Le psautier comprend 150 psaumes aussi bien dans le recueil de la Bible hébraïque, appelé « livre des louanges », que dans les textes grecs (Septante) et latin (Vulgate). Mais la séparation entre les différents psaumes n'étant pas apparente dans les anciens manuscrits hébreux, les coupures de l'un à l'autre ont été faites parfois de manière arbitraire : l'absence de titre en bien des cas laissait place à l'initiative des copistes. En sorte que l'hébreu d'une part, la Septante et la Vulgate de l'autre ont adopté des coupes différentes, ce qui entraîne des numérotations différentes elles aussi -. seuls les huit premiers psaumes et les trois derniers portent les mêmes numéros d'ordre dans l'hébreu et dans les versions grecque et latine. Nos lecteurs trouveront donc, en tête des autres, à la fois la numéro qu'a retenu la Vulgate et le numéro que l'hébreu lui attribue; retenons qu'en général, celui-ci l'emporte d'une unité sur celui-là.
Une tradition ancienne a divisé l'ensemble du recueil en cinq « livres » soif, selon la numérotation de la Vulgate : 1-40, 41-71, 72-88, 89-105 et 106-150. Pourquoi cette division? A limitation du Pentateuque, pensent certains; en raison de la différence des noms divins employés (Yahvé ou Elohim), estimant d,autres. mieux vaut avouer une certaine ignorance. De toute façon elle ne semble pas appartenir au texte primitif, et nous ne l'avons pas retenue dans le psautier qu'on va lire.
Saint Jérôme a traduit trois fois les psaumes
Comme pour le reste de la Bible, nous possédons d'abord un texte hébreu ou massorétique. Il faut dire qu'en raison de son utilisation fréquente par la piété du peuple juif, les psaumes ont été souvent recopiés, et parfois par des scribes malhabiles; d'où des altérations nombreuses : on relève en effet des passages absolument incompréhensibles, tandis que d'autres présentent un sens tout à fait différent de celui des anciennes versions. Nous disposons encore de la vieille traduction grecque des Septante. Faite à Alexandrie, elle daterait du 11, siècle avant notre ère, époque de la persécution des juifs de Palestine par Antiochus IV Épiphane. Elle est très inégale : si elle permet parfois d'améliorer certains passages du texte massorétique, elle comporte par contre bien des erreurs dues soit à une mauvaise lecture du texte hébreu, soit à une incompréhension de certains termes. La Vulgate en fut cependant héritière.
C'est en effet du texte des Septante que sont issues les anciennes versions latines. Les premières parurent en Afrique et sans doute en Italie, dès le II ème siècle de notre ère. Ce sont celles que connut saint Jérôme et qu'il révisa en 383; son travail s'appelle le « psautier romain », et jadis le missel latin l'utilisait. Il s'agit d'une traduction rapide, où, de toute évidence, l'autour n'a pas voulu trop dérouter son lecteur, laissant volontairement subsister de grosses erreurs. Un pou avant 390, il entreprit une deuxième traduction, beaucoup plus critique, mais toujours faite sur le grec des Septante elle a donné le « psautier gallican » ainsi dénommé à cause de son utilisation par les églises de Gaule. C'est le psautier de la Vulgate actuelle.
Enfin, vers 390, saint Jérôme fil une troisième traduction, mais cette fois directement sur l'hébreu; d'où son nom : « psautier traduit d'après l'hébreu ». C'est naturellement cet ouvrage que nous avons choisi comme base, de préférence aux deux précédents, pour présenter en français les psaumes à nos lecteurs.
J. DHEILLY
Professeur à l'Institut catholique de Paris
En ce temps-là, la BibleNo 44 page IV