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Comment les aimez-vous!

 

- Oh! Charly, la « feuille » d'aujourd'hui!_

- Et puis après ?... Je ne veux quand même pas la lire.

Et Charly, d'une chiquenaude, envoya la boulette de papier qu'il venait de faire dans la direction d'un chat qui dormait au soleil.

- Et ton verset pour dimanche prochain ?

- Je ne t'apprendrai pas, voilà tout ; je dirai que j'ai perdu ma feuille...

- C'est honteux, dit Rose. Tu sais, elles coûtent, les feuilles, et puis il y a souvent de jolies histoires. Moi je fais une collection de toutes celles qui m'intéressent, et mon frère aussi.

- A votre aise ! je ne vous en empêche pas, répliqua Charly en tournant le dos.

- Le vilain garçon ! fit Juliette Je n'aime pas faire route avec lui, il invente toujours des sottises. Allons-nous en ! - Dis, Rose. c'est vrai que tu gardes tes feuilles ? As-tu encore celle de I'avant-dernier dimanche? Ma tante voulait la lire, mais je n'ai pas su retrouver la mienne.

- Si Rose ne l'a pas, je l'ai, déclara Jeanne. Mais tu me la rendras, car je les garde toutes, moi. Maman me donne des portefeuilles et je les y classe à mesure ; cela fait un livre à la fin de l'année. Autrefois on pouvait les faire relier - nous en avons à la maison - maïs cela coûte trop cher à présent. Je les attache bien ensemble et on tâche de ne pas les froisser ou les mélanger quand on les relit.

- Moi, je découpe la dernière page, dit Louisette, et je la colle dans un cahier. Cela fait un livre de méditations que je veux donner à ma grand'mère pour sa fête ; je sais qu'elle les aime parce qu'elles sont simples et pas fatigantes pour elle qui a de la peine à lire maintenant.

- Quel genre aimes-tu le mieux, Rose, puisque tu dis que tu gardes celles qui te plaisent ?

La fillette rougit, un peu embarrassée. Puis, bravement

- Je garde toutes celles qui me semblent écrites pour moi, dit-elle, c'est-à-dire celles qui m'encouragent à faire quelque chose de bien ou à me corriger d'un défaut. Et je les relis parfois, en me demandant si je fais des progrès. - Mon frère, lui, conserve celles qui parlent des animaux, de la nature, ou celles qui ont de jolies, vignettes faciles à copier les jours de pluie.

- Le mien ne lit que les biographies, le reste ne lui dit rien il a des goûts très particuliers.

- Au fond, reprit Jeanne, pensive, ce ne doit pas toujours être facile de trouver pour chaque dimanche quelque chose qui plaise à tout le monde, les goûts sont si différents. Et dans un Messager de l'Ecole du Dimanche, on ne peut pas mettre n'importe quoi.

- Evidemment. Il faut que l'histoire ait un but ou vous souligne en quelque façon le sujet du jour, répondit Louisette qui allait déjà au catéchisme et était très raisonnable pour son âge. Savez-vous ce que j'ai pensé l'autre jour ? Je me demandais si nous ne pourrions pas écrire à la rédaction du Messager pour faire part de nos préférences ou de nos désirs. Peut-être cela leur ferait-il plaisir de savoir que nous aimons nos feuilles et de connaître le genre d'histoires qui nous intéressent le plus. Chacun pourrait à son tour trouver ce qui lui plaît, et Charly lui-même les lirait s'il savait qu'on a pensé à lui en écrivant un numéro.

- Bonne idée ! dit Jeanne. J'en suis. Mais il faut que les garçons écrivent aussi et disent ce qu'ils pensent. Mon cousin a un groupe, je lui dirai de leur en parler. Pour ma part, je sais déjà ce que je veux dire !

- Moi aussi ! j'écris ma lettre cet après-midi.

