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Guillaume Farel (II.)

Rencontre de Calvin et Farel à Genève

En 1532, Farel arrive à Genève. Le clergé de cette ville, qui comptait 5 à 600 prêtres et moines, dans l'espoir de réfuter sa prédication, lui propose une rencontre où l'on discutera de sa doctrine. Farel accepte avec empressement et se rend !à l'entrevue offerte avec son compagnon d'oeuvre, Saunier. Pendant ce temps, un des prêtres avertit ses collègues : « Vous ne connaissez pas Farel, il est redoutable dans la dispute. Si vous en venez aux paroles, notre Eglise est renversée ». Aussi à leur arrivée, les deux réformateurs sont-ils reçus par un torrent d'injures. Farel répond d'une voix calme et grave : « Je ne suis point un diable, j'annonce Jésus-Christ crucifié. A cela suis-je envoyé de Dieu, notre Père, ambassadeur de Jésus-Christ, obligé de prêcher à ceux qui me voudront ouïr, et ne tâche autre chose, sinon qu'on le reçoive par tout le monde. »

Un chanoine se leva furieux de son siège et cria : « Au Rhône! Au Rhône ! Mieux vaut que ce chien de Farel meure que si tout le peuple était troublé ! » C'en était fait de lui sans l'intervention des syndics, qui l'arrachèrent aux mains des prêtres. Le lendemain, il s'embarqua secrètement avec Saunier et gagna le Pays de Vaud.

Nous le retrouvons à Genève en 1533. Froment et Viret y soutiennent avec lui le combat pour l'évangile. Le clergé renouvelle ses efforts pour s'opposer à 'leur prédication. Les Conseils, convaincus que l'abaissement du pouvoir de l'évêque amènerait le raffermissement des libertés politiques de leur cité, ne voyaient pas sans une certaine satisfaction les efforts des réformateurs pour soustraire Genève à l'autorité de son évêque. Sur ces entrefaites, un savant docteur de Sorbonne arrive au secours de l'Eglise menacée par ces redoutables joûteurs que sont Farel, Viret, Saunier. Il prêche à St-Pierre devant un immense auditoire et se laisse aller à de violentes attaques contre les réformateurs. « Ce sont, disait-il, des lâches. S'il y a ici quelques-uns de ces luthériens, qu'ils s'avancent ! » L'orateur s'arrête et semble attendre une réponse. Et voici qu'un homme se lève dans l'assemblée et d'une voix tonnante s'écrie : « Ecoutez, Messieurs, écoutez ! » Cet audacieux est Froment, qui fait expier cruellement ses insolentes provocations au docteur de Sorbonne. Puisant sa réplique dans l'arsenal de la Sainte-Ecriture, il fait une impression profonde sur l'assistance immobile et fascinée, Mais les prêtres bientôt se précipitent vers Froment. Ses amis lui font un rempart de leurs corps et l'emmènent hors de l'église. N'ayant pu vaincre leurs adversaires par la parole, les prêtres tentent de les faire empoisonner par la servante de la maison où ils prennent leur repas. Farel et Froment ne goûtèrent pas au potage ce jour-là. Seul Viret en prit et faillit en mourir. La coupable fut condamnée à la potence.

En juin 1535, une dispute a lieu. Farel y remporta une nouvelle victoire. Le nombre des adhérents de la Réforme augmente sans cesse et le 21 mai 1536, le peuple de Genève réuni au Conseil général, renonce définitivement à son ancien culte. Mais, si Genève est devenue protestante, ce n'est pas à dire qu'elle soit devenue chrétienne par sa simple rupture d'avec Rome. Farel se sent débordé par la tâche immense qui reste à accomplir. Que ferai-je, se disait-il, dans l'angoisse de son âme, de ce peuple livré à toutes les mauvaises passions de son coeur, démoralisé par l'exemple de ses prêtres ? Et ses regards suppliants s'élevaient vers les montagnes d'où vient le secours,

Au moment de ses plus grandes perplexités, il apprend qu'un jeune homme, déjà célèbre au sein du Protestantisme, vient d'arriver à Genève. C'était Calvin. Il va le trouver à l'hôtellerie où il était descendu. « C'est Dieu, lui dit-il en l'abordant, qui t'envoie ici. La moisson est blanche, mais nous manquons d'ouvriers. Viens m'aider dans l'oeuvre dans laquelle je suis engagé. »

- Je ne suis par un homme de luttes, lui répond Calvin. Je retourne à Strasbourg pour m'y livrer à mes études.

