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Autour du veau d'or

 

 

En vaut-il la peine ?

- Te décideras-tu, oui ou non ?

- Je n'ai pas d'argent.

- Et les deux francs que tu tiens au coin de ton mouchoir

- Ils ne sont pas à moi ; j'ai une commission à faire.

- Eh ! bien, c'est tout simple : tu empruntes là-dessus le prix d'une passe, tu gagnes, tu remets ce que tu as pris et le reste est pour toi ! C'est ainsi qu'on s'enrichit quand on n'a rien.

Michel n'était pas très sûr de la valeur de cet argument et il n'osait se décider. Depuis cinq grands quarts d'heure, il se tenait devant la baraque - l'une des attractions du champ de foire - fasciné par le jeu d'adresse où pour quatre sous un risquait d'en gagner vingt si l'on était assez habile pour faire rouler une petite balle dans un trou, entouré d'obstacles, il est vrai, au fond duquel se trouvait la pièce de 2 fr. offerte en prix. Ce n'était certes pas facile, et rares étaient ceux qui y parvenaient, mais, tentés par l'appât ou l'exercice, nombre de badauds faisaient l'essai. Et Michel, adroit au jeu comme pas un, mourait d'envie de les imiter, d'autant plus que l'oncle Auguste avait passé derrière lui et lui avait dit :

- Ne reste pas là, mon garçon ; tu ferais mieux de t'en aller

Or, Michel n'aimait pas beaucoup l'oncle Auguste, encore moins ses conseils, et le fait seul que celui-ci se mêlait de ses affaires l'avait sourdement irrité, au point qu'il était resté où il était, déjà rien que par bravade : ce. vieux bonhomme n'avait rien à lui commander!

Puis Jacquot était veau. Jacquot n'était certes pas le garçon en la compagnie duquel Michel aimait à se trouver en général ; sournois et rusé compagnon, on le craignait plutôt. Et c'était justement Jacquot qui l'encourageait à tenter la chance :

- Avec l'adresse qu'on te connaît, disait-il, et la veine que tu as toujours, tu es sûr de gagner du premier coup

- Et si je ne gagne pas ?

- Eh ! bien, tu essaies une seconde fois : la belle affaire d'emprunter quatre sous de plus 1

A ce moment, une dame passa, jeta un coup d'oeil vers la boutique et murmura :

- C'est un grand tort ; ces choses-là ne devraient pas être permises.

- Je ne vous demande rien, ma petite dame, répondit le patron qui avait entendu ; vous êtes libre de garder vos sous, si cela vous plaît, Je n'oblige personne.

Il n'obligeait personne, en effet, mais il attirait et, sans en avoir l'air, il fascinait. Michel eut tout à coup l'impression que sa mère, si elle avait passé par là, eût parlé comme cette dame, et cette pensée le mit mal à l'aise, mais cela ne dura qu'un instant.

- Allons-y, dit-il brusquement, et il posa sa pièce sur le comptoir. Le temps de lui rendre sa monnaie, et il reçut trois balles, trois chances de gagner !

La première dévia et roula sur le plancher. La seconde passa juste à côté du trou. Il en restait une, une seule pour réussir.

Michel avait compris le mouvement à faire, et cette fois il y mit toute son attention et toute son adresse. 0 bonheur ! la voilà dans le trou ! Mais là aussi, il y a un obstacle et elle reste accrochée en route...

- C'est presque ça, cria Jacquot, tu as trouvé le truc. Dépêche-toi de recommencer, tu es sûr de gagner cette fois.

Michel n'hésita pas et tira quatre autres sous de sa poche. En effet, il avait compris et du coup gagna la pièce.

- Tu vois, fit Jacquot ; je savais bien que tu l'aurais ! Si j'étais toi, je continuerais. J'en ai gagné trois de suite ce matin.

Michel en doutait un peu, sachant bien que le petit garçon était plus habile à mentir qu'adroit à jouer. Mais il ne dit rien, tout préoccupé qu'il était de ce jeu si intéressant et si merveilleusement lucratif.

Quelle jolie somme il pourrait se procurer pour acheter des. crayons ou des billes, ou un nouveau canif, ou, qui sait, même un jeu d'échec qu'il rêvait depuis si longtemps...

Il recommença donc, craintivement d'abord, puis toujours plus passionnément, gagnant, puis perdant, puis gagnant de nouveau.

-Combien de temps cela dura-t-il ? Il n'eût pu le dire lui-même. Le fait est que, vers le soir, l'oncle Auguste passa derechef par là et entendit deux garçons se disputer à quelques pas de la boutique.

- Tu sais, criait Jacquot, tu me dois 3 fr., tu vas me les rendre, j'en ai besoin ce soir !

- C'est ta faute, répondait Michel, non moins excité. C'est toi qui m'as poussé à jouer, et quand j'ai perdu, c'est toi qui m'as offert tes sous !

- Tu n'avais qu'à les regagner

A ce moment, Michel sentit une main se poser sur son épaule, et la voix grave de l'oncle Auguste résonna à ses oreilles

- Pas de scandale, mes enfants. J'ai tout entendu.

