.

Est-ce bien juste ?

 

- Maman ! Joseph est-il déjà venu ? criait René en se précipitant dans la chambre où sa mère écrivait.

- Tiens ! Pourquoi donc ?

Et Mme Lambert, posant sa plume, se retourna étonnée vers le jeune garçon.

- Parce que son frère est un voleur ! On l'a arrêté ce matin à la gare ; il avait pris 300 fr. dans la caisse de son patron et allait partir avec cet argent. Et puis, ce n'est pas tout : il paraît qu'il chasse de race, le père aussi a fait de la prison jadis, et il faut s'en méfier. C'est de famille chez eux. Donc hâte-toi de renvoyer Joseph avant qu'il en fasse autant chez nous. Qui sait si déjà il n'a pas...

René s'interrompit brusquement devant l'expression du regard que sa mère lui jetait.

- Oh ! je ne veux pas dire qu'il l'ait déjà fait, balbutia-t-il embarrassé, mais enfin on ne peut savoir...

- Alors, dit enfin lentement Mme Lambert en pesant chaque mot et en ne cessant de fixer son fils, alors, d'après ta théorie, j'ai le grand regret de te dire que jusqu'à nouvel avis je ne dois plus te croire.

- Plus me croire ? Moi ? fit René abasourdi. Mais pourquoi donc ?

- Mais parce que j'ai dû punir ta petite soeur pour un mensonge.

- Oh! maman, tu veux rire, ce n'est pas du tout la même chose!

- Si, c'est la même chose. Joseph n'y peut rien si son frère est un mauvais sujet et il en a sûrement beaucoup de chagrin, comme toi tues innocent de la faute de ta soeur et ne vas pas, parce qu'elle a menti, faire nécessairement de même. Ai-je raison, oui ou non ?

- Oh ! si tu prends la chose ainsi...

- Je la prends comme elle doit être prise. Il n'y a pas deux poids et deux mesures. Joseph était-il en classe ce matin ?

- Oui, mais il a vite filé à la sortie, on ne l'a pas revu.

- Cela ne m'étonne pas, le pauvre petit ! J'espère que vous ne lui avez rien dit qui ait pu lui faire de la peine ?

René hésita un peu : Oh ! non, pas précisément. Le grand Martin a seulement fermé sa botte à clef quand il est entré, et Jacquet s'est plaint que sa gomme avait disparu, ce qui n'était pas vrai du reste, elle était seulement tombée sous la table. Mais je pense que Joseph l'a pris pour lui, car à la récréation il n'a pas joué avec les autres et il est resté tout seul dans un coin. Personne ne l'avait invité, d'ailleurs, et pour cause !

- Ecoute, mon petit René. Tu n'es pas un méchant garçon, et je ne crois pas non plus que tes camarades aient mesuré exactement la portée de ce qu'ils faisaient. Mais je voudrais que tu réfléchisses, là, bien sérieusement, sur la question que tu viens de poser. Que crois-tu que Joseph fera, si vous le méprisez, si je le renvoie, si tout le monde se méfie de lui, alors qu'il ne l'a pas mérité ? Il se rebiffera, il s'aigrira, il se vengera peut-être, et ce sera le meilleur moyen de l'envoyer rejoindre son frère sur la mauvaise voie. N'ai-je pas raison ?

- Peut-être... fit René, un peu ébranlé.

- Tandis que si nous continuons à lui témoigner de l'intérêt et de la confiance de la confiance, tu entends - il aura à coeur de mériter qu'on s'occupe de lui, car tu as beau dire, Joseph, malgré les mauvais exemples qui l'entourent, est un brave et honnête garçon. Et quels remords n'aurais-tu pas si tu devais te dire un jour : c'est ma faute si Joseph a mal tourné. C'est le moment ou jamais d'être utile à ce pauvre enfant, et j'espère qu'au lieu de suivre les belles théories de tes camarades, tu vas m'y aider de ton mieux. Souviens-toi que la confiance appelle l'honnêteté, et que si malheureusement on est quelquefois trompé par ceux auxquels on voulait du bien, il vaut encore mieux l'être que de risquer une seule fois de faire sombrer quelqu'un, faute d'une main tendue au bon moment. C'est maintenant que Joseph a besoin qu'on l'aide et qu'on l'encourage et, pour lui montrer que j'ai toujours confiance en lui, je l'occuperai encore davantage à l'avenir, et tu me feras le plaisir de le traiter en bon camarade. Tu verras qu'il le mérite, j'en suis sûre. Mets-toi à sa place, songe à tout ce que son petit coeur sensible doit souffrir, et sois avec lui comme tu voudrais qu'on le fût pour toi en pareille circonstance.

