L'Ancien et le Nouveau Testament
Un rappel sous forme de 10 questions.
1. Qu'est-ce qu'un Testament ? - Sens usuel : un document de ce qu'on lègue après sa mort. - Sens biblique: un document de ce que Dieu nous lègue.
2. De quand date l'utilisation de ce terme pour désigner ce que les Juifs nommaient les Ecritures ?
- Le terme Ancien Testament se trouve pour la première fois dans 2 Corinthiens 3.14 ; le mot grec veut aussi dire alliance.
3. D'où vient l'Ancien Testament ?
- Des Juifs, tels que Moïse, qui écrivit, environ 12 siècles av. J.-C., les cinq premiers livres de la Bible (le Pentateuque), et le roi David, qui écrivit la plupart des Psaumes (qui font partie des livres poétiques), et les prophètes tels qu'Esaïe, Jérémie et le dernier: Malachie (environ 400 av. J.-C.).
4. Dans quelle langue l'Ancien Testament fut-il écrit ? - En hébreu, traduit en grec par les Septante vers 300 av. J.-C.
5. Comment les hommes ont-ils écrit l'Ancien Testament ?
- Ils ont été poussés par le Saint-Esprit et nullement par une volonté humaine (2 Pierre 1.21).
6. D'où vient le Nouveau Testament ?
- Dieu Lui-Même a inspiré les apôtres et les disciples : C'est le Saint-Esprit... qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (Jean 14.26 ; voir aussi Jean 16.13-14). Toute la Bible a donc été inspirée aux hommes choisis par Dieu, comme le dit si clairement Paul lui-même sous l'inspiration du Saint-Esprit : Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu (2 Timothée 3.16).
7. Dans quelle langue le Nouveau Testament fut-il écrit ? - En grec, qui était alors la langue de culture.
8.Comment le sens propre de testament s'applique-t-il à la Bible ?
- Un testament entre en vigueur à la mort du testateur (Hébreux 9.16-17). Dieu était le testateur, et dans 2 Corinthiens 5.19, nous lisons : Dieu était en Christ (quand il mourut à la croix), réconciliant le monde avec lui-même.
9. L'Ancien Testament n'est-il plus valable ?
- Comme Christ est médiateur d'une alliance meilleure, ayant conclu une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première ... sur le point de disparaître (Hébreux 8.6,8,13).
10. Pourquoi alors continuer à étudier l'Ancien Testament ?
- Paul nous en donne les raisons, d'abord dans Romains 15.4: Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction... Puis, dans 1 Corinthiens 10.1 -11 (à lire en entier) : ce qui est arrivé aux Israélites leur est arrivé à titre d'exemples (typiques) pour nous avertir (v. 11).
Le grand réformateur Luther disait : "Il n'y a pas une seule page de l'Ancien Testament qui n'annonce déjà le Christ !"
Moïse : mission et buisson
1. La mission de Moïse
(Lisez d'abord Exode 2.11-15 et Actes 7.20-25). Dans l'histoire de Moïse ce que Moïse fait est constamment en contraste avec ce que Dieu accomplit. Tout d'abord, Moïse est sauvé alors qu'il n'est qu'un poupon. Il n'y est pour rien ; c'est Dieu qui accomplit ce qu'il avait prédit à Abraham 400 ans plus tôt. Ensuite, Moïse reçoit une éducation égyptienne, ayant été adopté parla fille du Pharaon. Là encore, il n' y est pour rien. Le texte dans Actes décrit Moïse comme puissant en paroles et en oeuvres. Il semble sur le seuil d'une brillante carrière. En fait, il va subir un échec cuisant.
C'est son idée à lui, Moïse, de visiter ses frères. C'est lui qui pense que Dieu va délivrer le peuple par sa main, sur la base de ce qu'il sait et de ce qu'il est, lui, Moïse. Or, il doit apprendre la leçon la plus importante : s'il est vrai qu'il a une mission à accomplir, il est impuissant à l'accomplir lui-même !
Il n'y a rien de faux à s'indigner contre l'injustice. Seulement, Moïse regarde bien des deux côtés avant de s'attaquer à l'Egyptien, mais il ne regarde pas en haut. Il vit qu'il n'y avait personne. Moïse était sensible à la présence des hommes, mais insensible à la présence de Dieu.
Posons-nous cette question : De qui, de quoi sommes-nous le plus conscients ? Est-ce de l'approbation des hommes ? De leur présence ? Ou est-ce de l'approbation de Dieu et de Sa présence ? Moïse avait perdu le sens de dépendance de Dieu. Il se croyait appelé à combattre les Egyptiens, à venger l'injustice infligée à ses frères. Nous sentons-nous appelés à combattre le mal dans le monde ? Il y a des milliers de besoins : des affamés, des esclaves politiques, des injustices criantes ! Apprenons que nous ne sommes pas engagés envers ces besoins, mais envers Dieu. C'est Lui qui se charge des besoins, c'est Lui qui place chaque homme là où Il veut remédier à un besoin. Moïse a dû apprendre, et nous devons apprendre avec lui, que l'homme n'est pas indispensable à Dieu, mais que Dieu est indispensable à l'homme. Dieu est parfaitement capable de s'occuper des affaires du monde. Si l'Eglise ou telle organisation chrétienne envoie qui elle veut où elle veut, elle agit comme Moïse, qui s'attaque à un seul Egyptien, alors que Dieu veut se servir de Moïse pour s'attaquer au peuple entier. La sincérité de Moïse n'est pas mise en question. Cependant, le résultat montre qu'en plaçant sa confiance en sa propre puissance, Moïse ne réussit même pas à tuer un seul Egyptien avec succès ; son crime étant découvert, il est obligé de fuir. Par contre, Dieu fera disparaître toute l'armée égyptienne dans la Mer Rouge ! Seulement, il faudra que le peuple attende 40 ans pour être délivré...
Moïse, agissant par impulsion naturelle, aboutit à une fausse activité : au lieu de remplir une mission, il commet un meurtre. Au lieu d'être missionnaire, il devient meurtrier ! Car Moïse a essayé de faire le travail de Dieu à la manière des hommes, tout comme les Egyptiens. Il a dû apprendre que ce n'est pas une question de capacité et de savoir-faire, mais de disponibilité à faire ce que Dieu demande. Sommes-nous ainsi disponibles ? Non pas faire plus, donner plus, être plus, mais : Arrêter, et reconnaissez que je suis Dieu. Je domine sur les nations et sur la terre (Psaume 46.11).
2. Le buisson de Dieu
(Lisez d'abord Exode 3.1-7 et Actes 7.30-34.) Depuis 40 ans, Moïse est dans le pays de Madian à garder des troupeaux. J'imagine le sentiment de futilité, de perdre son temps, que cet homme instruit dans toute la sagesse des Egyptiens doit souvent avoir ressenti.
Et voilà tout à coup un buisson qui brûle, et qui reste intact ! Quel contraste : Moïse est comme un buisson qui a brûlé en 24 heures, alors que le buisson de Dieu brûle éternellement ! Le phénomène de ce buisson qui brûle sans se consumer est si extraordinaire que Moïse enquête prudemment. Alors Dieu l'appelle par son nom et se révèle à lui comme le Dieu des promesses faites à ses pères, le Dieu immuable, le Je suis, nom que le français rend par l'Eternel. Moïse doit ôter ses sandales, car désormais ce ne sera plus lui, mais l'Eternel qui décidera où il portera ses pieds. C'est le lieu de la révélation et de la consécration. C'est un lieu à part (sens du mot saint). Ce lieu est nommé Horeb ou Sinaï (mot de la même racine que buisson, en hébreu), et c'est là que Dieu donnera la loi à Moïse Dieu a pris l'initiative. C'est un peu comme si Dieu disait à Moïse :"Ce buisson qui brûle sans se consumer te semble unique. Mais non, n'importe quel buisson ferait l'affaire, pourvu que Dieu l'habite. Quel personnage tu pensais être en Egypte ! Maintenant, tu vois que tu n'es rien, que c'est Moi en toi qui te donne ta valeur."
Tous les serviteurs de Dieu ont dû faire une fois l'expérience humiliante de la faillite personnelle: Abraham, Jacob, Moïse, David, Elie, Esaïe, Pierre, Paul... C'est cette humilité que Jésus entend par sa troisième béatitude : Heureux les humbles, car ils hériteront la terre.
Voilà donc le Moïse qui va se trouver face au Pharaon, et puis face au peuple d'Israël pendant 40 ans. Il est devenu l'homme le plus humble et patient que la terre ait porté (Nombres 12.3). Sommes-nous persuadés que n'importe quel buisson fera l'affaire pour devenir un buisson de Dieu ? Que ce n'est pas de moi ou de toi, avec mes facultés et avec tes facultés, avec mon éducation et ton éducation, avec mon savoir-faire et le tien, que Dieu a besoin ? Non, Il a besoin
d'un moi-Moïse, d'un toi-Moïse,
d'un moi-rien Dieu-tout-en-moi, d'un toi-rien Dieu-tout-en-toi,
d'un moi-qui-ne-vis-pas, mais Christ vit en moi, comme le dit Paul :
Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. (Galates 2.20) El
Moïse face au peuple
Parallèlement, c'est aussi Moïse face à Dieu. D'une lecture attentive des deux livres Exode et Nombres, Moïse émerge comme le médiateur entre le peuple d'Israël et l'Eternel Dieu. En parcourant l'histoire des 40 ans où le peuple tourna en rond dans le désert, on est sous l'impression d'un combat permanent entre le peuple et Moïse. Il y a contraste entre les incessants murmures du peuple et l'intense vie de prière de Moïse. Moïse face au peuple, c'est aussi Moïse face à Dieu, car le combat de Moïse est aussi le combat de Dieu. Mais tout a commencé par une première étape:
La foi du peuple
Quand les anciens d'Israël voient les signes que Moïse opère, notamment le bâton changé en serpent, ils croient que Moïse est vraiment l'envoyé de Dieu (Ex. 4). Mais aussitôt que le Pharaon serre la vis, ils lui font des reproches. Moïse prie, et Dieu le rassure (Ex. 5).
