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La tentation de Fanchette.

Fanchette était assise sur une haute chaise devant la table de la cuisine. A sa droite, elle avait un gros las de haricots verts non effilés, à sa gauche un autre tas plus petit, de haricots déjà effilés; et entre les deux sa géographie. Et tout en effilant les haricots, Fanchette apprenait sa leçon. C'est ainsi que l'on peut, quoiqu'en dise le proverbe, faire deux choses à la fois.

Fanchette était seule dans la petite cuisine proprette, toute inondée de soleil ; ou plutôt elle était en compagnie de Poussette, la chatte noire, qui ronronnait sur l'appui de la fenêtre. Tante Fanny était sortie faire des courses et en partant elle avait recommandé à sa nièce de ne pas oublier de mettre, vers onze heures, les pommes de terre sur le feu. Aussi de temps à autre, la fillette jetait un coup d'oeil sur l'horloge afin de ne pas laisser passer l'heure.

Tic-tac, faisait l'horloge ; ron-ron, faisait Poussette ; et les doigts agiles de Fanchette effilaient rapidement les haricots, tandis que ses lèvres murmuraient les mots de sa leçon.

Enfin la grosse horloge fit entendre onze coups clairs et sonores,

- Onze heures ! dit la petite fille en sautant à bas de sa chaise. Il est temps de mettre les pommes de terre à cuire. Tante Fanny verra que pour une fois je n'ai pas oublié sa recommandation, elle qui me reproche toujours mon étourderie !

Tout en parlant, elle avait allumé le gaz sous la marmite que sa tante avait préparée avant de sortir. A cette vue, Poussette, comprenant qu'il s'agissait du déjeuner, vint se frotter contre les jambes de Fanchette en faisant le gros dos et en ronronnant plus fort que jamais.

- Tu as faim ? dit la fillette. Attends un peu!, il n'est pas encore l'heure du déjeuner.

Mais la petite chatte se souciait bien qu'il fût midi ou non, du moment qu'elle se sentait en appétit. Elle continua à passer et repasser entre les jambes de Fanchette d'une façon si pressante, et enfin laissa échapper un tel miaulement de supplication, que la petite fille se laissa attendrir.

- Eh bien ! je vais te donner un peu de lait, dit-elle. Je pense que tante Fanny ne me grondera pas.

Et elle se dirigea vers l'office pour chercher le pot de lait. Poussette, qui comprenait fort bien que l'on cédait à son désir, la suivit, la queue droite, ronronnant de plus belle.

Un grand fracas de porcelaine brisée lui fit faire un bond en arrière, tandis qu'un liquide blanc lui éclaboussait le museau. Fanchette, en voulant prendre le pot à lait, avait heurté et fait choir de l'étagère un bol rempli de crème. La petite fille demeura consternée.

- Oh! quel malheur, murmura-t-elle. Que va dire tante Fanny ?

Car tante Fanny, modèle d'ordre, d'activité et d'économie, ne plaisantait pas sur les étourderies ou les maladresses d'autrui. Déjà Fanchette avait subi les effets de sa sévérité parfois excessive, et elle redoutait les nouveaux reproches qui allaient fondre sur sa tête lorsque la vieille demoiselle verrait son bol brisé et sa crème perdue. Elle demeurait donc immobile et consternée, tandis que Poussette, ravie de l'aubaine, lapait à petits coups de langue rapides, le liquide épais répandu sur le carrelage.

- Comme elle se régale ! songea Fanchette. Si je disais que c'est elle qui, en jouant, a fait tomber le bol ?... Elle ne serait pas grondée, elle... et moi non plus.

Fanchette prit un balai, un torchon et se mit en devoir de recueillir les débris du bel et de nettoyer le carrelage. Ce faisant, elle continuait à méditer :

- Ce ne serait qu'un petit mensonge et il m'éviterait une grosse gronderie. Serait-ce mal ? Si tante Fanny n'était pas aussi sévère, je lui avouerais tout sans crainte. C'est de sa faute si j'ai envie de mentir.

- Eh bien, non ! cria-t-elle soudain à haute voix, je ne veux pas mentir, je ne mentirai pas ! Maman dit que c'est aussi mal de faire un petit mensonge qu'un gros. Tant pis, si tante Fanny me gronde. Oh ! Seigneur Jésus, ajouta-t-elle tout bas, aide-moi à ne pas mentir.

