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Le rire.

 

Beaucoup d'hommes ne savent pas rire. D'ailleurs il n'y a rien ici qui s'enseigne : C'est une faculté qui ne s'acquiert pas.

Par son rire, tel se trahit complètement, et découvre toute sa personnalité intime. Même un rire très intelligent parfois repousse. Le rire demande tout d'abord de la franchise : et où y a-t-il beaucoup de franchise chez les hommes ? Il demande de la bonté. et presque tous rient méchamment. Le rire et inoffensif, c'est la gaîté. La gaîté constitue pour un homme le trait le plus caractéristique. Pendant longtemps vous ne démêlez pas un caractère et, tout à coup, l'homme rira franchement : toute son âme s'offre, à vous comme sur la main.

Ainsi, si vous voulez connaître un homme, étudiez non son silence, ni même sa façon de parler et de pleurer, ou de s'enflammer aux idées les plus nobles, étudiez-le plutôt quand il rit.

L'homme rit bien ? C'est un brave homme.

Notez d'ailleurs toutes les nuances. Il est nécessaire, par exemple que le rire de l'homme, en aucun cas, ne soit bête. Dès qu'il montre le moindre trait de bêtise dans le rire, indiscutablement, c'est un esprit borné, ne cessât-il par ailleurs de s'adonner aux choses intellectuelles.

Si le rire n'est pas bête mais que l'homme, en riant, vous soit apparu comique, concluez que dans cet homme il n'y a pas de dignité.

Si le rire, enfin vous semble trivial, sachez que la nature de l'homme et aussi triviale en tout, toute la noblesse, toute la supériorité que vous aviez cru remarquez en lui est feinte ou empruntée, il s'en débarrassera dès la première occasion. Je prétends que le rire est l'épreuve la plus sûre de l'âme. Observez un enfant. Les enfants seuls savent rire à la perfection, c'est pourquoi ils sont si séduisants. L'enfant qui pleure me déplaît, et celui qui s'amuse et qui rit est un rayon du paradis, c'est la révélation d'un avenir où l'homme sera pur et naïf comme un enfant.


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Joseph en prison.

(Genèse 39 1-6 ; 20-23. 40 :1-23).

 

On trouve, dans les Proverbes, une parole sévère et souvent citée, sans doute parce qu'elle se vérifie parfois: « l'orgueil va devant l'écrasement ». Y a-t-il pire écrasement pour un homme que celui qui consiste à être jeté en prison ? La prison, on la contemple avec effroi, non seulement parce que là, de pauvres malheureux expient leur peine, dans la soumission à un régime sévère, mais encore parce que la prison, c'est le déshonneur et la perte de la liberté.

Le titre de notre entretien est: Joseph en prison. On pourrait dire, dans ses prisons puisque, avant d'être prisonnier, le vaniteux fils de Jacob était tombé au rang méprisable d'esclave ! Esclave au service de Potiphar, chef des gardes du pharaon d'Egypte ; esclave privilégié sans doute, à la tête d'un grand train de maison, mais esclave quand même. Remarquons-le : Joseph dut son élévation relative à son honnêteté. Autant le jeune homme était peu sympathique au temps où il était l'enfant choyé de la maison paternelle, autant il va se montrer débrouillard et zélé dans ses nouvelles fonctions. L'expérience l'a mûri. Joseph fut en petit ce qu'il devait être plus tard en grand: un homme de confiance... Mais, un sort cruel attendait celui qui pourtant, ne l'avait pas mérité. Victime d'une basse calomnie, Joseph fut mis en prison par son maître.

Arrivé à cet endroit de son récit, le narrateur biblique fait une réflexion bien hardie pour qui ne réfléchit pas l'Éternel fut avec Joseph et il étendit sur lui sa bonté. (Gen. 29 21). Est-ce donc là un effet de la bonté, divine que d'être enfermé dans un cachot? A l'époque lointaine dont nous nous entretenons, la justice était si sommaire ! Il est bien étonnant que Joseph n'ait pas été mis à mort. L'Eternel fut avec Joseph en inclinant le coeur de Potiphar à la mansuétude ! Non seulement le prisonnier aura la vie sauve, mais il sera mis au bénéfice d'une grande faveur par sa nomination au poste de surveillant des prisonniers du roi.

Joseph est en prison. Il souffre moins que les autres détenus parce qu'il est innocent. Il met dans le lieu où se côtoient tant de misères un peu de cette Bonté dont Dieu lui a fait grâce. Sans enfreindre les règlements, Joseph s'ingénie à apporter un peu de lumière à ses compagnons de captivité. Au lieu d'être rogue et cruel, il est compatissant. Et chacun aime ce surveillant modèle... Au nombre des prisonniers se trouvent deux importants personnages dont l'arrestation avait fait probablement sensation dans le pays, le grand échanson et le grand panetier du roi. On se souvient de leurs songes, comment Joseph annonça au premier sa réhabilitation et au second sa ruine, comment aussi l'échanson rentré en grâce oublia son bienfaiteur.

Patience, prisonnier innocent, l'heure de la libération sonnera pour toi. Tu feras, toi aussi, l'expérience bénie que, dans la souffrance même, toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu. (Rom. 8 : 28).