La puissance de Dieu s'étant manifestée par les dix plaies dont l'Egypte est fustigée, le peuple suit à la lettre les instructions concernant la Pâque. A peine sorti du pays de son esclavage et poursuivi par l'armée égyptienne, le peuple crie à l'Eternel tout en reprochant à Moïse de les en avoir fait sortir. Moïse encourage le peuple: Dieu anéantira les ennemis ! Ayant vécu le miracle de cet anéantissement, les Israélites craignent Dieu, et ils crurent en l'Eternel et en Moïse, son serviteur (Ex. 14). Un chant de louanges éclate !
Notre foi en Dieu et en son Fils est-elle continuellement remise en question par des événements contrariants ? Nous avons aussi besoin de l'exhortation de Moïse: L'Eternel combattra pour vous; et vous, gardez le silence (Ex. 14.14).
Une fois le peuple en route vers la terre promise, on discerne une deuxième étape:
Les murmures du peuple
A Mara, l'eau est amère: le peuple murmure. Moïse supplie Dieu, qui lui montre un certain bois que Moïse jette dans l'eau, et elle devient douce. C'est déjà une image de la croix du calvaire: l'amertume de ma culpabilité devant Dieu est transformée en douceur par le pardon reçu sur la base du sang de Jésus-Christ mort à la croix pour expier mon péché. L'amertume de mon coeur, causée par les injustices dont je me crois victime, fait place à la douceur de me savoir tellement aimé de Dieu.
Six semaines plus tard, le peuple se plaint du manque de viande et de pain. C'est la faute à Moïse ! Alors l'Eternel fait comprendre au peuple qu'en murmurant contre Moïse, il murmure contre Dieu.
Néanmoins, Dieu donne aux Israélites ce qu'ils réclament: des cailles et de la manne (Ex.16).
Sommes-nous assez conscients de ce que, lorsque nous manifestons notre mécontentement contre les circonstances qui sont les nôtres et les gens que nous côtoyons, nous murmurons en fait contre Dieu ?
A Réphidim, il n'y a pas l'eau qu'on escomptait y trouver. Cette fois, les murmures sont contestataires. C'est encore la faute à Moïse, qui crie à Dieu: Ils vont me lapider! C'est alors que Dieu demande à Moïse de frapper le rocher de son bâton, et l'eau en jaillit (Ex.17).
Cette image aussi vise le Christ, comme Paul l'écrit aux Corinthiens: Ils buvaient à un rocher spirituel.... et ce rocher était le Christ (1 Cor. 10.4). Il a été frappé à la croix, et des fleuves d'eau vive couleront de celui qui croit en lui (Jean 7.38). Sommes-nous une source de vie pour ceux qui nous entourent ?
A peine ce miracle désaltérant s'est-il produit qu'Israël est attaqué par Amalec; cette tribu descend d'Esaü, père d'une race incrédule qui restera l'ennemie du peuple de Dieu. Amalec est un symbole de Satan, l'adversaire qui rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer (1 Pi. 5.8). Le Seigneur nous a-t-il particulièrement bénis ? Soyons alors sur nos gardes, car c'est à ce moment que Satan attaque.
Que fait Moïse ? Deux choses: Il envoie Josué contre Amalec avec des hommes choisis, et il prie. Tant qu'il élevait ses mains, Josué gagnait; quand il les baissait, Josué perdait. La fatigue gagnant Moïse, Aaron et Hur soutenaient ses bras, et il put tenir ferme jusqu'à la victoire.
Trois enseignements se dégagent de ce fait historique qui a été noté par Moïse lui-même, témoin oculaire, comme d'ailleurs tout le Pentateuque (Ex.17.14 - Deut. 31.9,24):
1. Prendre les mesures qui s'imposent. Associer au combat ceux de nos frères qui savent se servir de l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu..., plus acérée qu'aucune épée à double tranchant, qui pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit (Eph. 6.17 et Hébr.4.12). Combattre l'ennemi avec d'autres armes s'avère futile.
2. Tant que nous prions, Dieu donne la victoire. Associons à notre prière ceux qui en ont le don. N'imaginons pas pouvoir tenir seuls; nous avons tous besoin de "Aaron" et de "Hur".
3. Une victoire n'est jamais définitive : Il y aura guerre de l'Eternel contre Amalec de génération en génération (Ex.17.16). Tant que Satan n'aura pas été neutralisé, ce qui arrivera au retour du Christ, le combat continuera. Mais c'est une guerre de Dieu contre Satan, raison pour laquelle nous faisons appel à la puissance du Seigneur.
La charge de juge que Moïse doit assumer face à son peuple l'épuise. Son beau-père Jéthro, sacrificateur de Madian, lui conseille alors de déléguer ses pouvoirs à des hommes craignant Dieu, attachés à la vérité et qui haïssent le gain malhonnête (Ex.18.21). Moïse est assez humble pour suivre ce conseil donné par un homme qui, s'il n'est pas Israélite, est plein de bon sens. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la toi du Christ, qui est la loi de l'amour (Gal. 6.2.).
Justement, Dieu va donner à son peuple, par l'intermédiaire de Moïse, le décalogue, la loi énoncée en dix commandements. C'est un point culminant dans la vie de Moïse. Il introduit une troisième étape:
L'engagement du peuple
Les Israélites entendaient la voix de Dieu qui parlait à Moïse.
Moïse partait, et Dieu lui répondait à haute voix. Et tout le peuple promit unanimement: Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit. (Ex. 19.9,19,8).
Moïse est le médiateur de l'ancienne alliance, celle de la loi. Et Dieu a confirmé son rôle de médiateur publiquement, à haute voix. Dieu n'en a pas fait moins pour le médiateur de la nouvelle alliance, celle de la grâce: De la nuée sortit une voix qui dit: Celui-ci est mon Fils élu écoutez-le (Luc 9.35). Ce n'est plus Moïse (la loi) ni Elle (les prophètes) qu'il faut écouter, mais Jésus-Christ (la grâce). Moïse était un fidèle serviteur dans la maison de Dieu, alors que Jésus est Fils sur sa propre maison. Et nous sommes sa maison (Héb. 3.5-6). Voulons-nous dire, nous aussi : Nous ferons tout ce que le Fils a dit ?Cela inclut ce qu'il a dit par les apôtres.
Sur la base de cette promesse d'obéissance plusieurs fois répétée (Ex. 24.3,8), Moïse scelle l'alliance du peuple avec l'Eternel par le sang des taureaux immolés en sacrifice. Cette alliance provisoire a trouvé un accomplissement définitif en Jésus-Christ: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous (Luc 22.20).
L'alliance ayant été conclue, le peuple ayant promis d'en observer les conditions, la rencontre avec Dieu est possible. Une vision du Dieu d'Israël est accordée à Moïse avec ses trois fidèles et 70 anciens; puis ils mangèrent et burent (Ex. 24.9-11). Mais ce n'était qu'une vision à travers laquelle ils virent Dieu, car l'homme ne peut me voir et vivre, dit l'Eternel à Moïse (Ex. 33.20). Cette parole est confirmée par Paul parlant ainsi du Seigneur des seigneurs: ... qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu, ni ne peut voir (1 Tim. 6.16). Jésus-Christ, lui, est l'image du Dieu invisible, il est Dieu devenu visible (Col. 1.15). Voir Christ, c'est voir Dieu. Nous le voyons avec les yeux de la foi. Mais il fallut qu'il donne sa vie et son sang pour que le chemin vers Dieu soit définitivement ouvert. Dès lors, par l'oeuvre du Saint-Esprit en nous, nous sommes transformés en son essence au furet à mesure que nous nous nourrissons de lui (2 Cor. 3.18). Comment ? En faisant nôtres ses paroles. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, ...il demeure en moi, et moi en lui. Pour dissiper tout malentendu, Jésus déclara: La chair ne sert de rien. C'est l'Esprit qui vivifie. Mes paroles sont Esprit et Vie. (Jean 6.54,56,63). C'est que Jésus est la Parole.
En voyant une manifestation de l'Eternel, là sur la montagne, les Israélites ont eu un avant-goût du Christ, expression visible du Dieu invisible. Quel sommet de la révélation déjà au début du déroulement historique du salut de l'humanité ! Et quel plongeon dans l'abîme de l'idolâtrie juste après 1 Ce sera la quatrième étape du peuple dans le désert.
Nous avons vu le peuple d'Israël passer par trois étapes : celle de la foi, celle des murmures, puis celle de l'engagement, où le peuple est entré en une relation d'alliance avec Dieu.
Quatrième étape : L'idolâtrie du peuple
Moïse reste quarante jours sur le Mont Sinaï. C'est long, un mois et demi sans nouvelles du chef, sans intermédiaire entre Israël et Dieu. Je vous invite à lire Exode 32 avant de continuer.
Vous aurez remarqué la manière désobligeante dont le peuple parle de ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d'Egypte. Les promesses solennelles sont oubliées, un veau d'or prend la place du Dieu vivant dont la voix s'était pourtant fait entendre. - Quand Dieu tarde à répondre à nos prières, vers qui nous tournons-nous ? De quoi nos espérances se nourrissent-elles ? Nous appuyons-nous sur des Aaron ? Jésus est pourtant là, même si nous ne le voyons pas: Nous marchons par la foi et non par la vue, écrit Paul aux Corinthiens friands de manifestations spectaculaires (2 Cor 5.7).