- Ah ! s'écrie Farel d'une voix terrible et avec des éclairs dans les yeux, tu ne veux pas m'aider, tu aimes ton repos ! Eh bien, pars et que Dieu maudisse ton repos !

C'est ainsi que Farel donna Calvin à Genève.

Cette même année, à la suite de la Dispute de Lausanne, octobre 1536, où Farel joua le premier rôle, secondé par Viret et Calvin, la Réforme était introduite dans le Pays de Vaud, Neuchâtel, Genève, Lausanne, trois villes de notre pays qui garderont pieusement la mémoire du vaillant soldat de Jésus-Christ qu'a été Guillaume Farel

Après un court ministère à Genève, en collaboration avec Calvin, Farel termina sa carrière à Neuchâtel, dont il fut le pasteur jusqu'à sa mort, survenue le 13 septembre 1565.

Un corps trapu, de pauvre apparence, un teint brûlé par le soleil, une figure osseuse aux traits rudes et forts, la barbe longue et mal peignée, l'oeil en feu, la bouche large d'où sortait une voix tonnante, tel est le portrait qui nous est conservé de cet homme Dieu. Car il fut un homme de Dieu, tout entier consacré à son service. On possède le sceau dont il scellait la plupart de ses lettres, une épée, avec cet exergue : Quid volo nisi ut ardeat. Que veux-je, sinon qu'elle flamboie! Il proclame la parole de Dieu, l'épée à deux tranchants (Héb. 4, 12) et ne veut savoir autre .,chose que Jésus-Christ, puisque, ainsi qu'il s'exprime dans son sermon d'ouverture de la Dispute de Lausanne, ce en quoi est tout mon bien, c'est vérité qui est Jésus.

Il ne recule devant aucune fatigue, aucun danger, quand il s'agit de rendre témoignage de sa foi. « Un enthousiasme passionné emporte Farel. Aucun catholique n'avait été plus catholique. Il avait été abismé en toute idolâtrie et malédiction papale. Dieu l'a retiré des infections tant puantes, pour porter l'oeuvre de vie, ,en chassant l'ennemi autheur du péché et de mort. Ne serait-il pas merveilleusement ingrat si continuellement il ne remerciait Dieu de tout son coeur et ne s'employait à tascher que tous soyent participants de tel et si grand bien ?

Et voilà pourquoi il va, à travers le lac, à travers les montagnes, à pied, dans le froid, attaqué, attaquant, toujours prêt à livrer bataille, dans le cimetière, sur la place du marché, dans la rue, tantôt soulevé par l'enthousiasme populaire, qui le jette dans .la chaire de l'église, tantôt repoussé, battu, meurtri, demi-mort. A Ollon, les femmes l'assaillent et le maltraitent. A Bevaix, le prieur et ses moines entrent dans l'église pendant qu'il prêche et le chassent, après l'avoir accablé de coups. A St-Blaise, le curé ameute le peuple. Et Farel rentre à Neuchâtel épuisé, défait, crachant le sang, presque méconnaissable. A Grandson, les femmes lui déchirent 'le visage ; à Valangin, sa tête frappe contre le sol, il est couvert de sang. Et il va, toujours infatigable, toujours debout, toujours confiant dans de nouvelles victoires, parcourant la Suisse romande, la soulevant, l'ébranlant, la secouant de ses bras robustes, de sa foi ardente, faisant sortir de ses montagnes et de ses villes tout un peuple nouveau. Que veux-je, sinon qu'elle flamboie ! » (E. Doumergue).

