Pour les savants de 1969 LE MONDE FUT il y a 6 milliards années
Par tradition plus que par raison, les « savants » de notre propre civilisation ont admis pendant des siècles que la « création du monde » remontait à quelque 4.000 ans avant notre ère. Quant au cosmos, rares étaient ceux qui doutaient qu'il fût borné à la Terre, au Soleil, à la Lune, aux planètes, aux constellations bien ordonnées et répertoriées dans les signes du zodiaque. Bref, à tout ce que les bergers de Canaan, les astrologues assyriens et les prêtres d'Egypte pouvaient voir briller dans le ciel avant l'invention de la lunette : en l'an 1610.
Si immense qu'il ait été imaginé, cet univers-là s'accommodait du travail précis du suprême artisan du récit biblique, traçant l'espace et modelant la matière à la manière d'un potier génial appliqué à sa tâche.
L'univers en continuelle expansion Or, voici que sous ces images somptueuses qui ont marqué et souvent ébloui l'esprit des hommes de génération en génération, la science moderne a glissé des réalités grandioses :
Tous ceux qui aujourd'hui lisent les journaux, entendent la radio ou regardent la télévision, savent que l'Univers ne se limite pas à notre système solaire ni aux deux cents milliards d'étoiles de notre galaxie. Le plus puissant télescope du mont Palomar (Etats-Unis) en scrute d'autres jusqu'à deux milliards d'années - lumière, c'est-à-dire à une distance de quelque dix-neuf mille milliards de milliards de kilomètres, ce qui n'a plus guère de sens pour l'entendement humain.
Les dimensions de ce vertigineux univers en ont un cependant pour les instruments et les calculs qui fouillent désormais ces espaces que Pascal disait « infinis » . Ils écoutent même ce qu'il croyait leur «silence éternel» : les radiotélescopes mesurent et classent des multitudes d'ondes qui en fait racontent la vie du monde.
Des données ainsi recueillies, il apparaît que la « création » se poursuive :On a constaté que les galaxies s'éloignent les unes des autres à des vitesses proportionnelles aux distances qui les séparent.C'est sur cette constatation qu'est fondée la théorie de l'Expansion de l'Univers : celui-ci paraît grandir sans cesse, se dilater dans toutes les directions.
A la poursuite de l'explosion primitive
Des calculs hardis font ressortir que cette expansion aurait commencé, il y a six milliards d'années: la matière cosmique aurait été alors rassemblée dans un atome unique, l'« atome primitif», dont l'origine, il est vrai, demeure scientifiquement inexpliquée. A la suite d'un phénomène que les savants n'expliquent pas non plus mais où les croyants sont libres de voir l'action du Dieu Créateur, cet atome aurait en quelque sorte explosé ; ce sont ses débris qui, d'explosions en explosions, de heurts en frôlements, seraient devenus les centaines de milliards de« mondes » actuels.
Aux écoutes des ondes dont l'espace en croissance continue se peuple, les plus audacieux ne désespèrent pas de rattraper un jour aux confins du néant l'explosion primitive. Et nul ne saurait assurer que parmi les mystérieuses voix perçues dès aujourd'hui par nos radiotélescopes ne grondent pas déjà, et encore, les échos de ce « Commencement » dont la Bible ne propose évidemment pas le compte rendu scientifique, mais désigne l'auteur.
Dés les premiers chapitres, la lecture de la Bible ménage des surprises. L'événement capital qu'ils rapportent :
la création, fait l'objet de deux récits différents. Or, ils ne concordent pas sur tous les points,.. il s'en faut.
AU chapitre 1 de la GENESE, l'auteur passe en revue le ciel et la terre avec tout ce qu'ils renferment : soleil et lune, animaux, oiseaux, plantes... ; l'homme enfin.
Le récit suivant, qui commence au verset 4 du chapitre 2, semble être en contradiction avec ce qui précède :
plus question d'astres, de mers et de continents mais seulement un jardin qui attend des hôtes de marque. Et voici le premier couple humain dans sa jeunesse et sa beauté.
Pourquoi cette opposition entre les deux récits 7 La raison essentielle est que les auteurs sont différents. Au chapitre 1, il s'agit d'un prêtre juif déporté à Babylone (VIe siècle av. J.-C.) ; au chapitre 2, il s'agit d'un poète vivant à Jérusalem, peu après le schisme (début du IX. siècle av. J.-C. ).
Les experts, en effet, croient pouvoir retrouver dans la Genèse (et dans l'ensemble du PENTATEUQUE), quatre sources écrites qui ont été combinées par un rédacteur assez tardif. .
Ces deux chapitres constituent à l'origine le préambule de deux histoires d'Israël, l'une appelée yahviste (parce que Dieu est appelé Yahvé), l'autre dénommée sacerdotale (parce que rédigée dans les cercles sacerdotaux de l'exil).
CELUI DU PROFESSEUR...
Le professeur du chapitre 1 et le poète du chapitre 2 ne présentent pas évidemment leur récit de la même manière, d'autant qu'ils ne savent pas comment les choses se sont passées : ils peuvent donc les imaginer selon leur inspiration, leur but demeurant identique : Dieu a tout créé.
Le professeur utilise un style d'enseignement très clair, mais un peu sec ; il emploie des formules capables d'accrocher la mémoire. Par exemple : « Il y eut un soir et il y eut un matin, ce fut le Ne jour. » De temps à autre, ce sera comme un refrain recouvrant une vérité essentielle : « Et Dieu vit que cela était bon.» Enfin, parce que prêtre, il décomposera l'activité créatrice de Dieu en un certain nombre de moments correspondant aux jours d'une semaine, afin de montrer le fondement du repos au jour du sabbat : si Dieu a cessé de travailler le septième jour, l'homme doit faire de même.
... ET CELUI DU POETE
Le poète, lui, n'a cure de tous ces détails. Son lyrisme est débordant. Dans le jardin d'Eden, il y a beaucoup d'arbres, avec des noms curieux :
l'arbre de vie, l'arbre de la connaissance du bien et du mal! Dieu fait défiler devant l'homme tous les animaux afin qu'il leur donne un nom. Pour expliquer que la femme est la réplique de l'homme, il imagine que Dieu la tire du corps de celui-ci. Tous deux sont adultes dès le premier instant et sont appelés à jouir du bonheur. Enfin Dieu se promène avec eux à la brise du jour.
Mais si cette page suppose la notion de création, la pointe du récit est ailleurs. Etroitement relié au chapitre suivant, celui de la faute d'origine, il est destiné à poser le problème des rapports de l'homme avec Dieu. Mais il s'agit plutôt d'une méditation poétique que d'un cours magistral.
En ce temps-là, la Bible No 1 page III.