Lorsque tante Fanny rentra un peu plus tard, tous les haricots étaient effilés, la leçon de géographie était sue et les pommes de terre étaient cuites. Cela n'empêcha pas la vieille demoiselle de manifester un vif mécontentement lorsque sa nièce lui fit l'aveu de sa maladresse. Mais en dépit de ces gronderies, un profond sentiment de Paix intérieure demeura dans l'âme de Fanchette ; elle était restée une petite fille bien franche, bien droite; le Seigneur Jésus pouvait regarder dans son coeur, aucun mensonge ne viendrait attrister son divin amour.

M. Allégret.


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Maladie et guérison d'Ezéchias.

(II Rois 20 : 1-19).

 

Versets à apprendre :

Ne vous inquiétez de rien, mais exposez vos besoins à Dieu en toute occasion, avec des prières, des supplications et des actions de grâces. (Phil. 1 : 4, 6) .

J'ai exaucé ta prière, j'ai vu tes larmes. (Il. Rois 20 : 5),

Ezéchias, dont le règne a été troublé par l'invasion assyrienne, et qui a vu la magnifique délivrance accordée par l'Eternel, est averti de sa mort prochaine. Par la bouche du prophète Esaïe, il apprend que la maladie dont il souffre va l'emporter, alors qu'il n'a que quarante-deux ans. L'âme d'Ezéchias se consume dans la douleur d'être prochainement privée des joies de cette vie. Il ne verra plus ses palais, ni son temple, ni ses sujets. Dans son émoi, il s'écrie : « Je ne verrai plus l'Eternel, l'Eternel, sur la terre des vivants. Je ne verrai plus les hommes. Je serai avec les habitants de l'Empire de la Mort. Ma vie est enlevée ; elle est transportée loin de moi, comme une tente de berger, le fil de ma vie a été retranché, comme la toile que le tisserand détache de la trame... » (Es. 38 :11-12). Cette passion de la vie chez Ezéchias, est bien caractéristique de sa race, riche d'énergie et de vitalité. cramponnée à l'existence.

Dans le cas d'Ezéchias, une circonstance spéciale justifie en partie, et explique en tous cas, cet attachement à la vie. Il n'avait pas d'enfant, pas d'héritier an trône. Son successeur - Manassé, - n'était pas né. Jérusalem semblait condamnée à l'anarchie et au désordre.

Une délivrance inattendue est accordée au roi, qui recouvre la santé et voit ses jours prolongés de 15 ans. Esaïe annonce à Ezéchias, de la part de Jéhova, sa guérison. Dès ce, moment, l'intimité de ces deux hommes va grandissant ; ils partagent le même idéal religieux, et les mêmes espérances. Malheureusement, la maladie d'Ezéchias fut l'occasion d'une visite des ambassadeurs du roi de Babylone, Mérodac-Baladan. Bien imprudent, Ezéchias, flatté, leur ouvre tous ses trésors, tout impressionné qu'il est du faste et de la science de ces grands seigneurs chaldéens. Cette confiance était une folie ; le roi ne connaissait pas ces étrangers, ni leurs intentions, et il ne devait plus les revoir. Au surplus, cette confiance était donnée à des Païens, à des adorateurs du dieu Mardouk. N'est-ce pas en Dieu seul, et exclusivement, qu'Israël doit mettre sa confiance ! Le roi de Jérusalem va-t-il recommencer une expérience sans cesse renouvelée, et toujours désastreuse pour le peuple de Dieu ! Esaïe tance vigoureusement Ezéchias, mais le mal est déjà fait. Les ambassadeurs ont tout vu. Dès lors, le fléau de Babylone s'abattra sur Jérusalem. Les trésors du Temple passeront en des mains impies, plusieurs des enfants d'Israël seront emmenés en captivité.

Ezéchias ne s'en émeut pas autrement, satisfait de savoir que pendant son règne du moins la paix régnera. « Quand le présent va bien, pourquoi s'attrister de l'avenir ». N'oublions pas que nous sommes en Orient, ce qui explique en partie le désintéressement étrange dont le roi de Jérusalem témoigne à son successeur, qui n'est autre que son fils.


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L'incendie

 

lis sont là dans la classe, une vingtaine d'enfants de cinq à sept ans, qui écoutent de toutes leurs oreilles, les yeux fixés sur la maîtresse.

