La symétrie caractérise l'ensemble de l'ouvrage ; les masses se détachent bien « en ligne », bien « au carré » : la recherche d'un symbole de perfection est évidente. Il en est d'autres, et de plus subtiles. Ainsi le chapitre 44 (vers. 1 et suivants) commence par une remarque dont l'importance peut échapper si l'on ne connaît les prolongements assez inattendus que lui attribuent les traditions juive, chrétienne et même musulmane : « Il me fit venir à la porte extérieure du sanctuaire, celle qui regardait vers l'orient; elle était fermée... »
Si elle doit rester close aux prêtres comme aux fidèles, c'est qu'elle est sanctifiée comme mémorial du divin « passage » : par la porte orientale, le prophète a vu sortir du Temple (chap. 1 0, vers. 1 8) et de la ville, « la gloire de Dieu » c'est par là aussi qu'il la vit rentrer (chap. 43, vers. 1-2).
Le texte d'Ézéchiel est certainement à l'origine d'une tradition presque constante depuis le retour d'Exil : elle veut qu'une entrée close orne la muraille de l'enceinte qui regarde vers le Levant. De nos jours encore en témoigne la « porte Dorée », à laquelle on donne aussi le nom de « porte de l'Éternité ». Sa légende dit qu'elle s'ouvrira au son de la corne liturgique brandie aux derniers jours par le prophète Élie; alors le Messie fera ici son entrée triomphale dans Jérusalem.
C'est d'ailleurs de ce côté, estime-t-on, que le Christ, venant du mont des Oliviers où jadis s'était arrêtée « la gloire de Yahvé » (ÉZÉCHIEL, chap. 11, vers. 23), a pénétré dans la ville sainte au jour des Rameaux.
La construction actuelle dans la muraille restaurée, en contrebas de l'esplanade, date de l'époque byzantine. Elle comporte deux petites nefs, surmontées de coupoles visibles de l'intérieur. De l'extérieur, on distingue fort bien les deux « passages » fermés. Les musulmans appellent l'un « porte de la Miséricorde », l'autre « porte du Repentir », ce qui n'est pas sans rapport bien sûr avec la vallée de Josaphat, site traditionnel du « Jugement dernier », que l'édicule domine.
De la « Belle Porte » à la «porte Dorée »
Au Moyen Age de nombreuses générations de juifs vinrent prier devant cette porte de la même façon qu'aujourd'hui devant le « Mur occidental », plus communément nommé « mur des Lamentations ».
Quant aux chrétiens, il semble qu'ils aient d'abord voulu commémorer à cet endroit la guérison, par Pierre, du boiteux de la Belle Porte (ACTES DES APOTRES, chap. 3, vers. 1-11). Des poètes pieux y célébrèrent aussi la mémoire de la rencontre de Joachim et d'Anne, les parents de la Vierge Marie. Les chroniqueurs anciens, enfin, accréditèrent le fait que la vraie Croix, restituée par les Perses, passa elle-même par cette « porte de l'Orient », sur les épaules de l'empereur Héraclius au Vll ème siècle.
Et les Pères des premiers siècles ont appliqué l'image de la porte préservée, à la virginité de Marie ou à son Immaculée conception.
Dom J. GOLDSTAIN
En ce temps-là, la Bible No 67 page IV.