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Une correction méritée.

 

Le petit Claude se promène le long du corridor d'un air perplexe. Ira-t-il étudier son piano comme sa mère le lui a conseillé tout à l'heure ?

« Non, non, c'est bien trop ennuyeux, les gammes. Faisons autre chose... et l'enfant continue sa promenade mélancolique, tout en essayant, mais vainement, hélas de découvrir un jeu inédit.

« Tiens, c'est jour de lessive aujourd'hui, je vais aller voir madame Eugénie à la buanderie. Elle me permettra peut-être de mettre mes bateaux dans la grande seille. »

Aussitôt Claude, oubliant piano, gammes et arpèges, saisit ses beaux bateaux dont les peintures rappellent vaguement les chefs-d'oeuvre de Vinci, et, au galop, il se dirige vers les dépendances.

- Madame Eugénie, madame Eugénie, vous me permettez de venir jouer avec mes bateaux, n'est-ce pas ?

- Jamais de la vie, j'ai une lessive fabuleuse. Allons, ramassez tout, faut que je batte mes couvertures.

Au même moment, Céphise, la femme de chambre, vient appeler la lessiveuse. Son goûter est prêt à la cuisine.

- Bon, j'y vais ; vous, monsieur Claude, ne touchez rien, sinon... Claude promet tout ce que l'on veut, il serait même disposé à jurer sur sa parole d'honneur, mais dame Eugénie ne pense pas à exiger de tels serments.

Maintenant, le petit garçon est seul à la buanderie. Assis mélancoliquement sur un escabeau, il regarde la belle eau claire qui miroite dans le grand bassin.

« Comme mes bateaux iraient bien là-dessus, pense-t-il en soupirant d'une façon vraiment attendrissante. C'est que le bassin est beaucoup plus grand que la seille. Bah ! après tout, madame Eugénie ne criera pas si je fais marcher seulement ma petite barque et peut-être l'embarcation à six rameurs...

Les belles promesses se sont envolées bien loin, si loin que Claude n'y songe même pas une seconde.

La jolie barque avance lentement sur la nappe mouvante, suivie du petit bateau à rames.

« Une flotte, ce serait beau, quand même, murmure Claude songeur, et un instant plus tard, les huit bateaux, y compris le joli canot à moteur, se heurtent joyeusement dans l'eau claire. Bientôt, pris d'une idée de génie, Claude, debout sur une caisse, car le bassin est un peu haut pour sa taille exiguë, pose attentivement sur l'eau les gros sabots de madame Eugénie.

« Ils auront le temps de sécher avant qu'elle ne les remette.

D'ailleurs, les plus petits qu'elle porte en ce moment sont bien suffisants. Ah ! Oh ! et Claude, les yeux extasiés s'empare des deux chapeaux accrochés aux murs.

« Ils sont trop vieux pour être servis » et plouf ! deux embarcations d'un nouveau genre vont grossir la flotte de Claude.

Seulement, le petit garçon est tellement occupé qu'il n'a pas entendu venir madame Eugénie. Madame Eugénie, calme et pleine d'aménité, le sourire aux lèvres.

Hélas !

A la vue de Claude souriant béatement, un regard noyé de joie errant sur sa flotte imposante, le visage de madame Eugénie devient pâle, pâle, puis orange, rouge, et passe enfin à l'ultra-violet.

Pan ! Paf ! Boum !

De larges claques, appliquées par une main furieuse, sortent plutôt brutalement le petit garçon de sa placide contemplation

- Mais, madame Eugénie, c'est la flo... o... o... otte victo... rieuse d'Angle... terre... sanglote le coupable qui ne brille pas par le stoïcisme

- Oui, oui, et mes sabots, mes chapeaux, est-ce la flotte d'Angleterre, cela ?

- Vos chapeaux,- ces vieux... feutres_ oh aïe... je ne savais... pas...

Madame Eugénie daigne enfin calmer sa colère.

Sans aucun égard pour l'amiral de la flotte d'Angleterre, elle le pousse énergiquement hors de la buanderie.

- Allons, filez ! ...

Claude n'insiste pas.

Ses bateaux serrés contre son coeur, de grosses larmes coulant encore sur ces joues écarlates, l'amiral de la flotte d'Angleterre prend rapidement le large.

S. C.


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Une parole d'Isaac Newton.

 

Le célèbre astronome, Isaac Newton, a bien exprimé sa foi vivante et son active charité, quand il a dit :

- Quand je considère le monde, je vois comme un énorme tas de misère et un petit las de bonheur. Mon désir ardent est de prendre chaque jour au moins un petit grain du gros tas de malheur pour l'ajouter au petit tas, afin que celui-ci devienne plus grand, - quand ce ne serait que de sécher les larmes d'un enfant, qui aurait perdu cinq centimes, en les lui rendant. Mais je voudrais faire davantage.


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Joseph gouverneur d'Egypte.

(Genèse 41 :1-49).