Et s'adressant à Jacquot :

- Toi, mauvais garnement, voilà tes 3 fr., mais file et qu'on ne te revoie pas 1

- Quant à toi, mon neveu, tu vas me suivre et rentrer tout droit à la maison. Ta mère attend son sucre depuis longtemps... Mais, j'y pense, gage que l'argent qu'elle t'avait donné pour cela a filé comme l'autre ?

Michel baissa la tête.

La voix de l'oncle se fit encore plus grave

- C'est bon, dit-il seulement. Nous en reparlerons. Pour aujourd'hui, je te rendrai aussi ton argent, mais à deux conditions: tu avoueras tout à ta mère en rentrant, et puis tu lui promettras - sérieusement, tu entends - de ne plus jamais jouer pour de l'argent !

Et Michel le fit, car il avait compris cette fois.

L. M.


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Le veau d'or.

(Le deuxième Commandement).

(Exode 32 :1-34).

 

Maintenant, dit l'Eternel, revenez à moi de tout votre coeur. (Joël 2 :12).

Le récit. - L'histoire du veau d'or nous montre combien les Israélites étaient inférieurs à leur chef Moïse. Tandis que ce dernier est parti chercher dans le recueillement et la solitude de la montagne les directions de son Dieu, le peuple est devenu idolâtre, il a commis une grave infraction aux ordres reçus. Profitant de l'absence de Moïse et de la faiblesse d'Aaron, le peuple a confectionné une idole « qui marchera devant lui ».

Moïse redescend de la montagne, il est accompagné, de Josué, que nous voyous ici pour la première fois et que nous retrouverons, devenu successeur de Moïse et continuateur de son oeuvre, au mois d'août. Moïse a hâte de revoir les siens, il leur rapporte les deux « tables du témoignage », preuve de l'alliance conclue entre l'Eternel et Son peuple. Le législateur domine la plaine, mais quelque chose d'insolite s'y passe. Que signifient ces cris ? Le peuple serait-il en danger ? Non, ce sont des chansons et des danses... Moïse SI approche encore, son coeur se serre ; hélas, il doit se rendre à l'évidence : le peuple, son peuple, pour lequel il donnerait sa vie s'il le fallait, rend hommage à une idole d'or !

Moïse, maintenant, est dans le camp. En présence de sa terrible colère, le calme est revenu, les plus bruyants fêtards se sont tus. D'un geste, et pour bien montrer que l'infidélité israélite a gravement offensé Dieu, Moïse fracasse les deux pierres plates, témoignage visible de l'alliance de Dieu ; puis il réduit le veau d'or en miettes et en répand la poussière dans de l'eau que les Israélites boiront, en signe de repentance. Après avoir sévèrement réprimandé son frère Aaron, le chef hébreu est. remonté sur la montagne pour implorer le pardon divin.

Le deuxième Commandement. - Le voici, résumé : Tu ne te feras pas d'images taillées pour te prosterner devant elles. (Ex. 20 : 4). Il peut sembler que cet ordre ne soit pas pour nous. Sans doute, personne chez nous n'aurait l'idée de se fabriquer de grossières idoles ! Et pourtant ! Si le péché d'Israël consista à se faire une représentation grossière de l'Eternel, combien de gens se montrent tout aussi coupables que le peuple hébreu. Ils ont rabaissé Dieu en lui prêtant; leur faiblesse et leur coupable indifférence en présence du mal... Quand nous rendons un culte au Dieu très saint, - que ce soit individuellement, en famille, ou en publie, - réfléchissons à l'acte grandiose que nous accomplissons, mettons-y beaucoup de sérieux et d'attention, toute notre sincérité aussi. Efforçons-nous toujours mieux de comprendre et de pratiquer cette recommandation de l'Evangile :

« Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. »

 


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Qu'en pensez-vous ?

 

Par une superbe journée d'été, j'ai fait, avec mon ami, une randonnée à travers notre pays. Partis à la première heure, nous avons traversé les pentes qui bardent le lac, les champs et les bois du plateau, les forêts profondes de la montagne.

.Partout nous avons admiré, avec la beauté du paysage, les signes de la prospérité qui accompagnent le travail. Nous nous sommes enfin arrêtés pour nous dégourdir et nous restaurer dans un village, moitié industriel, moitié agricole, où nous avons retrouvés réunis tous les caractères du pays. Les vieilles maisons sont celles des agriculteurs, elles se ressemblent toutes et leurs larges toits sont faits pour abriter les bonnes récoltes. Les industriels sont venus plus tard, ils ont bâti leurs demeures chacun selon ses goûts et ses moyens. Il y en a qui sont bien petites et bien légères, d'autres plus riches, mais partout les jardins bien cultivés et les fleurs font plaisir à voir.

Au milieu du village, il y a une vieille église qui rappelle aux générations nouvelles, comme à celles qui ont passé, la bénédiction de Dieu, seule chose nécessaire parmi beaucoup de choses utiles et dignes d'intérêt.

Comme nous arrivions au pied du clocher, l'horloge sonna neufs coups sonores et au même instant, par une porte ouverte sur la terrasse, les écoliers sortirent comme les abeilles d'une ruche qu'on viendrait de secouer.

Nous sommes, en effet, devant l'école et c'est l'heure de la récréation.