Enfants qui lisez ces lignes, souvenez-vous de ceux qui vous ont apporté l'évangile et imitez leur vaillance et leur foi.

Ed. Genton.

 

Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins... poursuivons jusqu'au bout la course qui nous est proposée, en regardant à Jésus. (Héb. 12: 1-2.)

Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. (Actes. 5 : 29).


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Quand je serai grand !...

 

Voilà une parole qu'on entend fréquemment dans la bouche des enfants ; peut-être l'avez-vous formulée plus d'une fois, chers amis, ainsi que je le faisais dans mon enfance.

Tous les plans d'avenir, toutes les bonnes et sérieuses résolutions avaient pour refrain: «Quand je serai grand! Alors je me débarrasserai de toutes mes mauvaises habitudes, je me corrigerai de mies défauts, je serai aimable, gentil, docile, poli envers chacun... je servirai avec joie le Seigneur... mais tout ceci, quand je serai grand. >

Une petite fille disait un jour: « Ce n'est pas difficile aux grandes personnes d'avouer leur faute, elles ne reçoivent ni gronderie, ni punition, taudis que nous, enfants, sommes toujours punis pour le moindre méfait. »

Cette enfant ne cherchait à disculper sa faute que dans l'espoir que sa maman et le bon Dieu se montreraient à l'avenir moins sévères à son égard.

Que serais-je devenue si le Seigneur, voulant me prendre au mot, m'avait dit : « Eh bien ! quand tu seras grande, je t'aimerai, je te garderai partout où tu iras et je te bénirai. Alors je prendrai soin de toi, mais seulement lorsque tu seras grande ! »

A cette pensée, je fus saisie d'effroi et de honte. Désormais, je n'ai plus fait de plan d'avenir, du moins pour ce qui concernait mon devoir et l'amélioration de mon caractère. C'est maintenant le temps favorable, aujourd'hui c'est le jour du salut. C'est pourquoi lorsque vous entendez la voix du bon Berger, vous demandant de lui donner votre coeur ne fermez pas l'oreille, ne renvoyez pas au lendemain. Dès ce moment, attachez-vous à Lui pour le servir selon vos forces. En vous livrant entre ses mains, vous trouverez le bonheur.

J.-A.


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Le sermon sur la montagne.

(Luc 6 : 17, 40-49.)

Pourquoi m'appelez-vous Seigneur ! Seigneur! tandis que vous ne faites pas ce que je dis ? (Luc 6 : 46. .)

Mettez en pratique la parole. (Jacques 1: 22.)

 

Dire et faire.

« Sur un petit ruisseau, non loin de Froideville, Une planche servait de pont. »

La poésie qui commence par ces mots est intitulée : « Dire et faire sont deux ». Elle raconte comment cette planche avait été peu à peu gâtée par les intempéries et comment chaque jour on parlait de la remplacer par une planche neuve. On parlait, mais on ne faisait rien, jusqu'au jour où la planche céda au passage d'une fillette qui se cassa la jambe. Alors, on fit ce qu'il aurait fallu faire plus tôt.

C'est très facile de dire oui à tout ce qui vous est commandé

« Va faire cette commission ! - Oui, maman ». « Apprends tes,devoirs ! - oui, papa ». « N'oublie pas ce cahier! - oui, mademoiselle ». « Tiens-toi tranquille! - oui, monsieur ». Et puis, trop souvent, on n'a pas fait la commission, ni ses devoirs ; on a oublié le cahier et dérangé la leçon par son babil.

C'est faire qui est important. Dans le sermon sur la montagne, Jésus nous a expliqué ce qu'il faut faire pour être heureux et pour rendre les autres heureux. Vous avez compris et vous êtes sûrement d'accord . c'est bien cela.

