PHILIPPE : il attendait celui dont Moïse et les prophètes ont parlé
.
Philippe, l'un des 12 apôtres, était de Bethsaïda, ville du bord du lac de Galilée d'où sont venus également André et son frère Simon-Pierre. Philippe porte un nom grec qui signifie - l'amateur de chevaux -. Jésus venait de rencontrer André, Pierre et Jean. S'étant mis en route pour aller en Galilée, il rencontra Philippe et lui dit tout simplement : « Suis-moi ! » (Jn 1 :43 ).
Philippe devait être l'un de ces nombreux fils d'Israël qui attendaient et espéraient ardemment la venue d'un libérateur_ Le pays tout entier était occupé par les armées romaines puissantes, cruelles, et idolâtres. Philippe, et tant d'autres Juifs de son temps, savaient que des promesses avaient été annoncées par les prophètes et ils espéraient leur accomplissement : la venue du Sauveur, du Messie d'Israël.
Lorsque Jésus fut désigné par Jean le Baptiste comme « l'agneau donné par Dieu afin d'ôter le péché du monde », Philippe, comme d'autres, pensèrent à l'agneau de la nuit de Pâque en Egypte et ils espérèrent en une délivrance immédiate. Ils étaient prêts à se battre et à suivre un chef, leur Roi, qui les conduirait à la victoire, à la libération de l'occupant romain.
UNE VOIX DANS LE DESERT
Certaines réponses de Jean-Baptiste avaient dû émouvoir les Israélites qui l'écoutaient car des rabbins lui avaient demandé : « Qui es-tu ? » et le prophète avait répondu : « Je suis la Voix de celui qui crie dans le désert : préparez un chemin bien droit pour le Seigneur» (Jn 1: 19-23 ). En effet le prophète Esaïe, des siècles auparavant, avait annoncé la Voix qui proclamerait : « Ouvrez dans le désert un sentier pour I'ETERNEL et dans les lieux arides une route pour notre Dieu ». . En hébreu ce texte utilise 2 noms très importants qui désignent Dieu dans la Tora, les 5 premiers livres de la Bible. Tout d'abord : I'ETERNEL, YAHWE ou YAHOUE, qui désigne particulièrement Dieu faisant Alliance avec son peuple durant la nuit de Pâque et, au Sinaï, proclamant les dix Commandements. Le second nom c'est ELOHIM, nom employé dans le livre de la Genèse (1 :1) pour désigner Dieu créant les cieux et la terre. Ainsi, le prophète annonce qu'une Voix se fera entendre pour que les hommes, et particulièrement les enfants d'Israël, préparent le chemin où I'ETERNEL Dieu de l'Alliance, et ELOHIM Dieu Créateur, puisse marcher.
Jean le Baptiste affirma son rôle de précurseur et il décrivit ainsi le Seigneur venant faire sa moisson : « il tient en sa main la pelle à vanner afin de séparer le grain de la paille... il amassera le blé dans son grenier mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteindra jamais » Mt 3:1-12
C'est en ces mots, propres au langage des prophètes d'Israël, que Philippe entendit Jean désigner Jésus. Puis il rencontra le Messie qui l'appela et lui demanda de le suivre, de devenir l'un de ses disciples. Très peu de temps après, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : «Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes ont aussi parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de la ville de Nazareth » (Jn 1:45 )(1).
Comme André, Pierre, Jacques et Jean, Philippe fut un Juif qui reconnut en Jésus le Messie tant attendu par Israël. Non seulement il crut en lui mais il quitta tout pour le suivre et pour annoncer courageusement à ses compatriotes cette bonne nouvelle : « nous avons trouvé le Messie ! ».
A L'EPOQUE DE PESSA'H
Quelques jours avant Pessa'h, la Pâque, Jésus monta à Jérusalem et la foule qui était venue nombreuse pour la fête sortit à sa rencontre. Ils prirent tous des branches de palmier et s'écrièrent : « Hosanna ! (ce qui veut dire : sauve-nous, nous t'en prions ! ) Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur, que Dieu bénisse le Roi d 'Israël ! » (Jn 12 : 12- 15 ; Ps 1 18:25-26 )
Puis Jésus trouva un ânon, le petit d'une ânesse, et s'assit dessus. Philippe vit ainsi devant ses yeux se réaliser une prophétie inscrite dans le livre du prophète Zacharie, chapitre 9 : « Sois transportée d'allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un ânon, le petit d'une ânesse. » (Zach 9 :9 ; Jn 12 : 14 ) Et le prophète ajoute : « Il annoncera la paix aux Nations... depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. Et pour toi (Israël ), à cause du sang de ton Alliance, je retirerai tes captifs de la fosse où il n'y a point d'eau ». (Za 9:10-11)
Philippe et les autres disciples étaient là mais ils ne comprirent pas ce qui était en train de s'accomplir sous leurs yeux. Plus tard, lorsque Jésus fut glorifié par sa mort sur la croix, par sa résurrection, et sa montée dans les cieux à la droite de Dieu, ils se rendirent compte que de nombreuses prophéties s'étaient réalisées sous leurs yeux !