Après quelques instants d'agitation, les groupes se forment. Voici les fillettes qui s'installent au soleil et babillent joyeusement; voici les garçons qui discutent à l'autre bout de la terrasse et qui, après pu rapide colloque, commencent un jeu qui les met tous en mouvement. Quel joyeux spectacle ! Comme il fait bon voir cette jeunesse s'animer, courir, se poursuivre et se venger un peu des heures d'immobilité forcée qu'impose le travail de l'école.

Je suis resté un bon moment ravi de les observer. Hélas ! je dois avouer pourtant qu'après avoir pris plaisir à les regarder. il m'a fallu quand même emporter finalement une impression pénible.

C'est que, au fur et à mesure que le jeu s'est animé, mes garçons sont devenus violents ou plutôt grossiers. An milieu de cris et d'exclamations qui sortent tout naturellement, de leurs poitrines, voici les vilains mots, les grossièretés, les blasphèmes !

Tous n'en usent pas, sans doute, mais nul n'a l'air de s'étonner ou de trouver la chose mauvaise.

Faut-il intervenir et ramener les coupables à d'autres sentiments ?

Une fenêtre s'est ouverte, un claquement de mains, la bande agitée s'engouffre par la porte ouverte et la place redevient silencieuse comme il convient au village.

Que faut-il penser de ces garçons ? Ils ne sont pas plus mauvais que d'autres. Ceux qui ont l'injure si facile ne sont que des victimes d'une mauvaise habitude trop répandue; ils répètent ce qu'ils ont entendu et s'imaginent sans doute que c'est un moyen d'affirmer qu'ils sont des hommes.

Il y a probablement parmi ces écoliers des catéchumènes, des élèves de l'Ecole du Dimanche... peut-être liront-ils ce Messager.

Ce sera, je l'espère, une occasion pour eux de réfléchir et surtout de renoncer à cette grossièreté qui nous a paru ce jour-là comme' une vilaine tache sur un magnifique tableau.

R. E. D.


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De la prière.

 

Dans le Journal de l'Archiduc Maximilien d'Autriche, qui mourut fusillé au Mexique, après y avoir été empereur (1867) on trouve le récit suivant :

« Aujourd'hui, un matelot est mort à bord. Lorsqu'il sentit sa fin proche, au milieu de ses angoisses, il supplia que quelqu'un vint prier avec lui. Le médecin du bord s'adresse aux officiers aux matelots ; tous trouvèrent des excuses ; pas un d'entre eux ne se sentait à même de prier à côté d'une âme qui allait entrer dans l'éternité. Alors J'allais moi-même auprès du mourant, mais pas plus que les autres, je ne me sentis capable de prier; je prononçai péniblement quelques paroles embrouillées dont j'eus honte. Il fallut chercher un livre de prières ; je me mis à genoux ; le pauvre matelot pria avec moi et parut réconforté. »

L'archiduc ajoute dans son journal

« Comment se fait-il que nous, hommes d'aujourd'hui, qui savons tout faire, nous ne sachions pas prier ?

Les mots nous restent dans la gorge lorsque nous essayons de les faire entendre à Dieu. »


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Mara, Elim, Sim, Rephidim.

(Le troisième Commandement).

(Exode 15 : 22-27 ; 16 : 1-16).

 

Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. (Jacques 4 6).

Le récit. - Après l'épisode du veau d'or, qu'il était tout indiqué de mettre en parallèle avec le second Commandement, nous avons laissé derrière nous bien des événements survenus au cours de, cette très longue marche du peuple hébreu entre la mer Rouge et la Terre promise. Nous rappellerons ici les quatre étapes, dont les noms sont inscrits au haut de cette page et qui sont antérieures à l'épisode du veau d'or ! A plusieurs reprises, les Israélites murmurèrent : « Ce n'est pas contre nous, dira Moïse, que vont vos murmures, c'est contre l'Eternel ». En go plaignant si fréquemment, les enfants d'Israël ont donc « pris en vain » le nom de leur divin Protecteur...

Mara, dont le nom signifie amertume, évoque une scène particulièrement douloureuse. Les pèlerins n'ont plus d'eau, la soif cruelle les tenaille quand, ô bonheur, ils trouvent de quoi l'étancher. Chacun se précipite : hélas l'eau, qui semblait fraîche et pure, est amère ; ceux qui en goûtent doivent la cracher aussitôt avec un haut-le-coeur... Mais Dieu, qui veille, n'abandonnera pas son peuple, il indiquera à Moïse une plante qui va rendre l'eau potable. (De nos jours encore, aux Indes, on fait disparaître l'amertume de l'eau au moyen de certaines plantes). Après Mara, Elim, d'heureuse mémoire : l'eau coule là, abondante et saine, de magnifiques ombrages accueillent les pèlerins... La halte est reposante ! Puis, c'est la traversée dit désert de Sin, où les Hébreux vont souffrir de la faim. Là encore, l'Eternel viendra au secours de son peuple. Après des cailles, abondantes d'ailleurs en ces régions, c'est l'envoi d'une » manne » mystérieuse qui recouvre la terre, à la grande joie des Israélites affamés. Mentionnons encore Rephidim (Ex. 17 :1-7) où, de nouveau, le nécessaire manquera. Sur l'ordre de l'Eternel, Moïse frappe « Le rocher d'Horeb », Israël reçoit de quoi se désaltérer, il a été, une fois de plus, l'objet de la miséricorde d'En-Haut...

