«Après qu'Abram fut revenu vainqueur de Kedorlaomer et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Schavé, qui est la vallée du roi. Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram, et dit: Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains! El Abram lui donna la dîme de tout» (Gen. 14, 17-20). Qui fut donc ce premier roi de Jérusalem? Qui fut Melchisédek, que ]Dieu choisit pour associer à Jérusalem Ses pensées de prédestination et de salut pour Israël? Il passe pour ainsi dire sans transition de l'éternité à l'intérieur du temps. Son nom, ses paroles et sa façon d'agir, ainsi que l'homme qu'il va rencontrer pour lui apporter le pain et le vin constituent autant d'indices quant au but de son apparition.
1. Son nom
Hébreux 7, 2b nous dit ce que signifie le mot de Melchisédek: «... qui est d'abord roi de justice, d'après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire, roi de paix». Pour la première fois dans l'histoire de l'univers et du salut, il est question, dans Genèse 14, de Jérusalem et du premier roi de Jérusalem; c'est la première fois qu'Abram, père du peuple d'Israël, fut confronté avec Jérusalem, car «Salem», qui signifie paix, est une abréviation du nom de Jérusalem (cf. Ps. 76, 3). Ainsi donc, la ville de Jérusalem, le roi de Jérusalem et le peuple d'Israël en la personne d'Abram sont ici manifestés. Le nom royal de ce premier souverain de Jérusalem: Melchisédek, en hébreu Malkitsédeq, signifie «roi de justice» ou «un roi est justice».
Genèse 14 nous parle du soulèvement de cinq rois contre leur souverain, le roi Kedorlaomer, et de la guerre qui en a résulté. Immédiatement après cette bataille, Melchisédek rencontre Abram. L'histoire du salut est comme un cercle qui est aujourd'hui en train de se fermer. Car ce qui se produisit au temps d'Abram, à savoir la première révélation de Jérusalem et du premier roi de Jérusalem en pleine guerre des peuples, arrive de nos jours, toutefois dans une mesure bien plus gigantesque. Au milieu du tumulte des peuples, Salem, Jérusalem, fait de nouveau surface! Le nom de la ville de Jérusalem est d'une grande actualité sur le plan tant politique que religieux, et l'accent de la politique mondiale est de plus en plus mis sur cette ville, car nous sommes à la veille de l'avènement du dernier roi de Jérusalem: Jésus-Christ.
2. Ses paroles
Les paroles que le premier roi de Jérusalem, Melchisédek, adressa à Abram, sont très importantes et d'une grande portée prophétique: «Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre les mains!» (Gen. 14, 19-20a).
En bénissant Abram, le premier roi de Jérusalem répand pour ainsi dire ses bénédictions sur Israël. Ah, que nos paroles puissent également être toujours une bénédiction!
La première partie de la bénédiction prononcée par Melchisédek place la vie d'Abram dans l'aire de protection de Dieu, lorsqu'il lui dit: «Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre!» Et la seconde partie de la bénédiction conduit dans le champ d'action de Dieu tous ceux qui ont été délivrés par la main d'Abram pendant la bataille. «... Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains!» Pour la première fois, Abram entrevoit ici l'avenir prophétique de sa postérité, Israël. Le roi sacrificateur Melchisédek est un personnage extraordinaire. Le seul moment précis de son apparition nous fait dresser l'oreille: Melchisédek entra en scène lorsque les jugements de Dieu commencèrent à s'abattre sur les peuplades d'alors. Ce qui est d'une actualité brûlante, c'est qu'aujourd'hui également nous vivons un temps où les jugements planent sur nos têtes. Nous sommes à l'orée de la troisième guerre mondiale.
Si nous analysons à fond la cause des conflits guerriers à l'époque d'Abraham, nous comprenons pourquoi le danger d'une guerre mondiale est aujourd'hui redevenu si aigu. Dans Genèse 13, 13, nous lisons: «Les gens de Sodome étaient méchants, et de grands pécheurs contre l'Eternel». L'homosexualité était légalisée (Gen. 19, 5). Et là, au milieu du chaos qui précéda la grande catastrophe de Genèse 19, où Sodome et Gomorrhe furent détruites par le feu et le soufre, trois réalités de l'histoire du salut - auxquelles nous avons déjà fait allusion - se cristallisent:
- le premier roi de Jérusalem, Melchisédek;
- la première apparition de Salem, c'est-à-dire de Jérusalem - le premier ressortissant du peuple d'Israël, Abram.
