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Réparation.

 

- Sais-tu de quel côté il s'est dirigé, le monsieur qui parlait tout à l'heure avec le jardinier ?

- Si c'est le monsieur au paletot grils qui t'intéresse, il est allé vers la mairie.

- Bon merci ; je vais tâcher de le rejoindre.

Philippe enfourche sa bicyclette et disparaît.

Le voici, en conciliabule avec le Monsieur du paletot gris.

Le monsieur. - Autant vous qu'un autre, mon garçon, si l'on me donne de bons renseignements sur votre compte. Mais expliquez-moi pourquoi vous, lycéen de première, candidat au baccalauréat, vous vous offrez comme garçon de ferme pendant la durée de vos vacances ?

Philippe, baissant la tête. - J'ai besoin de gagner de l'argent.

Le monsieur, - Votre père est-il au courant de votre démarche ? l'approuve-t-il ?

Philippe. - Mon père ne sait rien encore...

Le monsieur. - Hum ! des dettes ? à votre âge pourtant vous paraissez...

Philippe, interrompant vivement son interlocuteur. Oh! non! pas de dettes ! je ne dois d'argent à personne ! Mais j'ai un tort à réparer, et pour donner l'équivalent de ce que j'ai détruit - par ma faute - il me faudrait environ trois cents francs.

Le monsieur. - Je donne deux cent cinquante francs par mois à mon employé habituel, mais je ne puis en offrir que deux cents à son remplaçant, car celui-ci ne fera pas tout l'ouvrage ; je m'en réserve une partie, pour laquelle il faut absolument être du métier.

Philippe. - Oh 1 cela me ferait quatre cents francs 1... c'est plus que suffisant. Oh ! monsieur, prenez-moi ! (,son ton devenait suppliant).

Le monsieur. - Mais, mon garçon, vous ne vous dissimulez pas que ce sera dur ? on se lève dès l'aube, à la ferme ; ou manipule des choses qui ne sentent pas toujours bon ; on...

Philippe. - Je me mettrai à tout, monsieur, et je suis robuste! Je vous promets d'être docile ! oh ! acceptez-moi !

Le monsieur. - Eh bien ! soit ! si votre père y consent, c'est marché conclu. Faites-moi savoir sa décision d'ici samedi, et si c'est oui, nous commencerons mardi, le 1er août. Cela vous laisse encore quelques jours de vacances, ajouta-t-il en souriant; puis, il s'éloigna rapidement.

Philippe a tout expliqué à son père; celui-ci l'a écouté en silence; maintenant, il le questionne.

- Tu as attendu deux mois pour me faire cet aveu ?

- Mais Lucien m'avait pardonné, papa !

- Et tu te croyais en règle avec lui ?

Philippe, hésitant. - Oui...

- Alors, pourquoi es-tu si anxieux, maintenant, de remplacer cette montre, perdue par ta faute ?

- C'est que... depuis dimanche, j'ai compris que je devais le faire. Comme je voulais rentrer du Temple avec maman, je l'ai attendue, et ainsi j'ai assisté au service de Sainte-Cène Une phrase lue par le pasteur m'a beaucoup frappé : « Interrogez-vous vous-même et voyez si, aimant Dieu sincèrement, vous êtes disposés à réparer le tort que vous avez pu faire à votre prochain, etc.... »

J'ai pensé en moi-même que je ne pourrais jamais communier. moi qui suis catéchumène et voudrais être reçu dans l'Eglise l'année prochaine, si je ne cherchais pas à réparer le mal que j'ai fait à Lucien. Je n'ai plus eu de repos que je n'cuisse trouvé 'le moyen de lui acheter une montre. Ce ne sera pas la sienne, un souvenir de sa marraine, mais ce sera une montre, peut-être plus moderne et meilleure...

- Si tu nous avais parlé de la chose, à ta mère et à moi, nous aurions pu te donner un conseil, t'aider à...

- Ah ! c'est ce que je ne voulais pas ! c'est-à-dire... je ne voulais pas réparer ma faute en vous imposant à vous un sacrifice! je savais bien que vous m'offririez de contribuer à la dépense.