Le troisième Commandement. - Le saint nom de l'Eternel ne doit pas être prononcé à la légère : Tu ne prendras point le nom de l'Eternel, ton Dieu, en vain... (Ex. 20 : 7). Enfreindre ce commandement n'est pas seulement jurer d'une manière vulgaire, ce que nos lecteurs s'efforcent sans doute d'éviter, c'est employer, sans rime ni raison, le nom sacré de Dieu. Dire par exemple : « Mon Dieu », c'est invoquer le Tout Puissant, c'est réclamer sa présence. On l'oublie trop souvent ! Prenons, dès aujourd'hui, l'engagement de ne jamais prononcer le Nom très saint dans les propos, souvent futiles, de nos conversations ; réservons, amis lecteurs, ce Nom-là pour les instants sacrés de la prière, pour l'heure sainte du culte ; ne rabaissons jamais Dieu jusqu'à nous, mais efforçons-nous de nous élever jusqu'à lui. « Que ceux, a écrit un penseur religieux, qui vivent autour de nous soient frappés de l'empreinte laissée par Dieu dans le sentier de nos vies»...


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Rêve ou réalité ?

 

- Madame Daron ?

- Oui, madame.

- Excusez-moi de me présenter ainsi chez vous sans vous avoir annoncé ma visite. Je suis à la recherche d'un petit garçon de dix ans, dont le signalement me paraît répondre à celui de Marc Daron : « cheveux bruns bouclés, yeux bruns, teint mat ».

« Tiens ! c'est de moi qu'il s'agit , me dis-je en moi-même.

(Je dois vous expliquer que, étant dans la salle à manger en train de faire mes devoirs, j'ai pu entendre ce qui se disait au salon, dont je ne suis séparé que par une portière de jute).

vif, intelligent, complaisant... »

« 0 ! elle est bien renseignée, la dame ! dressons l'oreille pour bien saisir la suite... »

Maman. - Oui, madame, mon fils ressemble assez au portrait que vous tracez.

La dame. - Je continue : bon coeur, courageux, mais... hélas j'ose à peine le dire : cruel, v...

Maman. - Non, pas particulièrement.

La dame. - Voleur...

Maman. - Oh ! non, madame, jamais

La dame. - Sournois...

Maman. - Vous vous trompez, madame, mon enfant est franc comme l'or. Sans doute, il a des défauts ; il est étourdi...

La dame. - Ah ! je vous le disais bien ! ...

Maman. - Vous parliez de vol, de cruauté...

La dame. - Mai oui, c'est synonyme d'étourderie. Voyez plutôt :... suivit un chuchotement dont je ne pus distinguer le sens ; d'ailleurs j'étais indigné, et j'allais me précipiter au salon pour protester, quand une parole de ma mère me cloua sur place :

- Est-ce vraiment possible, chère madame ? mon petit Marc est en voie de devenir un criminel ? C'est affreux ! c'est épouvantable ? que faire ?

La dame. - Coupez le mal à sa racine ; agissez vigoureusement; remettez-lui ceci de la part du photographe qu'il a vu jeudi ; je reviendrai prendre de ses nouvelles dans huit jours. Au revoir, madame.

J'entendis ma mère raccompagner la visiteuse et me demandai ce qui allait suivre.

- Marc, on vient d'apporter les épreuves du photographe; veux-tu les voir

- Ma photo ? ô oui ! est-elle ressemblante ?

- Tu en jugeras par toi-même ; tiens, regarde-les tout seul, il faut que j'aille donner le bain à bébé.

Ma main tremblait en ouvrant l'enveloppe : j'en sortis trois photos, dont l'examen m'horrifia.

1 ère pose. - Charles a mis dans son placard à lui les chaussures de sa soeur, qui les a longtemps cherchée, perdant ainsi un quart d'heure qu'elle comptait consacrer à son piano. Charles lui a volé son temps, par suite de son étourderie ; la photo le montre avec le mot voleur estampillé sur son front.

2e pose. - Charles est dans la rue, en tenue d'écolier il passe devant le bureau de poste, mais la lettre qu'il doit y déposer reste au fond de sa poche ; sur sa main est écrit : cruel. Le petit cousin attendra plusieurs jours la lettre d'invitation qu'il espère recevoir pour le consoler de son opération et il sera déçu.

3e pose. - Charles est debout devant l'armoire à pharmacie ; il regarde la pièce de mécano qu'il tient à la main gauche, et de la droite saisit distraitement un flacon de laudanum, alors que sa mère le prie de lui apporter la teinture d'iode. La même photo montre aussi Charles, devenu homme, pharmacien, mettant dans ,une potion une drogue nocive, en proportion dangereuse. Assassin !