Pour arriver dans la vieille salle un peu basse, il faut monter les degrés d'un escalier extérieur qui tourne à la hauteur du premier étage et aboutit à une minuscule plate-forme surplombant la rivière et sur laquelle s'ouvre la porte de l'école. Il n'y a que cette classe enfantine. Le rez-de-chaussée est occupé par un ancien four abandonné dont on a fait un réduit communal. Ce n'est donc pas un bâtiment moderne ; la salle d'école est un peu sombre, mais le bon sourire de la maîtresse y met une joyeuse lumière. Ce sont d'heureux petits enfants qui, assis sur de vieux bancs, boivent les mots et vivent l'histoire qu'ils entendent. Ils ne prennent pas garde à la pluie qui fouette les vitres ni au vent qui secoue la porte en sifflant. Soudain, un éclair aveuglant est suivi d'un fracas épouvantable.

En un instant les enfants sont debout, tout pâles, et d'instinct, ils se précipitent vers la porte pour fuir ; la maîtresse a ouvert là fenêtre et s'est penchée pour voir si le toit de l'école a été atteint par la foudre. Non... Aussitôt, d'une voix douce et pleine d'autorité, elle calme les petits épouvantés. Elle est debout au milieu de la classe, ses bras entourant des têtes ébouriffées. Tous sont là, tenant son tablier ou sa robe, les regards levés vers le visage paisible, souriant et protecteur. Plus un seul ne cherche à sortir. L'angoisse fait place à la confiance ; ils attendent... A travers le bruit de la rafale, on perçoit le tocsin qui donne l'alarme. Une grosse et belle ferme située juste en face de l'école, de l'autre côté de la petite rivière, est en feu! Tous les hommes du village s'y sont précipité pour essayer de sauver le bétail et le mobilier. En été, quand les granges sont pleines de foin, le feu a de quoi dévorer et il détruit tout en quelques instants !

Tout à coup, la figure de la maîtresse s'éclaire ; elle voit, sur le seuil de la porte, le pasteur qui vient pour lui aider. Il prend. les bambins l'un après l'autre et les porte dans ses bras jusqu'en un lieu sûr, à l'abri du danger. La maîtresse reste avec ceux qui attendent leur tour. Bientôt, tout ce petit monde est éloigné. La porte est déjà toute noircie et les étincelles pleuvent sur la maison, mais l'école est vide...

De tout son coeur, la maîtresse pousse un soupir de soulagement. Le pasteur ne peut s'empêcher de la féliciter pour son calme et sa présence d'esprit.

- C'est bien simple, monsieur, dit-elle ; j'ai crié de tout mon

coeur à Dieu de m'envoyer du secours et de m'aider à apaiser mes petits. Si je les avais laissés sortir, ils auraient été aveuglés par les flammes et terrifiés ; en se bousculant pour fuir plus vite, ils seraient sûrement tombés dans la rivière. Je savais bien que Dieu n'abandonne pas ceux qui crient à Lui. Il m'a entendue, c'est Lui qui m'a donné la force de rester calme et la présence d'esprit nécessaire pour les arrêter.

Elle disait cela tout simplement, la bonne maîtresse. C'est qu'elle n'avait pas attendu le jour du danger pour parler à Dieu, lui dire ses préoccupations, et lui demander sa force jour après jour ! Depuis bien longtemps, elle avait l'habitude de Lui parler. Elle avait fait souvent l'expérience de son amour et de sa puissance. Elle était en communion avec Lui, et, à l'heure du danger, elle n'avait pas eu besoin de l'appeler de très loin : Il était là, tout près.

Un homme vigoureux aurait eu peine à retenir les petits effrayés qui voulaient se précipiter dehors. La maîtresse avait su les ramener et les maintenir autour d'elle par sa douceur et par sa foi.

M. J.


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Qui doit ouvrir la porte.

 

Quand le célèbre peintre anglais Hunt eut fini son grand tableau La Lumière du monde, il demanda à un artiste de ses amis de venir le voir et de lui en donner une appréciation sincère.

Cette peinture bien connue représente le Sauveur debout, une lanterne à la main gauche et, de la main droite, frappant à une porte encadrée de lierre.

L'ami contempla un instant le tableau, puis s'écria

- Mais, Hunt, vous avez commis une grande erreur ! Il n'y a pas de loquet à la porte ! Comment le Sauveur pourrait-il entrer sans loquet ?

Hunt sourit.

- Je n'ai commis aucune erreur, dit-il, le loquet est à l'intérieur. Le Sauveur n'entre pas dans un coeur qui ne lui est pas ouvert par la main du pécheur lui-même.