Le peuple d'Israël retourne au paganisme d'Egypte, où les dieux étaient représentés par des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles, pour citer l'apôtre Paul (Rom 1.23). Israël est retourné au polythéisme: Fais-nous des dieux. Ton peuple s'est corrompu, dit Dieu à Moïse. Il ne dit pas "ce peuple", car il y a une relation intime, profonde dans le coeur de Dieu et de Moïse pour le peuple que Dieu s'est choisi parmi tous les autres peuples de la terre. Et ce peuple s'est corrompu. Bien entendu, personne ne pense qu'un jeune taureau est vraiment un dieu; mais on lui offre tout de même des sacrifices. Toute adoration ou simple prière faite à l'aide d'une image ou d'une statue comporte le risque de prendre ces représentations pour des réalités. C'est cela, l'idolâtrie: représenter Dieu et se prosterner devant cette image inanimée.
Aux yeux de Dieu, la fête idolâtre à laquelle s'adonne le peuple est une perversion si grave qu'il mérite l'extermination. Dieu veut tout recommencer. Il propose à Moïse de faire de lui l'ancêtre d'un nouveau peuple de Dieu. Quel honneur pour Moïse! Sa réaction est un exemple de parfaite loyauté envers Dieu et son peuple. Moïse a l'honneur de Dieu à coeur. Il lui rappelle ses promesses faites aux ancêtres. Et que diraient les Egyptiens ?... Moïse est même prêt à faire biffer son nom inscrit dans le livre de vie, donc de subir le châtiment de la condamnation éternelle, pour que son peuple vive. Quel intercesseur que ce Moïse! Cependant Dieu répond : Non ! Seul le pécheur lui-même sera puni.
Il y en a eu un autre qui se disait prêt à prendre la malédiction éternelle sur lui, si cela pouvait sauver les Israélites, ses frères (Rom 9.3-5). Il s'agissait là d'une expression de son grand amour pour son peuple. Pourtant, Paul ne savait que trop bien que la question du salut éternel doit être résolue par chacun individuellement.
Or, il y en a un qui, n'ayant lui-même aucun péché à expier, s'est chargé de la malédiction et du châtiment de l'humanité entière. C'est lui le parfait intercesseur, le médiateur d'une alliance nouvelle, le Fils éternel de Dieu, mort et ressuscité à l'immortalité à tout jamais (Héb 8.6 ; Rom 6.9). Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux (Luc 10.20). Quand les livres seront ouverts au dernier jugement, votre nom se trouvera-t-il inscrit dans le livre de vie (Apoc 20.11-15) ?
Quand Moïse, descendu de la montagne, se trouve face au peuple dansant autour de son dieu postiche, sa colère, tout comme celle de Dieu, s'enflamme à tel point qu'il fait voler en éclats les deux tables sur lesquelles se trouvait pourtant l'Ecriture de Dieu, qui ne le reprend pas pour ce geste de fureur violente. En fait, à quoi peut servir la Parole de Dieu quand on adore des idoles ? Cela vaut aussi pour nous. La dernière phrase de la première épître de Jean est significative : Gardez-vous des idoles. N'aurions-nous pas besoin de cette exhortation ?
Moïse vit encore autre chose qu'un peuple adonné à l'idolâtrie. Moïse vit que le peuple était en désordre. C'est la condition de l'homme qui s'est détourné de Jésus-Christ. Les répercussions se font sentir non seulement dans les domaines prosaïques de la vie, mais aussi dans le comportement moral. Dieu n'est pas un Dieu de désordre (Il Cor 14.33) : l'ordre doit caractériser ses enfants. Y aurait-il à mettre de l'ordre dans un secteur de ma vie ?
Dans Exode 33 (à lire), Moïse, conscient de sa responsabilité de meneur des enfants d'Israël, demande à l'Eternel de marcher avec eux, sans quoi mieux vaut ne pas partir du tout ! - Partir dans la vie - la vie d'apprenti ou d'étudiant, la vie professionnelle, la vie du couple et de famille - sans se prévaloir de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à quoi bon ? Je marcherai moi-même avec toi et je te donnerai du repos. Cette promesse faite à Moïse voici plus de trois millénaires est aujourd'hui plus actuelle que jamais : Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Venez à moi,... et je vous donnerai du repos (Mat 28.20 ; 11.28). En Jésus-Christ, la grâce faite au peuple d'Israël suite à l'intercession de Moïse s'accomplit pleinement. Car dans Ex 33.12-19, le mot grâce se trouve sept fois. Oui, Dieu a toujours été le Dieu qui fait grâce, même si le jugement doit expier le péché ; ici, il est tombé sur trois mille hommes tués par l'épée; à Golgotha, il est tombé sur l'homme parfait tué par le supplice de la crucifixion.
Peu après le départ du Sinaï, décrit dans Nombres 10, le peuple murmure de nouveau. Il n'y a aucune indication de la raison. Est-ce devenu une habitude ? Incroyable! direz-vous. Si incroyable que cela? Combien de fois nous les chrétiens, peuple de la nouvelle alliance, n'avons-nous pas murmuré contre les circonstances adverses ? Le feu de Dieu ne nous a pourtant jamais dévorés, comme il le fit à Tabeéra (=embrasement). Quand le peuple cria à Moïse, il pria l'Eternel, et le feu s'apaisa (Nom 11.2). Prier au lieu de murmurer, voilà une habitude à prendre.
Cinquième étape : La convoitise du peuple
Le ramassis de gens qui avaient suivi les Israélites depuis l'Egypte n'a pas eu une bonne influence sur le peuple, qui pleure d'envie de manger de la viande comme en Egypte! Oubliés les travaux forcés non rétribués, oubliés les coups des chefs de corvée, oubliés les dos courbés sous les charges de tuiles, oubliés les gémissements et les pleurs. Mais le souvenir de la viande gratuite (!) fait pleurer chacun devant sa tente. Un peuple libre pleure en pensant à ce qu'il a perdu du temps de l'esclavage, après avoir gagné sa liberté! "On était bien en Egypte I" C'en est trop pour Moïse. Il préfère mourir que de continuer à porter ce peuple sur ses bras comme un poupon contrariant. Est-ce moi qui ai conçu ce peuple ? Moïse est tellement las qu'il fait des reproches à Dieu... Et Dieu, loin de le reprendre, décharge son serviteur en mettant de l'esprit qui est sur Moïse sur soixante-dix anciens. Et il donne une abondance de viande au peuple, sous forme de cailles. Où est le Dieu dur et intransigeant qu'on prétend trouver dans l'Ancien Testament ?
Nous arrive-t-il de convoiter les plaisirs du monde sans Dieu, de loucher vers les pots de viande de l'esclavage du péché ? Dieu ne saurait-il pas ce dont nous avons besoin ? Si le Seigneur ne nous donne pas de cailles, c'est que nous pouvons vivre sans. Si nous insistons, nous risquons d'en recevoir à satiété, au point d'en être dégoûtés... Mépriserions-nous aussi le Seigneur, comme les Israélites, en ne nous contentant pas des richesses infinies qu'il nous donne en Christ ?
La convoitise peut prendre la forme de la jalousie, comme le montre Nombres 12. Désirer ce que l'autre possède est à la racine du péché tout court. Adam et Eve ne convoitaient pas simplement un fruit défendu, ils convoitaient ce que Dieu a : Etre comme Dieu (Gen 3.5)! Dans Rom 7.7, Paul choisit la convoitise comme péché type.
Le coeur humain est tortueux. Myriam, la soeur aînée de Moïse et d'Aaron, entraîne ce dernier à parler contre Moïse. Aaron ne résiste pas plus que lorsque le peuple voulait son veau d'or. Myriam est jalouse de la position exclusive de Moïse comme prophète et médiateur entre le peuple et Dieu. (Rappel : Le prophète annonce la Parole de Dieu, parole qui peut contenir des prédictions, mais pas nécessairement. Myriam elle-même est appelée prophétesse, Ex 15.20.) Pourquoi Dieu ne parlerait-il pas par moi aussi bien que par Moïse ? Après tout, je suis son aînée. Cela, elle ne le dit qu'à l'oreille d'Aaron. Pour saper l'autorité de Moïse, elle invente une excuse : la Kouchite que Moïse avait épousée. Probablement que Séphora, sa première femme madianite, était morte, et Moïse avait pris une femme de la race kouchite dont l'Arabie était en grande partie peuplée. (La loi n'interdisait que les mariages avec les Cananéennes : Deut 7.1-4.) Myriam, fière Israélite, méprisait l'étrangère kouchite à la peau foncée. Aussi lance-t-elle des rumeurs contre Moïse au sujet de sa femme kouchite. Et l'Eternel l'entendit. - Ah, le mal que peuvent faire les langues calomnieuses ! La prochaine fois que je veux parler contre un frère, une soeur, je me rappellerai que l'Eternel entend.
Non seulement Moïse est-il surchargé par les soucis de meneur d'un peuple réfractaire, mais ses proches l'accablent par des attaques malveillantes ! Comment réagir ? Quelle leçon il nous donne, ce Moïse dont il est dit qu'il était l'homme le plus humble de la terre, alors qu'il aurait pu se vanter de ce que Dieu lui parlait de vive voix (bouche à bouche, dit le texte). Moïse ne semble pas avoir réagi. Mais Dieu, lui, réagit violemment : Pourquoi n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur Moïse ? Et il frappe Myriam de lèpre. Aaron, qui se sait solidaire de Myriam, reconnaît leur péché commun et supplie Moïse d'intervenir, Moïse qu'il appelle maintenant mon seigneur. Et Moïse crie à l'Eternel : 0 Dieu, je te prie, guéris-la ! Toute la grandeur de ce serviteur sans pareil éclate dans cette intercession, qui est exaucée par le Dieu qui fait grâce.