Maintenant faites-le. L'école du dimanche ne sert à rien si nous. ne faisons pas ce qu'on nous y enseigne. Quel bonheur, au contraire, de « mettre en pratique », pendant la semaine, la Parole entendue le dimanche !

Tout le monde sera content, et vous les tout premiers.

P. Vz.


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La Providence.

(Luc 12 : 21-31.)

 

La piété avec le contentement d'esprit est un grand gain. (1 Tim. 6: 6.)

N'ayez pas l'esprit inquiet. (Luc 12 : 24.)

Ne valez-vous pas bien plus que des oiseaux. (Luc 12. 24.)

 

Etre content.

Pardonnez-moi de vous présenter aujourd'hui un trio de mécontents. Ce sont gens désagréables à fréquenter, mais si Jésus nous en a présenté dans ses paraboles, c'est que leur exemple peut nous servir. Vous pouvez chercher, dans l'évangile, ces trois personnages.

Voici le serviteur auquel son maître avait donné un talent pour le faire valoir, c'est-à-dire pour occuper utilement sa vie. Il l'a caché dans la terre. Trouvez-vous que ce soit là une besogne bien amusante ? et puis je ressortir après, pour le rendre, sans avoir rien fait d'autre. On comprend que cet homme soit de méchante humeur.

Voici des ouvriers qui se sont engagés à travailler dans une vigne et qui reçoivent un denier pour prix de leur journée. C'est le prix convenu. Ils sont fâchés, parce que d'autres, qui cherchaient du travail et sont venus plus tard, ont aussi reçu un ,denier. Voilà leur soirée gâtée... parce qu'ils sont jaloux.

Enfin, voici un frère qui est triste et mécontent... parce que son frère cadet qui était parti et qui faisait le mal, est revenu à la maison et veut faire le bien. Il est fâché de l'accueil qu'on lui fait, :il ne vient pas à table pour se réjouir avec la famille, il boude.

Etes-vous sûrs de ne jamais ressembler à l'un de ces trois ?

Voulez-vous être riches ? Eh bien, redites chaque jour :

« Pourquoi me soucier de l'or quand j'ai la joie au coeur ?

Que Dieu me garde brave et fort : voilà le vrai bonheur.

Je suis Joyeux comme un pinson.

« Content de peu », c'est ma chanson »

P. VZ.


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Les mains sales.

 

Connaissez-vous mon ami Pierre ? Non ? c'est dommage! vous auriez plaisir à voir ce garçonnet de huit ans, au regard clair, au front haut, cet enfant plein de vie et heureux de vivre.

Nous nous plaisons beaucoup réciproquement, lui et moi, si bien que, par amitié, il m'appelle sa « marraine ». Nous nous tenons de grands discours : lui, me racontant les menus incidents de sa vie d'enfant, choyé par les uns, taquiné par les autres...: moi, lui faisant part de maints souvenirs de mon enfance, qui ont à ses yeux l'immense mérite d'être des « histoires vraies ».

Or, figurez-vous que, il y a une quinzaine de jours, mon ami Pierre et moi nous avons eu une querelle et que nous nous sommes quittés brouillés ! c'est bien triste à dire! Je suis rentrée de ma visite absolument navrée; quant à Pierre, il ne dormit guère, parait-il, cette nuit-là...

Que c'était-il donc passé ?

Hélas ! une très petite aventure... mais les moindres incidents peuvent engendrer des conséquences considérables.

Nous avions jardiné ensemble, sarclant, ratissant, désherbant le carré de terrain où Pierre fait pousser des radis, des fraises. des violettes, un groseillier et un rosier La cloche du goûter nous ramena dans la galerie, où se trouvaient déjà rassemblés grand-papa, maman, les soeurs et frères aînés de Pierre, l'oncle Albert et une dame en visite.

Pierre, qui cependant m'avait suivie, arrive en retard ; on lui offre une tartine, et je vois s'avancer vers le plat... un membre innommable, noir, boueux... articulé à la façon d'une main.