- Bien, mon garçon, j'apprécie la discrétion. J'étais attristé, au débat de ton récit, de voir que tu avais accepté 'le généreux pardon de ton camarade sans éprouver de remords ; mais ta conscience a parlé. Je bénis Dieu de l'avoir réveillée et de t'avoir inspiré le saint désir de réparer ta faute, dans la mesure et la limite du possible. Ne te crois pas devenu un héros : ce que tu fais, tu le dois à Lucien. A l'avenir, mon garçon, aie le souci d'éviter de faire de la peine, cherche à devenir un « faiseur de joies » ; Dieu t'y aidera : demande-Lui sans cesse de t'éclairer, de t'apprendre à mettre en pratique dans la vie quotidienne la « règle d'or de l'Evangile ». Sais-tu ce que je veux dire ?

- Oh ! oui, papa; je devine que c'est ce verset que tu as écrit dans mou « Pain quotidien » :

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

- Oui, tu l'as dit. Que Dieu la grave dans ton coeur, et puisses-tu, par Sa grâce, observer cette sainte et douce loi, comme l'attend de toi ton Sauveur !

M. Schneider.


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Le précurseur.

(Luc 3: 1-20.)

 

je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés d'eau, lui vous baptisera de l'Esprit Saint. (Marc 1: 8)

Il faut qu'Il croisse et que je diminue. (Jean 3 : 30,1.

Histoire de «Moi» et de «Lui»

C'est une histoire de tous les jours, qui se résume habituellement par ces mots : moi, je vaux autant que lui !

Tu te souviens combien de fois tu as parlé ainsi et combien de fois tu es allé plus loin encore, en pensant ce que tu n'osais pas dire ; «Moi, je vaux plus que lui ! » Lui, c'était peut-être ton frère, ton camarade d'école, un voisin, un pensionnaire

Moi, lui cirer ses souliers, jamais !

Moi, me laisser commander par lui, jamais !

Moi, m'aplatir devant lui, jamais !

Sera-ce une consolation et une excuse pour toi de penser que partout et toujours les hommes ont parlé ainsi ?

Une fois, pourtant, l'histoire a changé. Celui qui venait, Jésus, était si rayonnant de bonté, de sagesse, de pureté que le meilleur des hommes de son temps, Jean-Baptiste, s'est senti, soudain, tout petit devant lui : je ne suis pas digne de me mettre à genoux devant lui pour lui détacher ses chaussures ! Moi, je baptise d'eau - c'est-à-dire j'accomplis un acte très simple pour essayer de faire comprendre aux hommes que Dieu peut nettoyer leurs péchés - Lui, baptisera de l'Esprit saint, c'est-à-dire qu'Il donnera aux hommes la puissance de vaincre le mal. Lui les changera, Lui les sauvera ! Il faut qu'Il croisse et que je diminue !

Ce jour-là, l'humilité est entrée dans le monde. Sais-tu ce que c'est ou n'en es-tu encore qu'à l'orgueil, à la satisfaction de toi-même, à la recherche de tes droits? Essaie de regarder Jésus, place-le devant toi, compare-toi à Lui, laisse pénétrer son regard en toi: il y a aussi une histoire qui changera pour toi et c'est «Lui» qui passera avant ce « moi, je... » que tu connais bien, que tu connais trop.

J. V.


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La fête de grand-mère.

 

- Quel bonheur ! s'écria Mme Gentil en repliant da lettre qu'elle venait de dire, vous savez, mes enfants, grand-mère est guérie et viendra passer un mois avec nous. Ce sera sa fête le 12 octobre et nous la fêterons bien. J'espère que chacun de vous lui préparera une belle surprise,

- Nous lui achèterons un beau vase de fleurs, n'est-ce pas. maman, dit Ruse ; et nous le donnerons entre les deux ; tu réciteras un compliment, Blanchette, dit-elle en s'adressant à sa soeur jumelle, une fillette de neuf ans, ainsi...

