pour mieux connaître Christ?
L'éditeur Gallimard envisage de faire paraître en 1996 un ouvrage de la Pléiade sous forme d'un recueil d'apocryphes1contenant des récits légendaires sur l'enfance de Jésus. Une équipe de théologiens protestants lausannois, avec le professeur Jean-Daniel Kaestli comme cheville ouvrière, a été chargée de réaliser la publication de ces écrits apocryphes ou pseudépigraphes2. On y trouve des narrations présentant Jésus sous un faux jour (un enfant colérique et vengeur...), ainsi que des épisodes légendaires, voire mythologiques, avec bien des détails que les quatre Evangiles ignorent totalement et qui sont même parfois en flagrante contradiction avec la lettre et l'esprit du texte biblique. Même si l'Eglise romaine n'a pas reconnu à cette littérature la canonicité3dont jouissent tous les écrits du Nouveau Testament, elle y a puisé des éléments qu'elle a introduits dans sa tradition, en particulier la mariolâtrie, y compris l'assomption de Marie.
Les chrétiens des premiers siècles qui sont à l'origine de la formation du Canon biblique ont, avec l'assistance du Saint-Esprit, agi avec sagesse et discernement spirituel en écartant tous les manuscrits dont l'apostolicité ou l'authenticité et l'inspiration divine n'étaient pas évidentes. Mais voici que ces théologiens lausannois désirent réhabiliter la face cachée de la vie du Christ4, comme si son image, telle qu'elle apparaît dans la Bible, et particulièrement dans les Évangiles, avait besoin d'être complétée par des éléments provenant de sources douteuses. Ces auteurs veulent ainsi populariser ces évangiles apocryphes qui, dit-on, font à nouveau fureur.5Cette mode nous vient d'Outre-Atlantique où, dans le sillon du « Nouvel Age», on assiste au retour de ces faux évangiles gnostiques. On peut, certes, s'intéresser à toute littérature ancienne religieuse ou profane, mais ce n'est pas dans des récits légendaires, voire mythiques, que nous devons chercher un complément d'information sur la personne du Christ.
J. H.
1 Ici il est question de textes qui remontent à la période post-apostolique (70-150 après J.-Ch.), que les chrétiens des premiers siècles de notre ère n'ont pas reçus comme inspirés de Dieu et qui n'ont donc pas été admis dans le Canon biblique. (épîtres du pseudo-Barnabas, de Clément aux Corinthiens, aux Laodiciens, le Pasteur Hermas...).
2 Les pseudépigraphes sont des écrits qui portent un faux nom d'auteur (évangiles faussement attribués à Thomas, à Pierre, à Jacques, à Barnabas, à Barthélémy, à Nicodème. . .). La distinction entre apocryphes et pseudépigraphes n'est pas toujours claire.
3 On appelle canoniques les livres qui ont été reconnus comme divinement inspirés et de ce fait admis dans le Canon (règle), c'est-à-dire inscrits dans le catalogue ou la liste des livres faisant autorité dans l'Eglise.
4 Voir le quotidien «24 Heures» des 15-17 avril 1995 sous le titre : « L'enfant Jésus menait la vie dure à ses parents ».
5 Le «Nouveau Dictionnaire Biblique» dit (p. 1084) : « De temps en temps, quelques savants profanes saisissent l'un ou l'autre ou plusieurs de ces pseudépigraphes et crient haut et fort que pendant des siècles l'Eglise a caché la vérité, le vrai Evangile, à ses membres, les tenant dans une ignorance inadmissible >, !
La Bonne Nouvelle 1/96
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