En effet, Dieu a tout fait pour le salut de l'homme, sauf la seule chose que celui-ci doive faire: ouvrir la porte de son coeur et recevoir ce salut.

« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui. » (Apoc. 3 : 20).


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Josias et la publication de la loi.

(II. Rois 22 : 1-20 ; 23 : 1-3).

Josias écoute la lecture de la Loi

 

Versets à apprendre :

Soyez ornés d'humilité, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. (I. Pierre 5 :5).

L'Eternel démolit la maison des orgueilleux (Rois 15 :25).

Après le pieux Ezéchias, Juda eut pour rois deux idolâtres, Manassé d'abord, et Amon, ensuite. L'un et l'autre replacent dans le Temple d'abominables idoles. Le résultat de ces deux règnes, qui totalisent par cinquante-sept ans, fut que le peuple d'Israël, dépassa en impiété les nations païennes que l'Eternel avait exterminées. (Il. Rois 22 : 9).

Cependant, dans cette histoire du peuple élu, si pleine d'ombres, on voit apparaître de temps à autre un peu de lumière. Dieu se ménage toujours un coin de ciel bleu. A côté des rois infidèles et des Mauvais bergers qui conduisent les troupeaux à la perdition, Dieu s'est ménagé, outre les prophètes, des hommes qui ont lutté pour ramener le peuple dans la bonne voie ; des hommes qui ont su s'humilier, se repentir avec le peuple, et appeler à leur secours le Dieu tout-puissant. Josias en est un.

Josias n'avait que huit ans quand il monta sur le trône; il était bien faible, pour le rôle qu'il allait devoir remplir : ramener tout un peuple à son Dieu. Josias «fit ce qui est bien aux yeux de l'Eternel». (Il Rois 22: 2).

Josias est plus qu'un simple roi, un gouverneur: il est un réformateur. Au lieu d'avoir la tâche, relativement simple, qui eût été de suivre la ligne de conduite de son prédécesseur, il doit rompre en visière. Il doit barrer la route à la marée montante de la corruption qui envahit tout le peuple. Il doit réapprendre le chemin du sanctuaire du Dieu vivant, au troupeau égaré. Et d'abord, il doit commencer par restaurer le Temple, la maison de Dieu trois fois saint, révélé par Esaïe. Le Temple tombe en ruines ; il est à Peine digne d'un souverain temporel ; à plus forte raison est-il indigne du Dieu des Cieux. Il a été profané, il faut le purifier. Tandis qu'on procède à cette restauration, Hilkija, le grand sacrificateur, trouve le Livre de la Loi. On en lit le contenu au roi qui déchire ses vêtements en signe de deuil et d'humiliation. Cette lecture de la Loi de Dieu, lui révèle à quel point le peuple s'est égaré, dans ses abominations. C'est le trait de lumière qui met à jour les recoins les plus obscurs, et qui révèle les fissures, les lézardes et la pourriture.

Josias consulte les prophètes. Il monte au Temple, y convoque tout le peuple: sacrificateurs, Prophètes; jérusalémites et habitante des bourgades et il leur donne connaissance du livre. Le roi conclut une alliance solennelle avec l'Eternel. Il promet de suivre les préceptes, et les commandements du livre, et il exécute sa promesse par une purification générale du temple et du pays. Il détruit les autels des. faux dieux ; il brûle toutes les idoles ; il chasse les prêtres païens ; il abolit les cultes d'Astarté et de Moloch, et les sacrifices humains, qui se pratiquaient encore.

Ce grand roi, grand par son courage et par sa fidélité - ne mérite-t-il pas le titre de Réformateur ? L'Eternel répond à sa fidélité en le préservant de l'invasion étrangère.


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Il faut vouloir.

 

Philippe a douze ans. Etendu sur le tapis devant le feu, il regarde danser les flammes dans la cheminée tout en écoutant la conversation de sa mère avec un ingénieur qui revient des Indes

- Quel magnifique voyage ! conclut-elle, comme son interlocuteur se lève pour partir. Je vous envie d'avoir vu tant de choses belles et intéressantes, mais je vous envie surtout d'avoir traversé le Canal de Suez qu'on vient d'ouvrir à, la circulation. C'est une oeuvre splendide !

- Oui, c'est une vraie merveille, fit le visiteur, en réprimant un soupir. Savez-vous que j'avais compté être un des ingénieurs qui ont percé Suez, et que j'ai travaillé dans ce but pendant longtemps, mais malgré tous mes efforts, je n'ai pas obtenu le poste convoité !