- Oui, fit en riant la bonne maman, Rose n'aura que da peine de présenter le vase de fleurs. Non, mes chéries, il faut faire quelque chose qui vous coûte un effort, cela a beaucoup plus de valeur.

- Mais, maman, tu achèteras un beau vase qui coûtera... cent francs !

- Moi, dit Irène, la petite cousine, je n'aime pas coudre, ni tricoter, mais maman trouvera bien un beau cadeau à faire à grand'maman.

- J'ai vu, dit Blanchette, un magnifique châle rose à « La Tricoteuse ». Grand'maman serait très jolie avec.

- Mais les grand'mamans mettent des châles noirs, fit observer Rose, tu dis des absurdités. Maman décidera ce que nous achèterons.

Quelques jours plus tard, Rose et Blanchette virent arriver leur maman avec un paquet dans la main. Leurs yeux cherchaient à percer de papier gris qui l'enveloppait; mais quand Mme Gentil l'ouvrit, elles tirent toutes deux une mine bien longue.

- Oh ! maman, de la laine grise. Que veux-tu que nous fassions avec cela. Je -n'aime pas tricoter, dit Rose en faisant la moue, tu vois bien, maman, que Irène non plus ne veut pas tricoter.

- Mes petites filles, dit Mme Gentil, vous me faites beaucoup de peine et je crois que vous n'aimez pas grand'maman.

- Oh ! maman, comment peux-tu dire cela ? Elle qui nous a si bien soignées pendant notre rougeole.

- C'est précisément pour cela que j'ai pensé que vous seriez heureuse de faire quelque, chose pour elle. Donner un cadeau que papa paie, je ne vois pas là un bien grand mérite. Eh bien, voilà l'hiver et j'ai pensé qu'une paire de bons chaussons ferait grand plaisir à votre grand'maman. Vous en ferez chacune un et vous vous appliquerez de tout votre coeur, ce sera son plus beau cadeau, j'en suis certaine, il aura pour elle une grande valeur parce qu'il lui parlera du travail de ses petites filles.

Par cette sombre après-midi de pluie, Rose et Blanchette sont assises aux pieds de leur mère, sur leur tabouret respectif. Oh ! cela ne va tout seul, on tire bien des petits bouts de langue, on pousse de gros soupirs et l'on fait de grandes mailles ; les mailles à rebours donnent, comme l'on dit, « du fil à retordre », mais quand la pendule sonne trois heures, les ouvrières jettent un regard suppliant vers leur mère qui, d'un sourire, leur donne la permission de s'évader un moment et de croquer leur chocolat.

- Ah ! tu sais, grand-mère pourra être contente, dit Rose mais si tu fais de grandes ni ton chausson sera plus long que le mien. Blanchette, fais donc attention, je crois que, en général, on a les pieds de !a même longueur.

Blanchette se remet avec ardeur à l'ouvrage, mais, soudain ses yeux se remplissent de larmes, une maille a dégringolé tout au bas de son tricot, et voilà une rivière. Elle sait que maman ne les aime pas. Enfin la consolation arrive sous forme du crochet de maman et le malheur est réparé.

Heureusement pour nos travailleuses, la pluie tomba pendant des jours. Je dis « heureusement », car si le soi avait brillé, leur ardeur à l'ouvrage aurait considérablement baissé. Aussi les chaussons furent bientôt terminés, et, chose curieuse, ils étaient à peu près semblables. Il y avait bien par ci par là des jours, des « rivières» et des mailles un peu tordues, mais malgré cela, la. paire de chaussons gris auxquels on avait ajouté une jolie cordelière bleuie avec de gros pompons qui avaient fait la joie des enfants, avait fort bonne façon et ce fut un bonheur très grand, de les présenter le matin du 12 octobre à la chère grand'maman.

Quand, la journée terminée, après le beau souper où il y avait eu des meringues et des bouquets de roses comme en été, lorsque, tous les cousins et cousines du dehors furent partis, Rose et Blanchette furent bien surprises d'entendre grand'mère dire en regardant tous ces beaux cadeaux arrangés sur la table de sa chambre.