Soyons conscients de la gravité que comporte le parler contre les serviteurs de Dieu. Le moteur n'en est-il pas aussi la jalousie ? Si Dieu a pardonné les calomnies de Myriam et Aaron contre Moïse, dont Dieu témoigne qu'il est fidèle dans toute ma maison, notre confession sera aussi entendue et le pardon accordé. Même ceux qui parlent contre Jésus, qui a été fidèle comme Moïse dans toute la maison de Dieu, mais qui a été jugé digne d'une gloire... supérieure à celle de Moïse, peuvent être pardonnés. Servons donc Dieu avec piété et avec crainte (de l'offenser). Car notre Dieu est aussi un feu dévorant. (Héb 2.2-3 ; Mat 12.32 ; Héb 12.28-29)
L'idolâtrie, la convoitise, la jalousie et la médisance : quoi d'étonnant si le résultat en est l'incrédulité ? Les conséquences en seront désastreuses, comme nous le verrons par la suite.
Le peuple d'Israël, qui avait d'abord cru Moïse et qui s'était engagé envers Dieu ("Nous ferons tout ce que L'Eternel a dit".), n'a pourtant pas cessé de murmurer chaque fois que des circonstances adverses se présentaient. Cette attitude de mécontentement et de revendication avait mené à l'idolâtrie et à la convoitise, produisant jalousie et médisance. Si vous reconnaissez dans ce cheminement certains éléments du vôtre, il est encore temps de vous repentir et de recevoir pardon et renouvellement de la part du Dieu de grâce, aujourd'hui.
Si les Israélites ont poussé des cris vers Dieu, c'était par crainte des calamités par lesquelles Dieu les visitait pour leur faire comprendre qu'ils avaient offensé sa sainteté. Mais de repentance, pas question.
Et maintenant ce peuple est à Qadech (= sainteté), à 80 km au sud-ouest de Beer-Chéba, aux portes de la terre promise, le pays de Canaan, quinze mois après la sortie d'Egypte. Normalement, il doit pouvoir prendre possession du pays. (1)
Douze hommes sont envoyés pour explorer le pays, un prince de chaque tribu, pour éviter toute jalousie. Le récit de leur expédition et la réception de leur enquête par le peuple se trouve dans Nombres 13 & 14, passage auquel se rapportent les références citées dans le texte.
L'exploration dura 40 jours. Ce chiffre revient souvent dans la Bible. Il indique généralement un temps de préparation ou d'épreuves: le déluge commença par 40 jours de pluie; Moïse passa deux fois 40 jours sur le mont Sinaï Jésus jeûna pendant 40 jours avant d'être tenté par Satan et de commencer son ministère public, et il passa 40 jours à parler à ses disciples pour les préparer à leur ministère consistant à annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu. (2)
Instaurer un royaume, cela ne va pas tout seul. Il y a une conquête à effectuer, car le pays est occupé par l'ennemi, un ennemi formidable: le pays est parsemé d'importantes villes fortifiées (p. ex. Jéricho); il est habité par les descendants d'Esaü, ennemis héréditaires d'Israël (les Edomites ou Amalécites), les Hittites (empire en Asie-Mineure ayant des colonies en Canaan) et des géants, descendants d'Anaq (13.2829).
Soyons bien conscients que toute avance de l'Evangile, et donc du royaume de Dieu, est un empiétement sur le territoire du royaume de ce monde dont Satan est le prince, l'adversaire le plus redoutable de Jésus lui-même (Jean 14.30). Ceux qui ont l'intention d'arracher du terrain à l'ennemi en proclamant l'Evangile du royaume de Dieu comme le firent Jésus et les apôtres doivent, eux aussi, connaître la force de l'ennemi. Tout évangéliste, missionnaire, pasteur, serviteur de Dieu qui ne s'est pas familiarisé avec la tactique du diable, qui n'est pas conscient de la puissance de l'ennemi, va au-devant de l'échec, spirituellement parlant. Que dire alors des théologiens et des pasteurs qui ne croient pas que Satan existe? C'est un peu comme si les Israélites étaient entrés en Canaan en promenade, en niant l'existence des Amalécites, des Hittites et des géants. Quel massacre! Bercer le peuple en sécurité en niant l'existence de l'ennemi est un crime aux conséquences effrayantes...
Mais on peut aussi être tellement affolé par la puissance de l'ennemi qu'on jette le manche après la cognée. C'est ce que fait Israël après avoir entendu le récit des enquêteurs. Face à un ennemi si redoutable, le peuple perd tout courage. Dix des douze espions déconseillent toute tentative d'invasion (Nom 13.31). L'ennemi "est plus fort que nous!" Ils n'ont pas tort, et mieux vaut ne pas sous-estimer l'ennemi. L'adversaire de l'Eglise aussi est plus fort que nous (Edom est un type de Satan, dans l'AT). Les dix espions disent: "A nos yeux, nous étions insignifiants devant ces puissants guerriers, tout comme à leurs yeux aussi" » Si nous considérons la puissance de l'ennemi, notre faiblesse, nos moyens totalement insuffisants, le ricanement méprisant des incrédules, nous sommes comme les Israélites: "...plus forts que nous... à nos yeux... à leurs yeux..." C'est le regard de l'incrédulité qui est tourné vers soi-même et les autres.
Loin de nier la présence et la puissance de l'ennemi, ce n'est pourtant pas à lui qu'il faut regarder, et ce n'est pas son appréciation qui importe. "J'ai vaincu le monde" dit Jésus (Jean 16.33), et donc le prince de ce monde, qui a été jugé par le Fils de Dieu (Jean 16.11). Après avoir pris connaissance de l'ennemi, de son pouvoir, de ses ruses, détournons le regard vers son vainqueur: " ... les yeux fixés sur Jésus, qui est l'auteur de la foi et qui la mène à la perfection", lui qui "s'est assis à la droite du trône de Dieu" (Héb 12.2). C'est le regard de la foi, cette foi qu'Israël perd face à l'ennemi, Israël qui semble avoir oublié les miracles qui ont accompagné sa délivrance des Egyptiens. Israël, inexorablement, descend la pente et entre dans la
sixième étape: l'incrédulité du peuple
Le peuple craint pour sa peau: "Ils tueront nos femmes et nos enfants" (Nom 14.3). Bien que quinze mois seulement le séparent de l'esclavage en Egypte, il veut y retourner! A croire que la sortie d'Egypte était une erreur; à croire que l'armée de Pharaon, menace inéluctable, n'a pas été détruite par la puissance de l'Eternel; à croire que Moïse les a menés par le bout du nez! Car eux, ils n'y sont pour rien. Moïse et Aaron, voilà les coupables; c'est contre eux qu'on murmure. Alors c'est tout simple: "Choisissons-nous un autre chef, et qu'il nous ramène en Egypte!" (Nom 14.4)
Notre Chef, c'est le Seigneur Jésus-Christ. C'est lui qui nous a sortis de l'esclavage du péché pour nous faire entrer dans le repos de Dieu (Héb 4.10). Qu'en est-il pour toi, mon frère, ma soeur ? Y es-tu entré? Ou t'es-tu arrêté sur le seuil, craintif, oublieux de la victoire remportée sur la croix, et lors de la résurrection et à l'ascension? As-tu oublié que le Christ est tout-puissant? Bien entendu, tu les connais dans ta tête, ces paroles que Jésus laissa aux disciples avant de les quitter: "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre" (Mat 28.18). Tu t'es repenti; tu as reçu le pardon de tes péchés et la vie impérissable qui est celle même de Dieu, qui est venu habiter en toi par le Saint-Esprit qui aimerait te maintenir en communion avec le Seigneur. N'est-il plus ton Chef? En suis-tu un autre, peut-être ton MOI? Tu murmures parce que l'ennemi te bat à plate couture. Il le fera tant que tu auras peur de pousser en avant, tant que tu compteras sur tes ressources, ta force, tes moyens: tant que le MOI restera le chef. Repose-toi donc de tes oeuvres à toi. Va de l'avant en comptant sur Jésus-Christ. Il est le seul qui a vaincu Satan et sera toujours capable de le vaincre. Mais il veut le faire par toi, son instrument. Veux-tu que nous y entrions ensemble, dans ce repos de nos propres oeuvres, laissant nos craintes et nos tracas à la croix, où Jésus les a expiés, afin de nous rendre capables d'accomplir, non plus nos oeuvres, mais les siennes? Alors: "Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance" (Héb 4.11).
Oui, c'est de la désobéissance de la part d'Israël, de vouloir se choisir son propre chef, de ne plus vouloir suivre les chefs choisis par Dieu. Or, quelle est la réaction de ces derniers? "Ils tombèrent face contre terre" (Nom 14.5). Parmi le peuple, deux hommes, en tout et pour tout, qui continuent à faire confiance à Dieu: Caleb et Josué. Faisant partie des douze espions, ils ont pourtant vu la force de l'ennemi. Mais ils regardent ailleurs, ils regardent à l'Eternel: "il nous fera entrer dans ce pays et nous le donnera; ... l'Eternel est avec nous, ne les craignez pas" (Nom 14.8-9)! Ils plaident avec le peuple, mais rien n'y fait. Au contraire: ces quatre croyants, il faut les lapider (Nom 14.10)!