C'en est trop ; qu'est-ce que tout cela signifie ? c'est juste ce que lui disait hier le proviseur du Lycée « Votre étourderie. est impardonnable ! vous l'appelez un petit défaut, mais j'en fais une maladie aiguë, d'autant plus redoutable qu'elle est contagieuse. Elle vous entraînera aux pires conséquences, si vous ne la combattez énergiquement dès aujourd'hui ; vos professeurs et moi nous vous y aiderons, mais sans votre bonne volonté, nous n'obtiendrons aucun résultat. Dans tous les cas je vais prendre des des positions telles que votre exemple ne puisse plus nuire à vos camarades. Vous aurez de mes nouvelles avant peu. »

Oui, c'est ainsi que le proviseur l'avait sermonné la veille. Serait-il de connivence avec le photographe ?

On ne l'a jamais su ; quelques-uns s'imaginent que Marc avait eu un cauchemar, dû aux reproches cités plus haut!... Qu'en penses-tu, ami lecteur ?

Si tu m'en crois, tu lutteras contre l'étourderie si, par malheur, comme l'ami Marc, tu es affligé de cette vilaine maladie.

M. Schneider.


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Amalek.

(Le quatrième Commandement).

(Exode 17 : 8-16).

 

Le récit. - Certaines contrées solitaires ont été de tous temps dangereuses parce que fréquentées par des tribus sans scrupules. Aujourd'hui encore, il n'est pas prudent de s'aventurer dans telles régions, d'Arabie en particulier. Les Israélites, que conduisait Moïse, en firent déjà l'expérience ! Ils eurent maille à partir, à Rephidim, où nous les avons laissés, il y a huit jours, avec d'effrontés pillards, les Amalécites. Ceux-ci, lisons-nous dans le Deutéronome (25 :18) choisirent leur moment. Dissimulés derrière des rochers, ils se gardèrent bien d'attaquer en face l'immense caravane, mais se jetèrent précipitamment sur l'arrière dans le but, sans doute, d'emporter beaucoup de butin. Aussitôt prévenu, Moïse a chargé Josué d'attaquer à son tour. Un combat va être livré ; les Israélites en sortiront vainqueurs...

Et Moïse, que va-t-il faire ? Il ne participera pas à la mêlée, mais il va donner aux combattants une aide autrement plus efficace. Il monte sur un contrefort de la montagne qui domine le champ de bataille, et là, tant que le jour dure, tenant « le bâton de Dieu », sceptre qu'il a reçu du Très-Haut et qui est le symbole de la puissance surnaturelle dont il est l'instrument, Moïse, dans l'attitude de la prière, c'est-à-dire les mains étendues vers le ciel, intercède pour les soldats de son peuple ! Ce magnifique spectacle galvanise le courage et stimule l'ardeur des combattants. C'est si vrai que chaque fois que Moïse, harassé, laissera tomber ses bras, le découragement gagnera ceux qui luttent. Moïse s'en rend compte, mais l'heure vient où il n'en peut plus : la fatigue a raison de sa volonté de fer ! Il est aussi aisé de se représenter l'angoisse de son coeur que la lassitude de son corps. Aaron et Hur sont là, ils soutiennent leur chef qui, jusqu'au coucher du soleil, et, au prix d'une extraordinaire énergie, est resté en prières. Pendant un jour, un jour entier, Moïse a imploré le secours de Dieu...

Le quatrième Commandement. - Il nous rappelle que s'il est nécessaire d'honorer Dieu par le travail de la semaine, nous devons respecter son saint jour. Le quatrième commandement ordonne la cessation du travail, a Part, bien entendu, « les oeuvres de nécessité et les oeuvres de charité. » (Voir Luc 14 : 5 ; 13 : 16). Il est inutile d'insister beaucoup sur une invitation en général bien observée, encore que trop de gens se fatiguent inutilement le dimanche au lieu de se reposer. Mais, il ne s'agit pas seulement du repos corporel, Dieu, qui leur a donné une âme, attend de ses enfants qu'ils se tournent vers lui. Le dimanche est un jour mis à part pour la prière. Quand on se souvient du pieux Moïse, restant un jour entier en prière et qu'on songe avec quelle facilité on trouve des prétextes pour éviter de s'associer à ceux qui... une heure seulement, participent à un culte, on ne peut s'empêcher d'être repris dans sa conscience !

Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Six jours tu travailleras et tu feras toute ton oeuvre... (Ex. 20 : 8, 9).


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Tiens-toi le pouce!

 

- Tu sais, Jeanne, que tu m'as promis de te le tenir cet après-midi, de trois à quatre heures. Tu n'oublieras pas, au moins ?

- Non, sois tranquille. Mais tu te le tiendras à ton tour mardi prochain, pendant ma composition d'histoire ?

- C'est entendu, compte sur moi, ma vieille. Mais gare à toi si. j'attrape une mauvaise place aujourd'hui.

- Oh ! je le tiendrai bien, je te le promets.

- Je voudrais être à quatre heures. C'est si embêtant, les compositions de calcul.

- Allons, courage, mon pauvre René 1

Là-dessus le frère et la soeur se séparèrent pour se diriger vers. leurs classes respectives. Car ce dialogue, j'oublie de le dire, avait lieu dans la cour du collège mixte que tous deux fréquentaient.

Quelques jours plus tard, Mme Darcy, la mère des deux enfants, en entrant dans la salle d'études y trouva Jeanne en pleurs, tandis que René la considérait d'un air furieux.