Ce bouton de rose prophétique s'ouvre aujourd'hui d'une façon éclatante. Si l'histoire se répète, à combien plus forte raison l'histoire du salut: Israël a réintégré le plan de Dieu et Jérusalem a de nouveau été élue capitale indivisible d'Israël. Si, à l'époque, le premier roi s'est manifesté en même temps que Jérusalem et Israël, comme la révélation du dernier roi de Jérusalem doit être proche de nos jours! Il est en route! Le retour de Jésus est imminent!
Cette référence indéniable au Roi qui peut paraître d'un instant à l'autre pour venir enlever Son Eglise résulte du fait que Melchisédek fut non seulement le premier roi de Jérusalem, mais également et en même temps sacrificateur. Nous lisons dans Genèse 14,18: «Melchisédek, roi de Salent, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très-Haut». Abram reconnut en lui le premier roi sacrificateur de la future ville, car il est dit dans le verset 20b: «Et Abram lui donna la dîme de tout». Abram attendait en effet «la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur» (Héb. 11, 10).
Abram était un prophète de Dieu et Melchisédek Son sacrificateur. Par serment, Dieu a assuré à la postérité d'Abram la possession du pays d'Israël - alors que Melchisédek le possédait déjà. Vu sous l'angle de la prophétie, cela signifie qu'Israël possède les promesses, tandis que Jésus-Christ est l'accomplissement même de celles-ci. Melchisédek, en tant que premier roi de Jérusalem, s'incline devant le dernier Roi de Jérusalem - Jésus-Christ - issu du sein d'Abram. Du point de vue de l'apparence extérieure, Melchisédek fut certes, à ce moment-là, plus grand qu'Abram; plus tard toutefois, Abram et ses descendants devaient être élevés au-dessus de Melchisédek.
C'est pourquoi Melchisédek rendît un hommage légitime au futur et dernier Roi de Jérusalem, en bénissant Abram. Quant à ce dernier, il honora la présence de Melchisédek en lui donnant la dîme, en lui offrant des sacrifices volontaires. Ainsi, même pour Abram, le chemin passa obligatoirement par Jérusalem. Avant que Melchisédek ne le rencontrât, le roi de Sodome vint au-devant d'Abram et lui fit une proposition: «Le roi de Sodome dit à Abram: Donne-moi les personnes, et prends pour toi les richesses» (Gen. 14, 21). Parce qu'Abram était un homme qui vivait dans la présence de Dieu, il se rendit immédiatement compte qu'il était arrivé à un carrefour. Il prit sa décision et rejeta Sodome en tant que quintessence du péché: «Abram répondit au roi de Sodome: Je lève la main vers l'Eternel, le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre: je ne prendrai rien de tout ce qui est à toi, pas même un fil, ni un cordon de soulier, afin que tu ne dises pas: j'ai enrichi Abram. Rien pour moi!» (v. 22-23). Jésus-Christ, le roi éternel de Jérusalem, fut celui qui incita Abram à se décider pour le premier et par conséquent pour le dernier Roi de Jérusalem. C'est ainsi qu'Abram accepta la bénédiction, le pain et le vin, des mains de Melchisédek.
Nous n'avons jusqu'ici pas encore expliqué la position éminemment remarquable de Melchisédek, c'est-à-dire le fait qu'il était simultanément roi et sacrificateur et qu'Abram le reconnut en tant que tel. Car plus tard, il fut interdit par Dieu, sous peine de mort, de cumuler les fonctions de roi et de sacrificateur: «Tu établiras Aaron et ses fils pour qu'ils observent les fonctions de leur sacerdoce; et l'étranger qui approchera sera puni de mort» (Nomb. 3, 10). En d'autres termes, quiconque usurpe le sacerdoce doit mourir. Cette parole s'est vérifiée à la lettre dans la personne du puissant roi Ozias lorsque, dans son orgueil, il s'empara des fonctions sacerdotales. Il contracta la lèpre et en mourut par la suite (cf. 2 Chron. 26, 16-2 1).