- Surtout, dit la jeune femme en lui serrant la main, ne vous. découragez pas ! Il reste beaucoup à faire dans ce monde pour les ingénieurs et même un isthme à percer autrement plus important que celui de Suez ! C'est l'isthme de Panama ! Vous verrez ! il sera percé un jour, et pourquoi ne serait-ce pas par vous ?

L'ingénieur se mît à rire et partit.

Le même soir, la mère s'approche doucement du lit de son petit garçon qu'elle croyait endormi. Mais il l'attendait avec impatience, et comme elle se penchait sur lui pour l'embrasser, il lui jeta les bras autour du cou :

- Maman ! dit-il avec force, c'est moi qui percerai l'isthme de Panama !

- Toi, mon Philippe ? mais oui, pourquoi pas ? Il faut commencer de suite à t'y préparer, bien travailler ta géographie, tes mathématiques qui te donnent tant de peine, et devenir un ingénieur de talent.

Ceci se passait à Paris en 1869. Vingt ans plus tard, Philippe Bunau-Varilla était nommé ingénieur en chef des travaux entrepris pour le percement de l'Isthme de Panama. Il commença la gigantesque entreprise à la tête d'une armée de 20.000 ouvriers. Sous le soleil de feu des tropiques, décimés par 'la terrible fièvre jaune, les Français travaillèrent dans des conditions déplorables. Paralysé par les luttes de partis, le gouvernement se lassa bientôt de soutenir l'oeuvre qu'il avait fait entreprendre. Les crédits nécessaires ne vinrent pas à temps, les ouvriers mouraient par milliers et malgré des prodiges d'héroïsme et d'endurance, Philippe Bunau-Varilla dut abandonner l'entreprise qui fut continuée et menée à chef par le gouvernement des Etats-Unis.

Lorsque plusieurs années après le Canal de Panama fut ouvert aux plus grands navires, un hommage éclatant fut rendu par

les autorités américaines aux vaillants pionniers français et à l'ingénieur en particulier qui avait eu l'audace d'entreprendre la grande oeuvre.

Le rêve du petit garçon avait orienté toute sa vie et avait fini par se réaliser.

On raconte aussi que Raold Amundsen, le hardi explorateur norvégien était un petit garçon de six ans à peine quand il déclarait à qui voulait bien l'écouter qu'il comptait découvrir le chemin du Pôle ! Son père aurait voulu faire de lui un forgeron, mais le garçon ne changea jamais d'idée et prit grand'peine à s'habituer au froid, à la faim, aux privations de tout genre afin d'être mieux à même un jour de réaliser le rêve de son enfance. Et Raold Amundsen découvrit non seulement la route du Pôle nord, mais encore explora les régions alors tout à fait inconnues qui environnent le Pôle sud.

Quand Florence Nightingale était toute petite fille, elle demandait toujours qu'on lui fasse cadeau de poupées malades afin, disait-elle, de pouvoir les soigner et les guérir. Devenue infirmière, dans un temps où cette noble profession n'était certes pas à la mode, elle fonda en Angleterre la grande oeuvre des infirmières volontaires, et surtout, quand la guerre de Crimée éclata, elle organisa, sur les champs de bataille les premiers lazarets, les premières ambulances dans un pays où tout faisait défaut, et où les épidémies faisaient presqu'autant de victimes que le canon de la bataille.

Et ne connaissons-nous pas tous un autre garçon de douze ans qui déclara un jour à sa mère «qu'il lui fallait être occupé aux affaires de son père? » Il tint parole, ne se laissant distraire ni par le travail qu'il accomplissait pourtant de tout son coeur, ni par l'attrait du plaisir. A travers toute sa vie, il obéit à l'appel qu'il avait entendu à douze ans et donna aux affaires de son père la première place dans ses préoccupations constantes et dans l'orientation de toute son activité. Il fit de l'obéissance à la volonté de son père le grand désir de son coeur et, comme il le déclara un jour, la nourriture même de son âme.

 

Il faut que je perce l'Isthme de Panama...

Il faut que je découvre le chemin du Pôle...

Il faut que je soigne les malades et les blessés...

Il faut que je sois occupé aux affaires de mon père...

 

Quatre déterminations énergiques et loyales qui ont décidé de la direction de quatre vies, mais la plus grande de ces vies, la plus sublime est celle de Jésus, parce qu'il ne s'y est jamais mêlé d'ambition personnelle et que tout dans cette vie, et cela jusqu'à la mort sur la croix n'a été qu'un long acte d'amour.