 

Joseph était en prison depuis deux ans. Il avait cessé d'espérer que le grand échanson userait de son influence, pour le faire délivrer. Les journées se succédaient monotones; le captif continuait à accomplir son obscure besogne, quand, un jour, on vint le chercher pour le conduire auprès de Potiphar. Celui-ci accueillit son ancien intendant avec une bienveillance inaccoutumée et apprit à Joseph dont on devine la stupéfaction, que le souverain désirait avoir un entretien avec lui. La crainte du prisonnier fut de courte durée quand il vit de quels égards il était l'objet de la part du personnel royal. Ce n'était pas une comparution qui attendait Joseph, il allait avoir l'insigne honneur de se voir accorder une audience par le roi. Rasé et vêtu comme il convenait, le fils de Jacob fut conduit à travers de somptueuses salles, jusqu'au lieu où le pharaon l'attendait.

Pharaon (le titre royal était aussi le nom du monarque égyptien) reçut avec bonté le jeune homme et lui exposa pourquoi, sur la recommandation du chef de ses échansons, il l'avait fait venir, espérant avoir de lui l'explication de deux songes troublants. Or personne, dans tous le pays, n'avait été capable de trouver la clef de l'énigme. Le souverain narra ses deux rêves, On trouve ce récit au chapitre 41, v. 17-24 de la Genèse. Il est inutile de raconter en détail ces songes, qui ne se souvient des sept vaches maigres qui engloutirent les belles vaches qui les avaient précédés sur les rives du Nil ? Ou encore de sept épis « brûlés par le vent d'Orient » qui absorbèrent les sept magnifiques épis qui avaient germé avant eux ?

Joseph explique les songes de pharaon

 

L'attitude de Joseph, en présence du pharaon, fut admirable. Après avoir reporté sur Dieu le mérite de son talent de devin, il a expliqué le songe. (Car il s'agissait en réalité d'un seul et même songe). A sept années d'abondance vont succéder sept années de famine. Après avoir fourni les explications demandées, Joseph a donné des conseils d'une étonnante sagesse. Il faut, a-t-il dit, il faut, pendant les années d'abondance, faire des provisions pour les années de disette. (Gen. 41 : 34, 36). Précieuse recommandation que nous pouvons, nous aussi, retenir ! Puis, Joseph a dit aussi les mesures nécessaires, les précautions à prendre. Qu'un cinquième des récoltes soit prélevé chaque année sous les ordres d'intendants, dirigés eux-mêmes par un homme intelligent, et les horreurs de la famine seront épargnées au royaume... Le pauvre esclave prisonnier a parlé, il s'est révélé un grand politique. Et Pharaon et les gens de sa cour sont émerveillés...

Si enthousiasmés que le prince confie sans hésitation à Joseph la tâche dont celui-ci venait de tracer le programme. Et Joseph, élevé au rang de premier ministre, se met aussitôt au travail et donne essor à ses magnifiques capacités... Rendons hommage au pharaon qui, en honorant Joseph, s'inclina avec lui devant la toute-puissance de l'Eternel. L'Eternel appauvrit et enrichit il abaisse et il élève. (I Sam. 2 : 7)


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Quoique petit.

 

Georget a huit ans, mais il est resté si petit et si chétif qu'on lui en donnerait plutôt six. Il va à l'école, mais comme il est souvent malade, il y a de fréquentes interruptions dans ses études, aussi n'est-il pas un des premiers.

Comme les enfants malades, Georget réfléchit beaucoup dans son petit lit. Il se demande pourquoi son camarade Pierre est plus grand et plus fort que lui, bien qu'il ait sept ans seulement ; pourquoi Pierre a toujours de bons et beaux habits et aussi pour quelle raison sa mère à lui doit aller travailler et faire des journées de lessive, tandis que celle de Pierre reste à la maison et sort avec un joli manteau bleu. Tout cela le préoccupe beaucoup et il se promet d'en parler à Pierre et de lui en demander la raison. Par une pluvieuse après-midi, Pierre est venu apporter à Georget un jeu de patience et une belle orange, alors Georget a parlé. Il était bien un peu gêné et, sans en avoir l'air, tout en combinant un dessin du jeu de patience, il a interrogé son voisin sur ce qui le préoccupait.

Pierre a réfléchi un instant, puis, sans hésiter

- Je pense que nous avons de l'argent à la maison parce que papa ne va jamais au cabaret et le boit jamais d'eau-de-vie. Le coeur du petit malade s'est serré, il s'est souvenu d'avoir entendu son père refuser de l'argent à sa mère. Lorsqu'il rentre tard et qu'on n'ose pas parler, lorsqu'il est rouge et qu'il crie pour rien, c'est qu'il a trop bu. Georget pense à tout cela et se demande comment il pourrait demander à son père de renoncer à la boisson, car, malgré tout, il sait qu'il n'est pas méchant, il sait qu'il l'aime et que, lorsqu'il a eu sa pleurésie et qu'on l'a cru perdu, son père a pleuré, l'a pressé dans ses bras et a été tout heureux quand le docteur l'a déclaré sauf, tellement heureux qu'il lui a rapporté le soir une superbe toupie et une trompette à glands rouges.

Georget tourne et retourne dans sa tête cette question : « Comment lui dire ? et que lui dire ? » Il n'en parlera pas à sa mère qui lui défendrait d'intervenir, ni à sa soeur Estelle qui se moquerait de lui, non, il veut arranger cela tout seul et, s'il réussit, quelle joie !