Mon petit doigt vient de me raconter cette conversation - vous savez, les mamans devinent bien des choses sans qu'on les leur dise. - Et tout en vous en faisant part, mes petits amis, je viens vous dire : Pourquoi ne feriez-vous pas comme Jeanne et Louisette ? Si vous saviez comme ceux qui s'occupent de vous seraient heureux de savoir ce qui vous plaît et vous intéresse, et comme la tâche leur en serait facilitée. Je suis sûre que vous nous apporteriez toutes sortes de bonnes idées, et nous, de notre côté, nous nous efforcerions de satisfaire autant que possible à tous les goûts afin que chacun y trouve sa part à son tour. Le Messager deviendrait alors un lien entre vous et nous, une collaboration en quelque sorte entre vos désirs et nos récits. Et puis, vous nous diriez aussi vos impressions, et l'emploi que vous faites de vos fouilles, cela aussi nous intéresse et nous donnera des idées qui profiteront aux uns et aux autres. Vous pouvez être sûrs que tout sera lu et apprécié amicalement, et que si nous ne pouvons répondre directement à chacun, nous nous efforcerons de le faire unie fois ou l'autre par l'entremise du Messager qui sera ainsi, chers enfants des Ecoles du dimanche, toujours plus votre journal.

Qui en est ? comme dirait Jeanne, et qui écrira la première lettre ? Il n'y a qu'à l'adresser : A la Rédaction du Messager, Agence religieuse, Ale 31, Lausanne.

Donc an revoir, mes amis. Dès demain, nous guetterons le facteur.

L. M.


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La sonnette et la lampe.

 

Au temps déjà lointain où l'on commençait à utiliser l'électricité, un propriétaire avait fait installer une sonnerie électrique dans son appartement. Puis, fort de cette conquête, à s'imagina qu'ayant chez lui une source de farce - une pile - il pourrait en tirer parti pour s'éclairer. Il se munit d'une lampe, de fils et... échoua piteusement Comme il se plaignait à un ami plus compétent, celui-ci donna toute explication utile dans cette simple remarque « il faut plus de force pour faire de la lumière que pour faire du bruit ! »

Cette sage parole, n'est-elle pas comme une traduction de la parole de l'apôtre qui nous est proposée aujourd'hui ? Pour que vienne le règne de Dieu, pour que la volonté de Dieu soit faite sur la terre et que brille, un jour, la belle lumière qui met la joie dans les coeurs, il faut une force et non la pauvre farce qui fait du bruit - le bruit des paroles humaines, des belles promesses, des souhaits jamais réalisés et des résolutions jamais tenues - il faut la force de Dieu qui se manifeste dans les actes ; il faut l'énergie - on disait autrefois ;la vertu - qui remporte toutes les victoires. Elle est là ; à nous de la faire descendre ! Et n'oublions pas que le fil conducteur, c'est la prière.

 


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Pour sauver Poulette.

 

C'est d'une poule qu'il s'agit ; et, si vous désirez des précisions, je vous dirais même que c'en est une de la ferme des Bluets. Poule-Poule-Poulette habite un poulailler brun, posé au milieu d'un grand enclos plein d'herbe tendre. Elle a environ une cinquantaine de compagnes, toutes ses cousines, à des degrés différents. Malheureusement, je dois vous dire que Poule-Poule-Poulette n'est pas -une belle poule, je dirais même qu'elle est plutôt lettre n'est pas une belle poule, je dirais même qu'elle est plutôt laide. Elle a un cou immense, une toute petite tête avec d'énormes yeux qui semblent toujours sortir des orbites. Elle n'a pas même une belle voix; la sienne est lugubre, stridente, un peu fêlée aussi. Et, pour comble de malchance, est-ce que cette malheureuse n'est pas une exécrable pondeuse ; de temps à autre, seulement, à pieu près toutes les trois semaines, elle offre à ses maîtres un, pauvre petit oeuf d'un brun, pâle. Jusqu'alors, ses maîtres l'ont laissée vivre, espérant qu'une fois ou l'autre, elle commencerait à poudre avec un peu plus de zèle. Mais, comme elle ne semble guère prête à contenter leur désir, ils ont pris une grave décision. Adieu la vie, le poulailler clair, l'exquise pâtée, le soleil brillant ! Poule-Poule-Poulette ne sera jamais grand-mère; fille a été condamnée à une mort violente, par strangulation, Après quoi, ses maîtres la mangeront. C'est triste, quand même, de mourir si jeune, surtout lorsque l'on ne demande qu'à vivre longtemps, longtemps.