- C'est vrai au fond, dit René pensivement, ce n'est pas sa faute. Il faut que je le dise aux autres...

- Oui, dis-le leur, et tâche de leur montrer combien un geste ou un mot bien ou mal placé peut avoir de répercussion sur toute une existence. Il y a tant de gens qui l'oublient. Heureusement qu'il y en a aussi qui réagissent et qui vouent leur temps et leurs forces à tendre la main à ceux que le monde méprise. Un jour que nous en aurons le loisir, je te parlerai de quelques-unes de ces âmes d'élite, de cette Mathilde Wrede, par exemple, qui vient de mourir, mais qui a fait tant de bien parce quelle croyait à l'étincelle divine qui existe au fond de chaque âme, si dépravée soit-elle.

- Mais voilà Joseph ! Va gentiment à sa rencontre, et dis-lui que je l'attends.

L. M.


.

Moïse et Pharaon.

(Exode 5 : 1-23 ; 6 : 1-7).

Moïse devant pharaon

 

N'est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent et les maux et les biens. (Lament. 3 : 38).

Bien que ce ne soit pas toujours le cas, les hommes s'imaginent volontiers que les calamités et les malheurs sont la preuve que Dieu les abandonne. Moïse, lui aussi, l'a pensé au cours de son émouvante carrière. Parti, avec le consentement de son beau-père, pour l'Egypte, dans le but de délivrer son peuple opprimé, il a dû se rendre compte que son courage et sa bonne volonté étaient mise à rude épreuve et que des obstacles nombreux allaient surgir. Toute la vie du grand chef hébreu lut d'ailleurs une succession d'embûches à éviter et de difficultés à vaincre. Comme on comprend que Moïse ait parfois cédé au découragement, mais, comme on l'admire aussi. Quelle fermeté intelligente, quelle sagesse entreprenante, et, surtout, quel courage et quelle foi ! L'auteur inconnu de l'épître aux Hébreux a pu écrire de Moïse : « C'est par la foi qu'il quitta l'Egypte, sans craindre la colère du roi, car il tint ferme, comme s'il voyait Celui qui est invisible ». (Héb. 11 : 27).

On rappellera dans le prochain « Messager » le départ de l'Egypte. Il faut mentionner dans celui-ci l'intervention de Moïse auprès de Pharaon. Moïse était accompagné d'Aaron, son frère aîné qui lut dans la suite, le collaborateur de son illustre cadet. Le souverain d'Egypte reçut assez mal les envoyés de Dieu qui, en Son nom, réclamaient la libération du peuple israélite : Qui est l'Eternel, dit-il brutalement, Qui est l'Eternel pour que j'obéisse à sa voix. (Ex. 6 : 2). Comment le monarque aurait-il pu s'exprimer autrement ? Païen, il ignorait Celui qui s'était révélé à Moïse. Pharaon refuse donc énergiquement de laisser partir les Israélites. Selon lui, servir Dieu au désert, était un prétexte, une excuse de paresseux et, pour bien montrer qu'il était le maître, le roi lit augmenter encore le travail du peuple esclave, en ordonnant à ses fonctionnaires de ne plus livrer la paille employée à la fabrication des briques dont Israël était chargé... Et Moïse eut la douleur de constater que ses généreuses intentions augmentaient encore la misère de ceux de sa race, qui ne manquèrent pas d'ailleurs d'adresser à Aaron et à son frère d'amers reproches. Désolé, Moïse invoque l'Eternel et il obtint cette faveur d'entendre Dieu lui parler pour lui promettre assistance et secours...

La délivrance de Dieu semble parfois impossible ou lointaine, qu'importe, un croyant ne doit jamais désespérer ; sa foi doit lui donner ces deux biens précieux : la confiance et la patience.