L'hiver est arrivé, avec lui, un gros vilain rhume qui retient Georget à la maison. Une toux rauque le secoue et semble lui déchirer le coeur, il est bien au chaud dans son lit, mais malgré le feu qui brûle, il grelotte. Oh ! comme il aimerait être un fort et joyeux garçon comme ses camarades dont il entend les cris saluant la première neige, peut-être, alors que son père serait fier de lui et il oserait lui demander beaucoup de choses.

Sa mère a dû sortir, il est, tout seul et, soudain, la porte s'ouvre et son père l'air sombre et préoccupé, s'assied devant le feu.

La petite voix est rauque et oppressée, le père se tourne vers l'enfant, pose sa main noircie sur les frêles petites mains jointes sur la couverture grise,

- Alors, ça ne va pas ? toujours la même chose ? C'est pourtant triste d'avoir un gamin toujours malade, que pourrait-on bien faire pour te guérir, je te donnerai tout ce que tu voudras.

Georget devient encore plus rouge qu'il ne l'est par la fièvre, il pose sa main brûlante sur celle de son père et balbutie :

- Oh ! papa, si tu voulais me faire bien, bien plaisir...

- Mais oui, tout ce que tu voudras, je te l'ai dit ; des skis, une luge ; dès que tu pourras sortir, tu joueras, comme les autres.

- Georget ferme les yeux. Non ce n'est pas cela qu'il désire, il n'ose pas le dire, cependant, toujours les yeux fermés pour ne pas voir le visage de son père, il lance d'une voix enrouée cette phrase, par saccades.

- Papa, si tu voulais ne plus aller au café, cela te rend malade. et te met en colère, et puis, maman est si fatiguée, et, peut-être que je me guérirais ; je serais si, si content.

Il tremble, que va dire le père ? Lentement il ouvre les yeux, le père est pâle, mais il n'a pas l'air fâché, sa main tremble sur celle du petit, c'est d'une voix que l'émotion enroue qu'il prononce ces paroles :

- Je te promets, Georget, que je ferai mon possible pour ne plus trop boire.

- Je crois, papa, qu'il faut dire comme dans l'engagement d'abstinence : « Avec l'aide de Dieu ».

- Eh bien, avec l'aide de Dieu, je te promets que je ne boirai plus, mais, il te faut guérir. L'homme rude et violent qu'était le père de Georget embrasse son fils et celui-ci sent une grosse larme tomber sur sa joue sans savoir si c'est lui qui pleure ou si c'est son père.

Les années ont passé, Georges est maintenant un bon employé, il est toujours pâle et délicat mais lorsqu'il rentre le soir dans la maison de famille, il bénit Dieu de lui avoir suggéré l'idée de demander un sacrifice à son père, car c'est maintenant une famille heureuse que la sienne.

Voyez ce que peut faire un enfant, quoique petit.

Mme B.-C.


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Joseph et ses frères.

(Genèse 41 .1-38).

 

Précisons; il s'agit aujourd'hui du premier voyage des frères de Joseph en Egypte ; le prochain « Messager » rappellera le second.

Comme l'avait prédit le gouverneur d'Egypte, aux sept années d'abondance succédèrent sept années de famine. Or, la disette n'épargna pas les contrées avoisinantes. Le pays de Canaan, où habitait la famille de Jacob, particulièrement exposé à la sécheresse, en souffrit si cruellement que le patriarche se vit contraint d'envoyer ses fils au pays d'Egypte pour essayer d'obtenir du blé. Le voyage n'étant pas sans périls, Jacob décida de garder auprès de lui le seul enfant de Rachel qui lui restait, Benjamin; Une cohorte nombreuse devait se mettre en route : les frères de Joseph savaient que l'union fait la force ; ils pensaient aussi qu'en se présentant nombreux, ils auraient plus de chances de recevoir une abondante provision de vivres. Ce que, par contre, ils ne prévoyaient pas, c'est la rencontre. qu'ils allaient faire en se présentant devant le premier dignitaire de la cour. Celui-ci portait un nom solennel, qu'il est aussi. difficile de retenir que d'épeler, il s'appelait Tsaphnéath-Paènéach. Il parlait l'égyptien... Peut-être les frères de Joseph pensaient-ils au cadet qui avait fait jadis le même voyage qu'eux, peut-être éprouvaient-ils une secrète angoisse, car tout se paie ici-bas ! Ne vous y trompez pas, ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi. (Eph. 6: 7).

Le glorieux Joseph, lui, n'avait pas oublié. Il gardait, au fond de son coeur, le souvenir des lieux de son enfance. Il pensait souvent aux siens, surtout à son vieux père; vivait-il toujours ? Joseph espérait sans doute voir arriver quelqu'un de sa famille, sinon, se serait-il occupé personnellement de la vente du froment aux étrangers ?