Heureusement, à la ferme, quelqu'un pense comme vous et moi; c'est Roseline, la petite fille des fermiers. Depuis longtemps, elle a pris en affection notre poule, a pitié de sa laideur, la protège chaque fois qu'une de ses vigoureuses cousines la pourchasse pour la battre. Lorsqu'elle a entendu sa mère déclarer que Poule-Poule-Poulette serait étranglée le lendemain matin, elle est restée impassible, n'a pas essayé d'intercéder en faveur de la malheureuse, probablement parce qu'elle savait que c'eût été inutile. Mais elle réfléchit longuement, et se coucha le sourire aux lèvres. Avait-elle trouvé un moyen de soustraire Poule-Poule-Poulette à une mort prématurée ?

Le lendemain, elle se leva au moment où le soleil commençait à rire dans le ciel bleu, sortit sans bruit dans la cour, et s'approcha du poulailler.

Cot, cot, cot, cot, codec ! Kikeriki !

Misère ! Le coq et quelques poules sont réveillés et se mettent à hurler de frayeur.

- Taisez-vous, je ne veux pas vous faire du mal. Viens, Poule-Poule-Poulette.

Avec peine, Roseline attrape la pauvre bête et reforme précipitamment le poulailler.

Ouf, c'est fait ! Roseline et sa protégée sont hors de l'enclos. Malheureusement, la petite fille ne sait guère que faire de sa poule. Où la cacher ? Et après, comment fera-t-elle pour la nourrir et la loger ?

Tout à coup, Roseline fut arrachée à ses pensées angoissées, par un bruit de voix. C'est Antoine, son grand frère, qui entre majestueusement dans l'enclos.

- Où est-elle, cette infâme poule ?

 

Derrière les groseilliers, Roseline rit sournoisement. Bon, Antoine sort, va partir.

Mais ne voilà-t-il pas que cette grosse bête de Poule-Poule-Poulette se met à chanter à gorge déployée.

- Cot, cot, cot, cot codec ! Cot, cot, codé ...ec

- Tais-toi, malheureuse

- Codé...ec !

Roseline tremble de tous ses membres. Quelle idiote de poule ! Par bonheur, Antoine, pensant que c'est une des autres poules ne daigne même pas se retourner, et s'en va en maugréant. Alors, sans attendre une minute, Roseline saisit Poule-Poule-Poulette dans ses bras et s'enfuit du côté du verger. Elle a eu une idée magnifique Au bout de leur verger, de l'autre côté de la clôture, habite une vieille femme, dans une maisonnette; elle a 'un petit jardin, aussi quelques poules. Etant très bonne, elle voudra bien, peut-être, accueillir la rescapée.

Mère Grignard est bonne, en effet. Tout de suite, elle a eu pitié de la pauvre poule, a déclaré qu'elle l'adoptait, malgré ses nombreux défauts. Poule-Poule-Poulette est déjà installée dans sa nouvelle demeure, en compagnie de trois gentilles poules, et de quatre lapins géants. Elle a le sourire, semble enchantée.

- Elle doit être anémique, cette pauvre bête. Je lui donnerai, un régime spécial pour la remonter.

Roseline est heureuse. Poule-Poule-Poulette est sauvée. A la, ferme, on se demandera ce qu'elle est devenue, puis, comme les parents de Roseline la méprisent et savent qu'elle ne fera jamais, qu'un misérable repas, ils n'y penseront plus. D'autre part, l'idée ne leur viendra sûrement pas d'aller la chercher chez la mère Grignard.

C'est ce qui arriva. Poule-Poule-Poulette était bien sauvée.

S. C.


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Appel des disciples.

(Luc 5 : 1-11, 27, 28).

 

Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ! et là où je serai, mon serviteur sera aussi. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. (Jean 12 : 26).

Ils abandonnèrent tout et le suivirent. (Luc 5: 11).

Jésus lui dit: « Toi, suis-moi » ! (Luc 5: 27).

 

L'appel du chef.

Plus d'une fois les hommes ont vu se lever devant eux de grands chefs qui, de la voix et du geste, ont essayé de les entraîner dans quelque magnifique aventure.