.

Nos mains.

 

- Figurez-vous que je viens de découvrir... mes mains !

- La belle découverte, vraiment ? Vous ne saviez pas encore...

- Que j'avais des mains ? Oh ! oui, mais je ne les avais jamais remarquées. Sûrement vous n'avez jamais regardé vos mains ou celles des autres. C'est merveilleux ! L'autre jour, tenant du bout de mes doigts une feuille de papier, j'ai passé cinq bonnes minutes à observer le jeu des articulations, l'effort des muscles, la disposition des phalanges. Avec quelle aisance, quelle force tout ce mécanisme joue, s'allonge, se crispe, saisit, retient ! Quelle délicatesse et quelle puissance! Et le pouce ? Avez-vous remarqué votre pouce ? Je suis sûr que non, et pourtant il n'y a rien de plus admirable qu'un pouce. Au repos, il se range dans la même ligne que les autres doigts. ce petit gros personnage a un air insignifiant et balourd. Il s'efface, a l'air d'avoir un peu honte de son apparence pesante. C'est un humble, un modeste.

Vienne l'activité, le voilà qui intervient. C'est le doigt laborieux par excellence. Celui qui fait les besognes cachées, mais indispensables. Sans jamais faire défaut, il est tout entier à sa besogne. Les autres doigts s'agitent, remuent, à lui seul il possède autant de force que les quatre autres doigts réunis. Je veux mettre une bûche au feu , et ma main s'étend pour la saisir. Vite, le pouce prend sa place, il se met en face de ses quatre frères et la main se trouve changée en pince puissante. Mais la bûche est lourde, les doigts glissent sur la surface du bois. Seul le pouce reste inébranlable, ce n'est pas de son côté que cela glisse. Il est à lui seul un chef-d'oeuvre, que ferions-nous sans lui !

Remarquez qu'on peut se passer de certains de nos membres sans trop en souffrir, mais pas des mains. Un homme privé de ses jambes peut encore gagner sa vie, mais qu'adviendrait-il d'un homme privé de ses mains ? Nous leur devons tout. Ce sont elles qui créent nos meubles, nos maisons, qui évoquent les enchantements de la peinture ou de la musique. Est-il possible de ne pas les trouver admirables ? Cependant on les ignore, parfois on les méprise. J'ai entendu quelquefois dire : « Oh ! les vilaines mains ! »

Vilaines ? tout dépend comment on les regarde. Il y a des mains que je ne puis contempler sans émotion.

Grosses mains calleuses et durcies, rougies et gercées, noircies par un labeur incessant. Quel respect ne devons-nous pas, avoir pour vous ! Vous êtes rudes au toucher, laides et déformées, peut

être seriez-vous belles et douces si vous aviez été paresseuses. Il n'y a de vraiment laides que les mains des fainéants !

M. de la Palice affirmait que nos mains sont faites pour que nous nous en servions. Savez-vous vous servir de vos mains ?

J'entendais un jour une mère dire à sa grande fille de dix-huit ans : « Ma pauvre chérie ! que feras-tu dans la vie ? tu as deux mains gauches ! Tout ce que tu touches, tu le casses ou l'abîmes, et pourtant tes mains sont faites à merveille ! »

Apprenez à vous servir de vos mains. Dieu vous les a données pour cela. Les Juifs avaient l'habitude de faire apprendre un métier manuel à leurs enfants. Les plus riches et les plus instruits se conformaient à cet usage. L'apôtre Paul avait appris dans son enfance à tisser les tentes en poil de chèvre. Notre Sauveur était charpentier. Il avait les mains calleuses de l'ouvrier. Et lorsqu'il choisit ses apôtres, je remarque que tous ceux sur lesquels nous avons des détails certains étaient des hommes qui se servaient habituellement de leurs mains et qui savaient s'en servir. Ils n'en ont été que de meilleurs disciples.