On conçoit l'émotion éprouvée par le gouverneur le jour où il se trouva en présence de ses frères. Cela explique sa sévérité. En faisant trembler d'angoisse ses frères qui, autrefois, avaient tenté de le faire disparaître, Joseph n'a pas songé un instant à se venger ; si tel avait été son but, il aurait savouré son triomphe, il aurait dit par exemple : « AI), vous voilà, vous qui avez désiré ma perte : cette fois-ci, je vous tiens ! » Et il aurait assouvi sa vengeance... Joseph traitera ses frères d'espions, mais c'est un prétexte, celui qui n'a pas oublié veut avoir des nouvelles du pays, de la famille. Avidement, il a écouté le récit qu'on lui a fait : il est rempli de joie, quand il apprend que son vieux père vit encore, que Benjamin est à la maison... Joseph a fait preuve d'habileté en se montrant sévère, il a été mieux que cela, un instrument entre les mains de Dieu pour toucher la conscience de ses frères. En effet, quand, après trois jours ,de prison, il consent à les laisser partir, à l'exception de Siméon, tardé en otage, Joseph devra cacher ses larmes en entendant les siens déclarer avec une humiliation profonde : « Nous avons été coupables envers notre frère... c'est pour cela que, cette affliction nous arrive. (Gen. 42: 21).


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Chez le dentiste.

 

Depuis plus de quinze jours Charlot est bien malheureux, Il n'y a presque pas de journée qui s'écoule sans larmes et tout le monde en souffre avec lui. Pourtant la cause de ces maux est bien, petite : c'est une dent gâtée. A l'heure du déjeuner, quand il faudrait faire vite, le café est bouillant, et la. dent ne le supporte pas ; un grain de sel ou un grain de sucre suffît pour provoquer une crise exaspérante, un brin de confiture fait éclater la douleur.

Plus d'une fois déjà, papa a déclaré que ça ne peut pas durer et qu'il y a des dentistes. On va demander un rendez-vous et on 'enlèvera la coupable.

Mais pour Chalet c'est tomber de Charybde en Scylla. Il se souvient d'avoir un jour accompagné sa maman chez le dentiste et il y a vu une foule de petits instruments de torture avec lesquels il ne veut rien avoir à faire. Sans parler du moteur qui fait tourner une vrille ronronnante sur les dents des patients et dont le dentiste se sert sans scrupule. Aller là-bas ? Non. Mieux vaut : encore souffrir à domicile.

Et pourtant, de guerre lasse, Charlot a consenti. Papa et maman l'accompagneront. Ils ne le laisseront pas martyriser sans défense.

Le dentiste d'ailleurs n'est pas un bourreau. Sa réputation de patience et de douceur est connue à la ronde. On vient de très. loin chez lui parce qu'on connaît sa bonté, et on lui amène souvent des enfants, parce qu'il sait prendre ces clients malcommodes et sur lesquels le raisonnement n'a pas de prise.

Charlot sait tout cela. La compagnie de ses parents le rassure, mais hélas! quand il faut s'asseoir sur le fauteuil compliqué, en. face une vitrine où reluisent les pinces, toutes les bonnes résolutions s'évanouissent, toutes les promesses sont vaines. Il s'agite, il se défend ; il serre les mâchoires quand il faudrait les ouvrir, il se tord à droite et à gauche quand le dentiste essaie de glisser son petit miroir...

Arrêt, supplications, de maman encouragement du dentiste. Rien n'y fait et le temps passe. Nouvel essai, nouvel arrêt. Alors c'est la volonté paternelle qui intervient, et devant la menace sérieuse Charlot semble anéanti. La résistance cesse, la pince mord, un cri... et voici la misérable dent qui tombe dans la cuvette.

Un cri et une injure. Charlot oublie sa douleur pour constater qu'à la place de la dent il y a un trou et indigné il hurle : imbécile il m'a ôté ma dent !

Confusion des parents. Papa a rougi sans trouver un mot ; maman cherche des excuses et le dentiste philosophe sourit gentiment. Il en a vu bien d'autres Charlot s'en va baissant la tête devant son père qui a retrouvé son éloquence une fois la porte fermée.

Quelques jours plus tard, on sonne à la porte du dentiste. C'est Charlot. Il revient avec un joli bouquet à la main, et de bien sincère excuses qu'il va présenter à monsieur le dentiste qui avait déjà oublié la scène.

Nos mauvaises habitudes sont un peu comme les dents gâtées, faut souvent des moyens sévères pour les enlever. Nous nous en irritons d'abord, mais si nous sommes sages, il faudra vouer des fleurs à ceux qui auront trouvé le remède qui les détruit.

R. E. D.


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Joseph pardonne à ses frères.

(Genèse 43: 1; 45 : 23).

 

L'histoire de Joseph est belle et instructive. D'une part, elle nous Montre que le bien finit toujours par triompher et elle est, d'autre part, un magnifique exemple de Ce pardon des offenses que Dieu attend de ses enfants. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. (Rom. 12 : 21). Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. (Matt. 6: 14).

De retour auprès de leur père, les fils de Jacob lui ont fait part du désir, exprimé par le gouverneur, de voir leur frère cadet .Jacob, malgré l'absence de Siméon, retenu comme otage, s'y est opposé. Il est bien obligé cependant de consentir à se séparer de son préféré, quand, par suite de la famine persistante, les dernières réserves de froment sont sérieusement entamées !

