Cette prière du prophète Elisée, pour Guéhazi son serviteur, fait partie du très beau récit de II Rois 6 : 8-18 qui illustre ce que Dieu est et ce qu'Il fait pour son peuple quand il est assiégé par l'ennemi.
Le contexte historique est celui de la guerre entre le roi de Syrie, Ben-Hadad, et Joram, roi d'Israël.
Dans cette guerre, le roi de Syrie dut compter avec un fait mystérieux et prodigieusement contrariant: Elisée, le prophète, perçait à jour tous ses plans et les déjouait en renseignant ponctuellement le roi d'Israël ! Ainsi, à lui seul, l'homme de Dieu, revêtu de pouvoirs miraculeux, était plus puissant que toutes les troupes ennemies! D'où la colère de Ben-Hadad lorsqu'il eut vent de la chose! Il décida la capture du prophète qui se trouvait à Dothan, lieu stratégique situé à quinze kilomètres de Samarie, d'où l'on pouvait surveiller les routes Nord-Sud et Est-Ouest.
Le texte biblique nous dit que le roi de Syrie «envoya des chevaux, des chars et une forte troupe qui arrivèrent de nuit et qui enveloppèrent la ville de Dothan » v. 14.
Il s'agissait d'une réalité visible, massive, menaçante et constituant un très sérieux défi ! Quel choc, quelle émotion, quelle panique pour le serviteur d'Elisée lorsque, de bon matin, il se leva et sortit! Non, il ne rêvait pas : «voici, une troupe entourait la ville, avec des chevaux et des chars. » v. 15.
Quoique serviteur d'un prophète, Guéhazi n'avait pas appris la foi ! Il ne vivait et ne marchait que par la vue ! Il n'était jamais entré dans la sphère des réalités spirituelles invisibles. Ne nous étonnons donc pas de son cri d'angoisse indicible lancé à Elisée: «Ah! mon Seigneur, comment ferons-nous ? » v. 1 5.
Il est poignant de penser à tous ceux et à toutes celles qui sont confrontés aux multiples et redoutables réalités de la vie, des circonstances, des événements, des lendemains et qui n'ont que leurs yeux physiques pour voir et aucun élément de foi véritable pour attendre dans l'espérance Celui que les chrétiens «aiment sans l'avoir vu, en qui ils croient sans Le voir encore.. . », savoir Jésus-Christ. Cf 1 Pierre 1 : 6-9.
Sans révélation, sans foi, Guéhazi ne voyait pas d'issue favorable à cet encerclement hostile ! « Comment ferons-nous ? »
Elisée répondit, pénétré qu'il était et habité par la réalité invisible aux yeux de la chair mais révélée à la foi : « Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. » v. 16
L'armée de Ben-Hadad n'était rien comparée à « l'armée des cieux», aux puissances célestes obéissant à Dieu, « au char de feu et aux chevaux de feu » qui avaient emporté Elie vers le ciel, laissant Elisée poursuivre sa marche «avec l'Eternel, le Dieu d'Elie» cf. II Rois 2 : 9 à 14.
Elisée vivait dans cette réalité-là, subjugué par l'incomparable et l'insurpassable grandeur, majesté et puissance du Dieu trois fois saint. Aucune réalité visible ne l'impressionnait! Comme Moïse, lorsqu'il quitta l'Egypte sans être effrayé de la colère de Pharaon, Elisée «voyait Celui qui est invisible». cf. Héb.11 :27
Encore fallait-il que son serviteur eût part à cette révélation glorieuse pour ne plus défaillir à la vue des chevaux, des chars et de la troupe de Ben-Hadad !
« Elisée pria, et dit : Eternel, ouvre ses yeux, pour qu'il voie. Et l'Eternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée. » v_ 17 Prière faite. Prière exaucée. Changement complet d'optique pour Guéhazi qui vit ce que son maître avait perçu longtemps avant lui, dans la vie de la foi. Il est certain que le déploiement des puissances célestes effaça de la vue du serviteur le spectacle redoutable des forces syriennes et bannit toute crainte de son coeur. Fait solennel : la deuxième prière d'Elisée (v. 18) eut pour effet l'aveuglement des Syriens!
Beaucoup de chrétiens courent le risque d'être fascinés par la vue des puissances temporelles, religieuses, politiques et idéologiques en lutte contre le royaume de Dieu et de perdre la révélation des attributs et des opérations de puissance du Dieu de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Si le prophète Elisée a prié que les yeux de son serviteur s'ouvrent, l'apôtre Paul a demandé pour les Ephésiens que « le Père de gloire leur donne un esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, et qu'Il illumine les yeux de leur coeur, pour qu'ils sachent quelle est l'espérance qui s'attache à son appel, quelle est la richesse de son héritage qu'il réserve aux saints, et quelle est envers nous qui croyons l'infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force. » Eph. 1 : 17-19
Cette prière est non seulement agréable au Seigneur mais nécessaire jusqu'à la fin des siècles pour que rien ni personne ne nous enlève la conviction inébranlable que: « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? » Rom. 8 : 31
En avertissant les chrétiens du danger du docétisme, doctrine d'erreur qui niait la réalité matérielle du corps de Jésus, l'apôtre Jean, après avoir flétri les esprits de mensonge, rassurait ses frères dans la foi par ces paroles qui confirment notre thème :
«Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus (les esprits mensongers) parce que CELUI QUI EST EN VOUS EST PLUS GRAND QUE CELUI (l'esprit de l'Antéchrist) QUI EST DANS LE MONDE» 1 Jean 4 :4
Seigneur, que cette glorieuse réalité, invisible au monde mais évidente pour ceux qui ont la foi, soit le moteur de notre vie!
J.-J. Dubois
La Bonne Nouvelle 5/96
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