- Qu'y a-t-il donc, mes enfants ? dit-elle. Vous êtes-vous disputés ?

- Il dit... que c'est ma faute... s'il a eu une mauvaise place en calcul... balbutia Jeanne à travers ses larmes.

- Certainement que c'est ta faute ! interrompit René d'un ton courroucé. Si tu t'étais donné la peine de bien le tenir, j'aurais eu une bonne place.

- Mais je me le suis tenu tout le temps.

- Menteuse ! Si tu disais vrai, je n'aurais pas été huitième, alors que la dernière fois j'étais second 1 Mais tu verras un peu si je me le tiendrai pour ta prochaine composition !

Mme Darcy, qui écoutait ses enfants avec surprise, intervint à ce moment.

- Se tenir quoi ? interrogea-t-elle. Que veux-tu dire, René ?

- Se tenir le pouce, maman. Tu sais bien que ça porte chance..

- Non, vraiment, je ne le savais pas.

Ce fut au tour des deux enfants de regarder leur mère avec surprise.

- Quand on veut réussir quelque chose, une composition par exemple, expliqua René, on demande à un camarade de se tenir le pouce gauche dans sa main fermée pendant tout le temps que dure la composition, et alors on est sûr d'avoir une bonne place. Seulement, il faut tenir la main bien fermée et ne pas retirer son pouce un seul instant.

- Moyennant quoi, reprit Mme Darcy avec gravité, on est sûr d'être premier en composition, même si l'on n'a pas bien étudié.

- Oh ! naturellement, il faut travailler de son mieux, dit René, vexé. Mais sans la chance, tous les efforts ne servent à rien.

- Fort bien, dit Mme Darcy avec le même sérieux. Dorénavant, quand je voudrai réussir cette crème Chantilly que je manque si souvent, je demanderai à votre papa de se tenir le ponce pendant que je la confectionnerai, et je serai sûre d'obtenir une crème parfaite.

Les enfants s'aperçurent fort bien que leur mère se moquait d'eux et en rougirent de dépit.

- On dirait... que tu ne crois pas à ce que nous disons, fit Jeanne timidement.

- Mes chéris, comment voulez-vous que je prenne au sérieux une telle absurdité ? Votre pouce est-il doué de raison et d'intelligence pour pouvoir influer sur la réussite de nos entreprises ?

Mais si ça parte chance... commença René.

Tu crois donc, mon petit René, qu'il existe une puissance appelée « chance » que l'on peut se rendre propice par certaines pratiques. tout comme les païens croyaient s'attirer les faveurs de, leurs idoles en leur offrant des sacrifices ? C'est une grande erreur. La chance n'existe pas. Nos réussites dépendent avant tout des, desseins de Dieu à notre égard, mais aussi de nous-mêmes, de nos efforts, de notre travail. Si tu as été second en calcul au dernier trimestre, c'est que tu avais soigneusement préparé ta composition. Ce mois-ci, au contraire, tu étais plus occupé du train mécanique que parrain venait de te donner pour ta fête que de tes livres, n'est-il pas vrai ?

René baissa le nez.

- Il n'est donc pas étonnant que tu n'aies été que huitième. Vois-tu, cette croyance à la « chance » n'est qu'une superstition ; superstition aussi, la coutume de toucher du bois pour éviter le malheur, de ne rien entreprendre un vendredi, de considérer le nombre treize comme néfaste, etc... Ces superstitions sont un reste du paganisme, Mors que les pauvres païens, qui ne connaissaient pas le seul vrai Dieu, attribuaient une puissance mystérieuse à toutes les forces et à tous les phénomènes de la nature. Mais nous qui savons que Dieu seul est puissant sur la terre et dans le ciel, comment pourrions-nous croire en ces grossières superstitions ?

M. Allégret.


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Visite de Jethro à Moïse.

(Le cinquième commandement.

(Exode 18: 1-21).

Le récit. - A la suite d'un dissentiment survenu peu avant le séjour des Israélites au désert, Moïse avait envoyé Séphora, sa femme à Jéthro, son beau-père. Ce dernier « apprit tout ce que Dieu avait fait en faveur de Moïse et d'Israël... », aussi, résolut-il d'aller, accompagné de sa fille et de ses deux petits-fils, rendre visite à son illustre, gendre. Moïse reçut Jéthro avec amabilité et respect. Les deux hommes s'entretinrent fort cordialement : Moïse raconta la fuite loin de l'Egypte, la marche à travers le désert, bref, ces péripéties nombreuses du voyage dont vous vous souvenez, lecteurs, en insistant sur la bonté de Celui qui avait dirigé et protégé son peuple. Profondément impressionné, Jéthro rendit hommage à l'Eternel et lui offrit un sacrifice.

Le lendemain, se rendant compte de la tâche énorme assumée par Moïse, qui jugeait tous les différends qui menaçaient la bonne entente des Israélites, Jéthro engagea son gendre à ménager ses forces et lui conseilla de désigner un certain nombre d'hommes de toute confiance pour se prononcer à sa place, au moins pour les petites causes, tandis que lui, Moïse, émettrait son opinion dans les seules affaires importantes... Et Moïse, sagement, tint compte de ce judicieux avis.