H. M.


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Le prophète Jérémie.

(Jér. 1: 1-19).

Jérémie parle au peuple

 

Quelle belle et grande figure que celle de Jérémie ! Quel digne et fidèle serviteur de Dieu !

Jérémie, dont le nom signifie: « L'Eternel fonde», venait du village d'Anathoth, dans le pays de Benjamin, à une heure et quart au N.-E. de Jérusalem. Son père s'appelait Hilkija. Dès et avant sa naissance, Jérémie est choisi par Dieu pour être son messager auprès du peuple. « Avant de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant ta naissance, je t'avais consacré, je t'avais désigné comme prophète des Nations ». (Jér. 1 : 6).

Jérémie, conscient de sa faiblesse, regimbe à l'appel. « Je ne suis qu'un enfant », ce à quoi l'Eternel répond : « Ne crains rien! Je te donne aujourd'hui tout pouvoir sur les Nations et sur les Royaumes, pour arracher et pour démolir, pour abattre et pour détruire, pour 'bâtir et pour planter ».

Jérémie a vu cinq rois se succéder sur le trône de David, et sa carrière active n'a pas moins duré de quarante ans.

Les événements essentiels qui se sont déroulés pendant la vie du prophète sont : 10 la réforme de Josias ; 2° la prise de Jérusalem et 3° la déportation de 597, puis 4° la chute du royaume de Juda, et 5° la grande destruction de la capitale en 586. Tous ces événements douloureux trouvèrent un profond écho dans le coeur de l'ardent patriote qu'était Jérémie. Il fut l'homme de Dieu par excellence. Il est à l'ordre de son Dieu. Il répète les paroles qu'Il dicte. Il tremble devant sa tâche redoutable, redoutable, parce qu'il est toujours difficile de ramener les hommes dans la voie droite, de leur dire qu'ils sont coupables. Jérémie parle quand même, il agit quand même. C'est Dieu qui parle à sa place, qui agit à sa place, lui n'est que l'instrument, et avant Saint-Paul, il marche en vertu de la parole :

Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. (II. Cor. 12 : 9).

Jérémie lutte avec Dieu. « Ils combattent contre toi, mais ils pourront te vaincre, car je suis avec toi pour te délivrer, dit l'Eternel. » (Jér. 1 : 19).

Malgré sa conviction, Jérémie ne fut point écouté. Ses intentions furent méconnues. Sédécias, lâche et veule, le fait jeter en prison et le livre ensuite à ses ennemis. parce qu'il prêche la repentance, la confiance en l'Eternel, et qu'il combat les projets d'alliance avec l'étranger, avec l'Egypte en particulier. Avec beaucoup de raison, Jérémie redoutait les conséquences funestes de telles alliances. Cela lui valut d'être accusé d'antipatriotisme.

Hélas, toutes les prévisions de l'homme de Dieu s'accomplirent. Sédécias fut emmené en captivité, les yeux crevés, la ville fut prise, rasée, saccagée et c'en fut fait du royaume de Juda.

Verset à apprendre :

Ne dis pas: Je ne suis qu'un enfant! ne crains pas! (Jérém. 1 :7-8).


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L'esprit de sacrifice.

 

- Non, je te dis que non. - Un seul ! ...

Pas la queue d'un.

Tu n'es pas gentil

Tu n'avais qu'à en ramasser aussi ! tu as préféré te promener les mains dans tes poches et le nez en l'air !... Monsieur craignait de se salir... Monsieur n'aime pas à se baisser.

- Ce n'est pas cela du tout, mais je ne pensais pas qu'on pût s'amuser avec des marrons d'Inde.

- Patrice n'aime que ce qui se mange, hasarda malicieusement une petite voix flûtée.

- Et toi donc ? je t'engage à parler ! tu es gourmande comme dix ! c'est maman qui Va dit.

- Maman a dit aussi que les frères et soeurs qui se disputent sont un déshonneur pour leurs parents !

- Alors, madame Sagesse, pourquoi lancez-vous des pointes ?

- J'ai taquiné, c'est tout ; mais si j'avais des marrons, je t'en donnerais. Demande donc à maman la permission de retourner au parc en chercher !

- Bonne idée ! viendras-tu avec moi si maman dit oui

- Pourquoi pas ?