Je pense, par exemple, à ce jeune roi de France, Philippe VI de Valois, qui, peu de jours après avoir reçu la couronne, adressait à ses barons et seigneurs cet appel flamboyant : « Qui m'aime me suive ! » et les lançait ainsi à la conquête des Flandres. Et le résultat ? La « Guerre de cent ans », un siècle de luttes sans pitié, de massacres, de misères épouvantables.

Je pense aussi à cet Henri de Navarre, défenseur du protestantisme en France, qui, au matin de la bataille d'Ivry, caracolant sur son cheval bai, enthousiasmait ses soldats par ce suprême appel : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de La gloire ! » Hélas ! trois ans plus tard, par intérêt, par ambition, il trahissait la cause de l'Evangile et, lamentablement, tournait casaque.

On pourrait multiplier les exemples. Mais, qu'il fait bon revenir bien vite au « Prince de la paix », à ce Jésus de Nazareth qui, depuis vingt siècles, entraîne la grande armée des hommes de bonne volonté, tous ceux qui veulent aider, soulager, guérir, consoler, relever, sauver, aimer. Il a commencé avec quelques jeunes hommes qui « abandonnèrent tout et le suivirent ».

As-tu pensé qu'aujourd'hui tu es ce « quelqu'un » qu'Il attend ? Et as-tu lu ce qu'Il promet ?

J. V.


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Robert Raikes

qui fonda eu 1780, à Gloucester (Angleterre) la première école du dimanche.

 

L'imprimeur de Gloucester.

Je voudrais bien savoir qui a inventé les écoles du dimanche ? disait, un jour, tel enfant que je connais.

Il ne mettait point de bonne grâce dans cette exclamation ; il y mettait plutôt quelque chose qui ressemblait singulièrement à de la rancune. On se laisse aller ainsi, quelquefois, à un mouvement de mauvaise humeur parce que l'école vint troubler un jeu, un projet de course ou simplement un moment de paresse. Vous connaissez ça et vous gardez pourtant tous, au fond de votre coeur, une bonne place à votre monitrice et un reconnaissant souvenir pour tout ce qui vous a été donné, dimanche après dimanche. C'est parce que je suis bien certain de cette amitié que je veux vous associer à une fête célébrée, en ces temps, dans le monde entier: le 150e anniversaire de la création de l'école du dimanche, par Robert Raikes, l'imprimeur de Gloucester. Raikes, Gloucester, ce sont des noms anglais et c'est bien en Angleterre qu'il faut nous transporter pour assister au grand événement. Nous sommes là en 1780, dans une grande ville industrielle que la fumée des usines a noircie et où, dans certains quartiers, la misère sévit d'une façon continue. Les conditions du travail sont dures ; l'ouvrier peine de 14 à 16 heures par jour, et, parmi ces ouvriers, il y a beaucoup d'enfants qui commencent là 10 et 12 ans leur dur apprentissage ; c'est dire que l'immense majorité d'entre eux ignore tout de la vie de famille, de l'école et de la joie de vivre.

Robert Raikes est imprimeur et consacre ses loisirs à des visites aux prisonniers qui grouillent dans les infectes cachots qui servaient alors de prison ; il (leur porte des livres et des vivres. s'efforce de leur trouver du travail quand ils sont rendus à la liberté : on l'appelle déjà le « Père des Pauvres ». Mais, plus il pénètre dans ce milieu redoutable, plus une pensée s'impose à lui : c'est difficile de sauver les criminels endurcis, ne faudrait-il pas plutôt empêcher les jeunes de devenir des criminels ? Et voici que, de plus en plus, sa pensée se porte vers les enfants qui peuplent les faubourgs et croupissent dans l'ignorance et la misère. Mais que faire pour eux ?

Un dimanche matin, Raikes s'en va « par hasard » - nous dirons : conduit par Dieu - à la recherche d'un jardinier qui habite aux alentours de la ville. Il faut traverser les quartiers populeux dont l'image l'a hanté si souvent. Les voici, ces terribles enfants ! Sales, déguenillés, ils jouent dans la rue infecte, si l'on peut appeler cela jouer ! En réalité, ils hurlent, ils se battent, ils se vautrent dans la boue, ils organisent et exécutent de mauvais coups. Un moment, Robert Raikes, arrêté sur un pas de porte, les contemple, désespéré.