La caravane s'est remise en route, avec Benjamin. On emporte, avec l'argent trouvé dans les sacs, où il a été mis par erreur, pense-t-on, de nombreux cadeaux qui prouveront au puissant seigneur égyptien qu'on a pour lui les meilleurs sentiments qui puissent être! Arrivés en Egypte, les voyageurs sont reçus avec une bienveillance qui les effraie plus qu'elle ne les réjouit. Ils sont, en effet, conduits dans la maison de Joseph, où l'on s'empresse autour d'eux. Le maître du logis arrive bientôt; il s'enquiert de la santé du vénérable Jacob,' il regarde longuement Benjamin et lui parle avec une réelle affection... mais, que se passe-t-il ? Le dignitaire sort brusquement ; c'est qu'il ne peut plus retenir ses larmes ! Il revint bientôt et fait offrir à ses frères, de plus en plus surpris, un succulent repas.

Les frères de Joseph quittent leur hôte, confondus de tant de bonté. Ils reprennent le chemin du retour en commentant l'heureux résultat de leur voyage, qu'ils se réjouissent de raconter à leurs familles et en particulier à leur vieux père quand un messager les rejoint. Que veut cet homme ? - Il regrette de devoir constater qu'une coupe précieuse a été dérobée au seigneur qui les a pourtant si bien reçus. Les accusés protestent énergiquement et, pour prouver leur innocence, ouvrent aussitôt leurs sacs... malheur : la coupe est trouvée dans les bagages de Benjamin !

Le geste de Joseph était calculé. En faisant placer la coupe dans le sac de son cadet, il a Voulu Savoir quels étaient les sentiments de ses frères à l'égard de Benjamin. Joseph aura bientôt la preuve que toute trace de jalousie envers les enfants de Rachel a disparu. Il ne pourra plus cacher son émotion en entendant Juda lui dire quelle affection tous éprouvent pour Benjamin que, par amour pour leur vieux père, ils ne consentiront jamais - dussent-ils en mourir - à laisser en Egypte... Vaincu, Joseph renvoie tout son personnel, y compris son interprète. Il parle le langage de ses frères : « je suis Joseph », crie-t-il en sanglotant. Et, avant de les congédier avec une pressante invitation à revenir au bon pays d'Egypte, avec, la bienveillante permission de Pharaon, Joseph montre à ses frères que, si tout s'est heureusement terminé, c'est que le Dieu tout puissant l'a voulu ainsi


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Les oeufs de Pâques.

 

D'où vient la coutume, aujourd'hui universellement pratiquée, de teindre des oeufs à Pâques et d'en faire cadeau à cette date aux enfants et aux amis ?

Personne ne peut le dire avec une entière certitude. Les confiseurs et industriels l'ont merveilleusement généralisée. Aux oeufs naturels de nos bonnes poules, ils ont ajouté les oeufs en sucre, en chocolat, en soie ou en carton plus ou moins richement décorés. Chose curieuse, ce ne sont plus les poules qui garnissent leurs vitrines, mais des lapins ou des lièvres tout étonnés, sans, doute, de remplacer les poulets dans les coquilles brisées ou les, bonnes pondeuses dans les nids de chocolat.

L'opinion généralement admise est que l'usage des oeufs de Pâques nous viendrait de l'Orient.

L'oeuf est pour les orientaux le symbole de la vie cachée qui doit se développer, du commencement du monde et de toute la création. A l'équinoxe du printemps, qui est le commencement de l'année, on échange des présents, comme chez nous le 1er janvier, avec des souhaits de prospérité. Les oeufs y ont leur place et y figurent tout naturellement comme des symboles d'abondance et de bonheur.

Quelques-uns pensent que c'est chez les Romains que la coutume a pris naissance. Un écrivain nommé Lampridius raconte que le jour de la naissance de Sévère Alexandre une des poules de sa mère pondit un oeuf dont la coquille était entièrement couverte de taches de couleurs variées. On alla demander à un augure célèbre ce qu'il en pensait. Celui-ci fit savoir à la mère de Sévère Alexandre que son fils nouveau-né serait un jour empereur des Romains.

Craignant les embûches que la jalousie pourrait susciter à son fils, la mère prudente garda le plus profond secret sur la prédiction jusqu'au jour où Sévère Alexandre fut, en effet, proclamé empereur. Depuis cette époque, les Romains contractèrent l'habitude de s'offrir des oeufs dont la coquille était revêtue de pourpre, comme souhait de bonne fortune. Les chrétiens adoptèrent cette coutume en y attachant une pensée religieuse.

Au IVe siècle, l'Eglise catholique interdit l'usage des oeufs pendant tout, le carême. (Période de 40 jours avant Pâques pendant, laquelle on observe un jeûne relatif.)

C'était justement l'époque où les oeufs étaient abondants. Il s'en faisait dans chaque maison une provision exceptionnelle et on prenait plaisir à la distribuer le temps venu aux enfants et aux pauvres. On commença alors teindre les oeufs de Pâques pour augmenter le plaisir de ceux qui les recevaient.