- Oh ! Pierrot ! m'écriai-je, comment peux-tu venir à table avec des mains pareilles !

Maman, occupée avec son amie, n'avait rien remarqué.

-Mais, nous ne sommes pas à table, d'abord!

Et Pierrot engloutit une demi-tartine en une bouchée.

Voyant mon « filleul » dans de si fâcheuses dispositions et ne voulant pas « faire aire une histoire », j'eus l'air de battre en retraite et je gardai le silence.

Mais une heure plus tard, quand je pris congé de mes amis, je fis exprès d'ignorer Pierre totalement. Lui, cependant, tourniquait autour de moi, et quand je m'éloignai, il hasarda timidement :

- Au revoir, marraine, tendant sa joue et faisant mine de me passer les bras autour du cou.

- Je n'embrasse pas les petits animaux domestiques... malpropres, dis-je d'un ton pincé, et je disparus au tournant de l'allée.

Pierre était resté pétrifié.

Depuis lors, je ne l'ai plus revu ; je lui tiens rigueur pour son manque de tenue et son impolitesse, mais, entre nous, je souffre plus que lui de notre « séparation ». Que de fois, ces jours derniers, ai-je demandé à Dieu de donner à mon petit ami le désir et la force de vaincre sa paresse, sa négligence!

Eh bien ! hier, la maman de Pierre m'a confié que la veille au. soir, étant entrée dans la chambre de son petit garçon qu'elle croyait déjà couché, - elle l'avait trouvé en train de se savonner les mains énergiquement. L'opération se prolongeant, elle lui avait demandé :

- Sont-ce des taches d'encre que tu veux faire disparaître ? Je vais te donner de la pierre-ponce.

- Oh ! non maman, merci, ce n'est pas la peine ! c'est seulement,.. que...

Eh bien qu'as-tu ? parle donc!

C'est que... si je rêve de marraine. je ne veux pas qu'elle me trouve les mains sales

« Si je rêve de marraine ! ... » ainsi, mon petit bonhomme de Pierre veut être trouvé correct, à présent, même en rêve ! Du coup, mon ressentiment est tombe, vous le pensez bien, et j'irai voir mon « filleul » demain, à )l'heure du goûter, pour lui donner l'occasion de me montrer ses mains, qui seront... propres, j'en suis sûre.

Je voudrais vous conseiller d'appliquer la vigilance de Pierre non seulement à vos mains, ce qui sera une excellente habitude, mais aussi à vos coeurs, Un coeur pur inspire de bonnes pensées, généreuses, désintéressées ; or, le coeur, souvent plein de désirs orgueilleux et égoïstes, se purifie dans la compagnie du Sauveur et au service de Dieu, qui nous dit à chacun : « Mon enfant, donne-moi ton coeur. » (1 Proverbes, XXIII, 26.)

M. Schneider.


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Le serviteur du centenier et la veuve de Naïm.

(Luc 7 : 1-17.)

 

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigues et chargés, et je vous soulagerai. (Matt. 11: 29.)

Que votre coeur ne se trouble point. (Jean 14: 27.)

Ne pleure pas. (Luc 7 : 13.)

 

Quand on est triste.

Avez-vous des chagrins ? Si non, tant mieux. Mais apprenez quand même ce beau passage en pensant aux peines des autres et en demandant à Jésus de les soulager. Apprenez-le aussi pour plus tard, parce que le moment viendra où vous aussi aurez à porter une charge trop lourde, où vous vous sentirez fatigués, où Jésus seul pourra vous soulager.

Avez-vous des chagrins ? Si oui, lesquels ? Il y a des enfants qui souffrent parce que leur santé est mauvaise, qui ne peuvent déjà pas jouer comme les autres, qui ont parfois si mal qu'ils pleurent de souffrance. Il y a des enfants qui souffrent parce qu'ils sont pauvres, ne peuvent pas s'accorder les plaisirs que d'autres connaissent, savent déjà ce qu'est le souci du pain quotidien. Il y a des enfants qui souffrent parce qu'on n'est pas heureux dans leur famille, il y a des querelles, des séparations, quelquefois des coups et des larmes. Il y a des enfants qui souffrent parce que leur père est mort, ou leur mère, ou un de leurs frères ou soeurs, et qui ont pleuré, au cimetière, devant une tombe.