Quelle est notre réaction à nous, quand on nous met en question? Vers qui nous tournons-nous? L'amertume remplit-elle notre coeur parce que nous sommes blessés dans notre orgueil? Il n'y a qu'une position qui convienne: la position à genou, la position de l'humilité devant Dieu et devant les hommes ("devant toute l'assemblée", Nom 14.5).
"Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous" (1 Pi 5.7). Mais attention! Les attaques ne vont pas cesser comme par enchantement! On voudra peut-être nous lapider - en finir avec ces gêneurs, ces incommodes, ces trouble-fêtes, ces irréductibles...
"Ne vous inquiétez pas pour votre vie..." dit Jésus (Mat 6.25), et: "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps" (Mat 10.28). Oui, cela peut nous arriver; nos frères de l'Est le savent bien. C'est le risque de la foi. Relisez Hébreux 11.33-38! La foi peut mener aussi bien à la délivrance qu'au martyre. "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui (= Dieu) qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne (= l'enfer)".
Les Israélites n'ont pas craint Dieu. Lapider Moïse et Aaron après tout ce qu'ils ont fait pour le peuple, c'en est trop! L'Eternel intervient. Car ce ne sont pas tellement Moïse et Aaron, Caleb et Josué qui sont outragés, c'est l'Eternel qui est outragé par un manque de foi qui est tout simplement inexcusable après tout ce que Dieu a déjà fait pour Israël (Nom 14.11). C'est Dieu qui va juger, car sa sainteté a été bafouée.
Pour la deuxième fois, l'Eternel veut exterminer Israël et tout recommencer avec Moïse, qui deviendrait l'ancêtre d'un nouveau peuple (Nom 14.12). Quel honneur pour Moïse! Cependant, comme la première fois (Ex 32), Moïse prouve que l'honneur de l'Eternel passe avant le sien. Il prend Dieu au mot en lui rappelant l'oracle qu'il prononça sur le mont Sinaï: "Je fais grâce... jusqu'à mille générations..., je pardonne.... mais je ne tiens pas le coupable pour innocent.... je punis jusqu'à la troisième et la quatrième génération" (Ex 34.5-7). Et L'Eternel pardonne. Mais - ah, ce terrible MAIS! - aucun des Israélites qui sortirent d'Egypte n'entrera en Canaan, sauf Caleb et Josué, "animés d'un autre esprit" (Nom 14.24,29). Pendant 40 années, Israël errera dans le désert, "selon le nombre de jours mis à explorer le pays" (Nom 14.34).
Quand Moïse annonce ce verdict de Dieu au peuple d'Israël, celui-ci se rend compte de l'ampleur de la sentence: toute une génération qui va périr dans le désert! Ah oui, c'est vrai, on a péché... Remédions à cela et allons attaquer les habitants du pays! Et ils y vont, mais sans l'Eternel (Nom 14.41,44), de sorte qu'ils sont lamentablement battus.
Par leur manque de foi, leur incrédulité, et par leur désobéissance - les deux vont de pair -, le peuple s'est condamné à tourner en rond dans le désert pendant 38 ans de plus qu'il lui aurait fallu pour voyager d'Egypte à Canaan. 40 ans au lieu de quinze mois! 40 ans dans le désert: ce n'était pas l'intention de Dieu pour les Israélites.
Israël, à cause de son incrédulité, qui est à la base de sa désobéissance et de sa révolte, doit rester dans le désert pendant toute une génération. Mais Dieu n'abandonne pas son peuple pour autant. Dieu n'abandonne jamais le chrétien dans le désert. Pendant quatre décennies, Dieu va conduire et nourrir son peuple, jusqu'à préserver ses habits de toute usure (Deut 8.4 & 29.5). Seulement, le désert n'est pas Canaan. Et nous verrons, dans cette étape du châtiment divin, réapparaître les vices qui ont jalonné sa vie dès la sortie d'Egypte: jalousie, convoitise, murmures, désobéissance (même de Moïse), révolte, débauche... Comme toujours, le tableau n'est cependant pas entièrement noir: il y a la victoire sur les Cananéens et les Madianites, et la conquête de la Transjordanie.
Mon frère, ma soeur, ce n'est pas non plus l'intention de Dieu pour toi qui me lis. On entend quelquefois prêcher sur le chrétien dans le désert comme si c'était là son état naturel. Non! C'est "à cause de leur incrédulité" (Héb 4.6) que ceux qui avaient été délivrés de leur esclavage ne purent entrer en Canaan, "le repos de Dieu", Moïse y compris, comme nous le verrons plus loin. Et c'est à cause de ton incrédulité, aujourd'hui, que tu es peut-être dans le désert, insatisfait, le murmure dans le coeur, las de prier, las de lire la Parole, las de trimer et de faire ton oeuvre à ta manière et avec tes ressources naturelles, tout comme les Israélites dans le désert. Et je ne parle pas des souffrances que l'adversaire peut infliger, souffrances que le chrétien qui est entré dans le repos de Dieu peut avoir à supporter. Examine ton état spirituel. Ta foi a-t-elle été tout juste suffisante pour saisir la justification acquise par le sacrifice de Jésus à la croix? Tu as bien été délivré de la condamnation due à ton péché, tu es bien sorti d'Egypte. Mais ton incrédulité t'a empêché d'entrer dans le repos de Dieu, ce pays où il règne, lui, sur ton MOI, où les priorités sont axées sur Jésus-Christ, sur l'obéissance à sa Parole, sur la communion dans la prière, sur l'exécution de son oeuvre à lui en toi et par toi, c'est-à-dire la sanctification et l'accomplissement des "oeuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions" (Eph 2.10). Cela ne te fait-il pas envie?
Je te prie de lire attentivement, et dans la prière, Romains 6.3-23. Arrête-toi au verset 11. Le verbe grec traduit par "considérer" est tiré du vocabulaire de la comptabilité: "comptez-vous comme morts au péché"; porte ta mort au débit; compte-toi comme "crucifié avec lui"; identifie-toi avec Christ à la croix. Car tu es en quelque sorte mort en lui, comme tu serais mort en ton grand-père s'il était décédé avant de procréer ton père. Du côté crédit, compte-toi comme "vivant pour Dieu en Jésus-Christ. " Vivant pour Dieu, non plus pour toi! T'identifier avec Christ veut dire vivre sa vie dans ton corps vivifié par son Esprit. "Je suis crucifié avec Christ, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; ma vie présente dans la chair (le corps), je la vis dans la foi au Fils de Dieu" (Gal 2.20). Saisis cette identification avec le Christ par la foi, tout comme tu as saisi le salut par la foi.
Nous mettrons une conclusion à nos considérations ayant trait à l'attitude de Moïse devant ce peuple rebelle qu'il aime pourtant, avant de nous vouer à une étude du chrétien dans le désert.
"Tout ce qui a été écrit d'avance (l'AT) l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience (ou: la persévérance) et par la consolation (ou: l'encouragement) que donnent les Ecritures, nous possédions (ou: nous nous accrochions à) l'espérance" (Rom 15.4).
L'incrédulité du peuple d'Israël l'empêche de prendre possession du pays promis. Face à un ennemi puissant, le peuple recule, prend peur, oublieux de la puissance supérieure de l'Eternel. La conséquence? 40 ans à tourner en rond dans le désert! C'est la
septième étape: le châtiment du peuple
La punition de Dieu peut provoquer en l'homme des réactions très différentes: la soumission sous la main de Dieu ; l'acceptation du châtiment comme d'une fatalité inévitable ; la révolte. Où vous reconnaissez-vous ? La première attitude est la seule qui permette à Dieu d'accomplir son oeuvre de formation spirituelle en l'homme.
Lisez Nombres 16 et 17.1-15, le récit de la révolte de 250 hommes de Dieu, incités par Qoré, Datan et Abirâm de se soulever contre Moïse et Aaron. Quel est leur argument ? Nous aussi, on est saint! On est tous saints! On a autant à dire que ce Moïse, cet Aaron!
C'est encore la jalousie qui pousse ces notables à se soulever contre ceux que Dieu a choisis, a mis à part (ce qui est le sens du mot saint). Ils se choisissent comme chefs, s'estimant assez saints pour cela. On peut imaginer le gâchis si Dieu avait laissé faire... L'Histoire est jonchée des conséquences catastrophiques, subies par les peuples, à la suite de prises de pouvoir par les notables aussi bien que par des gens de rien.
Moïse ne cherche pas à défendre sa position de chef. Il se prosterne devant celui dont il la tient et qui lui donne la réponse à faire aux rebelles: L'Eternel fera connaître... qui est saint. Parmi ces notables, il y a des Lévites, mis à part pour servir Dieu, le "corps ecclésiastique" d'Israël. Et ils refusent de se soumettre au chef choisi par Dieu! Malheur aux responsables ecclésiastiques d'aujourd'hui qui ne se soumettent pas au Seigneur Jésus-Christ, seul Chef de l'Eglise institué par Dieu (Eph 1.22; 5.23)! Et malheur à moi si je me soumets à un autre que Christ, le Seigneur des Seigneurs!
Le signe visible de la révolte, c'est la désobéissance ouverte. A la convocation de Dieu exprimée par Moïse le chef, les rebelles répondent: Nous ne monterons pas! Quand Dieu nous ordonne par notre chef: Pardonne à ton frère sans compter les fois (Mat 18.21-22), disons-nous: Je ne pardonnerai pas? Pardonnez-vous réciproquement est un ordre (Col 3.13) ; ce n'est pas à bien plaire, pas plus que l'ordre de gagner sa vie honnêtement (1 Thes 4.11), de ne jamais se venger (1 Thes 5.15), de rechercher la justice, la fidélité (aussi conjugale), l'amour (caractérisé par le pardon) et la paix avec tous (2 Tim 2.22), de prendre soin des membres de sa famille (1 Tim 5.8) et de respecter et aider ses parents (1 Tim 5.4). Tout cela se trouve englobé dans cet ordre: Aimez-vous les uns les autres. L'amour consiste à marcher selon ses commandements (2 Jean 5-6). Ma désobéissance aux ordres de Dieu - et le NT en regorge - est donc une conséquence de mon manque d'amour. C'est aussi une négation de la souveraineté de Dieu: Celui qui rejette ces préceptes ne rejette pas un homme (ici Paul, qui communique ces préceptes de la part de Dieu), mais Il rejette Dieu (1 Thes 4.8). Pas besoin d'en préciser les conséquences...