Le cinquième commandement. - Honore ton père et ta mère afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l'Eternel, ton Dieu, te donne. (Exode 20 : 12).

Si la première partie du décalogue insiste sur les égards qui sont dus à Dieu, la seconde partie, (la « seconde table », par contre rappelle aux hommes leurs devoirs réciproques. Comme de juste, c'est la piété filiale qui est le premier souci du législateur hébreu. La famille est voulue de Dieu. L'autorité de nos parents est donc sacrée, nous leur devons de la tendresse et du respect : honorer son père et sa mère doit être une chose toute naturelle et ne coûter aucun effort ! Les enfants qui ne le comprennent pas sont bien à plaindre ; ils oublient que leurs parents, même s'ils sont loin d'être parfaits, demeurent pour eux, avant les pasteurs et avant les moniteurs ou les monitrices, les représentants du Dieu Père. Enfant, jeune garçon ou jeune fille, si ces lignes tombent sous tes yeux, lis les attentivement, et que tes yeux qui lisent soient deux fenêtres largement ouvertes sur ton coeur 1 Grâce à tes parents, tu possèdes le bien inestimable de la vie. Et puis, alors que tu ne savais pas même parler, au temps, plus ou moins lointain, où tu étais un tout petit paquet rose déposé dans un berceau, qui s'est penché sur toi avec amour, qui t'a soigné, veillé parfois avec une tendre sollicitude ? Qui ? - Tu le sais bien ! Tout cela et... tant d'autres choses que tu connais, veux-tu les compter pour rien ? As-tu rencontré de ces jeunes qui sont charmants en société et insupportables à la maison ? Eh bien, ce sont des lâches, parce qu'ils savent bien que des étrangers les mettraient à la porte, tandis qu'à, la maison paternelle le gîte et le couvert sont assurés ! « Que penser, a dit justement quelqu'un, d'un oiseau qui garnirait d'épingles son nid ! »


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Un rayon dans les ténèbres.

(Episode de la vie de Mathilde Wrede.)

 

La porte de la cellule vient de s'ouvrir et de se refermer. Une femme se tient sur le seuil, calme et digne, et son oeil cherche à pénétrer l'obscurité qui règne autour d'elle. Dans un angle, il y a ,une paillasse et sur cette paillasse une forme étendue qui n'a pas fait un seul mouvement quand la porte s'est ouverte. Cet être, d'apparence insensible, c'est Matti Haapoja, l'homme le plus fort, le plus grand criminel aussi, de plus redouté, le plus difficile à vaincre, et qui pourtant a fini par être terrassé.

Il ne remue pas, il ne tourne pas même la tête pour voir qui est entré: à quoi bon ? Il sait bien qu'ici ne peuvent pénétrer que des juges ou des pasteurs, et à ne se soucie de voir ni les uns ni les autres.

Pourtant, c'est une femme qui est entrée, ferme et courageuse; les gardiens ont voulu la dissuader de le faire, prétextant qu'il y allait de sa vie si on la laissait seule avec cet homme. Mais le moyen de résister à Mathilda Wrede, devant laquelle en général toutes les prisons s'ouvrent pour lui permettre d'apporter aux malheureux condamnés ou déportés une parole de réconfort et d'espérance !

La forme immobile ne bouge toujours pas. Alors Mathilda s'approche et lui met la main sur l'épaule :

- Dormez-vous, Matti Haapoja, ou bien êtes-vous malade ?

A cet attouchement, l'homme se lève d'un bond, malgré ses chaînes, et, dans toute sa grandeur et sa force indomptée, se dresse devant elle, tel le géant Goliath devant le petit David.

- Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?

La réponse obtenue, le désarme quelque peu, hausse les épaules et retourne s'asseoir au bord de son lit.

- Je sais que vous venez me faire un sermon, dit-il, mais c'est peine perdue. Vous choisirez une parole déterminée de la Bible et me l'adapterez comme cela vous plaît, mais moi je n'en veux rien. Tenez, je m'en vais, moi, mettre le doigt sur n'importe quel passage, et vous allez me prouver qu'il me concerne directement. Si vous ne le pouvez pas, vous me reconnaîtrez le plus fort et vous vous tairez.

Il posa son doigt sur les premiers versets de la Bible : Lisez, dit-il, et expliquez immédiatement.

- Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. - La terre, ajouta Mathilda, ce n'est pas seulement la nature et tout ce qu'on y voit, c'est aussi le coeur de l'homme et par conséquent celui de Matti.

La terre était déserte et vide ; les ténèbres couvraient la surface de l'abîme. Le coeur de Matti est aussi désert et vide, vide de ce qui est pur et bon, de joie et de paix.

Vous le savez bien, Matti, car vous n'osez pas jeter un regard dans cet abîme qui vous épouvante.

L'esprit de Dieu planait sur les eaux. Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu peut faire descendre la lumière dans ce ténébreux abîme qu'est le coeur de l'homme et l'éclairer de ses rayons. Il est le seul qui puisse faire ce miracle. Chez Matti, la lumière n'est pas encore venue, parce qu'il ne s'est pas encore tourné vers Dieu, mais quand Matti aura apporté à Dieu son coeur tout sombre et vide, Dieu dira aussi : Que la lumière soit ! Et la lumière viendra.