- Eh bien, mes chéries, j'ai été fêtée comme, jamais encore;. mais ce qui m'a fait le plus grand plaisir, ce ne sont pas ces belles choses qui ont coûté bien de l'argent et dont je suis très reconnaissante ; non, pas même cette fourrure que m'a envoyée, votre tante Berthe, ce sont ces gentils chaussons gris qui représentent des efforts, de la patience, peut-être même des larmes. Vous êtes de chères petites filles et vous avez su renoncer à vos jeux et donner votre peine pour faire plaisir à votre grand'mère.

Mme L. B.-C.


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Jésus à douze ans.

(Luc 2: 41-52).

 

Or Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes. (Luc 2 : 52.)

Il était soumis à ses parents. (Luc 2 ; 51.)

Ça pousse.

On peut le dire pour l'enfant comme pour les plantes : ils croissent, l'un et l'autre au soleil du bon Dieu. Mais combien plus richement, plus pleinement, l'enfant que la plainte ! Penses-y un peu.

Il y a tout d'abord, le corps qui pousse. C'est la maman qui s'en aperçoit le mieux aux vêtements qu'il faut rallonger, rélargir, renouveler souvent de fond en comble. On dit que la stature de l'enfant augmente : c'est un développement qui se poursuit de jouir et de nuit et qui se mesure en centimètres et en grammes jusqu'à ce que l'homme soit formé. Puis, il y a un développement de l'intelligence et du savoir-faire, de la sagesse qui permet de toujours mieux comprendre, de mieux raisonner, de mieux expliquer, C'est le maître d'école qui suit de plus près celle croissance et qui est appelé à la mesurer par les « notes » et les appréciations qui figurent sur le carnet scalaire. Ça pousse, mais pas tout seul ! Te l'as dit souvent : « il faut en mettre », mettre beaucoup de courage, de persévérance, de volonté jusqu'à ce que, par son travail, .l'enfant soit devenu quelqu'un.

Enfin, il y a le développement de la grâce, du plus merveilleux des dons de Dieu. C'est la possibilité, le pouvoir de rendre les autres - parents, compatriotes, compagnons de vie - plus heureux. en semant autour de soi la bienveillance, la bonne volonté, le dévouement la confiance, la paix, bref, tout ce qui fait sourire et met le coeur en joie. C'est ça qui fait de l'enfant des hommes. l'enfant de Dieu.

Quel magnifique programme, digne de toi et réalisable pour toi bien plus que tu ne le penses : comme Jésus, croître en stature. en sagesse, en grâce !


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Le secret d'André.

- Tante Alice, j'aimerais tant gagner de l'argent ! C'est Noël dans trois semaines et je voudrais faire une surprise à maman, lui acheter quelque chose qui lui fasse plaisir.

- L'idée est excellente et je t'aiderai volontiers, mon chéri. Ta maman, de quoi aurait-elle besoin ?

- D'une pelote, dit le garçonnet. Mais je n'ai point de sous. Il faudrait un franc ou un franc cinquante.

- Eh bien ! si tu veux, après l'école, me faire des commissions, porter au galetas mon bois et mes fagots, je te rétribuerai en toute justice. Mais, ne crois-tu pas, André, qu'une pelote brodée par toi, où elle verrait ta peine, ton travail, ferait à maman infiniment plus plaisir qu'une pelote achetée au magasin ?

André fit un signe affirmatif.

- J'ai de jolis modèles de broderies, poursuivit tante Alice, viens chez moi samedi après-midi. Mais tu vas regretter les parties de luge. Je crois bien que tu aimes la luge et les skis encore plus que ta maman !

- Oh! non, non ! s'écria-t-il d'un élan spontané, j'aime maman plus que tout. Tante Alice, je vais bien m'appliquer.

Il y mit en effet toute son application et tout son coeur. Et la broderie s'acheva une quinzaine avant Noël. Il en était temps. Mme Reymond fatiguée, attristée, se demandait parfois ce que faisait André, pourquoi il la laissait seule, ne songeant qu'à s'amuser... André souffrait des reproches que lui faisait sa mère. Mais il avait résolu de se taire et gardait bien son secret.