Apprenez donc. Indépendamment de toute l'utilité que vous pourrez trouver à savoir planter un clou, faire une soudure, tenir un balai, faire une reprise, cuisiner, même laver, et toutes autres choses semblables, vous trouverez cet autre avantage d'avoir appris à ne jamais mépriser ceux qui travaillent de leurs mains. Vous les comprendrez mieux, vous les aimerez mieux, vous pourrez les aider mieux. Et quand le soir venu, vous vous agenouillerez pour prier votre Père qui est aux cieux, vous pourrez, en songeant au travail du jour écoulé, Lui dire :

« Seigneur ! Affermis l'ouvrage de nos mains ! » (Ps. 90 : 17).

(D'après Ch. Aureilhan. Ami de la Jeunesse, 1908). H. M.


politesse.

La politesse est à l'esprit

Ce que la grâce est au visage

De la bonté du coeur elle est la douce image,

Et c'est la bonté qu'on chérit.


.

La Pâque et la sortie d'Egypte.

(Exode 12; 1-42).

 

L'heure, tant souhaitée, de la libération allait sonner pour Israël. Le pharaon d'Egypte avait répondu avec insolence à Moïse : « Je ne connais pas l'Eternel ». Le monarque païen devait apprendre à con, naître, à ses dépens et à ceux de son peuple, le redoutable et mystérieux défenseur d'Israël. Le royaume d'Egypte fut cruellement frappé par une série de fléaux, tous plus graves les uns que les autres. La dixième « plaie » la pire de toutes, fut la mort, dans la même nuit, des fils aînés des familles égyptiennes. Le narrateur biblique nous donne ce détail terrifiant : « Il D'y avait point de maison où il n'y eût un mort ». Seuls, les Israélites furent épargnés ; c'est qu'ils avaient, raconte le livre de l'Exode, célébré à ce moment-là une cérémonie solennelle, la Pâque, dont il faut dire ici quelques mots.

Comme le grand anniversaire chrétien que nous avons fêté le 31 mars dernier, la Pâque des Juifs évoque une idée de délivrance. Pâque est un mot dérivé de la langue hébraïque et qui signifie : passer outre, épargner. On parlera bientôt, à l'Ecole du Dimanche, des différentes fêtes d'Israël, on aura ainsi l'occasion de rappeler celle de la Pâque. Moïse, de la part de l'Eternel, prescrivit cette manifestation, qui eut lieu la veille du départ de l'Egypte. Chaque famille sacrifia un agneau, en recueillit le sang et en aspergea le cadre de bois entourant la porte de sa maison. Ce rite terminé, l'agneau fut rôti et mangé. Ce repas, pris pendant la nuit, devait être complété par des herbes amères et des pains sans levain. Les Israélites mangèrent debout hâtivement, en tenue de voyage, autrement dit chaussés et un bâton de pèlerin à la main... Cette nuit même, la mort frappa les premiers-nés des Egyptiens. Pour commémorer cette délivrance qui coïncide avec le départ de l'inhospitalière Egypte, les descendants de ceux que Moïse avait dirigés renouvelèrent chaque année le geste de leurs ancêtres. On sait que Jésus célébra, pieusement lui aussi, la Pâque avec ses disciples, immédiatement avant d'instituer le repas sacré, des chrétiens, la Sainte-Cène.

La calamité effroyable qui frappa le pharaon et ses sujets facilita le départ du peuple israélite qui abandonna précipitamment et sans regrets le pays où, depuis les jours lointains de Joseph, il avait vécu plus de 430 ans. C'est à partir de la sortie d'Egypte qu'Israël a été en mesure de se développer et de devenir une nation. Le peuple élu ne l'oublia jamais !

Je suis l'Eternel ton Dieu, qui t'ai fait sortir d'Egypte, de la maison de servitude. (Ex. 20 : 2).

Crains Dieu et observe ses commandements. (Ecclés. 12 :15).


.

Comment André reprit courage.

 

- Tu as du chagrin aujourd'hui, mon petit André ? Veux-tu le confier à ta vieille tante ? Tu sais qu'on peut tout lui dire sans crainte.

C'était tante Meg qui parlait ainsi de cette voix tendre et sympathique qui allait droit au coeur de ceux qui l'entendaient. André leva sur la vieille demoiselle son regard franc, si gai d'ordinaire, mais en ce moment tout assombri. Les yeux de sa tante l'interrogeaient avec tant de bonté qu'il ne résista pas au désir de décharger son coeur.