Pour la troisième fois, Dieu annonce l'extermination de tout Israël. Une fois de plus, Moïse intercède: Ne détruis que les coupables! Et il demande à Dieu de les faire disparaître dans la terre: elle s'ouvre et engloutit Qoré et sa famille, tandis que le feu de l'Eternel consume les 250 notables révoltés.
C'est une illustration frappante de la sainteté de Dieu, qui ne supporte pas le mal (Hab 1.13). Moïse l'intercesseur préfigure le Christ intercesseur (Héb 7.25), qui est aussi la victime expiatoire pour nos péchés (1 Jean 2.1-2), en quoi il dépasse infiniment Moïse. Le sort des rebelles est une autre image, celle du feu éternel qui engloutira ceux qui meurent en révolte contre Dieu et son Christ (Mat 25.41,46).
Dieu a épargné le peuple, qui a vu où peut mener la révolte contre Dieu trois fois saint. On aurait pu s'attendre à ce que le jugement de Dieu produise un saint respect de sa volonté, de sa parole. Il n'en est rien - Dès le lendemain, tout Israël accuse Moïse et Aaron de la part du peuple de l'Eternel (17.6)! Décidément, le coeur de l'homme est d'une dureté à tout casser! Dieu annonce une quatrième fois l'extermination du peuple tout entier. La situation demande un remède d'urgence. Moïse agit avec rapidité: il envoie Aaron parcourir le camp avec un brasier prélevé sur l'autel pour expier le péché d'Israël, afin que cesse la plaie qui aura fait périr près de quinze mille personnes.
La braise de l'autel proclamait que l'affaire avait déjà été jugée en la victime sacrifiée sur l'autel. Aujourd'hui, la croix de Golgotha proclame qu'en Jésus-Christ le péché de l'humanité a été jugé et expié une fois pour toutes. Dans l'AT comme dans le NT, le principe de la grâce est appliqué chaque fois que Dieu trouve la foi dans le coeur de l'homme.
Au cours de ses pérégrinations dans le désert, le peuple passe plusieurs fois aux mêmes endroits. Dans Nombres 20, il arrive au même rocher qui avait donné lieu à un miracle dans Ex 17 où l'eau avait jailli du rocher quand Moïse l'eut frappé de son bâton. Rien n'a changé: le peuple conteste maintenant comme avant contre Moïse et Aaron parce qu'il n'a pas d'eau, raison pour laquelle le lieu s'appelle Meriba (contestation).
Ne hochez pas trop vite la tête. Etes-vous sûr de ne pas vous être fâché plusieurs fois contre Dieu (oh! sans le dire en paroles) à cause des mêmes circonstances adverses ? Et si elles étaient voulues par Dieu ? Comment voulez-vous être transformé en la même image (que le Seigneur) de gloire en gloire (2 Cor 3.18), si vous ne vous laissez pas former par Dieu ? Quelle est votre destinée ? Aussi incroyable que cela puisse vous paraître: vous êtes prédestiné à être semblable à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né d'un grand nombre de frères (Rom 8.29).
Dieu demande à Moïse de parler au rocher, rien de plus. Mais Moïse s'emporte (comme on le comprend!), et il frappe le rocher deux fois en s'écriant: Rebelles! Vous allez voir comment on va vous faire sortir de l'eau de ce rocher, Aaron et moi! (J'ai transposé Nom 20.10 en langage moderne). Oui, Moïse a été emporté par la colère: cela arrive à l'homme le plus humble, le plus patient qu'ait porté la terre (Nom 12.3). Pas si grave, pensons-nous. Qu'en pense Dieu ?
Dieu punit Moïse et Aaron: Vous ne ferez pas entre cette assemblée (ce peuple) dans le pays que je lui donne. Cette sentence nous semble-t-elle trop sévère, en disproportion avec un délit somme toute négligeable ? Posons-nous une autre question: Est-ce grave ou non de désobéir à l'ordre de Dieu ? Après tout, Dieu en est le seul juge ; laissons-le parler: La désobéissance est aussi coupable que la divination, c'est-à-dire l'occultisme (1 Sam 15.23). Pour grave, c'est grave!
Dans Nombres 27.12-14, Dieu donne la raison pour laquelle ni Moïse ni Aaron n'entreront en Canaan: parce que vous avez été rebelles à mon ordre . L'auteur de l'épître aux Hébreux, après avoir dit que les Israélites n'entrèrent pas en Canaan parce qu'ils avaient désobéi, ajoute: Aussi voyons-nous qu'ils ne purent entrer à cause de leur incrédulité (3.18-19). C'est exactement ce que Dieu dit à Moïse et Aaron: Parce que vous n'avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des Israélites (Nom 20.12). Sanctifier veut dire "mettre à part pour Dieu". L'action de Moïse avait un sens à part, un sens symbolique. Sans s'en rendre compte, Moïse avait violé le symbole divin en frappant le rocher au lieu de lui parler. Les textes cités peuvent faire penser que Moïse ne croyait pas que la simple parole adressée au rocher pût avoir le même effet qu'un coup de bâton.
Voyons cela de plus près. Dans Exode 17, Moïse a dû frapper le rocher une seule fois. Cette action préfigurait la mort de Jésus, frappé pour nos péchés. "Qu'est-ce qui vous donne le droit d'interpréter cela ainsi ?" me demanderont certains. Parlant des Israélites dans le désert, Paul écrit: ... ils buvaient à un rocher spirituel, et ce rocher était Christ.... Or, ce sont là des exemples (ou: types) pour nous... (1 Cor 10.4-6). Il s'agit donc d'un symbolisme qui se trouve dans la Bible. Pourquoi Moïse devait-il seulement parler au rocher la deuxième fois, et ne pas le frapper à nouveau ? C'est que le Christ a été frappé une seule fois à la croix, et des fleuves d'eau vive couleront de celui qui croit en Christ (Jean 7.38). Moïse a exécuté une action préfigurant la croix. Le Christ ne peut pas être sacrifié à nouveau ; il suffit de lui parler, ce que Moïse aurait dû signifier en parlant au rocher. En le frappant deux fois, il a détruit le symbolisme divin. Son châtiment vaut aussi pour ceux qui, aujourd'hui, nient la toute-suffisance du sacrifice du Fils de Dieu à la croix et s'imaginent qu'il faut le répéter sous une forme ou une autre.
Le dernier épisode que nous allons méditer se trouve dans Nombres 21.1-9. Il semblerait que la victoire d'Israël sur le roi cananéen Arad, que Dieu leur avait livré, aurait dû encourager le peuple. Il n'en est rien. Pour contourner le pays d'Edom, il faut prendre le chemin de la mer des Joncs, cette lagune à l'extrémité du golfe de Suez que les Israélites avaient franchie à pied sec lors de leur sortie d'Egypte. Cette fois, pas de raccourci! Est-ce pour cela que le peuple s'impatiente ?
L'impatience est une des expressions de la colère. Le peuple fâché parla contre Dieu et contre Moïse. Et Dieu l'entendit. Tout comme l'Eternel écouta la voix d'Israël quand le peuple demanda son secours contre Arad. Parler contre Dieu... contre le créateur tout-puissant! Et les Israélites sont vraiment déchaînés: On est dégoûté de ce pain méprisable! Quel pain ? Il s'agit de la manne, du pain de Dieu!
T'es-tu déjà fâché(e) contre la Parole que Dieu t'avait adressée ? Tu l'as repoussée parce qu'elle te semblait trop dure et tu ne pouvais pas l'accepter. Tu as été impatient(e), tout comme moi, avec tes enfants ; mais c'est Dieu qui te les a donnés. Tu t'es fâché(e) contre les conditions de ta vie, de ton travail, de ton habitation ; contre l'attitude de ton mari, de ta femme, de ton patron ou de tes employés; contre le manque de respect, d'estime, d'appréciation que tu croyais être ton dû. Contre qui cette colère était-elle dirigée, en fin de compte? Le peuple paria contre Dieu; il méprisait le pain, pourtant don de Dieu. Es-tu, comme je l'ai été si souvent, en révolte contre Dieu?
En voici la conséquence: Alors l'Eternel envoya des serpents brûlants... et il mourut beaucoup de gens. Des morsures qui brûlent et qui tuent: Dieu devra-t-il te parler ainsi ? J'entends quelqu'un me dire: "Mais cher monsieur, nous ne sommes plus sous la loi, nous sommes sous la grâce!". A quoi Hébreux 12.29 répond: Notre Dieu est aussi un feu dévorant. Grâce n'est pas synonyme de licence. Ne savez-vous pas que... vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit au péché qui conduit à la mort, soit à l'obéissance qui conduit à la justice ? Mais... vous avez obéi de coeur à la règle de doctrine qui vous a été transmise (Rom 6.16-17). Obéir de bon coeur! Votre coeur est-il encore un coeur de pierre ? Je vous donnerai un coeur nouveau et... j'ôterai de votre chair le coeur de pierre... Je mettrai mon Esprit en vous (Ez 36.26-27). Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature (ou: création) (2 Cor 5.17), et il marche en nouveauté de vie (Rom 6.4). Plus de mécontentement, plus de colère... Chacun de nous devrait se placer tous les jours sous la parole de Rom 6.11:
Ainsi vous-mêmes, considérez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ.