Un soir, en allant reporter son ouvrage, Mme Reymond prit froid ; elle se coucha ayant des frissons. Il fallut appeler le docteur qui constata une fluxion de poitrine. Tante Alice que sa fille aînée pouvait remplacer vint s'installer au chevet de la malade. Les nuits étaient mauvaises, la fièvre ne cessait de monter...

- Cela ne me ferait rien de m'en aller, dit-elle un jour à sa soeur, si ce n'était André. Pauvre petit, sans père ni mère, que deviendrait-il ?

- Ne parle pas ainsi, se récria tante Alice. Tu te guériras. Et ton fils sera pour toi un sujet de joie, bien que tu sembles en douter !

Oui, elle en doutait, la pauvre maman. Il n'est pas mauvais, au fond, se disait-elle parfois, mais A est tellement étourdi, léger insouciant. Il ne s'inquiète absolument pas de ce qui pourrait réjouir le coeur de sa mère...

A côté de son lit, Mme Reymond avait une reproduction du célèbre tableau de Steinberg : Le Christ en croix, avec cette devise : Voilà ce que j'ai fait pour toi, et toi que fais-tu pour moi ? Ces paroles, elle les avait lues, cent fois sans y prêter grande attention. Mais durant ces jours de maladie, ils prirent pour elle une signification toute particulière. - C'est vrai, se dit-elle. Envers Celui qui nous fit le don le plus magnifique, Celui de sa propre vie, nous sommes tout aussi ingrats que nos enfants le sont envers nous. Qu'ai-je fait pour Lui jusqu'à présent ? Rien, ou presque rien !

Quand on fut à la veille de Noël, tante Alice prit à part le petit garçon :

-Il faut faire bien les choses, lui dit-elle. Ta maman va mieux., le docteur la déclare hors de danger. Mais elle est faible encore et surtout triste. Pour la remettre tout à fait, il faut lui préparer une belle, une joyeuse fête de Noël. J'apporterai notre petit sapin tout orné, avec un panier de noix et de pommes. Tes cousines viendront chanter. Et puis, j'ai une idée. Serais-tu d'accord que nous invitions (avec la permission (de maman, cela va de soi !) les enfants du troisième ? Ces petits déguenillés qui ne fréquentent pas I'Ecole du dimanche, n'ont point de Noël. Pense comme Ils seraient contents de voir une fois juin beau sapin tout illuminé ?

- Oh ! oui, dit André avec enthousiasme, Invitons-les. les chercher.

- Seulement réfléchis. Si nous les invitons, nous devrons donner à chacun quelques noix et une belle pomme. Alors, il n'en restera plus autant pour toi...

- C'est comme tu dis, il faut demander à maman, opina-t-il avec prudence. Si elle dit oui, ça ne me fait rien !

Au crépuscule, Mme Reymond attira vers elle son enfant

- Mon pauvre petit, dit-elle les yeux pleins de larmes, Noël ce soir et cette fois je n'aurai rien à te donner...

Mais, à soin extrême surprise, la réponse d'Andrée fut un vrai cri de joie :

- Moi, maman, j'ai quelque chose... Attends une minute. tu vas voir !

Riant et rougissant, il vint présenter à sa mère un petit paquet. Elle l'ouvrit et demeura quelques secondes muette d'étonnement... Ses joues se colorèrent, son visage s'éclaira d'un radieux sourire. André la revit telle qu'autrefois, quand le père vivait et qu'ensemble, ils étaient si complètement heureux.

- Oh ! mon chéri, s'écria-t-elle en l'embrassant, c'est donc toi qui Pas brodée, cette ravissante pelote ! Tu ne saurais croire le plaisir qu'elle me cause. Je vais la suspendre là, au-dessus de ma corbeille. Et quand je serai triste, je n'aurai qu'à la regarder. Alors la joie me reviendra en pensant à l'affection de mon enfant.