- Oh ! tante Meg, dit-il, je suis si découragé, si dégoûté de moi-même !

- Qu'as-tu donc fait, mon pauvre petit ?

- Je me suis encore mis en colère ce matin. Et pourtant je m'étais tellement promis de ne plus jamais faire des colères ! Mais j'ai beau prendre de bonnes résolutions, je les oublie toujours Alors, à quoi bon essayer encore de me corriger ? Je vois bien que je n'y arriverai jamais.

- Et moi, je suis sûre que tu y arriveras. Voyons, causons un peu puisque nous voici bien tranquilles tous les deux. D'abord, tu demandes à Jésus de t'aider, n'est-ce pas ?

- Oui, tante. C'est à dire... je le lui demande tous les matins en faisant ma prière, mais quand vient le moment de la tentation, j'oublie de prier.

- Et justement, c'est le moment où il faudrait le plus y penser

- Et puis, chaque fois que je crois avoir fait des progrès pour me corriger, je retombe dans le même défaut. Alors, tu comprends, je suis tout à fait découragé.

Au moment où tante Meg ouvrait la bouche pour répliquer, une voix joyeuse, venant du corridor, se fit entendre :

- André, André ! prépare-toi, nous allons patiner.

- Papa m'appelle ! dit le petit garçon en sautant sur ses pieds. Il a commencé à m'apprendre à patiner depuis quelques jours. Il ne faut pas que je le fasse attendre.

- Va vite, mon garçon. Nous reprendrons notre conversation ce soir.

Et André, oubliant pour le moment son chagrin, s'équipa en un tour de main, décrocha la jolie paire de patins que ses parents lui avaient donné quelques jours auparavant, et courut rejoindre son père. Le plaisir faisait briller ses' yeux. Il n'était pas encore très assuré sur la glace, mais il s'était promis de devenir un habile patineur et les chutes ne lui faisaient pas peur, non plus que le

froid piquant qui lui rougissait les joues et le bout du nez. Quant à ses oreilles, elles étaient bien au chaud sous la toque de fourrure dont il s'était coiffé.

Deux heures plus tard, c'était un André joyeux et animé qui faisait irruption dans la pièce où se trouvait tante Meg.

- Ça y est, tante ! annonça-t-il d'un ton triomphant. Je sais patiner !

- Bravo ! dit la vieille demoiselle. Te voici bien récompensé de" les efforts.

- C'est vrai que ce n'est pas facile d'apprendre ! dit André. Les. premiers jours je m'étalais à chaque instant sur la glace.

- Et que faisais-tu quand tu étais par terre ?

- Ce que je faisais ? Mais je me relevais, naturellement.

- Si bien qu'à force de tomber et de te relever, tu as fini par savoir patiner.

- Oui, tante, dit André en riant.

- Eh bien ! vois-tu, c'est la même chose pour se corriger d'un défaut. Si on se relève après chaque chute, si on reprend la lutte sans se décourager, un beau jour on obtient la victoire.

André ne s'attendait pas à cette conclusion. Elle le frappa donc d'autant plus fortement qu'elle le prenait par surprise. Il demeura un instant silencieux.

- Je sais que tu as raison, tante, dit-il enfin. Seulement... dans mes leçons de patinage, j'avais papa qui me guidait et me soutenait...

- Et n'as-tu pas toujours près de toi le Seigneur Jésus qui, lui aussi, est sans cesse prêt à te venir en aide ?

- Mais il doit être fâché quand Il voit que je me mets encore, en colère.

- Ton papa, se fâchait-il quand tu tombais sur la glace ?

- Oh ! non, il savait que je faisais de mon mieux pour ne pas, tomber.

- Eh bien ! si tu te repens de tes colères et si tu fais de ton mieux pour te corriger, tu peux être sûr que Jésus te pardonne et reste près de toi.

- Oh ! tante Meg, ça me fait du bien ce que tu me dis là s'écria André ; ça me redonne du courage, j'étais si à plat 1 Je vais, me remettre à lutter.. Tu vois, je suis bien content aujourd'hui de, savoir patiner. Eh bien ! lorsque je serais arrivé à me corriger de mes colères, je sens que je serai dix fois plus content encore !

