Contemporains d'Isaïe, prophètes en Juda, Amos et Osée commencèrent semble-t-il avant lui leur ministère, mais dans le royaume du nord; le premier vers 750, le second cinq ou dix ans plus tard. La situation au milieu de laquelle ils évoluent est donc identique. Sur le plan politique, c'est une période de grandeur : l'Israël de Jéroboam Il a retrouvé les frontières du royaume de Salomon, excepté bien sûr les territoires qui constituent (t Juda ». Sur le plan religieux, c'est l'idolâtrie qui l'emporte, les Israélites espérant d'ailleurs apaiser leur propre Dieu par une liturgie somptueuse qui se déploie au temple de Béthel. Sur le plan social, il suffit de parcourir le recueil d'Amos pour déceler bien vite l'avidité et l'injustice des classes élevées, sans oublier leur mépris pour les pauvres et les faibles.
Amos est de Téqoa, près de Bethléem. C'est un bouvier qui transhume avec les troupeaux, du Néghev à la montagne de Juda, au rythme des saisons, et qui pique les fruits du figuier sauvage appelé sycomore pour hâter leur maturation. Homme des solitudes, réfléchi mais d'expression brutale, il ne ménage pas ses auditeurs. Ses oracles nous sont parvenus dans un texte qui compte parmi les mieux conservés de la Bible. Ils sont orientés principalement vers la conversion.
Le prophète part des bienfaits accordés par Dieu au peuple choisi au cours de son histoire; l'affirmation est nette : « Je n'ai connu que vous parmi toutes les familles de la terre » (chap. 3, vers. 2). En face de ce privilège divin, la réaction d'Israël fut l'infidélité : son peuple s'est détourné de Dieu pour pratiquer « le mensonge ». c'est-à-dire l'idolâtrie.
Aussi le Seigneur va-t-il sanctionner cette attitude par un « jugement ». D'où la conclusion : Dieu demande la conversion, qui consiste à revenir à lui. Pour cela, il faut avoir au fond de soi-même la faim et la soif de la Parole divine, il faut chercher la source de toute vie : « Cherchez-moi et vous vivrez. » On voit la richesse de cette théologie,
Déjà le thème du petit « Reste »
L'enseignement d'Amos comporte en outre deux notions largement exploitées après lui, et par les « grands » prophètes : celle du « Reste » et celle du « Jour de Yahvé ». La première sera à l'origine d'un thème appelé à un grand développement : le « Reste » est un groupe d'hommes qui seront à la fois les survivants du châtiment divin et l'élite religieuse des « sauvés ». Quant au « Jour de Yahvé », il désigne une époque de châtiment qui, peu à peu, sera mise en relation avec la fin des temps.
Osée, fils de Bééri, appartenait peut-être à la bourgeoisie agricole de Samarie. Il aima passionnément son infidèle épouse. Que celle-ci le trompât aurait pu demeurer un secret bien gardé au fond du coeur du prophète. Au contraire, il intègre le fait à sa prédication et, à la lumière de la Révélation, y découvre le reflet des relations entre Dieu et son peuple.
L'Alliance se manifeste à travers le lien mutuel des époux. La femme d'Osée a trahi son mari, comme Israël son Dieu. l'amour d'Osée est signe de l'amour de Dieu. Les exigences de l'Alliance n'étant pas respectées, Dieu va prendre des sanctions, dont celles d'Osée à l'encontre de sa femme constituent un nouveau signe.
Ces sanctions amèneront plusieurs réflexions chez les Israélites : vanité des cultes agraires, nostalgie de la fidélité de jadis. L'enlèvement du confort (« Je la conduirai au désert » : chap. 2, vers. 1 4) déterminera une disposition favorable à la conversion : de même qu'Osée reprendra sa femme, Dieu acceptera le repentir d'Israël ; et de nouveau il apportera une dot : la justice et le droit, l'amour et la tendresse, enfin la fidélité (chap. 2, vers. 15-22). L'amour mutuel reprend alors sa vigueur d'antan (chap. 2, vers. 24).
J. DHEILLY
Professeur à l'Institut catholique de Paris
En ce temps-là, la Bible No 70