(Esaïe 2, 3b; Michée 4, 2b).
Cette parole prophétique s'est-elle déjà réalisée ou attend-elle encore son accomplissement? La montagne de Sion à Jérusalem est ainsi appelée aujourd'hui, parce que les apôtres et l'Eglise primitive situaient là le lieu de cet accomplissement. Auparavant, c'était le mont Morija, où se dressait le temple, qui portait ce nom (cf. Ps. 74, 2; 76, 3). Pour la première fois, ce nom a été utilisé pour désigner la forteresse qui a été construite pour protéger la ville des Jébusiens du côté nord, où la montagne prend de la hauteur. Cette forteresse passait pour être imprenable (2 Sam. 5, 6-7). Par la suite, ce nom «Sion» fut employé dans un sens poétique et proverbial pour la ville, le peuple et tout le pays. Il est intéressant de voir comment la colline au sud-ouest de Jérusalem, qui, au temps de David se situait encore en dehors des murailles de la cité, prit le nom de Sion.
La partie sud-ouest de la ville haute s'est retrouvée sous l'éclairage de l'histoire biblique après la mort et la résurrection de Jésus et suite à l'installation par les apôtres et la jeune assemblée de leur siège à l'intérieur des murs de Jérusalem. Selon les Evangiles, Jésus n'a jamais passé la nuit dans la ville de Jérusalem, en raison du fait que les chefs religieux voulaient Le faire arrêter. Chose frappante: immédiatement après la mort de Christ, les disciples prirent leurs quartiers à Jérusalem. OU était-ce et chez qui? Manifestement là où la dernière cène s'était tenue et où l'effusion de l'Esprit avait eu lieu (Actes 2, 2). Cette maison appartenait certainement à des amis tout disposés à mettre plusieurs de ses locaux à la disposition des disciples; une maison qui devait être fort grande, car il nous est dit qu'il y avait une grande salle à l'étage supérieur (Luc 22, 11-12; Actes 1, 13). Cet endroit devint donc le siège des apôtres et de la nouvelle assemblée. C'est là que Jésus apparut et donna l'ordre de mission (Marc 16, 14-18). Ce lieu resta le siège de l'Eglise judéo-chrétienne jusqu'au 6 ème siècle environ.
Géographiquement, le point zéro d'où est parti l'Evangile pour se répandre dans le monde entier se situe sur l'actuelle montagne de Sion. L'historien religieux Eusebius (260 à 340 après Jésus-Christ) - il connaissait fort bien Jérusalem et habitait Césarée au bord de la mer - écrivit, en l'an 312 environ, un livre intitulé «Demonstratio Evangelica». En voici un court extrait, qui commence par Esaïe 2, 3:
,Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de l'Eternel Des peuples s'y rendront en foule, et diront.- Venez, et montons à la montagne de l'Eternel, a la maison du Dieu de Jacob» (v. 3c et 3a). Quelle est cette loi qui sort de Sion? Elle est différente de celle qui fut donnée à Moïse sur le mont Sinaï. Il s'agit de l'Evangile issu de notre Sauveur Jésus-Christ et répandu par Ses apôtres depuis Sion pour gagner tous les peuples. Oui, il est sorti de Jérusalem et de la colline de Sion avoisinante, où notre Seigneur et Rédempteur a posé bien des actes et dispensé bien des enseignements.
Les écrits de Meliton de Sardes, datant de la moitié du 2 ème siècle après Jésus-Christ, vont dans la même ligne; ce qui prouve que, dès le début de l'ère chrétienne, Esaïe 2, 3 a pesé sur la désignation de Sion comme siège de l'Eglise primitive. Meliton décrit le passage de l'ancienne à la nouvelle Alliance; se référant à ce passage d'Esaïe, il affirme: «Car la loi est devenue logos (l'Evangile); l'ancien est devenu nouveau, qui est sorti simultanément de Sion et de Jérusalem.- Plus évident encore cet écrit d'Origène (185-254 après Jésus-Christ), un ami de l'évêque de Jérusalem:
En provenance de tous les peuples, nous gravissons ces derniers jours cette haute montagne et nous nous encourageons réciproquement à louer Dieu, une louange que Christ a allumée. Car «cette loi» est issue de ceux qui habitaient sur le mont Sion et est venue spiritualisée jusqu'à nous. De plus, «la parole de l'Eternel est sortie de cette Jérusalem pour se propager partout.