- Et cette joie te fera oublier tous les bleus et les bosses récoltées dans le combat, acheva tante Meg.

M. Allegret.


.

Pentecôte, les fruits de l'esprit.

(Actes 2 : 1-13 ; 37-41).

 

En comparaison de Pâques, la fête de l'Esprit passe bien inaperçue. C'est regrettable, parce que Pentecôte est, en quelque sorte, le prolongement nécessaire de Pâques. A Pâques, les disciples ont été bouleversés : une trop grande joie succédait à une trop lourde épreuve; ils savaient le Maître vivant, mais ils n'avaient pas encore compris combien Jésus avait eu raison de leur dire Il vous est avantageux que je m'en aille... »

Les jours ont passé. Nous ne rappellerons pas ici les événements bien connus d'ailleurs, que raconte le fragment biblique indiqué au haut de cette page. Notons simplement que la transformation du coeur des disciples s'affirma davantage. Après une grave opération, le médecin peut dire à son malade : vous êtes guéri ! - Et pourtant des soins sont encore nécessaires. Pareillement, entre Pâques et Pentecôte, ce fut, si l'on veut, le temps béni de la convalescence spirituelle, Pentecôte marque la date de la guérison définitive ou, si l'on préfère une autre image, c'est l'arrivée à une pleine maturité. L'apôtre Paul parlera des fruits de l'Esprit.

Les fruits de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix. (Galates 5: 22). Les beaux mots ! On n'aura pas de peine à les retenir. Ils sortent de notre bouche comme une douce musique. Essayez donc de prononcer avec sentiment ce verset ; quelle fraîcheur, c'est comme un souffle printanier qui passe : l'amour, la joie, la paix...

Avec chacun de ces mots, on remplirait des pages et des pages. Constatons que ces termes expriment très exactement ce que tout être humain désire ici-bas. Or, ce que les hommes souhaitent, Dieu, dans sa bonté, veut le leur donner. C'est si vrai qu'il n'est sur la terre pas d'amour véritable, pas de joie profonde, pas de paix durable sans Dieu ! Mais, un authentique enfant de Dieu ne jouira pas égoïstement des biens que Dieu lui offre : il en fera profiter les autres. A ce signe-là, il sera reconnaissable. Ainsi, il aimera ses semblables et cherchera à leur témoigner de la bonté. Joyeux, il répandra autour de lui la lumière de sa joie. Paisible enfin, il sera un ouvrier de paix. Partout où il passera, il sera en bénédiction. On se sentira devenir meilleur à son contact, il possédera ce don divin de calmer les angoisses, de dissiper les malentendus, d'apaiser les querelles. Comme Jésus avait raison de dire : «Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés enfants de Dieu... »

Pentecôte. La fête de la transformation des coeurs. Non pas un souvenir du glorieux passé seulement, mais une faveur offerte aujourd'hui encore :

La promesse est pour vous et pour vos enfants. (Actes 2 : 89).


.

Le petit ânier.

Sur le sable humide et ferme, le long de la mer qui descend avec lenteur, la file des petits ânes trottine paisiblement. Chacun des baudets porte sur son dos une selle de velours rouge fané, et sur chaque selle se prélasse un cavalier ou une amazone en herbe aux joues roses et aux yeux rieurs.

Quel plaisir de trotter ainsi sur la longue plage ! Pour un instant, on peut s'imaginer que l'on part là la conquête du monde ! Le bonheur serait complet si les baudets consentaient à quitter leur sage allure pour faire un petit temps de galop. Mais c'est en vain que cavaliers et amazones tentent d'exciter leurs montures ; celles-ci se contentent d'agiter leurs longues oreilles d'un air de dire : « Nous savons le pas qu'il nous faut prendre et nous n'en changerons pas. »

Cependant Jojo, cavalier de 7 ans, qui tient la tête de la colonne, s'escrime si bien des guides, des talons, des poings et de la

voix que son âne, impatienté, finit par prendre un trot relevé ; ses compagnons, excités par l'exemple, le suivent à la même allure ; les enfants poussent des cris de joie ou de frayeur suivant leur caractère. Jojo, triomphant, tourne la tête vers son frère dont la monture vient derrière la sienne.