Est-ce possible ? Oui, car nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui (Rom 6.6). Mon MOI méchant, égoïste est mort avec Christ il y a 2000 ans! Si mon grand-père était mort à l'âge de dix ans, je serais pour ainsi dire mort avec lui. Si le MOI né dans le péché est mort avec Christ, je ne suis plus esclave du péché. J'ai reçu une vie nouvelle, celle de Christ: Ce n'est plus moi qui vis, mais Christ en moi (Gal 2.20).
Cette vie du Christ n'était pas encore accessible aux Israélites, séparés de la croix de près de quinze siècles. Mais la grâce de Dieu était à leur portée, car le Dieu saint qui juge le péché fait grâce chaque fois qu'il y a repentance. Le chrétien qui s'est fâché contre Dieu peut se repentir: la grâce lui est assurée. Les Israélites se sont repentis: Nous avons péché contre l'Eternel... Dieu leur a pardonné. Non pas en passant l'éponge! Mais il pardonne, et ceci bien avant que la croix soit devenue un fait historique, sur la base de la croix de Golgotha, où le péché de l'humanité a été jugé et expié en Christ. Car le serpent d'airain est un autre symbole du Christ: Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé (à la croix), afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle (Jean 3.14-15). C'est Jésus qui dit cela en parlant à Nicodème. L'Israélite qui contemple le serpent d'airain symbolisant Satan vit. Satan cloué à la perche signifie sa défaite à la croix. Celui qui contemple le Christ mort à la croix pour son péché vit.
Toute grâce que Dieu a accordée jusqu'à ce jour est due uniquement à la mort propitiatoire de Jésus-Christ. La croix est l'événement central de l'Histoire. Nous la voyons ici, plus d'un millénaire avant Golgotha, représentée par une perche à laquelle est cloué un serpent. C'est encore la croix que le monde entier verra lors du retour de Jésus-Christ. A la question des disciples: Quel sera le signe de ton avènement ?, Jésus répondit: Quand des cataclysmes cosmiques se produiront, alors le signe du Fils de l'homme paraître dans le ciel, et toutes les tribus de la terre... verront le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire (Mat 24.3, 29-30).
Ainsi, dès le début de l'histoire du peuple d'Israël, la croix et avec elle le Christ, est au centre.
La parole de la croix est folle pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est puissance de Dieu. (1 Cor 1.18).
Ceux qui refusèrent de regarder le serpent à la perche périrent, ceux qui le regardèrent guérirent de leurs morsures. Nous avons tous été mordus par le serpent. Avons-nous tous contemplé le Christ, agneau de Dieu à la croix, pour être guéris ?
Le peuple dans le désert
Les 40 ans qu'Israël doit passer au désert sont, nous l'avons vu, un châtiment imposé au peuple suite à son incrédulité. Tout père qui aime son fils le punit, nous dit Salomon dans ses Proverbes (13-24; 19.18). L'auteur aux Hébreux nous dit que c'est aussi valable pour nous qui sommes le peuple de la nouvelle alliance, qui est une alliance de grâce ; il cite Proverbes 3.11-12 et nous montre le but de toute correction divine: Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté (Héb 12.5-11).
J'ai d'emblée établi un parallélisme entre le peuple de l'ancienne et le peuple de la nouvelle alliance, entre l'Israélite et le chrétien. Avant d'étudier le rapport qu'il y a entre les deux, il faut examiner la base qui fait de l'un un Israélite et de l'autre un chrétien. Je vous invite à interrompre votre lecture pour relire Exode 12.
La Pâque
Sans l'agneau immolé, il n'y a pas de libération de l'esclavage égyptien. Sans l'Agneau immolé, le Christ, il n'y a pas de libération du péché. Le sacrifice sanglant est toujours à la base du pardon de Dieu: Sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon (Héb 9.22). Dieu pardonne et libère Israël à cause du sacrifice expiatoire de Christ accompli à la croix, pour ainsi dire rétrospectivement. Car le sang de l'agneau pascal dont l'Israélite badigeonne l'encadrement de la porte de sa maison n'a aucune valeur en soi: Il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés (Héb 10.4), ni celui des tourterelles, des veaux, des béliers, des brebis ou des agneaux... Tous ces animaux sacrifiés par les Israélites préfiguraient le sacrifice des sacrifices, celui offert volontairement par le Fils de Dieu (les animaux sacrifiés n'avaient pas de choix à faire). Aussi le sacrifice de Christ est-il final. Tout sacrifice, sanglant ou non, offert après celui de Christ en vue de se faire pardonner est un affront à Dieu, comme si la mort expiatoire de Jésus à la croix n'était pas suffisante pour tous les temps. Car nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes et par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés, vu qu'avec son propre sang... il nous a obtenu une rédemption éternelle (Héb 10. 10, 14 ; 9.12). Comme "éternel" veut dire "sans commencement ni fin", le sacrifice de Christ a été la base sur laquelle Dieu a fait grâce dès le premier sacrifice offert par Abel dans Genèse 4; Caïn aussi a bénéficié de l'efficacité éternelle du sang de Christ, car quel autre signe que celui de la croix pensez-vous que l'Eternel aurait mis sur Caïn pour que personne ne le tue à cause de son meurtre (Gen 4.15) ?
Signification de la Pâque
Regardons la Pâque décrite dans Exode 12 de plus près (les versets indiqués entre parenthèses se rapportent à ce chapitre):
1. Toute l'assemblée d'Israël l'immolera (non les immolera, 6). Un seul peuple: Israël, qui préfigure l'Eglise.
Un seul agneau, donc un seul sacrifice: Jésus-Christ.
Chaque maison est l'expression locale du peuple entier. Chaque église est l'expression locale de toute l'Eglise.
2. Quand JE verrai le sang, je passerai.. (13).
C'est Dieu qui apprécie la valeur du sang de l'agneau, et donc de Christ. (Les sentiments, les pensées, les expériences passées ne changent rien à la valeur du sacrifice aux yeux de Dieu.)
Le sang était dehors: la famille réunie dans la maison ne le voyait pas. Elle n'avait qu'à l'appliquer à sa maison et Dieu faisait grâce. Nous appliquons-nous le sang de Christ en croyant qu'il nous fait grâce ? 3. On mangera la chair de l'agneau rôtie au feu et vous n'en laisserez rien (8,10).
S'appliquer le sang, c'est une chose: recevoir le pardon.
Manger la chair, c'est autre chose: accepter Jésus-Christ dans sa totalité (il fallait manger tout l'agneau) - être en communion continuelle avec lui.
L'agneau était l'objet de la réunion. Jésus-Christ est l'objet de nos réunions. Le feu est l'image du jugement qui purifie.
Christ a été jugé pour les péchés du monde afin de se purifier un peuple qui lui appartienne.
4. On mangera sa chair avec des pains sans levain (8). Le levain est le symbole du mal dans toute la Bible.
Le sang sur le cadre de la porte donne la sécurité (il n'y a plus de condamnation).
Mais si on laisse entrer le mai (le levain), la communion avec Dieu est interrompue.
5. On le mangera avec des herbes amères (8).
Elles signifient les souffrances de Christ. Elles signifient la crucifixion de notre chair (Gai 6.14). Elles signifient la mise à mort du vieil homme (Rom 6.6).
Renoncer à notre Moi pécheur: chose amère pour la nature charnelle!
6. Concerne le verset 11:
Les reins ceints: lier les vêtements qui gênent à la marche, c'est lier, rendre inoffensif ce qui encombre dans la marche spirituelle.
Serrer la ceinture: une discipline à exercer (1 Cor 9.27).
Les souliers aux pieds: quitter l'endroit de la servitude, l'esclavage du péché. Quitter parfois son lieu géographique. Etre sur pied de paix et non de guerre (Eph 6.15) !
Le bâton à la main: c'est l'emblème du pèlerin. Il sert à s'appuyer dessus (Ps 23.4).
La Pâque signifie donc non seulement le départ d'Egypte (esclavage du péché) et la libération de Pharaon (Satan), mais aussi la formation d'un peuple dans la communion avec Dieu, l'acceptation inconditionnelle de son Fils comme Sauveur, l'exclusion du mal, le renoncement au Moi crucifié à la croix avec Christ, une marche fidèle pour apporter le message de la paix en s'appuyant sur les promesses et la personne du Seigneur Jésus-Christ.
Quel programme! Est-il mis à exécution dans ma vie? Dans ma famille? Dans mon église? Dans mon peuple qui se dit peut-être encore chrétien?... Ou sommes-nous un peuple dans le désert?
Le désert
Dans la Bible, le désert n'est jamais là où l'on demeure: on y passe pour arriver ailleurs. Elie marcha 40 jours et 40 nuits pour arriver à la montagne de Dieu (1 Rois 19.8). Jésus passa 40 jours et 40 nuits dans le désert pour y être tenté (Mat 4.1-2). Israël devait traverser le désert pour arriver à Canaan ; mais il n'était pas prévu qu'il y reste 40 ans! Le chiffre 40 signifie une période passagère qui doit déboucher sur une délivrance.
Bien entendu, le désert peut aussi signifier la solitude (la chambre où l'on rencontre Dieu). Le désert peut être le silence loin de la foule (la méditation qui accompagne la lecture de la Bible). Ainsi l'apôtre Paul se retira pendant 7 ans dans une région désertique en Arabie, en Syrie et en Cilicie (Gai 1.17-21), où Dieu le prépara à sa grande tâche missionnaire. Se retirer dans ce désert-là est aussi important que de vivre en communauté avec les autres et de travailler avec les autres. Les deux se complètent; un seul des deux constitue un déséquilibre - le moine ou l'activiste.