Comment put-il se faire qu'en relativement peu de temps l'Evangile se soit répandu dans l'Empire romain et de là ailleurs encore? Une préparation inestimable s'était réalisée par la traduction de l'Ancien Testament en grec, travail qui commença en Egypte sous Ptolémée II (285-246 avant Jésus-Christ) par le Pentateuque et s'acheva en l'an 130 après Christ. Grâce aux conquêtes d'Alexandre le Grand, le grec est devenu la «langue mondiale». C'est ainsi que l'Ancien Testament en grec connut une très large diffusion: la Septuaginta, c'est-à-dire la version des LXX (70). Elle est devenue, surtout à l'extérieur d'Israël, l'Ecriture Sainte des juifs et des païens pieux. Le trésorier de la reine d'Éthiopie lisait le prophète Esaïe vraisemblablement dans le texte des LXX (Actes 8, 30-33).
La jeune mission put s'appuyer sur la connaissance de la révélation de Dieu à Israël, transmise aux païens par cette traduction. La version des LXX est devenue la Bible de l'Eglise primitive. Et du fait que les juifs furent dispersés dans tout l'Empire romain et au-delà où ils fondèrent des assemblées avec des synagogues, ils favorisèrent la propagation de l'Evangile. Où Paul se rendait-il en premier lieu lors de ses arrêts dans des villes au cours de ses voyages missionnaires? Dans la synagogue! Il y trouvait des juifs et des païens pieux (cf. Actes 13, 4249; 17,1-4). Bien que la dispersion des juifs fût un jugement de Dieu en raison de leur désobéissance, l'Eternel, dans Sa sagesse et dans Sa grâce, a transformé la malédiction en bénédiction. Par la fondation de synagogues et l'introduction de l'Ecriture Sainte, ils devinrent des messagers et des témoins du vrai Dieu, Créateur du ciel et de la terre, au milieu d'un monde païen et idolâtre. On peut difficilement mesurer le rayonnement et la force d'attraction de la foi juive en ce temps-là. On estime que dans l'Empire romain, 10% environ de la population étaient des sympathisants du judaïsme. Oui, les voies de Dieu sont insondables! Bien qu'Israël, en tant que nation, n'ait pas été fidèle à sa mission d'être en bénédiction pour tous les peuples, l'Eternel s'est servi de bon nombre de juifs pour servir Sa cause. Il posa ainsi le fondement nécessaire pour la propagation de l'Evangile; et ce qui était à peine concevable se produisit: la jeune foi s'étendit en quelques décennies dans tout l'Empire romain et au-delà (Actes 17, 6).
Au temps du deuxième Temple,
le judaïsme se livrait au prosélytisme, ce qui ne peut être ignoré. Ecoutons le Seigneur Jésus dire à cet égard en Matthieu 23,15: «Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous courez la mer et la terre Pour faire un prosélyte ... » L'expression «la mer et la terre» montre clairement que cette mission était de grande envergure. Selon moi, y participaient les membres des tribus perdues d'Israël en Ethiopie, en Inde, en Chine, au Pakistan, etc., dont on apprend régulièrement des nouvelles et qui comptent des millions d'individus, qui ne sont pas des Israélites de pure race, mais bien un résidu de la mission jadis pleine de zèle. Le trésorier de la reine d'Ethiopie était un de ces prosélytes, que nous rencontrons souvent dans le Nouveau Testament, par exemple en Actes 2, 11, le jour de la Pentecôte à Jérusalem, lors de la descente de l'Esprit Saint sur les disciples qui se mirent alors à prêcher dans diverses langues, tous les assistants pouvant ainsi les comprendre. Les versets 7 à 12 nous rapportent de quels pays étaient originaires tous ces pèlerins qui étaient montés à Jérusalem pour la fête; selon le verset 11, il s'agissait de juifs et de prosélytes, ce qui nous permet d'affirmer qu'Esaïe 2, 4 a eu ici un début d'accomplissement: beaucoup sont montés à la montagne de l'Eternel et à la maison du Dieu de Jacob! Zacharie 8, 23 s'est ainsi partiellement
réalisé: ,Ainsi parle l'Eternel des armées: En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement et diront. Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous.» Quant aux Grecs qui souhaitaient voir Jésus (Jean 12, 20-22), c'étaient des prosélytes qui étaient venus à Jérusalem pour la fête de Pâques. Parmi les sept diacres retenus en Actes 6, 5, il y avait un prosélyte d'Antioche: Nicolas. Sans doute peut-on en déduire qu'il y avait de nombreux prosélytes à Antioche, d'autant plus que cette ville abritait une forte colonie juive. C'est probablement la raison pour laquelle est née là une grande assemblée chrétienne (Actes 11, 19-26). Luc, dont on affirme qu'il était le seul non-juif à avoir écrit un Evangile, était certainement un prosélyte.