Bien des années après, conduisant un de ses amis vers cet endroit même, et lui montrant un certain point du trottoir : « Voilà. dit-il, secoué d'émotion jusqu'aux larmes, voilà l'endroit précis où, devant la misère de ces petits, je me suis demandé : ne peut-on rien faire ? Et j'ai distinctement entendu une voix me répondant : Essaie !... J'ai essayé et vous savez ce que Dieu a opéré...

Le dimanche suivant, il ouvrait sa première école dans l'un des pires quartiers de la ville, à la rue de la Suie, où demeuraient tous les ramoneurs. Il parvint à grouper dès :le début 90 garçons, qu'il fallut attirer en leur offrant du pain et ides pommes de terre chaudes. Il les divisa en quatre groupes puis organisa le travail. D'abord apprendre à lire et à écrire ! On consacrait à cette besogne les heures de la matinée, puis, dans l'après-midi, on partait, en rangs, pour aller à l'Eglise, figures et mains propres (règle sur laquelle il insistait) et quel que fût l'état des vêtements, souvent déchirés. C'est à cette époque que les gens de la ,ville surnommèrent R. Raikes : « Bobby aux canards sauvages » et ses élèves « le Régiment déguenillé ». Tel fut le début de l'Ecole du dimanche.

Trois ans après, Raikes racontait ses premières expériences dans un article de journal qui provoqua dans toute l'Angleterre le plus vif enthousiasme. Partout, s'ouvrirent des Ecoles du dimanche. En sept ans, le nombre ides élèves avait atteint le quart de million. D'Angleterre, l'institution passait en France et dans le reste de l'Europe et du monde. (En Suisse romande vers 1820). Savez-vous qu'aujourd'hui il y a, sur les cinq continents, 356.146 Ecoles du dimanche, groupant 29.411.000 enfants et 3.600.000 moniteurs et monitrices ? C'est la réalisation de la parabole de Jésus, que bien vous connaissez, sur la petite semence qui devient un grand arbre (Marc 4 : 30-32).

Ce que l'on ne peut pas dire, c'est le bien immense que Robert Raikes a fait et que l'armée des moniteurs a accompli après lui. Non seulement les enfants furent transformés, mais des familles entières et, à Gloucester même, les fabricants ne tardèrent pas à s'apercevoir du changement qui se produisit dans la conduite des jeunes ouvriers.

Que de fois Robert Raikes, retrouvant un de ses anciens élèves, devenu un homme rangé, gagnant bien sa vie, heureux au sein de sa famille, l'entendit dire : « C'est à vous que je le dois ! » Mais, Dieu seul mesure l'étendue de l'oeuvre qui se poursuit et connaît les multitudes d'hommes et de femmes qui redisent, avec émotion, en pensant au temps de leur enfance et de l'Ecole du dimanche :

Mon âme, bénis l'Eternel et n'oublie aucun de ses bienfaits ! »

Oui, Robert Raikes fut un grand inventeur.

J. V.


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La guérison du paralytique.

(Luc 5 : 17-26).

 

L'Eternel soutient tous ceux qui sont prêts à tomber et il redresse tous ceux qui sont abattus. (Ps. 145: 14).

Veux-tu être guéri ? (Jean 5 , 6).

 

Est-ce vrai ?

- Que quoi ? - Eh bien, justement, que l'Eternel soutient tous ceux qui sont prêts à tomber et redresser tous ceux qui sont abattus ?

C'est une grave question, mais à laquelle on peut répondre hardiment « oui »... pourvu que les tombés et abattus veuillent bien se laisser soutenir et redresser, et pourvu qu'ils sachent faire appel à l'Eternel.

Alors, Il leur envoie des messagers de bon secours. Et il en a Jamais il n'en a eu autant que de notre temps !

Savez-vous que, rien qu'on Suisse, il y a une armée de près de 12.000 personnes qui ont consacré leur vie aux soins des malades (plus de 10.000 femmes, diaconesses et garde-malades) ? Savez-vous que lors de son 50e anniversaire, la Croix-Bleue a pu constater qu'elle avait relevé près de 7000 hommes abattus par l'alcoolisme ? Savez-vous qu'il y a plus de 1600 enfants idiots qui sont tendrement soignés et aimés dans les 27 asiles de notre pays? Et les 400 aveugles ? Et les 800 sourds ? Et les 600 épileptiques? Et les vieillards sans famille, et les orphelins, et les tuberculeux, et tous ceux que l'on aurait peine à compter ?