Et voici le frère et la soeur qui montent dans la chambre de leur mère, encore convalescente et étendue sur sa chaise-longue. L'autorisation requise fut accordée, à condition que l'absence n'excédât pas une demi-heure. (Le parc est à huit minutes de marche à peine).

- Oh ! merci ! maman ! nous serons rentrés pour 4 h. 15, pour sûr

- On s'amusera bien, ensuite, à nous deux ! et je demanderai à ,oncle Ernest, ce soir, de me tailler un petit bateau dans un marron

- Et moi un panier.

- Il sait aussi faire des espèces de mirlitons !

Jean n'a pas vu partir Patrice et Lucienne, il est resté tout seul dans un coin de la salle à manger, où il édifia avec ses marrons un bâtiment destiné à loger ses soldats de plomb. Il taille ses marrons très habilement, et à l'aide d'un peu de « stickwell », il réussit à en faire des murs solides, simulant la pierre meulière. La femme de chambre entre et lui remet un billet.

Il lit : « Pourrais-tu Monter un instant et m'apporter cinq ou six de tes marrons ? Maman. »

Jean fronce les sourcils. Allons, bon 1 je parie que c'est pour les donner à Patrice ! oh ! le mendiant le sournois !... Et d'un bond il franchit l'escalier et se précipita, haletant, dans la chambre de sa mère.

- Maman, dis, c'est vrai que tu veux des marrons ? tu n'en as pas besoin !... c'est au moins pour...

Devant le regard douloureusement étonné de Mme Rinodon, le petit garçon n'achève pas sa phrase ; il reste sur le seuil, décontenancé.

- Entre et ferme la porte doucement ; tu es arrivé comme un ouragan ; quand donc seras-tu moins brusque ?

- Pardon, maman ! j'étais si bien en train de construire ma caserne que je ne me suis plus rappelé que tu étais malade !

- Alors, c'est moi qui te dois des excuses d'avoir interrompu ton jeu ! est-ce là ce que tu veux dire ? et les marrons que je te demandais ?

- Oh ! maman, non, bien sûr, il ne faut pas que tu me fasses, d'excuses pourquoi -dis-tu des choses pareilles ?... mais, écoute, tu veux vraiment des marrons ?

- Oui, et je pensais que tu m'en donnerais volontiers 5 ou 6.

- C'est que... j'en ai juste assez pour finir ma caserne, et si c'est pour les donner à Patrice, qui a flâné pendant toute la promenade...

- Ah! ! voilà bien ce que je craignais !... fit maman d'un air très triste.

- Quoi donc ? que crains-tu ? il n'y a aucun danger!

- Le danger, c'est de ne penser qu'à soi, et mon petit Jean est (Mme Rinodon regarda son fils dans les yeux) est... un égoïste.

Jean ne répondit pas, mais il baissa la tête.

- Tu n'as pas voulu donner quelques-uns de tes marrons à ton frère et tu n'as pas su t'en priver pour ta mère non plus...

- Mais, maman, qu'en veux-tu faire ?

- J'aurais été heureuse d'un geste de renoncement de ta part, et la constatation de ton profond égoïsme me cause une vraie déception.

- A toi, je t'en donnerais bien, maman, mais j'ai cru que tu les voulais Pour Patrice, qui n'avait qu'à en ramasser !

- L'amour ne calcule pas ; tu manques de générosité et tu es incapable de te sacrifier ; voilà ce qui me peine. Sais-tu pourquoi Patrice n'en a pas ramassé ?

Non ; pourquoi ?

- A son retour de Promenade, taudis que tu te mettais à jouer avec tes marrons, il est monté près de moi et m'a dit : « Maman ! les arbres sont si jolis ! je les ai bien regardés pour pouvoir te le; décrire ! ferme les yeux et tu les verras : les marronniers et les chênes sont vieil or; les noisetiers, les hêtres sont pourpres; les peupliers ont des teintes mélangées, vert clair et jaune pâle, et tout à côté, il y a des cèdres vert gris et des sapins d'un beau vert sombre ; puis, des troncs bruns couverts de lierre, des buissons d'aucubas avec des ronces rougeâtres, et, par terre, un vrai tapis de feuilles sèches qui font le froufrou de la soie quand on marche dessus. »

... Silence prolongé de Jean...