Il est frappant de constater que le roi David, instruit par le Saint-Esprit, reconnut que la splendeur du Fils qui lui avait été promis consisterait dans la fusion des deux fonctions, c'est-à-dire sacrificateur et roi dans la même personne, et que son royaume aussi bien que son sacerdoce subsisteraient à jamais. David vit en Melchisédek le seul personnage humain qui préfigurât cette double dignité éternelle. Il vit une période de trois millénaires. En esprit, il regarda en même temps le passé et l'avenir du Fils de Dieu. Sa prophétie, dans le Psaume 110, commence par ce qui devait arriver dans le ciel immédiatement après l'ascension de Jésus et se termine par Son entrée en possession du royaume: ,Parole de l'Eternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. L'Eternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance: Domine au milieu de tes ennemis! Ton peuple est plein d'ardeur, quand tu rassembles ton armée; avec des ornements sacrés, du sein de l'aurore ta jeunesse vient à toi comme une rosée. L'Eternel l'a juré, et il ne s'en repentira point:
Tu es sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédek (c'est-à-dire roi et sacrificateur)» (v. 1-4).
Si l'on compare le Psaume 110 avec Genèse 14, l'on découvre de précieux parallèles. Psaume 110, 1: «Parole de l'Eternel à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied». Melchisédek dit exactement la même chose à Abram qui revint de la bataille: «Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains» (Gen. 14, 20). Puis il est écrit dans le Psaume 110, 3a (vers. allemande): «Après ta victoire, ton peuple t'apportera ses offrandes volontaires avec des ornements sacrés». Ce sacrifice est également pratiqué par Abram: «Et Abram lui donna la dîme de tout» (Gen. 14, 20b). Et de même que, dans les temps anciens, Melchisédek fut manifesté au-dessus des peuples au milieu du jugement, Jésus-Christ se révèle en ces temps de guerre et de bruits de guerre. Il agira comme le Psaume 110 le décrit dans les versets suivants: «Le Seigneur, à ta droite, brise des rois au jour de sa colère. Il exerce la justice parmi les nations: tout est plein de cadavres; il brise des têtes sur toute l'étendue du pays» (v. 5-6). Tout cela commence à se réaliser et c'est ainsi que nous voyons que la prophétie se transpose sans bavure. Car bien des siècles plus tard, le Seigneur Jésus s'y réfère pour confondre les scribes en leur posant la question suivante: «Comment donc David, animé par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de les ennemis ton marchepied?» (Mat. 22, 43-44). La prophétie forme réellement un tout!
Si donc nous contemplons sous cette lumière le roi sacrificateur Melchisédek, ce roi de la justice et de la paix (cf. Héb. 7, 2b), nous pouvons voir en lui le grand roi et sacrificateur Jésus-Christ. Le roi exerce la justice avec un sceptre de fer; le sacrificateur, quant à lui, accomplit l'expiation des péchés, est l'auteur de la paix avec Dieu. Justice et paix s'excluent mutuellement: lorsque le roi institué par Dieu exercera la justice, il n'y aura pas de paix pour l'homme, mais le jugement. La justice de Dieu signifie la perdition pour l'homme qui est inique aux yeux saints du Seigneur. «Il n'y a point de distinction. Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (Rom. 3, 22a-23). Dans Romains 3, 10, il est écrit: «Il n'y a point de juste, pas même un seul». N'y a-t-il dès lors aucun espoir pour l'homme perdu? Certes si! Ce qui fut impossible dans le sacerdoce lévitique - car la fonction de sacrificateur était séparée de celle du roi - est préfiguré en Melchisédek, le roi sacrificateur, et réalisé en Jésus-Christ par qui le Psaume 85, 11b s'accomplit: «... la justice el la paix s'embrassent». Voilà exactement ce qui s'est passé à Golgotha. D'une part Dieu pouvait satisfaire à Sa justice par Jésus-Christ, l'Agneau immolé, en Le chargeant de votre péché et du mien. Lui, Jésus-Christ, a été fait justice pour nous de par Dieu. Jamais nous ne pourrions subsister devant Dieu si seule Sa justice entrait en ligne de compte. Mais d'autre part Dieu est également amour et c'est à cause de cet amour qu'Il apporta la paix par Jésus-Christ, à la fois roi et sacrificateur. Et parce que, selon la volonté divine, Jésus monta à Golgotha, cet abîme entre la justice et la paix fut comblé.