Non, il n'y a pas de souffrance qui n'ait trouvé son secours et tout notre pays est ce Béthesda où Christ agit. Sachons l'en bénir et Lui aider. J. V.


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Guillaume Farel. (1.)

Guillaume Farel, qu'on a appelé à juste titre le premier et le plus vaillant missionnaire du Protestantisme de langue française, est né près de Gap, en Dauphiné, en 1489, Fils de parents pieux, il fut formé, dès son jeune âge, aux pratiques de la dévotion la plus bigote. Possédé d'un ardent désir de s'instruire, il obtint de son père l'autorisation d'aller étudier à Paris. Le voyage de Gap à %ris dura près de 25 jours. Le jeune voyageur ne partait jamais du lieu où il avait passé la nuit sans entendre, le matin, une messe basse. Si, sur sa route, il rencontrait une chapelle, il sortait de sa bourse de cuir un denier qu'il jetait dans le tronc du saint Gui de la sainte pour subvenir à l'entretien de la lampe qui brûlait devant sa statue. C'est dans ces sentiments de dévotion qu'il arriva à Paris vers 1508.

Il y trouva des maîtres qui ne tardèrent pas à le distinguer de leurs autres élèves, tant à cause de son ardeur pour l'étude que pour sa rare intelligence. Quelques-uns de ces maîtres étaient parvenus à la connaissance du pur évangile, que l'Eglise romaine avait si complètement abandonné. Parmi eux, Jacques Lefèvre, d'Etaples, auquel Farel s'attacha tout particulièrement et qui le conduisit à Jésus-Christ. Sa conversion ne fut pas l'oeuvre d'un jour, il ne quitta pas sans peine la foi de son enfance. Mais lorsqu'il fut enfin conquis à l'évangile de la grâce de Dieu, il le fut complètement et sans retour.

En 1521, il est maître au collège du cardinal Le Moine, où sa piété et l'intérêt cordial qu'il témoignait à ses élèves lui valurent d'ardentes et durables amitiés, lorsqu'il fut obligé de quitter Paris à cause de ses opinions religieuses. Il se rendit à Meaux, d'où 'les persécutions contre les évangéliques le chassèrent bientôt. Il fit alors une tentative d'évangélisation à Gap, où il eut la joie de gagner ses parents et d'autres habitants de cette ville, mais d'où les prêtres le forcèrent à s'éloigner aussi. En décembre 1523, il arrive à Bâle, où il trouva un certain nombre de Français exilés de leur patrie pour cause de religion, qu'il groupa en une Eglise et dont il fut le premier pasteur. De là, il se rend au Pays de Montbéliard, d'où Il fut expulsé aussi grâce aux menées de l'évêque de Besançon. Il se rend alors à Strasbourg, où il fit la connaissance de Zwingle et d'Oecolampade, qui le fortifièrent encore dans ses convictions religieuses. Et en automne 1526, le voilà qui arrive à Berne.

Le mouvement réformateur, qui s'étendait de plus en plus en France, en Allemagne, en Suisse, avait aussi des partisans dévoués dans la capitale de la puissante République de Berne. Mais impossible d'utiliser les services du fougueux prédicateur français en pays allemand. « Si vous alliez à Aigle, lui dit-on, les gens de ce pays (annexé à Berne à la suite des guerres de Bourgogne, dès 1474), ont grand besoin d'un homme qui puisse leur annoncer la Parole de Dieu dans leur langue maternelle ».

A Aigle, sous le nom d'Ursinus, Farel commence par ouvrir une école pour instruire la jeunesse. Les enfants vinrent en foule. Bientôt ils racontèrent à leurs parents que, tout en leur enseignant à lire et à écrire, le maître leur disait de belles histoires sur le Seigneur Jésus, son tendre amour pour les enfants et les pauvres pécheurs. Les parents venaient demander ides explications, qui leur étaient données avec bonté et conviction. Chemin faisant, le maître combattait le purgatoire, l'invocation des saints, et enseignait que seule la foi en Jésus-Christ nous sauve. Peu à peu et assez rapidement, il se forma un noyau de chauds partisans des doctrines nouvelles.