 

Après la messe de Pâques, au Louvre, l'aumônier du Roi de France distribuait de sa part des oeufs aux personnages de la cour. Le roi lui-même recevait à son tour de ses courtisans les plus gros oeufs qui se pouvaient trouver dans le royaume.

 

Quand il y avait un établi d'horloger dans chacune des maisons de nos villages du Jura, il n'était pas rare de trouver parmi ces artisans de véritables artistes, dont la sûreté de main était extraordinaire. Au moyen d'un simple burin, l'horloger gravait sur la fragile coquille colorée les décors les plus variés : écussons, étoiles, feuillages. Les plus réussis étaient conservés soigneusement ; mais hélas ! une coquille d'oeuf ne saurait durer longtemps. Il me souvient d'un bel oeuf de Pâques, bleu foncé, sur lequel le graveur avait dessiné d'un côté tout un paysage, tandis que sur l'autre on pouvait lire, en vraie calligraphie, quatre vers d'une poésie !

R. E. D.


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Le pari.

 

Où donc cours-tu, Lucien ? tu m'as presque renversée.

Ah ! pardon ; je ne t'avais pas vu. Maman m'envoie chercher deux boites de petits pois, l'oncle Paul vient déjeuner.

-Mais j'en rapporte justement !... inutile que tu y ailles.

- Ah ! tant mieux !

Et Lucien rebroussa chemin.

Pendant le déjeuner Lucien fut silencieux, si bien que son oncle lui lança cette remarque :

- A qui en as-tu, mon garçon ? on dirait que tu prépares un mauvais coup ! ...

Es-tu souffrant ? as-tu mal à la tête ? questionna Mme Rio.

Mais non, maman, je t'assure... je vais bien...

Cependant, il évita de rencontrer le regard maternel.

Au lycée, ses camarades le trouvaient bizarre.

- Qu'est-ce que tu as, mon vieux ?

- Il rage d'avoir perdu son pari.

Allons donc ! dix francs... ce n'est pas une affaire...

Non, cria Lucien, et je les ai payés, mes dix francs ; ainsi, vous autres, laissez-moi tranquille.

- Oh ! oh ! monsieur sort ses piquants... gare

La cloche fit taire ces quolibets...

Le lendemain matin, on parla, à l'Ecole du Dimanche, de l'économe infidèle, et le moniteur de Lucien insista spécialement sur le texte central : «Celui qui est fidèle dans les moindres choses, l'est aussi dans les grandes et celui qui est injuste dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes ». (Luc 16 : 10). Lucien, catéchumène cette année-là, assistait au culte. Bon ! on eût dit que le pasteur et le moniteur s'étaient donné le mot : encore l'honnêteté, la conscience, le scrupule !...

A déjeuner, M. Rio dit à son fils

- Vas-tu te promener avec les Eclaireurs, cet après-midi ?

- Non, papa j'ai un peu mal à la tête et la course projetée sera très longue j'aimerais mieux rester à la maison.

- Alors, nous pourrons faire un peu de violon ensemble après le thé ; cela te va ?

En toute autre occasion, Lucien eût sauté de joie à cette proposition. Du violon avec son père !... M. Rio ne prodiguait pas son concours. Excellent musicien, quoique amateur, il souffrait de la médiocrité du jeu de son fils, mais pour stimuler le zèle du jeune garçon il l'encourageait en jouant parfois avec lui. Lucien ne sut que répondre :

- Oui, papa, comme tu voudras.

M. et Mme Rio échangèrent un coup d'oeil.

Trois heures... la maison est silencieuse. Lucien, seul dans sa chambre, rumine des pensées troublantes; il s'agite, à califourchon sur sa chaise, le front dans les mains, appuyé au dossier. Quelqu'un entre doucement et lui touche l'épaule.

- Dis-moi tout, mon enfant. Nous cherchons le remède ensemble... A propos,tu ne m'as pas rendu les dix francs

- Mais maman... tu sais bien que Madeleine...

- Oui, Madeleine a acheté les petits pois, qu'elle a fait porter sur le compte de la cuisinière. Mais toi, tu n'en as pas rapporté, car Rosalie me l'aurait dit. Tu dois avoir cet argent.

Silence ! ...

- Comment l'as-tu dépensé ?

- Oh ! maman !... et Lucien, baissant la tête, hésitait à parler, comment as-tu deviné ?...

- Alors, c'était ce que je craignais ! Est-il possible que mon fils soit un voleur !

- Oh ! cela, non ! maman ! fit Lucien en se redressant. Je n'ai ni gardé, ni dépensé les dix francs pour moi ! J'avais perdu mon pari, alors par point d'honneur j'ai tenu à me libérer de ma dette.

- Et ton « honneur » ne t'avait pas empêché de parier ?... avec qui ?... où ?.. comment ?

- Chez Poulain, jeudi, en jouant aux cartes.

- Ah ! je m'en doutais, que ce Poulain était un mauvais camarade ! - avais-tu de l'argent quand tu t'es mis à parier ?