Cependant, le désert dont il est question dans le Pentateuque est tout autre. Il ne faut pas s'imaginer des dunes de sable sans aucune végétation, tel le Sahara. Il s'agit plutôt d'étendues désertiques où le bétail trouve assez de nourriture pour subsister, mais où l'eau peut faire cruellement défaut. Par son incrédulité, donc par sa faute, Israël reste 40 ans dans le désert, c'est-à-dire toute une génération, selon le consensus biblique. Ce n'était pas le plan de Dieu pour son peuple. Ce n'est pas non plus le plan de Dieu pour le chrétien ; pourtant, la grande majorité des chrétiens sont dans le désert au lieu d'être en Canaan, pays des promesses que Dieu leur a destiné. Ils sont sortis d'Egypte, mais ils ne sont jamais entrés en Canaan. Ils sont dans le désert, et tout le beau programme qui devait se réaliser une fois libérés de l'esclavage du péché reste en suspens. Pourquoi ?
Dans le prochain numéro, nous allons chercher à comprendre le pourquoi du comportement du peuple d'Israël, comportement qui explique son incrédulité et son séjour au désert. Du même coup, nous comprendrons aussi pourquoi le chrétien reste dans le désert spirituel, car ce sont les mêmes raisons qui l'y maintiennent.
La Pâque est le commencement de quelque chose, tout comme l'application à soi-même de la mort expiatoire de Christ à la croix est le début de toute vie chrétienne : Il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, dit Paul dans Rom 8. 1 ; mais il ajoute : et qui marchent non selon la chair mais selon l'Esprit (aussi au v.4). La délivrance (le salut) est suivie d'une marche. La Bible ne connaît pas d'évangile qui n'exige pas un changement radical de vie, changement qui n'est pas possible sans la délivrance initiale, ne l'oublions jamais !
Aussi Moïse enjoint-il au peuple de ne pas l'oublier : Souvenez-vous du jour où vous êtes sortis d'Egypte. Quand cela ? Quand l'Eternel t'aura fait entrer en Canaan... tu rendras un culte à l'Eternel. (Lisez Ex 13.3-5) C'est donc un jour à se rappeler dans le pays à posséder !
Prochaine injonction : Rappelle-le à ton fils (Ex 13.8). Quelle impression cela lui fera-t-il au désert ? en l'absence d'une patrie ? après avoir eu de la manne à tous les repas pendant douze ans ? Car c'est à cet âge que le fils israélite entrait dans la communauté des hommes. Je m'imagine ce fils disant à son père : "Ne serait-il pas temps de retourner en Egypte ? J'en ai entendu parler, et cela me paraît bien plus attrayant que ce désert... "
Il n'y a pas de plénitude dans le désert. Cela n'expliquerait-il pas la réaction des enfants inconvertis dont les parents vivent dans le désert ? Cela peut même se produire alors que les parents travaillent pourtant pour Dieu (missionnaires, pasteurs, diacres... ). Le monde paraît tellement plus attrayant.
Selon Ex 23.14-16, le peuple devait célébrer trois fêtes chaque année
2. la fête des moissons offrande des prémices (Pentecôte);
3. récolte de la moisson (Tabernacles).
Combien de récoltes y eut-il dans le désert ? Aucune ! Ils ne purent donc pas fêter au désert ! Aussi n'y eut-il qu'une seule fête de la Pâque au désert, une année après la sortie d'Egypte (Nom 9.1). Mais avec quoi ? Avec ce qu'ils avaient emporté d'Egypte !
Tant que vous n'avez pas la plénitude de Christ, vous ne pouvez célébrer votre conversion qu'avec les ressources de votre vie non régénérée, "l'énergie de la chair", et cela durera douze mois, et puis - plus de réserves !
Nous pouvons maintenant répondre à la question posée à la fin de l'étude précédente : Qu'est-ce qui explique le comportement d'incrédulité du peuple, cause de son séjour prolongé au désert ?
La manière dont Dieu avait sorti Israël d'Egypte sera pour le fils comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux, afin que la loi de l'Eternel soit dans ta bouche (Ex 13.9).
Un signe sur ta main
La main signifie ce que l'on fait. Or, au désert chacun fait ce qui lui semble bon (Deut 12.8); il le fait sincèrement, selon ses propres convictions. Mais quelle corvée de devoir faire ceci ou cela parce que cela semble bien ! C'est parce que chacun fait ce qui lui semble bon à lui que le peuple n'est "pas encore arrivé dans le lieu de repos", dans l'héritage que Dieu veut lui donner (Deut 12.9).
Qu'en est-il de nous chrétiens ? Jouissons-nous du repos de Dieu ? Nous reposons-nous de nos propres oeuvres pour laisser Dieu agir en nous (Héb 4.9-10) ? Certainement pas tant que nous faisons ce qui nous semble bon. La réception de la vie de Christ est le début d'un développement qui doit aboutir à être conduits par l'Esprit (Rom 8.14). C'est la marque de l'enfant de Dieu qui est entré dans le repos de Dieu, qui jouit du pays à posséder, pays où il n'a plus le droit de faire ce qui est bien "à ses propres yeux" - encore moins ce qui est mal ! ... à moins qu'il ne soit dans le désert.
Un rappel entre tes yeux
Nom 11.4-8 nous apprend ce que les Israélites pensaient. Dieu avait pourvu du pain du ciel, la manne, dont ils faisaient des gâteaux ayant le goût de biscuits à l'huile. A la pensée de la viande, des légumes et des fruits qu'ils avaient mangés en Egypte, ils pleuraient ! Ils en avaient oublié le prix : "On avait cela gratuitement. " Lorsqu'on est mécontent de ce que Dieu donne, fût-ce sa Parole (la manne) ou même son Esprit (l'huile), cela perd sa saveur. Leurs pensées sont nourries par le souvenir de ce dont Dieu les a délivrés ! Leurs pensées sont dominées par un ennemi vaincu !
Quel est le contenu de vos pensées ? Etes-vous préoccupé par la satisfaction de vos appétits (bonne chère, plaisirs de la chair ... ) ? par vos ambitions sociales, politiques, ecclésiastiques ? Où votre imagination vous conduit-elle ? On peut pécher par procuration (films, livres.. .). Jésus nomme le désir d'avoir une femme autre que la sienne adultère, et la haine pour un frère meurtre.
Pourquoi la Bible perd-elle sa saveur ? Est-ce parce que notre imagination est remplie de choses dont Dieu nous a délivrés ? Tant que nous n'avons pas abandonné tous les domaines de notre vie à la souveraineté de Christ, les promesses de victoire dans la Bible ne sont que du papier imprimé. Car alors la mémoire est remplie de défaites répétées... Quel souvenir avait Israël du pays de Canaan ? Aucun ! Ce qu'ils en savaient était par ouï-dire; ils n'en avaient aucune expérience personnelle.
Dieu veut plus que cela pour nous: Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance (Héb 4. 11). Empressons-nous de quitter le désert, de prendre possession du repos en entrant dans l'héritage pourvu par Dieu en Christ. Vivons sa vie et non la nôtre, qu'il a prise à la croix à sa mort pour nous ressusciter à une vie nouvelle, sa vie à lui.
Dans ta bouche
Certains Israélites influents s'assemblèrent contre Moïse et Aaron et dirent: Cela suffit ! car toute la communauté, tous sont saints.. (Nom 16.3). Dans leur propre estime, ils étaient assez saints. Pourtant ils refusaient la maîtrise que Dieu exerçait sur eux par Moïse et Aaron.
Etes-vous satisfait d'être converti ? d'avoir été pardonné en Christ ? d'avoir la certitude d'être enfant de Dieu par l'Esprit habitant en vous ?... Et cependant vous répudiez la maîtrise totale de Christ sur votre être tout entier ? Seriez-vous "assez saint" au désert ? Ce ne serait qu'à vos propres yeux...
Que dit votre bouche à Dieu ? "Seigneur, merci de ce que je sois assez saint comme cela" ? Et quand Moïse descendit du Sinaï, il trouva ce peuple "assez saint" soûl et dansant autour d'un veau représentant Dieu! Comment le Seigneur nous trouvera-t-il à son retour ?
La rédemption est un fait dont on peut se souvenir avec joie seulement dans le pays à posséder. Pourquoi ne pas en prendre possession ?E
Jean-Pierre SCHNEIDER
Promesses 1984 - 2 / No 69 - 70 -71 -72 -73 - 74 - 75
(1) Sans vouloir ici soulever le problème moral que constitue l'invasion du pays par Israël, je rappellerai ici que l'extermination de sa population ordonnée par l'Eternel était un jugement dû à la dépravation morale allant de pair avec son idolâtrie effrénée. Les quatre siècles d'esclavage égyptien d'Israël constituaient un temps de grâce pour les Cananéens, qui ne surent en tirer parti. Dieu nous donne aujourd'hui de ces temps de grâce. Savons-nous les discerner, aussi bien sur le plan collectif que sur le plan individuel?
(2) Je ferai remarquer en passant que la prédication de l'Evangile ("la bonne nouvelle") consiste à "annoncer le royaume de Dieu", dont le salut saisi par la foi n'est que l'élément initial. N'aurions-nous pas un peu oublié de prêcher le royaume de Dieu? Jésus le faisait: Mat 4.23; Luc 4.43. Philippe l'évangéliste le faisait: Act 8.12. Paul l'apôtre le faisait: Act 19.8; 20.25; 28.30-31. Qu'annonçons-nous?