A la demande de quelques amis, Farel célèbre un premier culte, secret, le 30 novembre 1526. Un peu plus tard, il obtint du gouverneur l'autorisation. de prêcher, à la condition de ne rien dire contre les saints sacrements. Le nombre de, ses auditeurs s'accrut très vite, toutefois non sans provoquer une vive opposition des adversaires. Mois le gouvernement bernois soutint de sa puissante main de prédicateur et Farel se multiplia, à Aigle et dans les autres paroisses de la vallée du Rhône.

L'opposition augmenta ensuite de la Dispute de Berne (janvier 1528), qui abolit l'ancien culte sur tout le territoire de Leurs Excellences. Aigle essaya de résister à l'autorité de ses seigneurs. La première fois que Farel remonta en chaire dans le temple concédé aux réformés, les catholiques s'attroupèrent devant l'édifice et couvrirent la voix du prédicateur par des roulements de tambour. Les mêmes scènes tumultueuses recommencèrent le dimanche suivant. Mais MM. de Berne intervinrent alors et de telle manière que le calme se rétablit. L'opposition continua pourtant à se faire sentir et ce n'est que dès la fin de Vannée 1528 qu'on n'entend plus parler d'injures ou de voies de fait dont les prédicants auraient eu à se plaindre.

Farel entreprend maintenant de nouveaux voyages. A Morat, où il a prêché, la majorité demeure attachée à l'ancien culte. A Lausanne, même insuccès. Farel se rend à Neuchâtel. Il y prêche dans les rues, dans des maisons particulières. Le 7 janvier 1530, Morat se déclare pour la Réforme et Farel y est nommé pasteur. De là il évangélise les contrées avoisinantes. Le voici de nouveau à Neuchâtel. MM. de Berne l'y soutiennent de tout leur pouvoir. Farel ayant dit dans une de ses prédications que l'Evangile méritait d'être annoncé dans la grande église (la Collégiale) autant. que la messe qui y était célébrée, « ce qu'il dit sur ce sujet toucha tellement ceux qui avaient reçu sa doctrine, qu'ils le conduisirent ce jour-là même dans la grande église, malgré les oppositions des chanoines et de leurs adhérents. Farel entra donc ce jour-là qui était le dimanche 23 octobre 1530 dans le temple qui est proche ,du château. Ce ne fut pas sans grandes insultes de la part des chanoines, des prêtres et de tous ceux qui leur étaient attachés. On ne négligea rien pour l'empêcher de monter en chaire. Mais, malgré tous les efforts que les ennemis de la vérité purent faire,, ,ceux qui avaient reçu l'Evangile furent les maîtres. Ils firent monter Farel en chaire sans qu'il lui arrivât aucun mal, d'où il fit un des plus forts sermons qu'il eût encore faits. Il représenta les abus de l'Eglise romaine et la conformité de la doctrine qu'il prêchait avec la parole de Dieu, avec tant d'évidence et tant de force et d'efficace que lie peuple, ouvrant les yeux à la vérité de la doctrine qu'il leur prêcha, fut touché d'un zèle si ardent que la plus grande partie de ses auditeurs commencèrent à crier qu'ils voulaient suivre la religion évangélique : nous voulons, nous et nos enfants, vivre en elle. La plupart retournèrent ce même jour dans le temple et abattirent plusieurs images. C'est pourquoi, c'est de ce jour que l'on compte la réformation à Neuchâtel, De quoi fait foi l'inscription qui se lit sur la muraille à côté des tables en ces termes : « L'an 1530, le 23 octobre, fut ôtée et abattue l'idolâtrie de céans par les bourgeois. »

Après cette victoire, Farel retourne à Morat. Le 2 avril 1531, nous le trouvons à Orbe, où il échoua, mais où il gagna à sa cause notre réformateur vaudois, Pierre Viret.

Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais un esprit de force, d'amour, de sagesse. 2 Tim. 1 : 7-8.)

Je n'ai pas honte de l'Evangile de Christ. (Rom. 1 : 16).