Il y a quelqu'un qui veut consoler et qui peut aider. Pour cela, Jésus a consenti à souffrir, lui aussi, et plus que tous les autres. Il n'a pas été malade, mais il a été cruellement martyrisé. Il a été pauvre, il est né dans une étable et n'avait pas de maison à lui. Il a rencontré beaucoup d'hommes méchants qui lui ont fait de la peine. Il a quelquefois pleuré, et bien tristement.

Pourtant, il était le fils de Dieu. Mais il a voulu souffrir, pour pouvoir nous comprendre et nous soulager.

P. Vz.


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John Paton, l'apôtre des cannibales.

Missionnaire aux Nouvelles-Hébrides (1824-1907).

 

Au sud de l'Ecosse, près de Dumfries, vivait an commencement du 19e siècle une famille de bien pauvres gens, la famille de Paton. A leur foyer peu de pain, à leur foyer beaucoup d'enfants, mais comme on s'aimait entre parents et enfants ! Le père, un tisserand qui fabriquait surtout des articles de bonneterie, aurait voulu jadis être pasteur. La vie ne le lui avait pas permis: aussi désirait-il voir son rêve se réaliser pour John Gibson, l'aîné de ses onze enfants.

Mais comment lui faire entreprendre les études nécessaires avec si peu de ressources ? Si au moins l'instituteur du village eût été bon pédagogue, mais il était si brutal, donnant à ses élèves plus de coups que de leçons. La Bible était, je crois bien, toute la bibliothèque de la maison mais, après tout, quelle bibliothèque eût valu cette chère Bible de famille où ce mot revenait sans cesse

« Confiance ! L'Eternel est un Dieu de fidélité... » ?

Cette confiance dans la puissance du Seigneur et sa volonté toujours sage était la grande richesse de John. Le voici donc qui s'en va, par le monde, avec quelques pences tout au plus. Sera-t-il jamais pasteur ? c'est le secret de Dieu. Toujours est-il que le jeune homme, à la recherche d'une place, aperçoit dans une vitrine l'annonce suivante : « On demande un maître pour une école de l'Eglise libre de Maryhill (faubourg, de Glasgow) ». John court aux informations: le maître n'a pas besoin de savoir grand'chose, d'avoir fait de longues études: l'essentiel c'est qu'il sache lire, écrire, calculer, qu'il connaisse bien sa Bible et surtout qu'il ait un bras solide pour taper sur les petits polissons ! N'oublions pas qu'il y a de cela bientôt un siècle.

Aucun postulant ne se présentant, le Comité accepte le pauvre John. Son premier acte est de casser la baguette de son prédécesseur, car il veut être aimé de ses élèves. Et pourtant, ils ne valent pas cher. En voici deux qui se sont enfermés dans une armoire miaulent comme des chats sur un toit pour amuser les autres ! Paton va-t-il se fâcher ? non, il rit et déclare qu'il ne saurait jamais miauler si bien ! il essaie à son tour et la classe de rire et d'adorer le nouveau maître...

Bientôt, à Glasgow, on parle beaucoup de cet excellent instituteur qui connaissait si bien la Bible et la faisait aimer des enfants. Il fallait un évangéliste pour travailler dans les taudis, parmi les ivrognes et les vagabonds de la grande ville: qui aurait mieux fait que Paton ? Pendant dix ans le voilà donc pasteur itinérant, faisant des cultes dans les cours, dans les cuisines, dans des greniers, s'instruisant de toute manière pour se rendre toujours plus digne de sa vocation. C'est alors qu'arrive à Glasgow, en 1856, la demande d'un missionnaire pour les Nouvelles-Hébrides, le pays des « mangeurs d'hommes », dans cette Océanie où John Williams avait été tué et mangé en 1839. Cette fois le rêve du père de John était pleinement réalisé, son fils allait être vraiment le prédicateur du Christ là où personne encore ne connaissait encore le message du Salut.

