ont facilement subi les influences mauvaises ; ils se sont dénationalisés, assimilés, perdus dans la masse. Mais, Esaïe l'avait prédit, (Shear-Jeshub : un reste reviendra), un reste reviendra, un reste épuré au creuset de la souffrance préparera la nation nouvelle.

Jérémie, à la vue de Jérusalem dévastée n'avait point vitupéré Dieu. Très tôt, et seul de son avis, il avait su discerner la volonté de Dieu, de ramener, par la souffrance, son peuple au droit chemin.

Dans l'exil, à Babylone, l'élite réfléchit. Esdras a été le premier pionnier de la restauration du Temple et de la Ville.

Néhémie, autre belle figure de patriote juif, continua l'oeuvre de reconstruction. Il apprend par Hanani, l'un de ses frères, la grande misère, sous laquelle ses compatriotes, échappés à la captivité, vivent ,dans Jérusalem. Il apprend que les portes du Temple sont consumées ; grande est son affliction, grande est la tristesse qui se peint sur son visage. Néhémie, cet échanson du roi des Perses Artaxerxès. (Après avoir soumis et torturés tant de peuples, les Babyloniens, sont à leur tour sous l'hégémonie des Perses dès 539; Edit de Cyrus ordonnant la reconstruction du Temple (538). Le roi s'informe de la cause de sa tristesse. Avant de répondre, Néhémie se recueille devant Dieu. Si c'est lui qui parle, il risque fort de compromettre la cause qu'il veut plaider. Si, au contraire, c'est Dieu qui parle en lui, et par lui, alors sa langue sera gardée. Il expose sa demande au roi. Le roi l'autorise à regagner Jérusalem pour rebâtir les murailles de la ville. Il lui donne même une escorte pour le protéger durant son voyage.

Mais les plus grandes difficultés ne sont pas vaincues.

Israël a des ennemis acharnés: Samballat, Tobija, les Arabes, et d'autres qui ne peuvent contempler d'un oeil indifférent la reconstruction de la forteresse sacrée. Néhémie en homme prudent et pieux, prie, puis il place des gardes aux endroits menacés, et il arme le peuple. Tout le peuple est à l'oeuvre qui avance au sein de mille difficultés : elle s'achève parce qu'elle « s'était accomplie par la volonté de notre Dieu ». (Néh. 6 : 16).


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Rien sans peine.

 

Beaucoup de mes jeunes amis me font l'effet de ne rien redouter autant que de se donner de la peine. Ils voudraient bien savoir lire, pouvoir prendre aisément connaissance des beaux livres reçus pour leurs étrennes ; mais cela leur est bien pénible d'apprendre à reconnaître et à assembler les lettres. Longtemps ils gémissent sur l'ennui que leur ignorance leur cause, au lieu de faire promptement l'effort nécessaire. Cette même paresse se retrouve au moment où l'on songe aux leçons de musique, aux leçons d'écriture et d'orthographe ; nous la constatons plus tard encore, hélas !

La conséquence de cette regrettable crainte de l'effort est de faire grandir 'une jeunesse qui n'est pas énergique et forte, une jeunesse qui veut s'amuser, jouir et non se donner de la peine et travailler. Oh ! que le travail leur semble ennuyeux et fatigant ! Jeunes gens et jeunes filles voudraient gagner beaucoup, (ne faut-il pas de grosses sommes pour s'habiller et s'amuser ?), mais ils redoutent le travail. Gagner de l'argent sans peine, n'est-ce pas là l'idéal de nombreuses personnes ? Telle n'est pas la pensée de Dieu ; il recommande à ses serviteurs le travail énergique, il leur dit : « Ne redoutez pas l'effort, l'effort suivi et persévérant ! Ce n'est qu'ainsi que vous aurez une vie utile et belle ! »

Ecoutez l'histoire de mon jeune voisin :

Combien n'était-il pas content, Paul B., le jour où il eut fini ses années d'école ! Son coeur était gonflé de joie quand, la dernière épreuve achevée, il dit adieu à la vieille classe noircie, aux vieux bancs tachés et entaillés par maintes générations d'écoliers.

Garçon consciencieux, mais d'une intelligence plutôt lente, il avait une prédilection marquée pour les exercices du corps. Ce n'est que grâce à son énergie qu'il put faire ses classes d'une manière satisfaisante. « C'est fini, songeait-il en descendant la pente rapide qui conduit au bâtiment d'école, plus de longues séances, la plume à 'la main, plus de leçons à apprendre, plus de punitions à subir : c'est la vraie vie, la vraie jouissance qui vont commencer

Quant à l'emploi de son temps, ses hésitations ne furent pas longues. Que de fois, en montant ou en descendant le village, ne s'était-il pas arrêté devant la boutique du serrurier ou devant celle du forgeron. « Moi aussi, songeait-il, j'ai de bons bras ; j'aimerais à façonner le fer rouge, en frappant à grands coups. » Pour lui donner une occupation en rapport avec ses goûts, tout en lui

fournissant des chances favorables en vue de l'avenir, son père le plaça en apprentissage chez un mécanicien. Cette utile profession, dans un temps aussi inventif et actif que celui où nous vivons, lui parut offrir à un jeune homme de belles perspectives.