Ce Noël qu'elle avait vu d'avance solitaire, sombre et froid dans son cruel isolement, fut éclairé pour MI"" Reymond d'une douce lumière. Il y eut des cantiques, de la gaîté, une belle histoire qui captiva tout l'auditoire enfantin. Les petits pauvres étaient venus avec Jeux maman une femme à l'air profondément découragé. MI' Reymond la fit asseoir près d'elle. Quelques réflexions discrètes, sympathiques, amenèrent la pauvre femme à lui confier ses chagrins. Son mari désertait le foyer. Elle-même, qui avait passé sa jeunesse à l'atelier, ne savait ni coudre ni tenir convenablement son ménage.

- Venez me voir quelquefois lui dit Mme Reymond. Nous nous encouragerons mutuellement et je serai heureuse de vous faire part du pou que je sais.

Quand les visiteurs furent partis, Mme Reymond embrassa d'un regard de gratitude sa soeur et son fils.

- Grâce à vous, leur dit-elle, je viens de passer un des moments les plus heureux de ma vie. - Elle leva les yeux vers le tableau du Christ. - Notre Maître, ajouta-t-elle, a été le grand « faiseur de joie ». C'est en suivant son exemple qu'on trouve la vie bonne, nous venons de l'expérimenter. Et c'est là seulement, j'en ai maintenant la certitude, que l'on refait son propre bonheur.

Mlle M. Meylan.


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N'affirmez pas sans certitude.

 

Allons, mes chers garçons, ne soyez pas si sûrs de tout rappelez-vous qu'on peut aisément se tromper. Si vous vous permettiez d'affirmer ce que vous ne savez pas, on vous trouvera souvent dans terreur et on perdra confiance en vous, en vos actes et en vos paroles.

N'affirmez une chose que quand vous êtes parfaitement sûrs si vous avez quelques doutes sur sa vérité, n'en pli qu'avec prudence en réservant un nouvel examen.

- Jean, où est le marteau ?

- Dans la grange, papa.

- Non, il n'y est pas, je viens d'aller voir.

- Si, je sais qu'il y est ; je l'ai vu il y a une demi-heure.

- Si lu l'as vu, il doit y être encore, va donc me le chercher.

Jean court à la grange et rapporte la scie.

- Oh ! c'est la scie que j'avais vue; le manche sortait de la caisse à grains et j'ai cru que c'était le marteau.

- Eh bien ! une autre fois, avant d'affirmer si fort, regarde un peu mieux. Je cherche le marteau et non la scie.

- Oui, papa, mais vraiment, j'avais cru le voir, sans cela, je ne te l'aurais pas dit.

- Tu m'as dit que Pu l'avais vu, et non pas que tu croyais t'avoir vu. lit y a une différence entre ces deux réponses. Ne lie presse donc pas d'affirmer sans être certain, autrement tu prendras l'habitude de répondre à !la légère, et toutes les mauvaises habitudes sont mauvaises.

Jean laissa son, père s'éloigner, mais ne paraissait pas encore entièrement convaincu d'être dans son tort.

Quelques jours plus tard, il prouva que son défaut n'était pas encore guéri.

Pendant l'hiver, il avait souvent travaillé devant la maison pour ouvrir le chemin dans la neige avec une jolie pelle de bois qu'il avait reçue en cadeau à Noël.

Avril était venu, les bourgeons des lilas allaient s'ouvrir et Chacun se réjouissait d'être au printemps.

Jean prend sa pelle et dit à sa grand'mère

- Je vais la cacher tout au fond de la grange. On n'en aura plus besoin.

La grand'maman, plus prudente, lui dit que souvent, au printemps, il y a des retours de froid. Tu devrais garder encore ta pelle pour t'en servir à l'occasion.

- Quelle idée! la neige ne reviendra pas, écoute les oiseaux qui chantent ! Et Jean s'en va cacher sa pelle plus soigneusement encore.

Trois jours plus tard, le vent se lève vers le soir, de gros nuages noirs s'amoncèlent à l'horizon, le froid augmente et la neige se mit à tomber comme au plus fort de l'hiver.

Grand'maman sourit en regardant son petit-fils qui se tient tout déçu là la fenêtre :

- Si j'avais une pelle, j'irais avant la nuit débarrasser le chemin. Où est la tienne ?