Maman reprend:

- Tout ceci, Patrice me l'a dit d'un air heureux ; il avait tout observé en pensant à sa maman, retenue dans la chambre depuis deux mois et pour plusieurs semaines encore ; il sait combien je suis privée de ne pouvoir aller admirer le parc en cette saison ; il a voulu me procurer une joie en partageant avec moi sa douce émotion à la vue de ces teintes d'automne si 'belles 1 J'ai passé un bon moment à l'écouter, mais ce qui m'a surtout réjouie, c'est de le voir capable de penser aux autres et de s'imposer une contrainte, peut-être une fatigue, pour faire plaisir. Il en a oublié de ramasser des marrons, et c'est pourquoi il t'en a demandé quelques-uns. Je lui ai permis de retourner au parc en chercher, avec sa soeur. Ah ! les voilà de retour... Tu peux redescendre.

Jean mit un baiser sur le front de sa mère et quitta la chambre silencieusement.

Bien des années plus tard, il m'a confié que ce jour-là il s'était promis, devant Dieu, de lutter contre son égoïsme, de s'efforcer de penser aux autres. Il a cherché le secours où on le trouve, dans la prière, et il a enregistré bientôt de belles victoires; d'autres me l'ont dit.

Qui de vous partira, comme lui, en guerre contre son égoïsme ? Rangez-vous sous la bannière du Sauveur qui a donné sa vie pour vous. et, par Lui, vous vaincrez.

« Oui, la victoire, tu l'auras Chante donc gloire, tu verras Ton adversaire, fort, vaillant, Tomber à terre à l'instant ! » (Cantique).

M. Schneider.


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Le message de Jérémie.

(Jérémie 26 : 1-19 ; 24).

 

Jérémie fut sans cesse en butte aux persécutions des faux prophètes qui endormaient la conscience du peuple et du roi et des courtisans qui tiraient profit des flatteries qu'ils prodiguaient au souverain. Sous Sédécias, la situation politique s'aggrave. L'opposition s'accentue contre ce « gênant » qu'est Jérémie, et les adversaires du prophète obtiennent facilement du roi de mettre à exécution leurs sinistres projets.

La situation se présentait ainsi: Jérusalem devait ou bien se soumettre à Babylone, ou bien s'allier à l'Egypte pour renverser carrément le joug étranger. Sédécias hésite ; les faux prophètes, pleins de belles promesses, et apparemment bons patriotes, poussent le roi à s'allier à l'Egypte pour renverser le joug babylonien. Jérémie, seul de son avis, conseille la soumission à Nébucadnetsar, roi de Babylone.

Son attitude pouvait aisément paraître moins patriotique que celle de ceux qui parlaient d'autonomie et d'indépendance. Mais il y a toujours deux manières de voir les choses : Il y a un point de vue charnel, il y a un point de vue spirituel. Jérémie, - homme de Dieu, - Juge du point de vue spirituel ; il recherche avant tout la volonté de Dieu. Pour deux raisons donc, il prêche la soumission.

1° Il y avait parole jurée. Juda n'avait conservé son existence, et ,Sédécias n'avait obtenu sa couronne que grâce à des engagements envers le roi de Babylone.

2° L'asservissement à une puissance étrangère était le juste châtiment des nombreuses infidélités des générations passées.

Jérémie, homme de foi, patriote sincère, était assuré quant à lui, que Jéhova n'abandonnerait jamais son peuple. Mais il voyait dans ce joug une épreuve de la main de Dieu, destinée à ramener le peuple dans le chemin du devoir et de l'obéissance. Au reste, Jérémie n'est pas un pessimiste, ni un découragé. Il est confiant. Mais lui aussi, après Esaïe, a eu la révélation d'un Dieu dont les yeux sont .trop purs pour voir le mal.

Sur l'ordre de Dieu, il se tient dans le temple. A tous ceux qui viennent adorer, il dit : « Ainsi parle l'Eternel : si vous ne m'écoutez pas, si vous n'obéissez pas à ma loi, que j'ai mise devant vous, si vous n'écoutez les paroles des prophètes que j'ai mis devant vous... je traiterai ce temple comme j'ai traité Silo, et je livrerai cette ville à l'exécration de toutes les nations de la terre ». (Jér. 26 : 4, 5). Ces paroles mettent la rage au coeur des sacrificateurs et des faux prophètes qui veulent la mort de Jérémie. «Tu vas mourir », disent-ils. Jérémie ne se trouble pas, et il répond à tous les chefs et 'à tout le peuple : « C'est l'Eternel qui m'a envoyé 'pour prononcer contre le temple et contre cette ville toutes les paroles que vous avez entendues ».

Verset à apprendre :

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l'âme... Celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père. (Matth. 10 : 28-32).