Joyeusement Paul se rendit chez son patron, un brave homme habile et sérieux, capable de former de bons ouvriers. Il n'avait aucun souci ; ayant dit adieu à l'école, notre ami pensait que rien ne saurait lui donner de la peine. Quel ne fut pas son étonnement en comprenant peu à peu que la force ne suffit pas pour façonner le métal, qu'il faut y ajouter beaucoup d'intelligence, d'attention et même un grand nombre de connaissances variées. Pour employer les divers outils, pour ajuster les multiples pièces d'une machine, il faut nécessairement cette habileté qui ne se conquiert que par un exercice assidu, travail du corps, mais aussi travail de l'esprit! Quand Paul eut compris cela, il fut, je l'avoue, un peu déçu. C'était heureusement un brave garçon ; il se mit avec ardeur à l'ouvrage. Avec quelle attention il regarde ce que fait son patron,, comme il cherche à comprendre et à retenir ses explications. Soyez sans crainte, il arrivera. Encore quelques années et il sera un bon ouvrier, joie et soutien de ses vieux parents !

Rien sans peine, chers amis ; songez-y. Profitez de vos années d'école, appliquez-vous tant que vous le pouvez. Quand vous avancerez dans la vie, vous verrez que ce n'est qu'à force d'application et de persévérance qu'on peut devenir, suivant les circonstances, un bon et utile jardinier ou un célèbre avocat.

Souvenez-vous aussi que, s'il faut se donner de la peine pour faire son chemin sur la terre, il faut aussi de l'énergie et de la persévérance pour faire la volonté de Dieu, pour suivre le chemin de la vie éternelle. Cette énergie-là, la possédez-vous ?

J. R.


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Au milieu des pâturages.

(Ps. 23 ; Ps. 103 : 15-18 ; Ps. 104: 14).

La bergère veille

 

L'Eternel est mon berger: je n'aurai point de disette. Il me conduit dans des parcs herbeux, le long des eaux tranquilles. (Ps. 23 :1-2).

A certains égards, on peut classer les hommes en deux catégories. Il y a ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, et ceux plus nombreux, apparemment doués de ces deux précieuses facultés, mais qui ne savent rien voir, ni rien ouïr. Leur vie est pauvre, misérable, triste, parce qu'ils ne savent pas jouir des richesses que Dieu met à portée de toutes les bourses, qu'il offre à tous ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Qu'il est pauvre l'homme, même s'il possède une fortune, qui ne sait pas s'arrêter pour contempler, qui ne sait pas s'arrêter pour admirer la petite fleur qui incline doucement sa corolle, qui ne sait pas écouter le chant d'un oiseau. Quelle Pauvreté intellectuelle aussi chez celui qui ne sait pas lire l'inépuisable et incomparable livre de la nature ouvert toujours à tous ceux qui daignent se pencher pour lire.

Le psalmiste n'est pas du nombre. Il a pris la peine de s'asseoir à l'ombre d'un buisson. Il a regardé, il a médité, il a compris. Il observe encore. Dieu lui parle par cette nature. Il cherche à percevoir la voix de Dieu et Dieu lui répond.

Il observe la fleur des champs, qui fleurit, éclatante, merveilleuse et fraîche. Le vent souffle, elle sèche, « son lieu ne la reconnaît plus ». Telle est la vie de l'homme qui ne vit que de sa propre sève, qui ne s'appuie que sur ses seules ressources. Il vit sans protection et le premier courant l'emporte. « Mais la grâce de l'Eternel est d'éternité en éternité sur ceux qui le craignent ».

Et puis, il observe les pasteurs des troupeaux qui conduisent les brebis dans de bons pâturages. L'Eternel est plus qu'un homme. Autant l'homme prend soin de ses brebis, autant Dieu, le souverain pasteur, soigne-t-il avec la tendresse d'une mère les hommes faibles et impuissants. L'homme est devant Dieu comme une brebis pour le berger. « Elle n'est qu'un pauvre petit animal dépourvu d'armes pour se défendre, et d'intelligence pour retrouver sa voie. Il est une chose pourtant qu'elle sait faire : se tenir près de son berger, et compter sur sa force et sur sa fidélité. Tant qu'il est près d'elle, elle le suit sans s'inquiéter de rien, et sans redouter personne ; elle reste paisible et joyeuse, car il ne lui manque rien ».

Luther.

Le divin pasteur la protège sous sa houlette ; dans le plus grand danger, elle ne craint aucun mal, car l'Eternel la protège. Elle vit dans la sécurité et dans la Joie. L'Eternel veille fidèlement.