Lorsque nous lisons ces récits du livre de la nouvelle Alliance, nous pouvons peut-être penser avec regret : j'aurais voulu être présent, voir et entendre ces choses ! Mais nous aussi nous pouvons vivre ces événements du passé car chaque fois qu'un homme ou une femme, Juif ou non-Juif, ouvre la Bible pour y chercher l'enseignement de Dieu, Dieu est là. Il a formé pour chacun, des projets de paix et d'espérance. « A ceux qui le chercherait de tout leur coeur, il a promis de se laisser trouver. » (Jér 29:11-14 ; Mt 7:7-8 )
LES « GRECS » AUSSI
C'est ce jour-là que quelques «Grecs», sans doute des prosélytes convertis au Judaïsme, ou des Juifs vivant dans le monde grec, s'approchèrent de Philippe. Ils étaient montés à Jérusalem à l'occasion de la fête de Pâque et ils demandèrent à Philippe : « Nous voudrions voir Jésus». Philippe et son ami André allèrent dire au Maître que des « Grecs » désiraient le voir et lui parler. Jésus répondit alors : «L'heure est maintenant venue où le Fils de l'homme va entrer dans sa gloire. En vérité, je vous le dis : si le grain de blé que l'on a jeté en terre ne passe pas par la mort, il reste ce qu'il est: un grain unique. Par contre, si ce grain meurt, il donnera naissance à d'autres grains, il portera du fruit en abondance ». (Jn 12 :20-25 )
Le Messie a voulu dire par là, aux Juifs, aux Grecs, aux apôtres, et aussi à nous au XX ème siècle, que celui qui s'attache à préserver sa vie la perdra mais celui qui est prêt à la perdre pour le Royaume de Dieu la conservera pour l'éternité. Le Messie nous appelle à le suivre, à devenir ses disciples. Bien des craintes peuvent nous retenir de croire en lui et de nous lever. La tradition peut nous en empêcher car souvent elle a transformé les Paroles de Dieu en paroles d'hommes. La Bible est comparée à l'eau d'une source limpide, et la tradition à l'eau des citernes pourrissantes. (Jér 2:13 ; 17:13 ) Ce qui peut aussi nous empêcher de croire et d'obéir, c'est la peur des difficultés qui ne manqueront pas de surgir le long du chemin qui s'ouvre devant nous.
VOIR ET CONNAITRE
«Efforcez-vous de franchir la porte étroite », vous ferez alors de merveilleuses découvertes : vous pourrez ainsi contempler Dieu ! Oui, vous apprendrez à le connaître dans son amour et son intimité ; il deviendra votre Ami, il sera votre Père(2). Les «Grecs» voulaient voir le Messie, et les apôtres étaient anxieux de ce qui allait arriver. Jésus leur dit : « Ne soyez pas inquiets. Vous avez confiance en Dieu, ayez aussi confiance en moi. Si vous me connaissiez ; vous connaîtriez aussi mon Père. Et maintenant déjà vous connaissez le Père et même vous l'avez vu ! » Alors Philippe intervint et demanda : «Martre, montre-nous le Père et nous serons satisfaits ! »
Philippe et les apôtres qui avaient vu le Seigneur faire tant de miracles en purifiant des lépreux, en rendant la vue aux aveugles, en ressuscitant même des morts, pensaient que le Maître allait ouvrir. pour eux une fenêtre du ciel afin qu'ils puissent apercevoir I'ETERNEL sur son trône, au milieu des puissances célestes. Mais Jésus répondit à Philippe et aux apôtres : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment dis-tu : montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?... » (Jn 14 :8-11)
A la fin de cette rapide étude sur Philippe, nous retiendrons le désir qu'il eut de voir et de connaître la face de Dieu. Il avait à la mémoire les promesses des Ecritures faites à nos pères Abraham, Isaac, et Jacob, ainsi qu'aux prophètes d'Israël. Avec le Messie il espérait voir non seulement les promesses d'amour et de pardon se réaliser mais il voulait voir aussi le visage de Dieu. Le Messie répondit à Philippe et aux apôtres : « Celui qui m'a vu a vu le Père ! »
CONTEMPLER TA BONTE !
Jésus nous apprend tout ce que nous pouvons connaître de Dieu. Un jour nous le verrons dans Sa Gloire ! Mais avant l'heure de son Retour, tant que les cieux et la terre subsistent, c'est lui qui nous révèle la face de Dieu. Il nous faut venir à lui avec humilité, animés d'un ardent désir de recevoir la Vérité. Le Messie Jésus est l'exaucement de la prière que fit le roi David dans le magnifique Psaume 63 :
« O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche ! mon âme et mon corps ont soif de toi... je veux te contempler pour voir ta puissance et ta gloire. Oui, ta bonté vaut mieux que la vie ! »
Avec Philippe et tous ceux qui ont cru, ne voulez-vous pas entrer dans l'intimité de Dieu, contempler sa puissance et sa gloire ? Il vous offre son pardon et sa paix, il tourne sa face vers vous et comme à Philippe, il vous dit : « Suis-moi ! » Demandez la force et le courage pour le suivre, il a le pouvoir de le faire.
(1) Gen 3:15 ; 22:18 ; 28:4 ; 49:10 ; Deut 18 :18 ; 2 Sam 7 :12 ; Es 4 :2 ; 7-14 ; 9 :5 ; 40 :10=11 ; 52 :13-53 :12 ; Jer 23 :5 ; 33 :14 ; Ez 34 :23 ; Dan 7 :13-14 ; 9 :24-26 ; Zach 6 :12 ; 9 :9 ; 12 :10 ; Jn 19 :17-24.
(2) PS 25 :14 ; 63 :1 -4 ; Jn 1 :9-13 ; Luc 1 3 :22-30.
Jacques GUGGENHEIM
Le Berger d'Israël No 446