- Hein ! Jacques, je sais le faire marcher, mon âne ! s'exclame-t-il.

- Oui, dit Jacques, mais ne le fais pas aller trop vite, tout de même. Le petit ânier ne peut pas nous suivre.

De fait, le gamin dont le devoir est d'accompagner les ânes dans leurs courses, s'essouffle pour rattraper la colonne.

- Bah ! dit Jojo, il peut bien courir un peu. Hue là ! hop, hop !

Mais l'âne, fatigué de son ardeur passagère, a déjà repris l'allure paisible qui lui est habituelle et ses compagnons ralentissent de même le pas.

Le petit ânier, ayant rejoint la colonne, trotte à l'arrière en sifflant. C'est un gamin d'une huitaine d'années, nu-tête, nu-pieds, vêtu d'une culotte et d'une chemise rapiécées. Son visage maigre, bruni par le soleil, a une expression de franchise et de bonne humeur qui plaît à première vue. Jacques le regarde avec sympathie.

- Il a l'air gentil, ce petit ânier, dit-il à son frère.

- J'aimerais être à sa place, répond Jojo, ça doit être amusant de conduire les ânes comme il le fait.

- Je ne sais pas si c'est bien amusant, dit Jacques, dont les onze ans ont plus d'expérience :que les sept ans de son frère ; pense qu'il fait ça toute la journée ! Il doit trouver que c'est plutôt fatigant et je crois que tu en aurais vite assez.

- Peut-être bien, dit Jojo. Et les ânes, arrivant à ce moment au terme de leur promenade, les deux frères, ce jour-là, ne parlèrent plus de l'ânier.

Ces courses à âne étant un grand plaisir pour les deux enfants, leurs parents leur permirent plus d'une fois de les renouveler. Le petit ânier les connaissait bien maintenant et leur donnait ses meilleures montures. Souvent, pendant qu'ils jouaient sur la plage, Jacques et Jojo le voyaient passer, escortant ses ânes, et le gamin ne manquait jamais de les saluer d'un joyeux sourire.

Car, il était toujours de bonne humeur, ce petit ânier. Même quand il accomplissait son tour de plage pour la quinzième ou vingtième fois de la journée, même quand son front était humide de sueur et que ses petites jambes maigres n'en pouvaient plus de fatigue, il gardait cependant son entrain. A le voir passer si souvent, accomplissant toujours le même circuit avec ses ânes Jojo

finissait par penser que le métier d'ânier pouvait bien manquer de charmes, ainsi que l'avait dit Jacques. Un beau matin, il s'enhardit à poser au gamin la question qui le tracassait :

- Est-ce que ça t'amuse de conduire les ânes ? demanda-t-il.

Le petit garçon regarda Jojo d'un air ébahi.

- Ah ! non, ça ne m'amuse pas ! répondit-il. Vous pensez bien que ce n'est pas toujours drôle de courir toute la journée après ces bêtes. Et 'le soir, ce que les jambes vous font mal quelquefois

Non, ce n'est pas amusant, je vous assure.

- Alors, pourquoi le fais-tu ? reprit Jojo.

Cette question parut au petit ânier encore plus saugrenue que la première.

- Je le fais pour aider le père, tiens, donc ! répliqua-t-il.

- Où est-il, ton papa ? demanda Jacques.

- A l'hôpital, le pauvre, pour sa jambe qu'il « s'a » cassée. Ce qu'il se faisait du mauvais sang en pensant qu'il ne pouvait plus travailler! Pensez donc, il y a encore deux mioches plus jeunes que moi à la maison. Alors je lui ai dit que j'étais assez grand pour le remplacer, que je saurais conduire les ânes aussi bien que lui.

Il était beau de sérieux et de vaillance, le petit ânier, tandis qu'il faisait son simple récit, et un peu d'admiration se mêla au sentiment de sympathie que Jacques et Jojo éprouvaient pour lui.

Ce matin-là, les deux frères rentrèrent de bonne heure de la plage. Jacques avait un devoir de vacances à faire et Jojo voulait mettre en ordre sa collection de coquillages.