Mathilda ferme le livre et se tait. Pendant tout le temps qu'elle a parlé, Matti a vibré d'émotion, sa respiration est devenue toujours plus oppressée et, au moment où elle s'arrête, cet homme fort, indomptable, s'affaisse sur le sol en sanglotant, vaincu cette fois par quelqu'un de plus fort que lui !

Quelque temps après, nous retrouvons Mathilda Wrede dans la cellule. Le prisonnier l'a fait demander et la prie de passer la journée avec lui, afin qu'il puisse lui faire sa confession et soulager sa conscience.

- Vous n'aurez pas faim, lui dit-il. Avec quelques sous que j'avais encore, je vous ai fait acheter du beurre et du lait, et je vous ai gardé mon pain. Le voici 1

Et il lui tend une petite Bible - celle-là même que Mathilda lui a donnée - sur laquelle, en effet, se trouve la tranche de pain.

- Voyez-vous, ajoute-t-il, quand le gardien est entré ce matin avec le déjeuner, je lui ai présenté la Bible comme un plateau afin qu'il y plaçât le pain. Mes mains ensanglantées ne devaient pas toucher le pain que je voulais vous offrir !

Et nul ne s'étonnera de savoir que Mathilde pleura en prenant ce pain pour le manger, mais c'étaient des larmes de joie et de reconnaissance. Le miracle s'était accompli.

Ce ne fut pas seulement à Matti Haapoja que la courageuse femme apporta un rayon de bonté et d'espérance dans la plus sombre tempête. Nombreux furent les prisonniers finlandais qu'elle appela ses amis et qui la vénèrent comme une sainte. Elle leur consacra ses forces et sa vie, et sa présence était pour ces malheureux comme une étoile dans la nuit sombre.

(D'après la biographie de M. Wrede, par Ingeborg M. Sick.)

L. M.


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Les fêtes religieuses.

(Le septième Commandement).

(Lévitique 23 :1-44).

 

Ce chapitre donne l'énumération des fêtes israélites. Il signale d'abord le Sabbat, jour de repos hebdomadaire, puis la Pâque qui, mentionnée déjà dans le « Messager » du 12 mai, à propos de la sortie d'Egypte, était en quelque sorte une solennité printanière. Comme dans l'Eglise chrétienne, la fête de Pentecôte, qu'on a appelée aussi fête des semaines, la Pentecôte, (d'un mot grec qui signifie cinquantième), se célébrait cinquante jours après la Pâque ; elle lut à l'origine une fête des moissons et correspondait en somme à l'été, tandis que la fête des Tabernacles, solennité d'actions de grâces à l'occasion des récoltes, était célébrée en automne. Il est impossible, dans ce bref résumé, d'entrer dans les détails des différentes cérémonies prescrites et de rappeler les devoirs des fidèles et les obligations des sacrificateurs. Pour qu'on en garde mieux le souvenir, nous rattachons les trois principales fêtes aux trois saisons du printemps, de l'été et de l'automne.

Cependant, ces fêtes n'étaient pas seulement des manifestations de campagnards joyeux, mais des anniversaires religieux qui rappelaient le souvenir de l'intervention miséricordieuse de l'Eternel en faveur de son peuple. C'est ainsi Que la fête de la Pâque évoquait le départ de l'Egypte, celle de la Pentecôte le jour où Moïse reçut de Dieu les tables de la Loi et celle des Tabernacles le séjour du peuple au désert. Ces souvenirs historiques expliquent pourquoi le repas ancestral de la Pâque se prenait debout, en costume de pèlerin. Quant aux huttes de feuillage que construisaient les Juifs à l'occasion de la fête des Tabernacles, elles rappelaient la vie au désert avant l'établissement définitif en Palestine. Il suffira de mentionner encore le jour des Expiations, jeûne solennel où le peuple se repentait de ses péchés.

Ces différentes manifestations devinrent dans la suite l'occasion de grandioses pèlerinages à Jérusalem. Quand les fidèles voyaient apparaître, embrasée par les feux du soleil, la colline sainte qui portait le Temple magnifique aux coupoles d'or, une indescriptible émotion s'emparait des coeurs : chacun entonnait un de ces beaux cantiques que sont les Psaumes 120 à 134, appelés pour cette raison cantiques des pèlerinages.

Le septième Commandement. - Tu ne commettras point d'action impure. (Exode 20 :14). Il convient de rendre hommage aux Israélites de s'être efforcés, à une époque où les coutumes étaient encore grossières, de donner à leurs fêtes un caractère de dignité dont les manifestations des tribus voisines étaient en général dépourvues. Une fête populaire ne doit pas être un prétexte à se mal comporter : il y a des gens qui se sentent obligés, sitôt qu'ils sont en société ou, à l'occasion d'une <abbaye>, comme en dit dans certains villages, ou d'une kermesse de se conduire avec vulgarité. Ne confondons pas plaisir et bonheur : quand une fête n'est Que partie de plaisir, on n'a rien à y gagner, mais on a mille chances d'y laisser beaucoup de la fraîcheur de son âme et de la pureté de son coeur...