- Seulement 2 ou 3 francs dans ma tirelire, mais je pensais gagner mon pari tandis que j'ai tout perdu, le jeu et le pari. Boussac m'aurait bien prêté ce qu'il me l'allait jusqu'à ce que je l'eusse économisé sur mon argent de semaine ; mais quand tu m'as remis ces dix francs et que j'ai vu que je pouvais ne pas faire ta commission, j'ai pensé que Dieu intervenait pour m'aider à liquider cette dette et m'éviter la honte d'emprunter.

- Malheureux ! comment pouvais-tu croire que Dieu te fournirait les moyens de tromper tes parents ! As-tu été heureux depuis ce moment ?

- Non, et Lucien baissa la tête de nouveau.

- Eh bien ! sache ceci, quand Dieu intervient dans nos vies, Il nous donne la paix intérieure, toujours ! C'est l'ennemi qui a mis cette tentation sur ton chemin. Oh ! mon pauvre enfant ! pourquoi ne pas avoir prié Dieu de te secourir ? avec Lui, tu aurais résisté... Tous les voleurs commencent ainsi... une petite indélicatesse... une petite infidélité.. puis le coeur s'endurcit... la conscience s'atrophie.., et le vol conduit au crime.

- Oh ! maman !... grâce !

Et maintenant Lucien pleurait... de vraies larmes de repentance.

Pardonné. Lucien fut de nouveau paisible. Le lundi un de ses camarades lui dit :- Ah ! tu as de nouveau ta figure habituelle ; en as-tu fait des manières, pour rien du tout !... samedi tu avais l'air d'un condamné !

- Il a demandé pardon à papa et maman, dit Murat narquois.

Lucien rougit jusqu'à la racine des cheveux ; il tremblait, mais se raidissant et regardant Murat bien en face, il répondit :

- Oui, j'ai demandé pardon... à Dieu d'abord, à mes parents ensuite ; et j'ai compris que j'avais été un lâche en cédant à la tentation mais c'est fini, je ne jouerai plus aux cartes avec vous, ni à aucun jeu d'argent... jamais !

M. Schneider.


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Pâques: mort et ressuscité.

(Actes 2. 22-24).

 

Si vous cherchez, amis lecteurs, ce passage dans votre Bible, vous trouverez qu'il s'agit d'un fragment du discours prononcé par Pierre, le jour de la Pentecôte. Le courageux apôtre rappelle aux Juifs que Jésus de Nazareth, mis à mort par les méchants, a été rendu à la vie par la puissance de Dieu. En ressuscitant Jésus, le Père a donné aux hommes l'assurance que les liens de la mort pouvaient être rompus... Et voilà pourquoi, dès le début de l'ère chrétienne, on a célébré avec tant de joie l'anniversaire de la Résurrection. Pour affirmer l'importance sans pareille de cet anniversaire, les Chrétiens décidèrent très tôt de reporter au « premier jour de la semaine » (Luc 24 : 1) le jour du repos. Le sabbat (7e jour) devint donc le dimanche (jour du Seigneur) et la journée de Pâques devint très vite aussi le grand dimanche de l'année. En ce jour solennel, et par des cérémonies aussi belles que possible, l'Eglise chrétienne s'est toujours efforcée de réveiller et de mettre en relief le sentiment de la joie. Or, cette invitation à la joie a toujours rencontré le plus favorable accueil auprès des masses, si bien, qu'aujourd'hui encore. la fête de Pâques n'a rien perdu de sa popularité ! Essayons de nous demander pourquoi.

Ce n'est pas seulement parce que la date pascale coïncide avec la venue du joli printemps tant attendu ou encore parce que la table de famille s'ornera, avec de charmantes petites fleurs, de beaux oeufs magnifiquement teints... non, l'universelle joie de Pâques a une cause plus profonde. Saint Paul l'a exprimée en disant : « Grâces soient rendues à Dieu qui nous a donné la victoire par Jésus Christ, notre Seigneur » La victoire de Christ peut devenir notre victoire à nous parce que Jésus a vaincu la mort, ses disciples ne craignent plus qu'on dépose leurs corps dans des tombes ! La victoire du Ressuscité est donc avant tout la triomphante consolation des croyants, mais c'est autre chose encore... Au lendemain des premières Pâques, les disciples n'ont pas seulement cru, mais ils ont été transformés, radicalement, transformés!_ - N'êtes-vous pas « morts », pauvres païens, courbés sous la terreur de vos superstitions? Que le Vainqueur parle et la lumière se fera ! Mais le Vainqueur veut aussi triompher parmi nous en anéantissant la puissance mortelle du Péché. N'est-il pas « mort » le misérable esclave des vices qui le dégradent et qui maintiennent son âme dans un état de pourriture morale, celui qui vit sans que le devoir le préoccupe et qui n'a pas pour Dieu la moindre pensée ? Là aussi, que le Vainqueur parle et le miracle raconté dans la plus belle des paraboles sera accompli : « Il était mort et il est revenu à la vie »... Faisons de Jésus, le Ressuscité, notre Ami. Avec Lui, nous remporterons de belles victoires et nous saurons ce que signifie ce touchant souhait: « Joyeuses Pâques! »

Jésus nous dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi vivra. (Jean 11 :25). Et l'Apôtre nous le rappelle, le Sauveur des hommes, le Christ, c'est Jésus que Dieu a ressuscité. (Actes 2 : 32).