Pour servir le but élevé que se proposait l'Eternel - répandre la Parole et les commandements divins par l'Evangile de Jésus-Christ parmi les païens - il y eut non seulement la dispersion des juifs, mais aussi les grandes puissances comme la Grèce et Rome. Alexandre le Grand donna au monde une écriture et une langue pour communiquer: le grec. L'apport de Rome fut des voies sûres par terre et par mer ainsi qu'un empire aux frontières ouvertes s'étendant de l'Arabie à l'Ecosse. Le droit de citoyen romain sauva Paul de maintes situations embarrassantes. Cent ans auparavant, ces conditions favorables n'existaient pas. Elles permirent une éclosion et une préparation du travail missionnaire mondial. L'infrastructure nécessaire pour ce faire atteignit son point culminant quand Dieu, ayant envoyé Son Fils, la parole de l'Evangile fut prête à être portée partout ici-bas.
Actuellement, la Bible entière (l'Ancien et le Nouveau Testament) est traduite en 319 langues; le Nouveau Testament en 845 langues et certaines de ses parties en 1629 idiomes. La Bible est le livre le plus traduit dans le monde.
Aujourd'hui, nous pouvons établir des parallèles évidents entre le temps de l'Empire romain qui vit la première venue de Jésus sur la terre et la période actuelle qui vivra Son retour. Nous disposons de moyens de communication ultra-rapides non plus seulement par terre et par mer, mais aussi et surtout dans les airs. Il y a également le téléphone, le fax, l'Internet, la radio, la télévision, etc. L'anglais est devenu la langue universelle. Les frontières ne cessent de disparaître. Le monde entier aspire à l'unité.
Tout cela ne doit-il pas servir au grand but divin: la propagation de l'Evangile partout dans le monde pour que la fin vienne? «Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin,, (Matth. 24, 14). je pense que les croyants sont aujourd'hui exhortés à fournir le «sprint final», animés du zèle de Paul et des autres messagers de l'Evangile, en utilisant tous les moyens mis à leur disposition pour prêcher la Bonne Nouvelle du salut parmi tous les peuples jusqu'à la venue de Jésus!
Il y a, pour finir, l'affirmation selon laquelle la montagne sur laquelle est établie la maison de Dieu sera ferme, plus élevée que toutes les collines et les montagnes (cf. Michée 4, 1). Il ne faut pas toujours prendre de telles expressions au pied de la lettre; elles sont parfois employées au sens figuré comme, par exemple, Michée 3, 2-3. Par métaphore, on peut réellement dire que le mont du Temple à Jérusalem avec ce merveilleux édifice construit par Hérode était effectivement devenu «la montagne la plus élevée». Cela ne ressort-il pas des mots adressés par les disciples à Jésus: «... quelles pierres ... quelles constructions ... » (Marc 13, 1-2)? Il est écrit à ce sujet dans le Talmud: «Celui qui n'a pas vu le Temple à Jérusalem n'a jamais vu un beau bâtiment.» Dans son livre d'histoire sur cette époque, Josephus Flavius magnifie la beauté de cet édifice, et il écrit que lors des importants jours de fête comme Pâques, jusqu'à un million de pèlerins du monde entier visitaient Jérusalem et son Temple. Où pouvait-on en trouver un semblable ici-bas? Oui, vraiment, la montagne où se trouve la maison de l'Eternel est plus haute et plus noble que tous les «monts du temple» du monde. Les temples païens se dressaient généralement sur des collines (par exemple, l'Acropole à Athènes). Sous cet éclairage, nous pouvons dire: Tout est accompli! Nous nous situons maintenant entre Esaïe 2, 4 et Michée 4, 3- «Il sera le juge d'un grand nombre de peuples, l'arbitre de nations puissantes, lointaines.» Mais notre espérance est dans la seconde moitié de ce verset: «De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes; une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre.»
Mais présentement, nous devons continuer à accomplir la mission de répandre l'Evangile de paix, afin que de nombreux coeurs s'ouvrent à Jésus et à Sa Parole: «Mettez pour chaussures à vos pieds le zèle que donne l'Evangile de paix» (Eph. 6, 15). Que le Seigneur vous en fasse la grâce et vous en donne la sagesse!
FREDI WINKLER
Nouvelles Israël 09-98
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