3. L'acte prophétique de Melchisédek
Melchisédek ne s'est pas contenté de parler à Abram, il a également agi. Ce principe est celui de Dieu Lui-même: «Dieu n'est point homme pour mentir ... ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas?» (Nomb. 23,19). Dans Genèse 14, 18a, nous lisons ce que fit Melchisédek: «Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin». Il vient au-devant d'Abram qui est las et à bout de forces et lui offre les substances prophétiques de la rédemption: le pain et le vin. C'est là que nous percevons la voix du Seigneur Jésus dans la nuit où Il fut trahi, lorsqu'Il institua la Sainte Cène: «Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps» (Mat. 26, 26). Parce que Jésus a été crucifié et qu'Il a été fait péché pour nous, Il a acquis la justice de Dieu pour nous. «Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés» (v. 27-28). Par Son sang, Il nous a procuré la paix avec Dieu. Quelle grâce!
4. Qui est Melchisédek en vérité?
Peut-on l'identifier avec l'archange Michel? Ou Melchisédek doit-il être mis sur pied d'égalité avec l'archange Gabriel? Ou encore s'agit-il de Jésus-Christ Lui-même? Pour pouvoir répondre à cette énigme, nous voulons tout d'abord demander à quelle fin il est apparu à Abram. C'est afin de glorifier et de manifester pour nous le dernier roi qui est établi sur Jérusalem, sur notre coeur, sur Israël et sur le monde. C'est là la révélation selon laquelle personne ne peut éviter le chemin de Jérusalem. Il existe une preuve biblique que Melchisédek n'est pas Jésus-Christ. Tandis que Moïse prend habituellement soin d'indiquer la filiation et le décès des personnes revêtant quelque importance dans le royaume de Dieu, ces indications font totalement défaut pour Melchisédek; alors que, dans Hébreux 7, 1 et 3, il est spécifiquement relevé:
«En effet, ce Melchisédek ... qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours ni fin de vie, mais qui est rendu semblable au Fils de Dieu ... ».
Ainsi donc, Melchisédek n'est pas le Fils de Dieu. Il est simplement comparé à Lui. Melchisédek n'a pas de liens familiaux, temporels ou de parenté. Tout cela ne joue aucun rôle pour ce premier roi de Jérusalem, seul ce qu'il était devant Dieu et devant les hommes avait de l'importance. Voilà pourquoi aucune autre personne dans la Bible n'est comparée à Jésus en tant que roi et sacrificateur. En ce qui vous concerne, pouvez-vous soutenir la comparaison avec Jésus? C'est là assurément une question de la plus haute importance, car bientôt vous aurez à Lui faire face: «Mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est» (1 Jean 3, 2b).
Ce qui veut dire que nous devons être transformés à Son image dès à présent. Dans le personnage de Melchisédek, nous avons un très bel exemple de ce que doit être notre vie. Nous non plus, nous ne devrions être encore retenus par des liens généalogiques et familiaux. Certes, il nous faut honorer père et mère , cela est nécessaire, mais tout en restant liés uniquement à Jésus-Christ, afin que nous puissions être comparés à Lui. De la même manière que Melchisédek apporta l'essentiel avec le pain et le vin, donc les substances mêmes de la rédemption, nous avons à répandre la bénédiction par toutes nos paroles et par tous nos actes dans la vie quotidienne. Peut-il y avoir une plus grande joie pour notre Père céleste que celle d'entendre dire de l'un de Ses enfants: il/elle ressemble à Jésus! Que nous devenions semblables à Son image, voilà en effet Sa sainte volonté.
Wim Malgo
Nouvelles d'Israël Janvier 1989