En 1858, Paton débarqua aux Hébrides, ce chapelet de quarante îles situées à 2300 kilomètres de l'Australie et qui s'espacent sur une longueur d'environ 820 km., à peu près la distance de Genève à Berlin.

Proverbiale était la férocité des indigènes, tous anthropophages, haïssant au plus haut degré les blancs qui avaient d'ailleurs toujours volé et massacré les indigènes. Chacun, en Ecosse, tremblant pour Paton et les quelques missionnaires travaillant en Polynésie, mais ce que Dieu garde est bien gardé: « L'ange de l'Eternel, dit le psaume, campe autour de ceux qui le craignent et il les. garantit à l'heure du danger! » Mille et mille fois, John Paton, fit l'expérience de la protection fidèle du Seigneur.

Un jour, les sauvages incendient sa petite église, ils tentent de mettre le feu à sa maison: juste à ce moment un grondement se fait entendre dans le lointain. Le vent mugit, courbe jusqu'à terre le tronc flexible des cocotiers. La pluie tombe à torrents et éteint les flammes. Les indigènes, épouvantés, s'enfuient en criant

« Certainement, puissant est son Dieu Jéhovah ! »

Une autre fois, Paton s'était égaré dans un district habité par ses pires ennemis qui cent fois avaient juré sa mort ! Il s'égare, le voici sur un étroit sentier qui borde un précipice. La nuit est là. Le moindre faux pas serait mortel. Il se couche sur le sol attendant le jour pour reprendre sa marche et voici que des pas retentissent : une bande de sauvages avancent sur le même sentier: ils sont à sa recherche et parlent entre-eux des supplices qu'ils veulent lui infliger.. et tous passent à côté de lui, tous le frôlent, le touchent presque sans le voir ! ...

Nul homme, mieux que lui, n'a pu dire du Seigneur, avec un de nos cantiques : « c'est mon Berger qui me garde et qui m'aime ! » et il le dira surtout quand, mourant à Melbourne, en Australie où il s'était retiré, à quatre-vingt-trois ans, il laissera les Nouvelles-Hébrides presque entièrement christianisées.

Actuellement (Paton mourut en 1907), elles sont habitées par vingt mille chrétiens fidèles et convertis, par 150 instituteurs indigènes, 3 pasteurs et 19 missionnaires dont deux de ses fils. Devant une vie si belle et si féconde, comment ne pas redire avec A. Vinet:

« Puisse la Foi qui anima sa vie

Diriger notre essor vers la Sainte Patrie !»

William Genton.


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Des volontaires!

 

Le duc de Wellington avait besoin de volontaires pour une dangereuse entreprise. Il dit à ses hommes : « Voilà une affaire qui peut signifier la perte de la vie, mais cela signifiera aussi la faveur de la Reine. Je demande à ceux qui veulent faire ce service volontairement, de s'avancer et de sortir du rang. Pour vous laisser plus de liberté, je tourne le dos. »

Lorsque le duc se retourna au bout d'un moment, il vit la ligne aussi compacte qu'avant.

Des larmes lui vinrent aux yeux. Il dit : « Soldats, j'ai le coeur brisé, je ne croyais pas devoir faire un choix parmi vous pour vous imposer un service dangereux, mais je pensais trouver quelques volontaires. »

Alors, un officier, saluant le général, lui dit :

« Général, toute la ligne est à vos ordres, tous se sont avancés. »

Voyant la multitude, Jésus fut ému de compassion de ce qu'ils étaient dispersés et errants comme des brebis qui n'ont pas de berger. (Matt. 9 : 30.)

J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. (Jean 10 : 16.)