Jean se souvient du conseil qu'il a méprisé.

- Je n'aurais jamais cru que la neige retomberait ainsi.

Espérons que pour des choses plus graves, en grandissant, Jean sera moins prompt à affirmer ce dont il n'est pas sûr.


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JEUNE FÉDÉRAL

La tentation de Jésus.

(Matth. 4 : 1-11).

 

C'est parce qu'Il a souffert, qu'Il a été tenté, qu'Il peut secourir aussi ceux qui sont tentes. (Hébreux 2 :18.)

Pardonne-nous nos offenses. (Matth. 6; 12.)

Il S'y connaît!

Quelle satisfaction de rencontrer, dans la vie, des gens qui connaissent leur métier et qui font leur affaire tranquillement mais sûrement ! Il y en a, il y en a même beaucoup. Vous trouverez, quand vous en aurez besoin, de bons agriculteurs, de bons mécaniciens, de bons médecins, de bons athlètes, de bons soldats, de bons maîtres d'école ; bref, dans les domaines les plus variés, il y a des gens « qui s'y connaissent », qui peuvent donner de bons conseils, montrer les bons moyens d'arriver, fermier de bons apprentis, entraîner sûrement lies autres. :On peut dire que quoi que ce soit que vous ayez à apprendre, vous trouverez l'homme, le maître qu'il vous faut... sauf dans un cas ! Savez-vous lequel ?

C'est, je pense, quand il s'agit d'apprendre à travailler le dedans de l''honnne. Qui peut, parmi les hommes, changer un coeur méchant ? Qui peut arracher !nos défauts ? Qui peut, quand montent en nous les voix mauvaises de l'orgueil, de la colère, de l'ambition, de l'impureté, de la désobéissance, de la moquerie et toutes les autres, - qui peut les faire taire et nous donner - ce qu'il faudrait - la force de surmonter la tentation ?

Parents, patrons, maîtres disent : « il le faut... » et ne peuvent pas aller plus loin.

IL y en a un qui s'y connaît : Il a été tenté, Il a vaincu, Il peut secourir. Essaie d'ailler à Lui et tu verras.


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Une journée de Jésus.

(Marc 1 : 21-45).

Jésus à Nazareth

 

Tous étaient étonnés de sa doctrine, car il enseignait avec autorité et non pas comme les scribes. (Marc 1 : 22.)

On connaît l'arbre à son fruit. (Matt. 12 :33.)

Nicolas de Flue et son Maître.

Tout enfant Suisse connaît l'histoire de la diète de Stans et de l'arrivée de Nicolas de Flue au milieu des Confédérés prêts à en venir aux mains. Mais chaque enfant a-t-il réfléchi à la merveilleuse puissance de cette parole qui calme la tempête des colères, des méfiances des orgueils dressés les uns contre les autres, ? Comment se fait-il que les épées, rentrent au fourreau, que les mains se tendent pacifiques, les unes vers les autres et que soit scellée a nouveau l'alliance qui doit « durer à perpétuité » ? - Le pieux ermite a parlé avec autorité: sa voix n'est pas comme celle des savants ; elle n'est pas comme colle de son ami Im Grund, le curé de Stans qui a vainement essayé d'intervenir dans le débat... Elle est comme la voix de Dieu lui-même que chacun entend résonner dans son coeur et dans sa conscience.

Mais si la voix de Dieu parle par la bouche de l'homme, c'est que l'homme a eu un Maître, Jésus-Christ, qu'il a aimé, écouté. suivi jour après jouir. Et le Maître donne à son disciple, à tous ses disciples - ça -peut-être une maman un instituteur, un ami, une monitrice, un patron et n'importe, qui - quelque chose de ce qu'il a possédé Lui-même dans toute sa puissance. Et c'est si beau à entendre celle voix de Dieu, cet enseignement (cette « doctrine ») qui vient d'En Haut ! Celui qui l'a entendue, ne fût-ce qu'une fois, ne s'étonne plus de la joie de la foule sur les chemins de Capernaüm.