(Dit aussi "livres des Rois" dans les anciennes versions)
Quatre livres nous racontent ce que fut la royauté à l'intérieur du peuple d'Israël, depuis son institution jusqu'à sa disparition (de 1030 environ à 586 av. J.-C.). Ce sont les livres de Samuel et des Rois. De deux qu'ils étaient à l'origine dans la Bible hébraïque, ils devinrent quatre par dédoublement, du fait de la traduction grecque dite des « Septante », qui leur donna une dénomination identique, transmise par la Vulgate : « Les quatre livres des ROIS ». Les éditions modernes de la Bible, dont celle que nous proposons ici, suivent le dédoublement des Septante, mais gardent les titres de l'hébreu; on trouvera donc les 1er, et 2 ème livres de Samuel, dont la publication commence avec la présent numéro, puis les 1er, et 2 ème livres des Rois.
Avec ces nouveaux recueils du texte biblique, voici un tout autre climat que dans les ouvrages qui les précèdent, livres de Josué, des Juges, de Ruth, au caractère épique ou populaire. Nous avons ici l'impression d'un récit qui « fait » plus sérieux, d'une histoire qui ressemble davantage à celle que nous écrivons aujourd'hui. Il est vrai que la matière en est précieuse : souvent il s'agit du rapport de témoins oculaires, ainsi qu'il en va dans l'ensemble de la seconde partie, ou au minimum de récits qu'ont rapportés des hommes encore proches des événements. Sympathies et antipathies n'ont-elles pas orienté l'interprétation des faits? On découvrira par exemple les deux versions - monarchiste et antimonarchiste - de l'institution de la royauté!
A lire le texte, souvent passionnant, on assiste à la mutation politique qui s'achève : Saül apparaît comme le dernier des juges, mais aussi le plus puissant, car il est capable de mobiliser derrière lui l'ensemble des tribus, et de mener contre les Philistins une véritable guerre de libération, que son successeur achèvera victorieusement, Et par là, il est le premier roi d'Israël. En outre il réalise l'unité de son peuple. Unité fragile, que paradoxalement David va détruire avant de l'accomplir une seconde fois et à son profit. Mais à cette royauté les tribus du nord posent leurs conditions : les chefs de clans tiennent à garder une certaine indépendance, et David sera seulement le « roi de Juda et d'Israël ».
David personnifie l'espérance messianique
Autour de l'institution royale, toute une frange religieuse apparaît. Le roi est le consacré de Dieu et l'on ne saurait impunément porter la main sur lui. David réalise ce qu'on appelle une royauté théocratique, ou le royaume de Dieu sur la terre. Certes le politique habile se laisse deviner à toutes les pages, mais sa piété est sincère; non moins que son désir de donner à Dieu ce à quoi il a droit. Mais avant tout on se souviendra qu'il fut l'objet de l'oracle de Nathan (20 Samuel, chap. 7) et que, à ce titre, il personnifie les débuts de l'espérance messianique dans le peuple de la Bible.
Nathan : porte-parole de Yahvé auprès du roi
C'est aussi dans ces livres que nous voyons surgir pour la première fois le prophétisme institutionnel.
L'ami de David, Nathan, n'en est pas le seul représentant; on y trouve également les « fils de prophètes », expression curieuse qui veut désigner les membres de confréries pieuses , qui connaissaient sans doute des états extatiques, et ne semblent pourtant pas avoir été vraiment appelés à la mission prophétique.
Ainsi les livres de Samuel achèvent-ils la période archaïque d'Israël et nous mèneront jusqu'au règne glorieux de Salomon.
J. DHEILLY
Professeur à l'Institut catholique de Paris
En ce temps-là, la Bible No 21