Mais il avait à peine mis les pieds dans la maison que sa maman l'appelait :

- Tu arrives à point, Jojo, Occupe-toi un peu du petit frère pendant que j'écris une lettre pressée. Tu seras un gentil bonhomme.

Hum ! Jojo n'avait pas grande envie d'être un gentil bonhomme. Sa collection de coquillages l'attirait bien davantage que le devoir d'amuser Ploum, le petit frère. Il se mit à grogner, puis soudain s'arrêta court. Il entendait sa conscience qui lui soufflait : « Refuserais-tu d'aider ta maman une heure quand le petit ânier aide son papa tous les jours ? »

- Oui, je vais m'occuper du petit frère, dit Jojo, répondant à la fois à sa maman et à sa conscience. Viens, Ploum, nous allons jouer à l'ânier. C'est toi qui seras l'ânier et moi je ferai l'âne. Nous trotterons tout autour du jardin. Hi han ! hi han !

Et pour la plus grande joie de Ploum, Jojo se mit à braire et à caracoler avec un entrain sans pareil.

M. Allegret.


.

Les Israélites au désert.

(Le premier commandement).

(Exode 13: 17-22 ; 14: 1-31).

 

Moïse, dont nous avons commencé l'histoire le 21 avril, a donné au peuple hébreu une loi religieuse et morale résumée dans les dix commandements, conservés au chapitre 20 du livre de l'Exode. Le Décalogue est trop important pour être passé sous silence. Comme il serait difficile de l'étudier cri une seule fois, on rattachera un commandement à chacune des dix leçons dont voici la première et qui rappelleront chacune un événement survenu à partir du moment où les Israélites eurent quitté l'Egypte. Voici donc, après quelques renseignements concernant le récit choisi pour le 26 mai, de brèves considérations à propos du premier commandement. Nous adopterons le même plan pour les neuf prochains résumés. Est-il permis d'ajouter que tout élève consciencieux devrait être capable, au bout de dix leçons, de réciter la série des commandements ?

Le récit. - Résumons maintenant un épisode bien connu. La première Pâque a été célébrée, les enfants d'Israël se sont mis en route. Ils ne pouvaient songer à suivre le chemin habituel, sans doute gardé par des postes de soldats. Aussi, de leur région de Gosen, gagnèrent-ils le sud, soit la mer Rouge, qui, en ces temps lointains, s'étendait plus au nord qu'aujourd'hui. Certes, les fugitifs allaient au-devant de l'inconnu, mais une émigration n'était pas faite pour effrayer ce peuple, nomade de caractère. Et puis, on imagine facilement la joie des Israélites, enfin libérés... Joie de courte durée : n'apprend-on pas bientôt avec stupeur qu'une armée égyptienne s'approche à marches forcées. Désespérés, les Israélites se plaignent amèrement à Moïse, qui leur répond de garder le calme ; l'intervention du Tout Puissant est imminente, elle est certaine. En effet, Israël est l'objet d'une merveilleuse délivrance, les eaux se retirent, Moïse et son peuple arrivent à passer, tandis que l'armée lancée à leur poursuite est engloutie par les flots. « Le peuple craignit l'Eternel, et il crut en l'Eternel et en Moïse, son serviteur », conclut l'écrivain biblique...

Le premier commandement. - Jésus est venu, il l'a dit lui-même, Don pour abolir la loi... mais pour l'accomplir. Nous respecterons donc à notre tour le Décalogue et nous l'observerons. Au tentateur qui l'engageait à faire fi de la toute puissance divine, le Maître a répondu par ces mots : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul. (Matt. 4 : 10). Fières paroles qui sont un écho de l'ordre donné bien longtemps auparavant... Un refrain populaire nous y exhorte : « Devant Dieu seul, fléchissons les genoux ». L'avons-nous toujours fait ? Ce n'est pas seulement l'adoration des idoles grossières qui est condamnée, mais c'est l'idolâtrie du coeur, dont tant de gens se rendent coupables, qui préfèrent à Dieu leur argent, leur ambition, leur plaisir et qui, pour ces biens passagers, vendraient leur âme immortelle... Enregistrons, pour ne jamais l'oublier, le premier Commandement :

Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. (Ex. 20 : 3).